“ and the night is takin' over,
and the moonlight gets exposure ”

w/krisjana

Indescriptible. C'est ce qu'avait été le sentiment qui l'avait envahi lorsqu'il avait appris qu'il intégrait la finale de l'aventure. Parce qu'à ce moment-là, il s'était déconnecté de la réalité, juste le temps de se remémorer les mois qu'il avait passé seul, à se jeter corps et âme dans un projet auquel il s'était d'autant plus raccroché lorsqu'il avait pris conscience qu'il était à peu près tout ce qui lui restait dans la vie. C'est à combien son année lui avait pesé sur le cœur qu'il repensa, oui, mais aussi à combien sa vie avait pu basculer ici, au fil des rencontres qu'il avait faites, parce que pendant plusieurs mois il n'avait plus été ce taré prêt à tout quitter du jour au lendemain si l'occasion lui en était donnée. Non, on lui avait laissé une vraie chance de montrer qui il était, et c'est maintenant qu'il réalisait que devenir quelqu'un, à une échelle universelle, ça n'égalerait finalement jamais le fait de compter aux yeux de personnes pour qui notre valeur ne passe par aucun sacrifice. C'est donc l'esprit pas mal embrouillé entre toutes les pensées qui agitaient son esprit en cette semaine toute particulière qu'il rejoignit le balcon par une soirée étonnamment fraîche. Mais à peine y eut-il posé un pied que ses yeux se posèrent sur une silhouette, accoudée à la rambarde. Impossible pour lui de ne pas la reconnaître, il n'y en avait nulle pareille. C'était celle de Krisjana, bien sûr, et la raison pour laquelle il était si troublé de la voir était qu'elle avait ressenti le besoin de quitter le nid pendant un jour en ce début de semaine, chose qu'il avait accepté, non sans toutefois ressentir à chaque instant passé loin d'elle ce manque saisissant qui laissait présager le pire pour l'extérieur. Alors il s'approcha, doucement, ses bras se nouant autour de sa taille et son menton se déposant sur son épaule, pour l'avoir tout contre lui, sans d'abord dire quoi que ce soit. C'est fou comme il en venait à se trouver bête d'avoir autant appréhendé sa réaction quant à ce qui ponctuait sa vie depuis plusieurs mois, parce qu'au final elle était toujours là, en cette semaine où son soutien lui était d'autant plus précieux, et il n'y avait rien de plus important à ses yeux. « Pas de doute, cette soirée se profile mieux que celle d'hier » qu'il finit par souffler, en référence bien sûr au fait que c'était sa présence, ni plus ni moins, qui changeait ici la donne. Car déjà que le nid s'était vidé, s'être passé d'elle n'avait pas été simple, qu'on se le dise. « J'avais un peu peur, j'avoue, que tu prennes goût à ta liberté retrouvée et que tu n'aies pas la force de revenir t'enfermer ici, même pour seulement quelques jours » qu'il ajouta, sur un ton assez amusé, même si effectivement il l'avait appréhendé. Il aurait compris, bien sûr, qu'elle n'ait pas le courage de revenir pour les derniers jours de jeu, mais ça n'aurait pas été pareil sans elle. Non, à vrai dire, ça lui aurait gâché tout le plaisir d'en être arrivé là.

