Je sors enfin de cet entretien soporifique. Je m'attendais à ce qu'on me pose des questions plus originales, comme par exemple la couleur de la culotte que je porte aujourd'hui. Hm, c'est vrai que c'est plus pervers qu'original, mais au moins j'aurais su quoi répondre. Ce qui n'était pas le cas avec leur putain d'entretien. Je m'amuse à tresser mes cheveux colorés quand j'entends de l'agitation dans l'une des pièces de ce grand bâtiment où l'on croise des dizaines de candidat à chaque couloir. J'avance alors jusqu'à l'endroit d'où le bruit provient et je remarque des boîtes. J'écoute rapidement une jeune femme parlait et expliquait par téléphone à l'un de ses proches le jeu en cours. Je souris à pleine dent lorsque je comprends qu'on peut gagnait des cadeaux. « Oh, ça déchire comme idée. » J'avance alors rapidement de la table où sont dressés tout les cadeaux et je réfléchis alors de longue minutes lequel prendre. Ils se ressemblent tous vu de cette manière, mais ils ne renferment pas la même chose, alors j'ai bien le droit de réfléchir. Au bout d'une quinzaine de secondes, je jette mon dévolu sur une dès boite. Je la retourne et j'y vois affiché « le numéro deux ? » Généralement, je préfère qu'il y est deux chiffres, qu'un seul, mais bon peut être que celui-là me portera chance. Impatiente, comme à mon habitude, je déchire le papier sans aucune douceur apparente.

« VOILA ! HALLELUJAH ! Vous êtes sur la même longueur d'onde, c'est merveilleux !» Être sur la même longueur d’ondes c’était peut-être un peu utopique mais nous étions toutes les deux partantes pour user d’une méthode plus pacifiste en termes de guéguerre… L’indifférence. C’était ce que je faisais en temps normal mais lorsqu’on commençait à m’attaquer sur mon physique je perdais rapidement mon calme et je fonçais dans le tas. Je n’étais pas stupide après tout, bien-sûr que je n’étais pas le canon qui allait finir mannequin pour de la lingerie fine, je n’étais pas maigre et encore moins hyper sexy pour tous les mecs qui passaient dans la rue mais je faisais avec et je le vivais suffisamment bien pour avoir la pêche malgré tout. Être en surpoids ne signifiait pas que le monde allait s’écrouler, c’était certes une sorte de « maladie » comme pourront le dire certains médecins mais ça n’avait rien d’handicapant. « Tu me faisais un peu pitié, j'au pas pu m'en empêcher... » J’aurais pu prendre très mal ce que venait de me dire la jolie jeune fille mais non, au contraire, je m’étais mise à sourire. Elle ne l’avait pas dit méchamment, je dirais même qu’elle semblait avoir cette impulsivité qui la rendait un peu nunuche mais probablement très attachante. C’était à voir si nous avions l’occasion de faire plus ample connaissance lorsque l’aventure débuterait. Enfin, si nous étions toutes les deux sélectionnées. « Bon allez, vient avec moi, toi. » Elle prend mon bras m’encourageant à la suivre, ce que je n’allais rechigner pour rien au monde, c’était un plan tellement plus alléchant que la perspective d’avoir encore un instant en tête à tête avec madame j’ai une trousse de maquillage à la place du cerveau. « Je te suis avec grand plaisir ! » Elle semblait avoir déjà prévu sa prochaine destination, c’est donc sagement que je m’étais avancée à ses côtés pour rejoindre le petit groupe de personnes dans un coin de la pièce. « On a besoin d'amis, vous voulez bien de nous?» C’était un peu cela mine de rien, nous ne connaissions toutes les deux pas grand monde et c’était l’occasion rêvée de faire quelques rencontres. Il ne fallait pas être timide ! « Ca serait raciste de ne pas accepter » Je souriais, la regardant me pointer du doigt et choisissant de la suivre dans cette petite réflexion en hochant de la tête positivement, comme si j’étais prête à agir au moindre refus. « Et les associations contre le racisme ne manquent pas. » J’aurais pu avoir l’air d’être sérieuse… Mouais, enfin, c’était difficile d’y croire avec le grand sourire que j’avais sur les lèvres. « On est tous dans la même merde. Alors, mesdames, je vous en pris. » Je suis pleinement satisfaite de la réponse du garçon. « Oui les filles, restez ! C'est quoi vos petits noms ? » Nous étions chanceuses, les trois personnes que nous venions d’aborder semblaient du genre à sympathiser facilement. Voilà qui me faisait reprendre espoir sur le capital sympathie des candidats. « Moi c’est Mariah… Heureuse de faire votre connaissance ! » Je marque un bref arrêt sur Babou, reprenant la parole, souriante et sincère. « J’aime beaucoup tes lunettes, elles te vont à merveille ! »

