Je ne savais pas pourquoi mes pas m'avaient conduit jusque la cascade. C'était surement l'endroit le plus reposant de tout le nid, le lieu était magnifique ainsi bordé par la mer et la côte, c'était assurément sur ses coussins qu'il était le plus aisé de s'évader du jeu et de toutes ces machinations. Une veste légère sur le dos, la capuche de celle-ci couvrant ma tête et un casque sur les oreilles, j'arrivais ainsi face à la chute d'eau, admirant le spectacle un bref instant tandis que les Smiths terminaient leur derniers accords. J'avais aperçus une silhouette mais n'y avait pas fait attention, je me contre-fichais de la personne se trouvant déjà ici jusqu'à ce que je me rende compte qu'il s'agissait de Charlie. Elle semblait en pleine méditation, la jeune fille avait non seulement l'allure de quelqu'un proche de la nature, mais elle semblait définitivement être en harmonie avec cet élément. Elle se stoppa alors dans son activité, se tournant vers moi. J'ôtai ainsi le casque étouffant mes oreilles.

On ne peut jamais se sentir plus vivant que lorsque l'on sent le vent contre notre peau.

J'esquissai d'un léger hochement de tête, attendri par la candidate aux discours décalés et en total incohérence avec le lieu où elle se trouvait, le nid d'amour. M'approchant alors qu'elle détournait les yeux, je suivis son regard en silence, laissant mes iris s'échouer dans l'océan plus loin, un soupire envieux venant accompagner le sien. Je me sentais las de ne plus avoir posé un pied sur le continent depuis un mois.

Tu savais qu'on n'est pas malade, l'hiver, parce qu'il fait froid, mais parce qu'on reste trop à l'intérieur ? Ma mère avait une amie Hollandaise et elle laissait toujours son fils dormir à l'extérieur, sur la terrasse, l'hiver, dans l'après-midi. Oh, il était couvert évidemment. Et bien, il n'était jamais malade. Jamais. Depuis ses trois mois, il n'avait pas été malade. Et il avait dix ans.

J'ai tendance à croire que rester à l'intérieur me fera plus de bien que d'aller prendre l'air en plein froid. Tu m'as appris quelque chose, je manquerai pas de penser à toi la prochaine fois que je sentirais un rhume me menacer.

Je lui fis un large sourire en réponse au sien, charmé par ce qu'elle m'apprenait. C'était exactement ce dont j'avais besoin, discuter sans superficialité, simplement en partageant. Je ne savais pas vraiment quoi ajouter néanmoins, laissant mes bras venir s'appuyer sur la barrière sans pour autant la lâcher du regard. Je repris alors, les yeux dans la vague, sourcils froncés.

Tu te sens bien ici? Je veux dire... ta vie ne te manque pas trop, ta famille? Je ne t'ai pas beaucoup parlé ces derniers temps, je suis content de te croiser aujourd'hui.

Tu veux la vérité ? Je ne me sens pas à ma place ici. Il n'y a bien que dehors où j'arrive à respirer. Je crois que je ne suis pas faite pour la manipulation, les mensonges... Ce genre de jeu. Même si l'endroit est magnifique, vraiment, cette maison est superbe... Je ne suis pas assez comme les autres pour pouvoir me sentir à ma place.

Je levais un regard timide vers la jeune femme, étonné de cette réponse pleine de franchise. Je n'aimais pas me confier aux autres habitants de la maison, sauf dans de rares exceptions, par simple pudeur. J'étais en quelque sorte flatté de voir Charlie baisser les barrières face à moi, agir en totale honnêteté. Flatté, qu'en bien même son aveu m'attristait tout de même quelque peu, je ne voyais pas réellement les choses ainsi, la comédienne semblant à mes yeux une candidate à la position forte dans la maison. Ou du moins à mes yeux, elle l'était. Je ne trouvais pas dans l'immédiat les mots adéquats pour la réconforter. Dans un sens, ce n'était pas ce dont elle semblait nécessiter, du réconfort. De l'écoute, peut-être, car peu sont ceux qui s'écoutent dans cette maison.

Et toi ?

Rire nerveux, la réponse était d'une évidence absurde.

Les nominations sont révélatrices d'une tendance générale, je ne suis apparemment pas à ma place dans la maison et ce même si je le désire réellement. Je ne le ressentais pas auparavant, mais cette idée se fait de plus en plus insistante dans mon esprit, surtout depuis que ma soeur n'est plus là pour m'épauler dans l'aventure. On a jamais été séparé auparavant tu sais, ça peut paraitre étrange comme ça, surtout la vingtaine passée mais... Alisk est un véritable moteur dans ma vie, d'autant plus au sein de fake-lover. Un bref sourire s'étala sur mes lèvres et je levai les yeux au ciel dans un instant de nostalgie éphémère, me reportant sur la française à mes côtés. Tu es très courageuse de te marginaliser ainsi de ta famille pour vivre de ta passion. J'en connais beaucoup qui n'aurait jamais osé aller contre l'opinion commun des siens. Mais ils t'aiment oui, c'est sûrement la seule chose qui compte d'ailleurs.

Ma main vint ainsi glisser sur la sienne dans un geste sans arrières-pensées blâmables. Parfois, on dit que les gestes sont plus importants que les mots, ils sont ce que parfois la parole ne parvint pas à révéler d'elle-même.

Je suis contente de te voir aussi.

Et je te le jure, ce n'est ni un mensonge ni une manipulation.