Je suis revenue pour finir la semaine aux côtés de Jorah. Après le prime, je l'avais prévenu que je voulais sortir prendre l'air, un peu, au moins une petite journée, pour au moins avoir l'impression que ma vie m’appartenait le temps de vingt-quatre heures et non aux caméras et donc aux téléspectateurs quoi. Evidemment je n'ai rien pu faire d'extraordinaire pendant cette journée, mais ça soulage de changer de cadre et de ne pas voir les même personnes. Je monte au balcon pour m'allumer une cigarette, que je fume assez rapidement. Je reste, accoudée, sans bouger lorsque que deux bras apparaissent dans mon champ de vision, me faisant sursauter au passage. Evidemment, ce ne peut qu'être lui, il n'y a que Jorah qui est autorisé à faire ça. J'esquisse un doux sourire à ce contact. Sa remarque m'arrache un sourire, j'imagine donc qu'il est plutôt content de me revoir, donc, en même temps, je n'étais partie qu'un petit jour, et quelques heures en plus, je l'accorde, aller. Il avait peur que je ne reviens pas après être sortie un petit jour. Cela aurait pu être possible, en fait. « C'était effectivement tentant, je l'avoue » je concède parce que c'est vrai. Il sait très bien que l'enfermement me pèse et que je ne reste ici que pour lui en plus. Je le lui ai déjà dis. Plus rien d'autre que Jorah ne me retient dans ce jeu et l'idée de rentrer chez moi, après presque trois mois ici, me plait de plus en plus, je l'avoue. Fake Lover a beau être une expérience assez sympathique, j'ai quand même envie qu'elle prenne fin, le temps commence à se faire long, surtout lorsqu'on n'a plus aucun intérêt dans le jeu en fait. C'est assez chiant de se sentir inutile, franchement. On perd toute notre valeur aux yeux de la production en plus, non ? « Mais bon je sais que tu es complètement perdu dans moi, alors je me devais de revenir » j'extrapole alors en caressant distraitement l'une de ses joues, du bout des doigts. Oui, je ne peux pas décemment le laisser agir en tant qu'électron libre, comme ça, le pauvre, il n'y survivrait pas. « Pour éviter que tu dérapes » je raille alors avant de me retourner, contre lui avant d'enrouler mes bras autour de sa nuque, et rapidement mes jambes font de même autour de son bassin. Je suis suffisamment fine et tonique pour tenir sans son aide. Je niche ma tête contre son cou, raffermissant ma prise sur lui, je reste un moment comme ça, contre lui, immobile, calant ma respiration sur la sienne. Non, je n'ai pas envie de bouger, je suis bien comme cela. « Tu te rends compte tout ce que tu me fais faire » je fais mine de lâcher en poussant en profond soupir avant d'embrasser l'une de ses tempes. Histoire qu'il mesure le sacrifice que je fais pour être et rester avec lui, il est très important. Suis-je un minimum crédible ? Je n'en n'ai aucune idée à vrai dire.

Si la semaine serait très certainement des plus agréables, rien n'aurait été pareil si Krisjana avait décidé de ne pas revenir dans le nid pour les derniers jours de jeu. C'est une chose qu'il aurait compris, sachant combien sa liberté lui manquait, mais qu'il aurait déploré, parce que si n'importe quel soutien faisait toujours grandement plaisir, le sien était inévitablement celui qui comptait le plus. Alors la retrouver sur ce balcon, ça le troublait, et il n'avait pas pu laisser passer une seconde de plus sans restaurer cette proximité qui lui avait manqué d'hier à aujourd'hui. C'était peut être absurde pour beaucoup d'avoir tant de mal à se passer d'elle, mais s'être côtoyés au quotidien pendant trois mois pour finalement s'être définitivement rapprochés, ça le rendait avide de passer ses moindres moments avec elle. Il apprécia en tout cas l'honnêteté de Krisjana, qui laissa entendre que oui, il fut effectivement tentant pour elle de ne pas revenir. Et du coup, ça le rendait d'autant plus reconnaissant, parce que le fait de l'avoir envisagé était une chose, mais y avoir renoncé au bout du compte en était une autre. Il se pinça alors la lèvre, parce que de toute façon il comprenait et elle le savait bien, comme elle savait qu'il n'aurait pas pu lui en vouloir. Le commentaire de la brune le fit alors sourire, parce qu'elle avait tout de même une drôle de façon de voir les choses ! « Bah justement, vu que t'en parles ... pourquoi crois-tu que je me rendais sur le balcon ? » qu'il souffla alors, sur un ton légèrement dramatique, en entrant complètement dans son jeu, ce qui lui rappellerait très certainement une scène qu'ils n'avaient que trop évoquée déjà, celle de