Cette fois-ci c'était la bonne, je refaisais ma valise pour de bon et ne la déferais plus avant d'être rentré chez moi. Quand bien même il y avait cette minuscule éventualité qu'il me reste quinze jours ici et non pas une semaine, chose sur laquelle je ne me faisais ceci dit pas grande illusion, je faisais tout de même ma valise pour ne plus la défaire, ou plutôt je remettais un peu d'ordre dans les affaires que j'avais déjà rangé à l'occasion de mon unique nomination la semaine précédente. J'avais l'impression d'oublier un truc, mais sans parvenir à retrouver quoi, aussi me tenais-je devant la valise ouverte sur mon lit depuis dix bonnes minutes, l'air perplexe ; Peut-être n'était-ce qu'une impression, peut-être n'avais-je rien oublié, mais si c'était le cas ? Non mais c'était vraiment n'importe quoi, qu'est-ce que j'aurais bien pu oublier de toute façon, j'avais vérifié le plus important. Soupirant, j'avais donc décidé d'abandonner ma contemplation, m'apprêtant à refermer la valise en question lorsque j'avais entendu Camille arriver derrière moi ; Enfin, je n'avais su qu'il s'agissait de Camille qu'une fois qu'il s'était installé sur le lit, et par automatisme un sourire s'était étiré sur mon visage tandis que je le regardais. Ça tombait plutôt bien qu'il soit là, y'avait un truc auquel je pensais depuis le début de la semaine, un truc que j'avais finalement décidé de lui dire sans trop savoir si cela jetterait un froid ou non entre nous. J'espérais que non, mais j'avais quand même cette légère appréhension, raison pour laquelle je n'avais toujours pas craché le morceau. Mais là, après plusieurs secondes à le fixer d'un air pensif, j'avais fini par lâcher « Faut que je te parle d'un truc. » Ouais, j'avais un peu le chic pour laisser le loisir aux gens de s'imaginer le pire pendant trois secondes, mais bon ça va c'était pas non plus comme si je m’apprêtais à lui annoncer quelque chose d'affreux et de dramatique. Je savais juste pas vraiment s'il allait le prendre bien ou non, d'où mon hésitation à parler plus tôt. Quoi qu'il en soit j'avais donc fini par rentrer dans le vif du sujet, hm. « En fait, j'y ai un peu réfléchi cette semaine et la semaine dernière, et je me disais que dans l'hypothèse très probable où tu irais en finale et moi non ... en fait je pense pas rester ici, la semaine prochaine, voilà. » Maintenant vous deviez comprendre un peu mieux pour quelle raison j'avais peur que Camille le prenne un peu mal, ou bien s'imagine que j'étais ni plus ni moins en train de le lâcher ou de le laisser tomber. Alors que ce n'était absolument pas le cas. « Mais je serais quand même là au dernier prime et tout, hein, c'est juste que ... enfin, tant que je suis encore en jeu j'ai une bonne raison de rester ici et de prendre mon mal en patience, mais si je suis plus en jeu ... ça va faire onze semaine, quoi. » Et onze semaines c'était long, sans nouvelles de ma famille, sans pouvoir parler à Ben ni à mes sœurs, c'était même une éternité. C'était au point où quand je regardais la photo qui me servait de marque-page, celle du match de beach-volley mes deux sœurs, mon beau-frère et Ben faisaient équipe tandis que je jouais les spectateur forcé, je n'avais même plus envie de sourire mais simplement de balancer de trucs contre le mur de frustration. Et c'était mauvais signe, ça. « Mais je veux pas que tu penses que je te laisse tomber, ou que je m'en fiche de te laisser tout seul ... enfin pas tout seul, mais, tu m'as compris. » Sans quitter Camille des yeux j'avais fini par m'asseoir sur le bord du lit, attendant non sans une petite appréhension la façon dont il prendrait la chose. Au fond j'espérais qu'il comprenne que j'arrivais vraiment au bout, là, et que si la possibilité de sortir dimanche soir s'offrait à moi je ne pensais pas pouvoir y tourner le dos, y'avait des choses à l'extérieur dont j'avais trop besoin actuellement.