Je ne suis pas quelqu'un de curieux d'habitude. En fait, je ne l'ai jamais été, je crois que les histoires des autres ne m'interessent pas, à vrai dire les miennes m'occupent déjà assez comme ça. Seulement voilà, en ouvrant des portes un peu hasard, je me retrouve rapidement dans la salle de vidéo surveillance. Vous savez, celle où on peut épier les autres à l'aide de télévisions - ou d'écran tout du moins - dans les différentes pièces de l'immeuble. Je trouvais que c'était une pièce qui flirtait avec l'immoral et puis soudainement je me suis rappelé que des millions de télé-spectateurs pouvaient nous regarder à chacun de nos gestes. J'hausse les épaules. Et puis, mince, je me dis que des candidats ont peut-être déjà été épié ce que j'étais occupé de faire, peut-être même s'étaient-ils permis de me regarder sous la douche ? Moi ou un autre, je veux dire à ce stade c'est pareil. Enfin soit, je referme la porte derrière moi, et puis je me pose à une chaise, en face des bureaux et donc des écrans. Je vois des gens qui discutent, qui rigolent, qui font des trucs dont pour la plupart je me fous. Et là, alors que je regarde tout de même l'un des écrans, je vois dans un autre une jeune femme qui s'approche d'une porte. Hum. Je vais la suivre, tiens. Du coup, je la suis du regard. J'arrive à la reconnaitre ; c'est Babou. Je ne la connais pas personnellement mais j'arrive à visualiser la personne. Je la vois ouvrir des portes, puis d'autres et encore d'autres. Elle prend même l'ascenseur. Je suis quand même un voyeur, je vais m'immiscer dans sa vie alors que je ne la connais même pas. Je jongle entre les caméras pour suivre le parcours de la jeune femme quand soudain la porte derrière moi s'ouvre et manque de me faire tomber de ma chaise. Putain, j'étais pas préparé. Je tourne la tête, et sur qui je tombe ? Babou, en personne. Je.. mais.. elle ressemble donc à ça en vrai ? Je rigole. « T'es mieux en vrai que sur les écrans » Oops. Non, elle ne passe pas mal à l'écran, disons qu'elle est jolie dessus mais qu'en vrai il n'y a pas à dire elle est mieux. Et oui, je viens de me griller là, j'étais carrément occupé de la visionner avant qu'elle ne se pointe.. c'est ce qu'on appelle du voyeurisme. Oui.

Attendez, est-ce que je viens réellement de dire qu'elle était mieux en vrai que sur les écrans ? Oui, je viens de le dire. Donc, oui, je viens de littéralement me griller. Pas en flagrant délit, mais presque, hein. Après tout, c'est ce que j'étais carrément en train de faire, la regarder, juste avant qu'elle n'entre dans cette pièce. Mais bon, elle ne l'aurait jamais su, si je ne l'avais pas dit, puisque logiquement elle aurait disparu des écrans qui se tiennent face à nous. Et oui. Sauf que voilà, ma blondeur légendaire - ce n'est pas tant une légende au fond, ce qu'on dit sur les blondes est aussi valable pour les blonds - m'a fait faillir et j'ai avoué le pot aux roses, et là je me dis qu'elle va me prendre pour un pervers. Au mieux, quelqu'un de curieux. Mais je sens qu'elle va me juger. Et ça, ça les amis, c'est mal. Enfin soit, elle n'a pas l'air de le prendre si mal que ça - peut-être qu'en fait elle n'est pas très maligne non plus et qu'elle n'a pas pigé où je voulais en venir. À vrai dire ça m'arrangerait, hein, j'ai pas très envie qu'elle croit que je la regarde sous la douche. Non pas qu'elle n'est pas regardable mais vous m'avez compris.. Elle me dit donc qu'elle le sait maintenant, qu'elle est plus belle en vrai. Mais bon qu'elle n'aille pas croire qu'elle est dégueulasse à la télé, ce n'est pas ce que j'ai dit. Et puis là, après avoir posé le regard sur les écrans que je regardais quelques secondes auparavant, elle semble avoir une illumination. Quelque part, je me dis qu'elle aura été longue à la détente, quand même. Mais bon. Elle me demande si j'étais en train de l'espionner. Je dis quoi je dis quoi ? « Hum.. » je suis un peu gêné, quand même. Pourtant c'est pas si grave. Mais j'ai pas envie qu'on me prenne pour un pervers voire pédophile. Quoi qu'elle a l'air majeure. Ca passe alors. « Bon peut-être. Mais tu devrais être flattée. » ça prouve qu'elle est plutôt pas mal malgré tout et puis qu'elle est intéressante. Sans rire, j'aurais aimé la suivre toute l'après-midi, juste pour voir qu'elle genre de nana c'était. Mais malheureusement elle a débarqué dans la salle de vidéo-surveillance alors j'imagine que mon plan est tombé à l'eau en moins de cinq secondes. C'est dommage. Mais bon, je compte retenter une prochaine fois.. ou pas, si c'est pour me faire griller direct je sais pas trop en fait. Et puis là elle me justifie sa présence - d'une façon un peu pétée je dois bien l'avouer. Son petit doigt, donc. Peut-être qu'elle pense que je vais y croire. Ouais, je suis blond mais je suis pas con. Enfin ça dépend. Cependant je dois avouer que la jeune femme me fait lâcher un rire. Elle est amusante. « Tu as un sacré petit doigt et oui, je suis épaté » que je lâche accompagné d'un sourire. Je tapote le siège à côté du mien pour l'inciter à s'asseoir. Bon, si elle est là autant discuter non ? « Au fond j'aurais aimé que tu ne débarques pas ici, comme ça je t'aurais suivie toute la journée et puis j'aurais découvert ton secret. Avoues tu trembles de peur » je n'ai jamais été bon pour rechercher des trucs alors des secrets.. elle n'avait rien à craindre.

