Le temps était si beau sur cette île, John n'avait jamais vu ça. Il avait toujours vu une période de pluie s'interposer entre deux ou trois jours de soleil consécutif. Même si elles étaient courtes, les averses anglaises étaient souvent fortes et John se demandait quand est-ce qu'il allait pleuvoir ici parce qu'il fallait bien de l'eau pour nourrir cette flore... L'anglais espérait que le revers de la médaille ne soit pas trop catastrophique et, en attendant, il se promenait les mains dans les poches sur la côte rocheuse. Il finit même par s'y asseoir, très proche du vide. John était persuadé que rien ne lui arriverait. Pourquoi tomberait-il, dans une position assise ? Non, il n'était pas du tout en danger ni inconscient, il voulait juste se mettre là. Le soleil sur sa peau était chaud mais la brise à cette altitude était parfaite pour lui permettre de ne pas suffoquer sous la chaleur. Il ferma même les yeux un instant et un fin sourire étira ses lèvres. C'est quand il entendit du mouvement à ces côtés qu'il ouvrit la bouche et se tourna vers... Sa partenaire. "Bonjour Sido." souffla-t-il, son semi-sourire toujours sur les lèvres. Il l'observa un temps, elle était peut être habituée à force car il observait toujours les gens sans parler. Quand il la connaîtrait mieux, il arrêterait mais pour le moment il essayait toujours de déceler un petit quelque chose dans son attitude, pour comprendre ce qu'elle était. Il finit cependant par détourner les yeux.

Elle avait dormi plus longtemps que prévu. D'habitude, elle ne traînait pas autant au lit. Elle était rentrée du port à une heure tardive. Elle se disait qu'elle était en quelque sorte en vacances, donc elle pouvait s'accorder une grasse matinée de temps à autre. Mais ça ne devait pas devenir une habitude. Dormir toute une journée n'était pas son truc. Elle préférait se lever tôt pour profiter d'une journée entière. Elle se leva aux alentours de deux heures de l'après-midi. Elle n'avait pas faim. Elle se chercha de quoi se désaltérer. Un smoothie, par exemple. Elle le savoura à l'extérieur pendant sa marche. Elle arriva près de la côte rocheuse, plissa les yeux à cause du soleil et reconnut la silhouette John. Elle s'approcha de lui. Ce dernier la salua. Elle fit de même. « Salut John. » Elle vint s'asseoir à ses côtés et reprit une gorgée de son breuvage. Elle sentait son regard sur elle. Elle y était habituée à force et ne le prenait pas mal autant d'attention. Alors qu'il continuait à l'observer, la blonde rouvrit la bouche : « Désolée pour ta nomination. Si j'avais su, je n'aurai jamais touché à cette foutue roulette. » Elle baissa légèrement les yeux et fixa le vide, bien trop gênée. Par sa faute, il se retrouvait sur le banc des nominés. Elle n'avait voulu rien de ça. Elle trouvait ça injuste. « Tu ne m'en veux pas, dis ? », qu'elle marmonna, les yeux toujours baissés. Elle s'en voulait réellement. Si elle pouvait revenir en arrière, elle le ferait.

John et sa partenaire ne parlait pas énormément, il faut dire qu’il avait le sentiment qu’elle et lui était comme le soleil et la lune ou comme le blanc et le noir : très différents, voire opposés. Le jeune homme appréciait sa compagnie mais il ne savait pas tellement quoi lui dire, avait peur de dire quelque chose de stupide ou qui pourrait être mal interprété allez savoir… C’était un peu l’histoire de sa vie. Elle le salue en s’installant à côté de lui but un peu de ce qu’elle avait entre les mains. Tandis qu’il l’observait elle reprit la parole et s’excusa pour la nomination dont il avait écopé plus ou moins à cause d’elle. Il ne le voyait pas de cette manière, en fait. Elle demanda ensuite si il lui en voulait et il secoua doucement la tête de droite à gauche mais elle avait les yeux baissés et semblait réellement alourdie par la culpabilité. « Non, ne t’en fais pas. » fit-il avec un semblant de sourire. Il ne réalisait pas encore vraiment qu’il était nominé, en fait. « Ce n’est pas ta faute… C’est le jeu. Et puis je pense que cette roulette ne m’aime pas. En fait, j’en suis même convaincu parce qu’une nomination d’office et perdre 10 milles euros contre deux milles pauvres petits euros la semaine passée… Je crois que je n’y toucherai plus jamais. » Confessa le jeune homme avec un sourire. Il n’était pas mauvais joueur. Pas tout le temps. « Et donc excuse moi de faire plonger notre cagnotte commune de la sorte. » fit-il, rieur. Il ne voulait pas qu’elle s’en veuille pour si peu. Elle pourrait s’en vouloir si il venait à sortir parce qu’on sait ce qu’on a mais pas ce qu’on va avoir, hein ! Plus sérieusement l’anglais se disait qu’il valait mieux maintenant qu’à la fin car il pouvait encore être face à des gens moins redoutables, maintenant…