sa pseudo tentative de suicide sur la côte rocheuse, devenue un classique du genre. Il lui sourit tendrement lorsqu'elle se retourna puis fut un peu pris de court il est vrai lorsqu'elle enroula ses bras et ses jambes autour de lui. Ses mains contre son dos, il la garda tout contre lui, savourant pleinement l'instant, avant d'émettre un petit rire à sa nouvelle remarque, elle qui semblait vouloir être plainte, en gros. « Si c'était pas pour moi, ça n'en vaudrait pas la peine, c'est ce que t'essaies de me dire ? » qu'il fit alors, l'air de rien mais légèrement amusé, en caressant ses cheveux. En soi il ne le disait pas aussi sérieusement qu'on pouvait le croire, mais c'est vrai qu'il s'imaginait dans un sens qu'elle ne serait pas revenue pour n'importe qui, et ça lui plaisait bien, forcément. « Alors, comment est-ce que t'as occupé cette précieuse journée ? » qu'il finit par demander, pensant qu'elle avait peut être des choses à raconter, parce que lui ça l'intéressait de savoir ce qu'elle avait fait en sortant. « T'as exploré les environs ? profité du beau temps ? foutu une claque à un chauffeur de taxi qui te faisait du gringue, peut être ? Je t'écoute, tu peux tout me confier. » Comment ça, il en profitait pour se rassurer un petit peu ? Non, c'est juste que ... bon, Krisjana était une très jolie fille, probablement très courtisée en temps normal - il n'y avait qu'à voir dans le nid - et l'idée qu'elle ait pu être sujette à certaines attentions à l'extérieur avait peut être, oui, un tout petit peu tendance à le travailler. C'est que bon, belle et célèbre, c'était généralement une combinaison qui plaisait, et pas qu'un peu.

J'affiche un léger sourire de satisfaction lorsque je le sens contre moi. La réponse de Jorah me fait sourire. Je secoue la tête de haut en bas, comme si je prenais note. Il voulait se jeter du balcon ! Vous savez quoi ? Je m'en doutais un peu, au fond. « Je savais qu'au bout de plus de vingt quatre heures, tu allais forcément déconner » je balance en poussant un profond soupir de désespoir, oui, je sais qu'il a une profonde dépendante affective à ma personne, c'est très dur à gérer en tant que médecin. Le pire, si vous voulez mon avis, est de séparer la vie privée de la vie professionnelle ! En tout cas, oui, mon retour était uniquement pour lui sauver la vie ! « Je passe l'éponge pour cette fois, mais la prochaine fois, je vais être obligée d'ajuster ton traitement, je te préviens » je le menace alors en roulant des yeux car tout le monde sait que Jorah a de très nettes tendances suicidaires. Je m'accroche à son bassin pour me lover contre lui alors que je me plains, comme toujours. « Bien sur que ce n'est que pour toi » je confirme alors en soufflant dans son cou. « Les autres, on s'en fout, tu sais très bien que mon temps m'est précieux » je ronronne alors tandis qu'il enchaîne. Il me demande ce que j'ai fait pendant cette petite journée, rien de particulier j'ai envie de dire puisqu'il fallait que je reste aux alentours pour rentrer assez rapidement. J'ai marché, bu des cafés, je me suis simplement promené, non aussi, j'ai pu téléphoner, utiliser internet sur mon iPhone pour me reconnecter au monde. Pour une fille qui veut faire dans la technologie plus tard, c'est magique.  L'histoire de taxi m'interpelle juste un peu, du coup, je décide d'enfoncer une porte déjà entrouverte, pour la peine, puisqu'il en parle ... « C'est dingue mais ce n'était pas que le chauffeur de taxi, il y avait un des serveurs, puis aussi certains touristes qui essayaient de m'aborder » je feins alors d'une voix très enfantine, en mimant la surprise. Mes mains s'en vont caresser la nuque de Jorah. « Et puis pour les faire partir j'étais "vous savez, vis à vis de mon homme, votre attitude n'est pas très correcte" et après ils étaient "si jeune et si fidèle, c'est une tra-gé-die" » je continue mon petit récit avant de capter son regard. A quel moment je viens de perdre ma crédibilité dans mon histoire complètement inventée, je me le demande. « Une journée très banale, comme tu peux le constater quoi » je fais mine de conclure, en toute innocence avant qu'un sourire tout à fait charmant ne vienne naître sur mon visage comme si j'avais l'habitude de me faire constamment draguer et que je le vivais assez bien.  « J'y peux rien, personne ne résiste au charme norvégien, c'est un fardeau que je me dois de transporter, seule » je balance pour une touche un peu dramatique histoire de parfaite le tableau, on peut dire que je suis au top là.

