ROWAN   |   TITI

Titi ne fait pas à manger ou très peu. Non, elle aime plutôt squatter les cuisiniers du nid ou n’importe qui préparant un plat beaucoup trop copieux pour une personne et qui veut bien partager. C’est une vraie poubelle. Elle pourrait avaler n’importe quoi sans grossir… Sauf qu’elle n’aime pas manger n’importe quoi. Elle évite de manger trop gras de risque de perdre la ligne et ça, ça serait vraiment un carnage. Une abomination même, pour elle. Elle ne soit absolument pas devenir grosse un jour, ça serait l’enfer. Bref, normalement elle ne fait pas à manger. Normalement, parce que ce midi, personne n'a daigné préprarer quelque chose, ou en tout cas en laisser. D'ailleurs, il est passé midi et personne n'est présent ici. C'est curieux. Comme si l'on avait attendu qu'elle prépare quelque chose pour que tout le monde en profite. Double bref. Titi attend là, devant la casserole d'eau remplie de pâtes, 100% italiennes d'après la boîte. C'est les meilleurs normalement, enfin, elle pense. Elle regarde le minuteur pour voir le temps qu'il reste. Elle n'adore pas ça les pâtes, mais c'est facile à faire. Elle a ouvert en même temps un pot de sauce tomate à la bolognaise. Elle a failli prendre celle à la Napolitaine, mais elle n'a pas osé. Pour elle, dans sa tête, napolaine c'est le féminin de napolitein et un napolitain c'est un gâteau. Donc de la sauce tomate au gâteau, ça ne doit pas être très délicieux. Le minuteur sonne, ce qui sort la blonde de sa rêverie. Elle enlève les spaghetti de la casserole, pour les égouter, puis les remettre dans la même casserole. En fait, si elle a fait précisément des spaghettis, c'est pour une raison bien précise. Un sourire nait sur son visage lorsqu'elle en saisi un entre ses doigts. En fait, une fois elle a vu qu'il fallait lancer des spaghettis sur le mur ou le frigo - certains disent que ça ne fonctionne que sur le frigo - pour voir si c'est cuit. Elle lance alors un spaghetti sur le mur en face d'elle, quand un candidate arrive pile au même moment. Elle a même failli l'avoir dans la figure. Titi rigole. Avant de se pincer les lèvres, en pensant que c'est pas super sympa de rire. Alors finalement elle prendre un pâte entre ses doigts et la lui tend. « Tu veux lancer des pâtes avec moi ?... Et puis tu voudras les manger avec moi, aussi? » C'est une invitation, effectivement.

J’ai traîné à l’extérieur toute la matinée, et je dois bien avoir fait une dizaine de kilomètres de marche, je suis totalement exténuée, mais plus que ça, je suis totalement affamée. Du coup je me précipite limite en courant à la cuisine, il faut que je mange, et vu l’état de famine dans lequel je me trouve, je vais me jeter sur des trucs graves sains, genre des biscuits ou des plaques entières de chocolat, voyez le genre. Enfin, j’ai failli ne pas manger du tout vu que je suis passée à ça de l’arrêt cardiaque quand, une fois entrée dans la cuisine, je manque de me faire assassiner par un spaghetti sauvage lancé à pleine vitesse. Je tourne la tête vers la commanditaire d’un tel acte et découvre … alors elle je connais son prénom sans vraiment le savoir, c’est un truc hyper bizarre que même avec des cours d’orthophonie j’arriverais sans doute jamais à prononcer. Du coup je l’ai affectueusement surnommée la folle et pour ce que j’ai pu en voir lors des primes, ce surnom lui va à ravir. J’aurais dû me douter qu’il n’y avait qu’elle pour être à l’origine d’un tel geste. En plus elle en rigole, elle est fière d’elle, non mais. Bon, je vais pas me vexer, même si je l’aurais reçu sur le nez je pense pas que je me serais beaucoup énervée, même si clairement c’est le genre de truc que je préfère éviter. Alors quand elle me propose de lancer des pâtes avec elle, je suis sceptique l’espace d’un instant. Puis finalement, allez, je veux bien, je suis trop gentille. « Hm, pourquoi pas. Mais cinq minutes alors, pas plus. » Le gaspillage alimentaire, la famine en Afrique, tout ça, ça va me donner mauvaise conscience, et j’ai pas très envie de me prendre le chou avec ça pendant des heures, voyez. « Et rassurez-moi, tu ne comptes pas manger celles qui te servent à repeindre la cuisine ? » Je demande, hein, après sa proposition, sait-on jamais. Je m’avance vers les fameux spaghettis et en prend quelques-uns avec de les enrouler dans mes mains. « Je suppose que tu n’as rien contre le fait d’être ma cible alors ? » Que je lui demande avant d’écraser la poignée sur le sommet de son crâne. Bon j’ai pas visé le visage, je suis gentille. Et dans mon énorme bonté j’ai même pas pris trop de spaghettis, histoire que ça la gêne pas trop. Puis bon, elle propose de lancer des spaghettis, mais je trouve clairement plus drôle de la prendre pour cible qu’un vulgaire frigo. Je reste sceptique quelques instants, essayant de deviner si elle va me donner une baffe pour avoir gâché sa jolie coiffure ou si elle le prendra avec humour.