+ Mickael

On est quand même bien chanceux que la saison se passe à Hawaï et pas ailleurs, dans un endroit paumé où le soleil se pointerait jamais. Je crois que je pourrais pas supporter de rester enfermer, de ne pas pouvoir aller dehors et respire un peu d'air frais au moins une fois par jour. Je suis comme une plante, je vis bien que quand j'ai de l'eau, du soleil et de l'espace pour m'épanouir. Non mais il faut que j'arrête mes délires. Je suis pas une fleur moi, ça se saurait si c'était le cas. Mais j'aime quand même bien sortir, marcher un peu dans le jardin, regarder les plantes de l'espèce de jardin botanique, même si je connais toujours pas leur nom. J'aime pas ne pas savoir, ça me perturbe, voire me frustre beaucoup. Je me sens ignorant, inférieur, j'ai l'impression que je vais voir mon père débarquer et me dire qu'il a raison, comme toujours, que je ne suis qu'un inculte. En même temps, s'il avait fait son boulot de père, on n'en serait pas là. M'enfin, c'est pas non plus si grave que ça, je crois. J'avance entre les allées de buissons et de fleurs jusqu'à ce que je tombe sur un type. J'ai l'impression qu'il parle à quelqu'un, genre au plante, ou peut-être au chat, Trixie, Textile, Toxine, enfin je sais plus, un truc qui commence par un « t » et il y a un « x » aussi quelque part mais j'ai pas trouvé utile de me souvenir du nom exacte de la bestiole. « A moins que tu t'appelles Alice, je pense pas qu'elles vont te répondre. » Que je dis en désignant les fleurs qu'il a en face de lui. Et encore, même sen s'appelant comme la petite blonde totalement un peu cinglée, je doute que les plantes lui parlant. Le chat non plus risque pas de lui dire quoi que ce soit, mais c'est pas faute d'avoir essayé, hein. C'est vrai qu'on ne sait jamais, des fois qu'on ait basculé dans une autre dimension.

W/ ESTEBAN

Depuis presque une heure j'explore la maison à la recherche du chat à Maxence. Je n'ai pas vu Tixy depuis ce matin et je dois bien l'avouer : je m'inquiète un peu pour elle. Je suis même allé regarder dans le dressing au cas où elle aurait eu la bonne idée de dormir dans un tiroir à linge. Aucune traces. Je me dirige alors vers le jardin, peut être que la chatte profite du soleil, après tous les animaux aiment autant que nous se prélasser quand il fait chaud et beau. Je traine un peu dans les allées fleuries, écarte les branches des buissons pour regarder entre elles. Je cherche en vain et appelle le chat. C'est alors que j'entends derrière moi une personne parler. Je me retourne légèrement et vois un grand blond dans l'allée. Les rayons du soleil cognent sur sa chevelure et m'aveugle alors. Je fronce des sourcils, ayant un peu mal aux yeux. Je rabats mes lunettes sur le nez et me redresse pour avancer vers lui. « Je cherche Tixy. Tu l'aurais pas croisé ? » demandais-je

Quand je vois un mec parler tout seul, ça m'intrigue un peu, donc je me dirige vers lui et entame la conversation. Il aurait toujours l'air moins fou en parlant avec moi qu'avec une bande de plantes qui ne l'écoutent pas et ne lui répondront jamais. Je crois que je l'éblouie par ma magnifique personne parce qu'il fait tomber ses lunettes sur son nez. Un large sourire chargé de fierté vient épouser mes lèvres et je bombe le torse. Il me réponds finalement qu'il cherche le chat et me demande si je ne l'aurais pas croisé. Je fais non de la tête. « Moins je croise cette chose, mieux je me porte, tu sais. » Et pourtant, dieu sait que je la voit souvent, étant donné qu'elle dort près de son nouveau maître qui pionce dans un lit pas loin du mien. Mon interlocuteur actuel dort lui aussi dans la même chambre que moi, mais je ne l'ai jamais franchement remarqué et son prénom m'échappe totalement. « Je te conseille de plutôt aller voir du côté de la cuisine, c'est un vrai ventre sur pattes cette bestiole. » Le pire c'est que c'est vrai, si elle pouvait elle mangerait autant que moi. En plus l'autre jour elle a bien essayé de me voler mon repas mais elle n'est pas assez maligne pour me berner, non. « Ou alors peut-être que quelqu'un s'est chargé de la foutre à l'eau. » Que je glisse comme si de rien n'était sur un ton moqueur, un rictus se dessinant sur mes lèvres. En réalité, je n'espère pas que ce soit le cas. Je n'aime pas beaucoup les animaux, principalement parce que je ne suis pas habitué à en côtoyer, mais je ne vais pas non plus souhaiter leur mort, ce serait être cruel pour rien. Mais bon, il est un peu chiant sur les bords l'animal donc si ça se trouve quelqu'un en a eu assez et s'en ai tout simplement débarrassé.