Dans le fond, il paraissait évident que Jorah n'en avait pas terminé avec ses obscures pensées. C'est que c'était un grand sensible, et qu'une journée loin de sa belle, ça pouvait facilement le pousser dans les bras de la Mort. Krisjana semblait s'y être attendue, en même temps qui pouvait mieux le connaître à ce niveau-là que sa psychiatre. « Et ça t'a pas empêchée de partir, c'est ça qui est bien » qu'il souffla sur un ton faussement consterné, laissant transparaître son amusement, qui ne fut que plus flagrant encore lorsqu'elle revint à la charge. « Il ne tient qu'à toi de faire en sorte qu'il n'y ait pas de prochaine fois, c'est trop facile de miser une fois de plus sur les menaces ! » C'est vrai quoi, c'était toujours sa solution de facilité en fin de compte, alors qu'elle pouvait lui éviter de nouveaux tourments. Jorah la maintint en tout cas tout contre lui, et ne put s'empêcher de souffler qu'elle ne se serait certainement pas revenue pour tout le monde. Un sourire plus discret mais pas moins contenté fendit alors ses lèvres, tandis qu'il ferma les yeux au contact de son souffle contre son cou. Il émit un petit rire à la façon dont elle présenta les choses, parce qu'elle lui ferait presque dire ce qu'il n'avait pas dit. Puis il piocha un peu malgré lui dans le bac des généralités en lui demandant ce qu'elle avait bien pu faire de la journée qu'elle avait passée dehors. Il le demandait parce qu'il s'y intéressait vraiment, lui il n'avait rien pu vivre de plus passionnant que ce qu'il avait vécu ici ces trois derniers mois, mais elle, elle avait pu avoir l'embarras du choix. Sauf qu'il exprima maladroitement une petite inquiétude quant au succès qu'elle ait pu avoir dehors. Parce que Krisjana était comme qui dirait une jeune femme très agréable à regarder, ça n'est certainement pas lui qui dirait le contraire. Sauf qu'alors qu'elle aurait pu se contenter de balayer sa question, Krisjana lui livra un petit jeu qui lui fit doucement froncer les sourcils. Il n'était ni inquiet, ni contrarié, à vrai dire il voyait bien qu'elle se fichait de lui, mais elle était gonflée de lui faire ce coup-là alors qu'il était quand même en droit de craindre qu'elle plaise ! « Ah donc, toi aussi t'es curieuse de savoir dans quel état on finit après une chute du quatrième étage ? Mais fallait le dire tout de suite ! » qu'il lui souffla, d'un ton faussement sinistre, avant d'avancer d'un pas ou deux pour la pencher très légèrement au dessus du vide, ses mains la tenant cela dit toujours on ne peut plus fermement. C'était une chose de plaisanter, une autre de se mettre véritablement en danger et elle savait qu'il ne prendrait aucun risque. « T'es vraiment une vilaine fille quand tu t'y mets » qu'il reprit plus doucement, en laissant ses lèvres frôler les siennes, longuement, avant de prendre une inspiration. « Presque aussi vilaine qu'Apolline, qui m'a espionné sous la douche pas plus tard que ce matin … Quoi, je t'ai pas dit qu'elle était revenue pendant que t'étais dehors ? J'aurais manqué à mon devoir ? » C'était petit, mais elle l'avait cherché. Venant de lui, ce serait encore moins crédible, mais il voulait juste l'embêter à son tour, en faisant resurgir la petite discussion qu'ils avaient eu au sujet de la jeune femme, un soir, dans la bibliothèque. Elle savait bien, heureusement, qu'il n'y avait pas d’ambiguïté à ce niveau-là. De toute façon, son sourire ne trompait personne, ni le baiser qu'il finit par lui donner.

