Cet endroit est définitivement immense. J'ai fait de mon mieux pour m'approprier les différents lieux du nid durant la première semaine passée ici et pourtant il me semblait que chaque jour je mettais les pieds en terre inconnue. Je n'étais encore jamais montée jusqu'au quatrième étage, je manquai peut-être cruellement de curiosité. Je décide de pousser l'exploration jusqu'à ouvrir une porte au hasard, histoire de, et entre dans la pièce. Wow. La première chose qu'on peut dire, c'est que la décoration est.. Spéciale. Je suppose que c'est une sorte de musée parce que je suis entourée de bibelots sous verre, de tableaux, de statuettes. La différence avec le Louvre réside probablement dans le fait qu'une seule personne est l’égérie de toutes ces œuvres ; Cupidon. Il faut quand même être assez imbu de sa petite personne pour créer une pièce entièrement dédiée à soi-même. Du moins c'est ce que j'en pense.. Je m'avance un peu, laisse mes yeux traîner sur les représentations du chérubin assez variées. Je frissonne. Il n'y a que moi qui trouve que cette pièce dégage quelque chose de malsain ? Une vitrine attire mon attention. Elle est vide, ce qui fait sans doute d'elle la chose la plus normale de cet endroit. Je crois que j'ai fait le tour. Je fais volte-face pour me diriger vers la sortie mais mon coude heurte une statuette qui vacille sur son socle. J'ai juste le temps de tendre les mains avant qu'elle ne s'écrase dans mes bras. Oh putain. J'espère qu'il n'y a pas d'alarme ou quoi que ce soit. Je la serre contre moi de toutes mes forces et j'attends, prête à voir débarquer des gardes ou pourquoi pas Cupidon lui-même qui viendrait me foutre à la porte.

Je ne vais pas mentir ; il y a des pièces que je n'ai pas visitées. Ou alors, si, mais que très vaguement le soir du lancement, mais autant dire que j'en ai un souvenir quasi-nul et donc qu'il serait bien que je me fasse une piqûre de rappel, non ? Premier lieu visé : le musée. Je n'étais rentré qu'une seule fois et j'avais pu découvrir que Cupicon s'aimait beaucoup. Enfin, j'imagine, hein, mais je pense réellement que lorsqu'on fout des statuts, des tableaux à son effigie c'est qu'on est plutôt à l'aise avec notre propre image, non ? Peut-être que je me trompe. Qu'on soit clairs, l'art, c'est pas pour moi. Que voulez-vous, pour certains c'est ça, d'autres le sport, d'autres la musique. C'est comme ça et au final c'est peut-être pas plus mal, que tout le monde soit différent. Enfin soit. Je me pointe au quatrième étage après avoir prit un ascenseur aussi long que Mamie Brigitte sur l'autoroute et puis j'arrive finalement dans le musée. Je regarde ce qui se trame dans la salle ; pas grand chose. Une statut, un tableau, un autre tableau, encore un autre, une statut, Jane qui fait un câlin à une statuette, un tableau, un.. attendez quoi ? Jane qui fait un câlin à une statuette ? Mais, pourquoi ? Je lâche un rire devant la scène. « Tu es tombée amoureuse à ce que je vois » elle le sert tellement fort que j'ai peur que l'objet se brise dans ses mains. Je me rapproche de la jeune femme, elle tient dans la main une petite statuette de Cupidon, évidemment, comme si on en avait douté un seul instant, tiens. « Je suis navré mais je ne pense pas qu'ils te laisseraient repartir avec ça. Et puis t'es sûre que ça ira avec ta déco ? » Je pense réellement que la blonde veut embarquer la chose pour l'enfouir sous une pile de vêtements dans sa valise. Je ne suis pas réellement convaincu que son acte puisse passer inaperçu mais si elle me propose une certaine somme d'argent je pense que l'on pourrait s'arranger, en fait. Mon regard vrille sur les objets qui se trouvent tout autour de nous. « Je pense quand même qu'une petite statut de toi ou moi ne serait pas de refus » trop de cupidon tue le cupidon, en fait.

