C’est un petit peu comme si Tifenn était la seule et unique nana de l’aventure à ne pas avoir amené des tonnes et des tonnes de fringues dans le nid d’amour. La belle s’est contentée d’apporter ses vêtements favoris. Deux valises, c’est bien suffisant. Alors que la plupart des affaires de la brunette sont rangées bien au chaud au fond du placard portant son prénom, celles des autres traînent un petit peu partout dans le dressing. C’est tout juste si on peut mettre un pied devant l’autre ici. On n’ose même plus fermer la porte de peur de se trouver mal en l’aise face à tous ces vêtements. Elle ne semble pas seule à se perdre au milieu de tous les morceaux de chiffons. Un homme d’une trentaine d’année, une serviette autour de la taille, est en train de farfouiller dans un placard, certainement à la recherche de quelque chose à se mettre sur le dos. Lorsqu’il se tourne, elle lui adresse un sourire avant de vaquer à ses occupations, soit trouver la tenue idéale du jour. Certainement un jean et un top sympa. Naviguant entre les objets traînant sur le sol, Tifenn passe derrière son camarade pour atteindre ses affaires. C’est à ce moment-là qu’il décide de faire un ou deux pas en arrière et vient heurter la brunette. « Pardon. » dit-il simplement pour s’excuser alors que l’étudiante reste un instant immobile devant lui, à l’observer. Elle n’avait pas remarqué qu’il ne portait simplement qu’une serviette autour de la taille. C’est assez perturbant en fait. « C-C’est rien. » qu’elle bredouille en laisses yeux se balader entre le visage du candidat et la serviette. Il va certainement la prendre pour une idiote. N’empêche qu’elle ne comprend pas pourquoi il se balade avec une serviette sur lui. Enfin, si. « T-tu … sors de la douche ? » qu’elle demande timidement en baissant les yeux. En fait elle serait plutôt rassurée qu’il lui réponde que c’est le cas parce qu’elle n’a pas vraiment envie de vivre sous le même toit qu’un exhibitionniste.

Heureusement qu’il s’est excusé le type parce que Tifenn c’est une véritable tigresse quand on la bouscule et que même pas on vient lui demander pardon. Elle serait capable de tuer son adversaire d’un terrible coup de griffe en plein sur le jugulaire ou, encore pire, de lui arracher le cœur avec les dents. Une de ces sauvageonnes de la savane comme on en fait plus de nos jours. … Ou pas. Même s’il était venu lui broyer les orteils en lui écrasant le pied, la brunette n’aurait pas ouvert sa bouche. Elle n’aurait même pas hurlée de douleur ayant bien trop peur qu’il la prenne pour une chochotte. Et puis de toute façon l’une des seules choses qui l’intéresse c’est de savoir si monsieur vient de prendre sa douche. Oui, Tifenn est une jeune femme assez étrange. « Oui, j'en sors. Je crois qu'il reste encore des gens dans la salle de bain. » Il reste des gens dans la salle de bain ? Interessant. La demoiselle sait déjà qu’elle ne va pas aller prendre sa douche tout de suite. Sauf si le prochain argument de son camarade la fait changer d’avis. « Il reste de l'eau chaude, d'ailleurs, mais je ne sais pas si ça va durer une fois que tout le monde aura pris sa douche. Je dis ça, je dis rien. » Là, ça se discute même pour quelqu’un de timide. Mais bon Tifenn ne se voit toujours pas en train de se laver devant tout le monde. « T’as pris ta douche avec les autres ? » demande-t-elle un brin gênée par la situation. Ce n’est quand même pas banal de se dire que les candidats doivent tous prendre leur douche ensemble. C’est assez glauque en fait. « Et le type qui te fait tout un bulletin infos sur la salle de bain s'appelle Grayson. Si jamais tu te poses la question. » Grayson. Elle fronce brièvement les sourcils avant de lui adresser un sourire timide et de lui tendre sa main droite. « Tifenn. » Comment elle va faire avec tous ces prénoms. « Tu m’en veux si je t’appelle monsieur météo de la salle de bain ? » Dans le genre question con, elle bat des records là la nana. « Uniquement les premiers temps. » Alors là ça explique beaucoup de chose et ça change tout.