Il ne lui faut à peine deux secondes pour réagir, quand la jeune femme accepte de l'accompagner. Oh, quand il s’agit d’agir elle est rapide la Titi, alors que pour réfléchir, c’est une autre paire de manches. C'est plus compliqué et puis il faut faire appel à son cerveau en haut-là. Elle s'évite le plus possible de désagréments et les maux de tête en font parti. Elle se dirige vers un groupe déjà grand, parce que comme on dit, plus on est de petits foufous, plus on se marre. Bah quand même. Et puis au pire, elle ira chercher des sans amis pour s’amuser avec eux. C’est quand même mieux de s’amuser que de se mettre quasiment sur la gueule, comme les deux jeunes femmes et avant elles, le mec et la starlette qui pète plus haut que son boule. C'est chiant de toujours séparer les gens, elle est pas venu pour ça, mais comme personne le fait et bah elle, elle soulève ses manches pour prendre son courage par la main. Rapidement, elles se font accepter dans le cercle. Titi sourit, toute fière, en faisant une sorte de révérence au mec là. Mais il parle de merde, alors elle ne peut pas s’empêcher de réagir : « Ah non, moi je n’ai pas marché dans la merde… » Surtout pas dans la même que lui. Elle fait une grimace, avant qu’elle ne plisse un peu les yeux, parce qu’il a l’air un peu bizarre, mais elle passe rapidement à l’une des demoiselles. Parce qu’elle accepte aussi leur présent. Bon, c’est UN-PEU trop tard de dire ouai, parce que même si elle n’avait pas voulu, elles seraient resté quand même. Donc ça tombe bien qu’elle veuille et en plus elle veut savoir leur petit nom… Comment elle sait qu’elle a un petit non, elle… Bouche-bée, avec justement la bouche entrouverte d’étonnement, elle écoute sa premier copine se présente. Maria. Comme Maria Carey. Ok. Enregistré. Elle fait aussi un commentaire sur ses lunettes. Titi plisse le nez. Elle n’en dirait pas autant, mais bon, elle respecte. Pour finalement poser la main sur son cœur, en s’exprimant : « Alors moi, mon petit nom c’est Titi, mais sinon mon grand c’est Yityish. C’est au choix, c’est comme vous voulez… » En réalité, c’est Titi et puis c’est tout, mais bon elle ne va pas les obliger à l’appeler comme ça. Elle est pas ouf dans sa tête. « Moi j’ai gagné mille euros, mais enfin c’est si je rentre dans le jeu, alors c'est pas terrible. Et puis j’aurai voulu autre chose, mais comme moi je dis toujours, il faut prendre tout ce qu'on te donne, on sait jamais...» Elle est beaucoup 'moi je', mais ce n'est jamais mal. Elle critique parfois aussi, mais jamais dans le but de faire du mal. Non. Elle est juste comme ça, la blonde.

Joanès, Babou et moi semblions d’accord sur le jeune homme. Je ne suis pas du genre à juger aux premiers abords et peut-être se donne-t-il seulement un style mais si c’est le cas il n’a pas opté pour le meilleur …
Quoi qu’il en soit, deux jeunes femmes finissent par nous rejoindre en nous demandant gentiment si elles peuvent restés. Finalement j’arrivais à rencontrer du monde, ce qui était super, moi qui avait peur de finir toute seule dans un coin à cause de ma timidité, je me retrouvais à parler avec un petit groupe de personne, une bonne chose de faite !
Après qu’elles se soient présentées, je fis de même à mon tour.
« Moi, c’est May-Line. »
Celle qui avait entamé la conversation en premier nous annonça qu’elle avait gagné 1 000€, elle semblait moins emballée que moi pour ce cadeau. Après bien sur tout était encore irréel puisque nous n’avions pas intégrer le nid et donc nous n’avions pas encore de cagnotte, mais elle relativisait les choses assez naturellement, une bonne chose.
« J’ai eu le même cadeau que toi. Lançais-je donc en guise de réponse. C’est vrai que c’est un cadeau plutôt simple quand on voit ce que certains ont eu, mais au final si on est sélectionné, on aura une petite avance sur les autres ! » Répondis-je emballé à cette idée.
C’est vrai qu’avec 1 000€ en plus, on risquait de faire quelques envieux, certaines personnes venaient en grande partie pour l’argent, et bien que ce ne soit pas mon cas, je ne refuserais pas un petit bonus pour autant !