C'est que mon patient me ferait des reproches, je ne pense pas qu'il soit en position pour, si vous voulez mon avis. Il doit simplement se taire, et m'écouter, en général, ça fonctionne plutôt bien ... « C'était pour faire une expérience » je me justifie en haussant les épaules, oui, c'est moi le docteur, c'est moi qui décide ce qui est bon pour lui, un point c'est tout. « Comment je vais te retrouver lorsqu'on ne se verra pas pendant des semaines, je me le demande » je fais mine de m’inquiéter en passant furtivement une main sur mon menton, façon penseur de Rodin. C'est une grande question qui mérite réflexion. Jorah semble vouloir savoir ce que j'ai pu faire pendant cette petite journée, évidemment, j'en profite pour me moquer de lui, en exagérant et inventant, le tout, avec le sourire, bien évidemment. Il se rapproche du bord et sa remarque me fait rire. « Personnellement, je ne veux pas savoir » je réponds précipitamment en me collant d'avantage contre lui, oui, je n'ai pas envie qu'un accident arrive et que ma vie se termine comme ça. Morte à cause d'une chute d'un balcon, je mérite mieux que cela ! « De toute façon, je te suis trop précieuse pour que tu me lâches » je ronronne alors très sûre de moi, comme toujours. Puis j'entends le prénom d'une ancienne candidate, toute de suite, je suis bien plus attentive, aller savoir pourquoi. Il me parle d'Apolline, ouais, je n'y crois pas, tout simplement parce que j'ai parlé à Teddy en rentrant, elle m'aurait bien évidemment informé d'un évènement aussi majeur que celui-ci. Je serais donc au courant, donc il bluffe, mais très mal, hein, franchement ! « Alors ça, c'était très bas » je constate en faisant semblant de faire la gueule pendant une poignée de secondes. Il sait très bien la non-affection que je porte à cette blondie tout particulièrement, sachant en plus, qu'ils ont un certain passé tous les deux, hein, je dis ça, je ne dis rien ... D'ailleurs, je suis bien contente qu'elle ne soit pas là sinon elle sera toujours avec Jorah et ça serait vraiment très agaçant. Je réceptionne ses lèvres en douceur. « N'essaie pas de faire mourir mes protestations en m'embrassant ! » je me plains alors avant de défaire progressivement mon emprise de Jorah en commençant par mes jambes, mes pieds touchent finalement le sol et je le libère de mes bras. Je recule de quelques pas pour m'adosser contre une paroi pour pouvoir mieux l'observer. « Jorah » je commence alors pour capter son attention. « Encore » je réclame alors en posant deux doigts sur mes lèvres, le temps qu'une seconde, pour lui faire comprendre que je veux un deuxième baiser. Oui, j'ai décidé que j'allais être particulièrement difficile à vivre, capricieuse et un peu chiante ce soir. Totalement. Et franchement, je le vis plutôt bien. « Ne me regarde pas comme cela, tu sais, c'est très long vingt-quatre heures, il faut que je rattrape tout ce temps » je sifflote alors, l'air de rien.