C'est très étrange. C'est presque suspect, en fait. Je veux dire, si vous découvrez que quelqu'un vous observe depuis cinq bonnes minutes - par là je ne compte pas les télé-spectateurs dont c'est le rôle premier - est-ce que vous seriez aussi gentil que Babou l'est actuellement ? Car voilà, je lui ai carrément avoué - ou sous-entendu - que je la matais depuis cette salle, à savoir le moindre de ses faits et gestes, mais là est le problème ; Babou est adorable avec moi. En fait, ça n'a même pas l'air de la gêner voire choquer. Je suis ravi, cependant, je n'aurais pas supporter de me mettre à dos quelqu'un pour ça, d'autant plus que je ne connais pas du tout la jeune femme alors c'est pour dire. Elle m'invente une excuse claquée ; son petit doigt lui aurait soufflé l'idée que quelqu'un serait en train de la regarder depuis cette salle. Alors, oui, sacré petit doigt, et oui je suis toujours aussi épaté, je dois l'avouer. Sauf que là, elle me dit que je dois être l'un des seuls que ses gestes intéresseraient. Donc soit elle est occupé de me dire que je m'occupe de gens inintéressants soit elle se dénigre un peu là. Pour être honnête, je penche plus pour la deuxième solution. D'autant plus que la jeune femme est bien placée dans le classement de popularité, alors qu'elle ne vienne pas dire ce genre de trucs, voilà merci. « Non pour être honnête avec toi j'ai bien aimé te voir sautiller dans toutes les pièces où tu es entrée » non réellement je dois avouer qu'elle ne m'a pas ennuyé. En même temps, c'est pas vraiment comme si j'avais réellement eu le temps de m'ennuyer, hein.. la jeune femme était débarquée comme une furie dans la salle. Alors, forcément, hein.. enfin soit. Plus tard, je l'invite à rejoindre la chaise qui se situe à ma droite. Beh oui, hein, elle ne va quand même pas rester là debout la nana. Je pourrais me sentir coupable si ses jambes venaient à lâcher. Ce n'est pas mon but, cependant. Enfin soit. Je lui glisse au passage que son secret est malmené grâce à mon sens de l'observation très aiguisé. Hum.. vous avez compris l'ironie, là ? Je suis une buse quand il s'agit de réfléchir à des trucs. Alors à des secrets.. non non je ne suis pas celui qui vais découvrir son secret, quand bien même il viendrait à être découvert d'ailleurs. Mais bon je ne suis pas contre lui faire comprendre le contraire ; lui faire croire que j'allais être à l’affût du moindre de ses gestes, de ses discussions avec les autres candidats, histoire de récolter quelques indices et pourquoi pas aller buzzer si une idée germe dans mon esprit. C'est pas gagné d'ailleurs.. mais on peut faire semblant, hein. Elle me dit qu'elle est terrorisée. Je souris. Je ne sais pas si elle est sérieuse ou pas, mais elle me fait rire pour le coup. Je l'aime bien. Je ne la connais pas, mais je l'aime bien. Elle est gentille. Malgré le fait qu'elle sache que je l'ai matée pendant plusieurs minutes à l'aide de ces maudits écrans.. « En fait j'ai déjà quelques idées. Mais je les garderai pour moi. » vous voyez ma tentative de frayeur ? enfin elle ne va pas me croire. À vrai dire, j'ai aucune idée quant au secret de la jeune femme, et, en fait, j'ai aucune idée quant au secret de n'importe qui ici.. j'avais carrément oublié qu'on avait des secrets. Enfin, pas le mien, parce que je le connais donc c'est pas pareil, mais ceux des autres.. j'y réfléchis pas trop pour le moment je dois bien l'avouer. Elle repart sur son idée de petit doigt intelligent et puis qui sait tout. Je vais réellement finir par croire qu'elle est possédée et/ou droguée. Mais, attention, ça ne me gêne pas particulièrement. Elle est folle mais j'aime ça. Mon secret ? Ouais ouais.. « Je pense que je vais le couper ce petit doigt, il peut nuire à mon aventure » je suis sérieux. Bon peut-être pas tant que ça, en fait. Quoi qu'il en soit, mon regard vrille sur les écrans qui nous font face et puis j'ai une idée. Quitte à mater des gens autant le faire ensemble. « Bon dis un chiffre entre un et dix, on verra qui on va espionner. » je lui laisse même le choix en plus. Je suis quelqu'un de galant. Je suis fier de moi.. haha.