D’un côté il y a les discussions habituelles pour faire connaissance et de l’autre il y a Grayson et Tifenn en train de parler de la salle de bain et de son utilisation. C’est quand même bien plus original que les questions banales. Enfin, le garçon doit surtout prendre la demoiselle pour une dingue. Elle a l’habitude que les gens la trouvent bizarre alors ce n’est pas une grande nouveauté. S’il y a bien une chose dont la belle a peur lorsqu’on évoque le sujet de la salle de bain c’est de devoir prendre sa douche en compagnie de plusieurs personnes tout en sachant que d’autres personnes peuvent être en train de faire autre chose autour d’elle. C’est assez glauque. Elle a bien du mal encore et préfère attendre d’être sûre qu’il n’y est qu’elle dans la pièce pour se laver. Cela ne dérange pas Grayson apparemment. Enfin je pense que c’est surtout parce qu’il n’a pas le choix. « C’est ce que je fais depuis cinq jours. » Elle parle tout doucement, uniquement pour elle, mais il n’y a pas beaucoup de bruit alors il est possible qu’il entende son aveu. Il va encore plus la prendre pour une dingue. Viens le temps plus banal des présentations. Ainsi Grayson s’appelle … Grayson. La jeune femme lui trouve un tout autre prénom. Un surnom plutôt. Un surnom qu’elle compte bien utiliser le temps qu’elle puisse se souvenir convenablement de son prénom sans se tromper. « Grayson, c'est un prénom si difficile que ça à retenir ? » On dirait bien qu’elle l’a froissé. Stoppant toute activité la brunette se redresse pour secouer sa tête de gauche à droite alors que ses joues deviennent légèrement roses. « Je peux te l'écrire sur la main, si vraiment tu ne te penses pas capable de le mémoriser. » Il a vraiment l’air froissé on dirait. « J-je … En fait … Je n’ai pas envie de t’offenser en me trompant de prénom alors peut-être qu’avec un surnom ce sera plus simple. » dit la jeune femme d’une voix chevrotante et désolé avant de reprendre ce qu’elle était en train de faire comme pour se cacher de la vue du garçon.

Mince, il a entendu. Avouer, même à demi-mot, à Grayson qu’elle attendait, chaque jour, que tout le monde ne soit plus dans la salle de bain pour enfin prendre sa douche, c’était un peu glauque. Comme pas mal de monde dans cette maison, il allait la prendre pour une folle. Tant pis. Cela ne fera que un de plus. « Pourquoi ? » La réponse est toute bête, toute simple. « Je trouve ça bizarre de se laver alors qu’il y a du monde autour de soi. » Parce que oui la douche, c’est sacré. C’est un moment de relaxation que personne ne doit venir troubler. C’est aussi un moment d’intimité. Tifenn n’a pas vraiment envie que quelqu’un la reluque pendant qu’elle se savonne le ventre. Soyons clair, c’est du voyeurisme. Enfin, c’est surtout le point de vue d’une nana aussi timide qu’un gamin de trois ans devant une ribambelle d’adultes. Par la suite, Tifenn pose une question un peu bizarre à son camarade. Peut-elle lui donner un surnom à rallonge qui n’a strictement rien à voir avec ce qu’il est réellement ? Bien évidemment la réponse est non. Alors la demoiselle lui explique que c’est pour ne pas l’offenser si jamais elle vient à se tromper de prénom en l’interpellant dans les jours à venir. Elle précise aussi que cela ne risque pas de durer bien longtemps. Il ne semble pas d’accord avec cette idée. « Je comprends mal la logique de la chose, je dois t'avouer. Mais tu sais, je ne t'en voudrais pas si tu te trompes de prénom. À vrai dire, je préfère que tu te trompes plutôt que tu m'attribues un surnom un peu bête. » Ce n’était pas son objectif de le froisser. Honteuse, Tifenn baisse la tête, tourne le dos et vaque à ses occupations. « Et je me ferais une joie de te rappeler mon prénom si jamais tu l'oublies. » La voix du garçon est tout de suite un petit peu plus douce. La brunette aperçoit même un sourire sur ses lèvres. « Si tu veux. » Elle marque une pause, puis reprends : « Mais il ne faudra pas m’en vouloir si je me trompe alors. » Sa voix est douce, hésitante, timide. Parce que ce serait le comble qu’il vienne lui tenir rigueur de son éventuelle erreur dans le futur. La belle hausse les épaules tout en pliant un sweat. Elle ne le trouvait pas si mal que ça ce surnom. « Tu fais quoi dans la vie ? » qu’elle demande machinalement, juste pour faire connaissance.