C'est vrai que pour quelqu'un qui savait dans quel état Jorah serait après vingt-quatre heures passées loin d'elle, Krisjana n'avait pas remis ses petits projets en question ! Oh mais semble-t-il que c'avait été à titre d'expérience. Jorah soupira alors lourdement, l'air de ne même pas chercher à contredire cette idée. En tout cas, son commentaire le fit rire, parce que même s'il n'avait jamais voulu en finir, lui aussi s'inquiétait un peu du manque qu'il ressentirait après un laps de temps plus long sans l'avoir vue. « Dans un bien triste état, j'en ai peur. De la corde aux somnifères, j'expérimenterai tout ce qui pourra abréger mes souffrances, tu peux en être sûre. » On ne peut plus crédible, tout ça, une fois de plus. En tout cas, Krisjana crut bon de se jouer gentiment de lui en utilisant sa micro-inquiétude pour insinuer qu'elle avait eu tellement de succès au dehors que bien des hommes lui avaient tourné autour. Bien sûr, il n'en crut pas un mot, mais elle était quand même sacrément mesquine. D'où le fait qu'il se montre faussement menaçant en lui faisant croire qu'il pourrait vouloir la jeter du balcon. Elle disait ne pas être curieuse de savoir dans quel état on se retrouvait après ce genre de chutes, et ça le fit sourire. Mademoiselle se laissa alors aller à un petit élan de prétention. « Disons, trop précieuse pour ne pas t'accompagner dans ta chute, ce qui est déjà pas mal » qu'il souffla, en altérant légèrement la vérité. Il avait le sens du sacrifice, mais s'il lui avait dit qu'il était amoureux d'elle, ça n'était pas pour la tuer quelques jours plus tard. Finalement, il décida de se venger, en employant le même ton qu'elle et en laissant entendre qu'une certaine Apolline était revenue, et avec des idées derrière la tête. Bien sûr, il n'y avait qu'une amitié on ne peut plus platonique entre eux à ce jour, et ça Krisjana le savait. « Très bas, mais de bonne guerre » affirma-t-il doucement, avant de déposer ses lèvres sur les siennes, et pas pour la faire taire, non, contrairement à ce qu'elle laissa entendre. « Et toi de me faire passer pour un pareil stratège, tu pourrais me vexer ! » Voyez d'ailleurs comme elle se détacha de lui. Pendant un instant, il crut qu'elle partirait bouder dans un coin, mais elle ne fit que quelques pas, venant s'adosser non loin de là, et lui lançant un regard qui à lui seul annonça la suite. Mademoiselle avait une requête, et sa petite explication l'amusa. Il s'approcha alors, lentement, posant l'une de ses paumes contre le mur, le bras tendu pour y prendre appui, et ses yeux rivés vers les siens. « Je sais pas si tu le mérites » qu'il souffla très bas, l'air faussement songeur, à l'observer encore un petit instant, avant d'adopter une mine plus malicieuse et de l'embrasser avec fièvre, parce que lui aussi il les avait vraiment senti passer ces vingt-quatre heures. Nouant ses bras autour de sa taille, il la souleva légèrement pour perpétuer l'échange, y livrant toujours plus de passion, jusqu'à finalement reprendre son souffle, sans pour autant rompre cette proximité plus que bienvenue. « ... Et ça après seulement vingt-quatre heures de séparation. Je te laisse imaginer à quoi t'auras droit quand on comptera en semaines » articula-t-il, volontairement équivoque, en posant une caresse sur sa joue, sans la quitter du regard. « J'aimerais que tu sois là quand ... je recevrai la réponse. Si j'ai une décision à prendre, ça ne se fera pas sans qu'on en ait discuté, tu le sais. » Leur relation avait pris une importance plus que notable dans sa vie, elle était celle avec qui il voulait partager beaucoup de choses et qu'il voulait tenir au courant de tout, forcément.