Je suis assez mal à l'aise à l'idée de voir débarquer une bande de gorilles en costards venant me mettre à la porte après que j'ai pu oser toucher à une des reliques du chérubin qui mène son monde à la baguette dans cette maison. C'est pour ça que je retiens mon souffle, m'attendant à entendre d'une seconde à l'autre la porte s'ouvrir sur des gardiens de musée. Je ne tarde d'ailleurs pas à entendre le grincement caractéristique du battant. Je serre les dents et ferme les yeux, dans la même démarche que l'enfant qui pense ainsi être parfaitement caché au reste du monde. J'attends la sentence. « Tu es tombée amoureuse à ce que je vois ». J'entends un rire. En reconnaissant le timbre de la voix, je manque de lâcher la statuette de soulagement. Jouko. Je rouvre mes paupières. C'est sûr que de son point de vue, je dois avoir l'air d'une sorte de fétichiste de Cupidon, un peu tarée sur les bords. Je ne peux pas m'empêcher de partir dans un fou-rire qui m'en fait mal aux côtes. Si je pensais ne pas pouvoir avoir l'air plus dérangée, c'est maintenant chose faite. « Je les préfères un peu plus grand, d'ordinaire.. ». Je reprends mon souffle avec peine. Sans rire, pour un peu, je lui sauterai au cou. J'étais réellement persuadée que c'était un gardien quelconque qui débarquait.« Je suis navré mais je ne pense pas qu'ils te laisseraient repartir avec ça. Et puis t'es sûre que ça ira avec ta déco ? » . Je regarde '' l’œuvre d'art '', que je tiens encore fermement dans mes mains. Je pense qu'il croit réellement que je m'apprêtai à glisser la statuette sous mon tee-shirt et à repartir avec, comblée. C'est presque vexant. Presque. « C'est pas du tout ce que tu crois.. » . Sans trop réfléchir, je la lui fourre entre les mains, histoire de me débarrasser de toute preuve de '' culpabilité ''. Je le vois déjà appuyer sur le buzzer en prétendant connaître mon secret. « Je pense quand même qu'une petite statut de toi ou moi ne serait pas de refus » . Je balaye une nouvelle fois la pièce du regard. « Ça jurerait un peu avec le reste, tu ne penses pas ? ». Entre toutes les représentations de l'angelot.. De toute façon, je ne suis pas assez narcissique pour posséder une effigie à ma propre image.

Je n'ai rien contre le fait que Jane veuille voler une statut de Cupidon pour le mettre chez elle. Non. Non, le problème, si vous voulez mon avis, ce serait plus du côté de l'angelot lui-même. Déjà, je doute que l'on ait réellement le droit de voler des trucs qui se trouvent dans ce château, et encore moins une statut à son effigie. Non, surtout pas. Imaginez ce qu'il pourrait lui faire pour la punir. L'éjecter du jeu ? Ou lui faire faire le ménage dans tout l'immeuble plus l'extérieur ? Non je n'ose pas imaginer le désastre que ce serait. Oh, pour elle, je veux dire, je ne remets pas en cause ses talents de nettoyage. Enfin, si elle en a, mais d'après ce que j'ai vu dans la cuisine la dernière fois elle devrait bien s'en sortir. Visiblement, ma remarque lui fait rire, bon. Je ne savais pas que j'étais drôle à ce point là mais elle part dans un fou rire et son rire est communicatif. Je souris à sa remarque. « Tu as pourtant l'embarras du choix ici » c'est vrai il y a de toutes les tailles, c'est assez impressionnant je dois bien l'avouer. Je ne dirai pas que je suis jaloux mais j'espère bien prendre sa place à ce petit con d'angelot qui nous mène la vie dure tous les jours de nos vies. Mais au fond, il est attachant, ça, on doit bien le lui reconnaître, hum. Je lui dis qu'elle risquerait de se faire surprendre mais elle m'annonce que ce n'est pas ce que je crois. Oh, non.. la fille est juste occupée de cacher le truc entre ses mains.. Je souris, ouais je vais te croire, tiens.. Et puis là elle ne trouve rien d'autre de mieux à faire que de me passer l'objet dans les mains. Quoi ! Elle essaie de m'accuser ! j'y crois pas. Je pose mon regard sur ledit objet et je soupire. « J'espère qu'il est quand même plus beau que ça en vrai » parce qu'il ne faut pas oublier que Cupidon n'est qu'une voix pour nous.. et donc que s'il ressemble à ça en vrai.. ce serait.. décevant. Ce n'est pas réellement du grand art n'est-ce pas. Je lui énonce qu'une petite statut d'elle ou moi serait fort apprécié mais elle n'a pas l'air de cet avis. « Mais non. Tu ne t'imagines avec un portrait de toi là ? » que je dis en pointant un tableau énorme de l'angelot non loin de nous. Enfin soit. Je repose l'objet que je tiens toujours entre mes paumes sur un socle vide ; ça doit être le sien. Je repose le regard sur ma camarade. « Bon et sinon ça se passe comment ton aventure pour l'instant ? Des rencontres qui mériteraient d'être soulignées ? D'autres tasses brisées ? » sourire.