« Ah non, moi je n’ai pas marché dans la merde… » lance la blonde qui vient de nous rejoindre. Putain, c’est quoi cette nana ?! Je ne comprends pas. Mes sourcils se plissent tout seul. Ouais, elle me laisse perplexe. Elle se fout de ma gueule ou elle est naturellement aérée ? J’ai un sacré doute quand même. Pauvre fille. Elle avait du potentiel pourtant ; ouais, canon dans le genre, si certes, elle avait gardé sa bouche fermée. Dommage. Je l’observe un instant, de manière plus appuyé que je ne le pensais, avant de finalement détacher mon regard de cette dernière. Une s’appelait Maria, l’autre titi, une autre Babou – avoir un prénom aussi proche de celui d’un ours dans le livre de la jungle, ça doit faire mal quand même ; et Line, si mes souvenirs sont bons. Pff. Trop d’informations d’un coup. De toute manière, après un tri sélectif, je ne me souviendrais pas même de la moitié. J’essaye de suivre la conversation. Ouais, compliqué, c’est trop féminin pour que ça m’intéresse, mais je vais faire un effort. « J’aime beaucoup tes lunettes, elles te vont à merveille ! » dit l’une à l’autre. Je hoche négativement la tête. « Mouais… Des lentilles mettraient ton visage bien plus en avant » On se connaît depuis deux minutes, je me permets de dire ça, ouais, c’est déplacé. Mais je m’en rends comptes uniquement à présent. Je pense trop fort, je n’y peux pas grand-chose… Après, c’est pour elle que je dis ça. « Contrairement à d’autres, t’es gâtée, profites en » Repris-je, naturellement. J’essaye de me rattraper. C’est sincère. C’est à prendre ou à laisser. Certes, il y avait beaucoup de belles filles dans l'enceinte de ce bâtiment, même de cette pièce, mais il y avait aussi de sacré thons. Au moins, chez elle, ce n'était pas superficielle. C'est un net avantage. Chacune à son tour dévoile le cadeau qu’elle a gagné précédemment. Je regarde rapidement autour de moi, remarque les candidats toujours présents, ceux qui rentrent, ceux qui sortent. Puis je rejoins à nouveau la conversation. J’avais perdu le fil, mais il ne me semblait pas avoir loupé grand-chose. « Si je refais le point, toi c’est Line, Titi… » Désignant une à une les demoiselles qui portaient respectivement ces prénoms avant de désigner la dame qui se démarquait des autres de part sa corpulence  « …et toi Balou ? » Je me rends compte de ma maladresse. Putain le con. Je venais vraiment de l’appeler Balou ? Lapsus révélateur. Putain, Joanès, arrête de penser. « euh, Babou, oui, Babou. » je me reprends, mais mon vaste sourire traduit pleinement mes arrières pensées. Mon erreur m’amuse, et je le camoufle vainement.

Terminé. Il était temps. Je commençais sérieusement à en avoir marre de voir les tronches du jury. Et j’ai envie de cloper et de boire un coup. J’ai trop gaspillé ma salive. J’espère que mes efforts ne seront pas vains. On me dirige vers le coin détente. Bien. Je me sers à boire sans attendre en doublant un candidat. La politesse ? J’connais pas. Puis j’entends l’animateur prendre la parole pour annoncer qu’une activité avec des cadeaux à lieue. Ouais, ouais. Putain, ils ont pas envie qu’on se casse, c’est ça ? Allez, soyons-fou et allons piocher un cadeau. De toute façon, j’taffe pas ce soir donc j’ai tout mon temps. Je n’ai visiblement rien à perdre et tout a gagné. J’entends des lots être annoncés et seuls ceux comportant de l’argent m’emballent. Le reste, j’m’en tape. Je m’avance vers la boîte libre la plus proche par souci de fainéantise ou de j’m’enfoutisme puis je l’ouvre sans faire durer le suspens. « Quarante-sept » Ouais, j’ai un accent et alors ? Pas besoin de me regarder comme ça bouffonne. Je soupire, déjà exaspéré de toute cette foule et de tous ces candidats qui me donnent la gerbe. J’essaye alors de repérer une nana potable mais y’a rien qui me vient. Tant pis. J’ai reçu un message de Jess’ qui veut qu’on se voit ce soir. A mon avis, c’est pas pour qu’on regarde « l’Amour est dans le près » et qu’on se fasse les ongles. Parfait. Je lui répondrai après que le chérubin m’ait annoncé que j’ai gagné un rouleau de papier cul ou un pot de moutarde.