J'aime bien me promener dans le jardin, j'aime bien les fleurs qu'on y voit, elles sont exotiques et sortent de l'ordinaire pour la plupart. L'autre jour j'en ai cueillie une pour Rowan et j'ai cru comprendre qu'elle avait bien eu le temps de faner. Logique, vous me direz. Mais j'ai l'impression d'être un horrible montre parce que je l'ai arrachée à la vie pour me faire pardonner une simple petite bousculade de rien du tout. Enfin, je n'y peux rien si quand je vois une jolie fille et une jolie fleur je me sens obligé de les réunir. Peut-être que je vais tomber sur une nouvelle paire gagnante aujourd'hui, une belle demoiselle et une fleur parfumée, parfaites à marier l'une avec l'autre. Sauf que je me sentirais surement à nouveau coupable de priver une fleur de tout ce dont elle a besoin pour rester en vie, dans le seul but de faire bonne impression aux yeux d'une femme. A la rigueur si les fleurs étaient en tissu et qu'elle ne finissaient pas toutes par mourir ça irait, je n'aurais aucun mal à en cueillir des dizaines, je serais même heureux d'en faire la distribution à toutes les jolies filles qui le veulent mais le fait est qu'une fleur meurt, et même si je n'en ai pas l'air, ça me rend assez triste. Je continue de me promener dans les allées colorées quand j'entends une voix assez proche de moi. Je la cherche du regard, m'approche un peu plus et finis par découvrir Babou, coincée sur la balançoire qui va si vite qu'elle ne semble pas parvenir à descendre. Je la regarde aller d'avant en arrière un instant avant de vraiment réaliser ce qu'il se passe quand elle dit que tout remonte, hm. Si ça continue, la petite brune risque de tomber, et elle pourrait se faire mal, voire se tuer dans le pire des cas, un malheur est vite arrivé. Oui, je parle de malheur parce qu'elle est plutôt mignonne et gentille, donc ce serait bien plus triste que la mort d'une fleur si elle venait à perdre la vie après un accident de balançoire. « Vas-y, saute, je te rattrape ! » Que je m'exclame alors, d'un air chevaleresque, presque sûr de moi. Sauf que je ne pense pas que ce soit une bonne idée finalement. Je m'avance donc prudemment vers Babou qui continue de se balancer.  « Ou sinon je peux... » Que je commence à dire en me mettant juste devant la demoiselle sur son siège ambulant. Elle me percute de plein fouet et nous tombons tous deux à terre. Bon, je suis sonné, mais au moins elle est descendu. Je me sens un peu con d'avoir fait ça, mais bon, j'ai sauvé la demoiselle en détresse donc je crois pouvoir être fier de moi. Je garde les yeux fermé un instant, principalement à cause du choc, et oui, parce que je suis coincé entre le sol et la brunette, qui ne pèse pas bien lourd comme ça, mais avec la vitesse ça m'a bien fait mal aux côtes, et surement un peu plus bas, mais je suis un homme, je suis supposé être fort et mieux résister à le douleur que ces dames. Je rouvre les yeux et fixe Babou. « Ça va ? » J'imagine que oui, puisque c'est moi qui ait amorti le choc, mais ça fait toujours mieux de demander, juste au cas où, pour avoir l'air d'un parfait héros.

J'arrive près de la balançoire où je trouve Babou en difficulté. Elle va trop vite et ne sait pas comment descendre. Je crois être le seul en mesure de l'aider pour le moment. La première chose qui me vient à l'esprit est de lui dire de sauter, je la rattraperais du mieux que je peux. Enfin, si je la loupe on va me prendre pour un gros nul et elle va sans doute se faire bien mal donc ce n'est peut-être pas la meilleure chose à faire. Du coup, je me dis que peut-être je pourrais l'arrêter juste comme ça en me mettant dans la trajectoire de la balançoire. On ne sait jamais, ça pourrait marcher, fort comme je suis je pourrais la faire se stopper net. Mais...non. Elle me fonce dessus tellement violemment que nous tombons tous les deux à la renverse, elle sur moi, bien sûr. En même temps, je ne peux m'en prendre qu'à moi-même avec mes brillantes idées. Après un petit moment où je ne sais plus bien où je suis, je lui demande comment elle va. Là elle se met presque à m'engueuler, à me dire que j'aurais pu me faire mal et tout. Oui bah je sais, je suis pas con, elle est mignonne, elle. Moi je venais juste rendre service mais la prochaine fois je m'abstiendrai. Non mais depuis quand on remercie comme ça, oh. Si elle venait pas de subir un traumatisme là, je crois que je pourrais l'envoyer bouler, mais bon je comprends, elle est en état de choc ou un truc comme ça donc autant essayer de la faire se dérider un peu, d'être gentil. J'esquisse un léger sourire tout en me frottant la nuque. « Je sais, mais les héros réfléchissent pas toujours avant d'agir. » Bah non pas le temps, il faut faire vite dans ce genre de situations. Babou se radoucit ensuite, me disant qu'elle est désolée, me remerciant de mettre mis en danger pour elle. Je me sens fier puisqu'elle reconnait enfin que je l'ai aidée au péril de ma vie et tout. « Oh c'était pas grand chose, je fais ça tout les jours, tu sais. » Ou pas. Non mais faut pas croire que je sauve de pauvres gens tous les jours, moi je m'occupe que des demoiselles en détresse, enfin, les jeunes et jolies, parce que les autres c'est pas la peine. « Dis, t'avais l'intention de faire quoi exactement ? T'envoler ? » Que je demande finalement, assez intrigué. En tout cas elle y était presque arrivée si c'était le but, mais en vrai je pense qu'elle a pas du faire exprès, enfin j'espère parce que sinon je crois qu'il faudrait commencer à s'inquiéter.

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