C'est possible qu'il y ait des candidats assez stupides pour vouloir voler une statue de Cupidon ( plutôt laide dans son genre, en plus ), mais ce n'est absolument pas mon cas. J'ai seulement mis un malencontreux coup de coude dans l’œuvre et je lui ai sauvé la vie. En réalité, c'est plutôt sympathique de ma part non ? J'aurai très bien pu la laisser s'écraser au sol, de toute façon je ne suis même pas sûre que quiconque aurait remarqué la différence en vue du nombre de représentations du chérubin qui s'étalent ici. « Tu as pourtant l'embarras du choix ici ». C'est comme s'il traduisait ma pensée à voix haute. Je souris. Avant de lui refourguer la statue, parce que pour être honnête je préfère que ce soit lui qui se fasse accuser, au cas où nous aurions affaire à un garde peu réactif qui viendrait seulement de débarquer dans la salle. Je le vois faire une mine outrée avant de lâcher un soupir en contemplant l'objet. « J'espère qu'il est quand même plus beau que ça en vrai ». Je ne sais pas. C'est clair que si on se fie aux différentes œuvres il n'appartient pas réellement aux critères de beauté de notre époque.   « Je ne pense pas qu'on aura l'occasion de vérifier en vrai.. ». Personne n'a jamais vu cupidon, à ce que je sache. Il ajoute qu'une petite statue de lui ou de moi serait la bienvenue. Ça jurerait un peu avec le reste, tu ne penses pas ?. « Mais non. Tu ne t'imagines avec un portrait de toi là ? ».. Je laisse échapper un rire. Absolument pas non. Et je ne pense pas que cupidon serait ravi de se faire voler la vedette. « Je ne te savais pas si narcissique.. ». Définitivement je ne me vois pas avec une photo de moi grandeur nature, que ce soit dans le musée ou au-dessus de ma cheminée. Mais je ne le connais pas encore bien donc peut être que c'est quelqu'un d'assez satisfait de lui-même, je ne sais pas après tout. Je le suis du regard lorsqu'il repose la statue sur son socle. « Bon et sinon ça se passe comment ton aventure pour l'instant ? Des rencontres qui mériteraient d'être soulignées ? D'autres tasses brisées ? ». Je prends le temps de réfléchir avant de répondre, m'approchant d'un tableau pour l'étudié de plus près. Je me demande qui l'a peint. Cette personne a-elle été rémunérée ? Elle ne le méritait pas. « Ça va. Je dirai que ça se passe bien, mais je sens que je ne vais pas échapper aux nominations cette semaine. ». La vérité c'est que ça me fait un peu chier, mais bon. Je suppose que tout le monde passe par cette case un jour. J'aurai seulement préféré ne pas faire partie de la deuxième fournée. « Sinon j'ai rencontré un type qui a l'air plutôt sympa. Joanès. Mais je l'ai confondu avec une fille.. ». Je me mordille l'intérieur de la joue. « Et non, je n'ai pas cassé d'autre tasse. Seulement faillit briser cette statue, mais je ne sais pas si ça aurait été une mauvaise chose dans le fond. Et toi ? Tu as fait des rencontres intéressantes ? ».

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