Je ne peux pas m'empêcher de lever les yeux au ciel lorsqu'il parle de médocs et de cordes, oui, un bon médecin se doit de rester silencieux face aux délires de son patient, c'est ce que je fais, bien évidemment. Je plaisantais bien sûr, pour l’histoire du taxi et du reste. Il ne veut pas m'accompagner dans ma chute, tu parles, il réarrange la vérité. « Menteur » je ne peux pas m'empêcher de dire en m'accrochant un peu plus à lui juste le temps qu'il s'écarte du bord. Il me parle d'Apolline, non, ce n'est pas juste du tout ! Je le libère de mon poids et je me recule un peu avant de lui faire part de mes exigences qui ne sont pas négligeables, je tiens à dire. J'attends que Jorah s’exécute. Il s'approche de moi, je ne peux pas m'empêcher de rouler des yeux. « Ce n'est pas une question de mérite mais d'envie » je ne peux pas m'empêcher de nuancer en affichant un sourire très très agaçant en le regardant. Ses lèvres touchent enfin les miennes, et je réponds à son baiser avec une certaine avidité, je l'avoue. Je sens rapidement ses bras m'entourant et me soulever rapidement, je glisse mes bras autour de sa nuque pour continuer a attraper ses lèvres. Je m'abandonne un peu dans l'échange avant que nos bouches se séparent. Sa réplique m'arrache un rire. « Il faut bien qu'il y ait des côtés positifs à la distance qui va nous séparer » je balance comme s'il s'agissait d'une évidence avant de récupérer une nouvelle fois ses lèvres. C'est la moindre des choses, au moins, les retrouvailles seront toujours à la hauteur, hm ... Bien évidemment. « Mais trop nombreuses les semaines, sinon je ne vais pas tenir » je me plains alors. Vous imaginez trois mois sans se voir ? C'est super long non ? Six longues semaines, quand même ! Même si on explose notre forfait téléphone ou alors qu'on passe un certain temps sur internet, par wifi, rien ne vaut de se voir face à face. L'une de mes mains se glissent dans la sienne, nouant mes doigts aux siens, avant qu'il n’enchaîne avec son secret. On n'a pas eu le temps d'en parler depuis le prime, vu que je me suis empressée de sortir. Je l'écoute avec une très grande attention. Il veut que je sois présente, à ses côtés. « Très bien » j'acquiesce alors en hochant la tête de haut en bas. Oui, c'est vrai qu'il doit avoir une réponse lorsqu'il sortira d'ici pour savoir s'il fait encore partie du programme, ou non.  « Mais je n'ai pas envie d'être un frein pour toi» je lui dis alors en posant mon menton contre son torse, la tête en arrière, pour capter son regard en lui souriant. «Je n'ai pas envie non plus que tu penses à te retirer de ce projet juste pour moi, parce que si tu t'y es intéressé, c'est que tu le voulais vraiment » je commence alors en plantant mon regard clair dans le sien. Je trouve cela plutôt risqué comme décision. « Parce que je ne veux qu'un jour, si ça va mal, tu me balances ça en pleine face, comme si cela faisait partie de tes plus grands regrets » je réponds alors en haussant les épaules, je me blottis contre lui en poussant un long soupir. De toute façon, même s'il décide de rester dans ce projet cela ne changera rien à ce que je commence à éprouver pour lui.

Que Jorah en vienne à utiliser les méthodes de Krisjana contre elle, oui c'était de bonne guerre, et elle était gonflée d'insinuer qu'il l'embrassait pour la faire taire. Raison pour laquelle il ne fut pas aussi docile qu'elle l'aurait voulu au moment où elle réclama un nouveau baiser. Il s'approcha, mais ne lui donna pas immédiatement ce qu'elle désirait, laissant entendre qu'il n'était pas sûr qu'elle le mérite. Mais Krisjana parla d'envie et elle n'aurait pas pu employer de terme plus juste. Ainsi il finit par l'embrasser, non sans ardeur, l'enlaçant pour la maintenir contre lui, et laissant l'échange se prolonger aussi longtemps qu'il put le faire avant de reprendre son souffle. Là, il se permit un commentaire équivoque, puis afficha une mine amusée à la réplique de la brune, qu'il appuya d'un hochement de tête, prolongeant à son tour le baiser qu'elle lui donna pour ensuite sourire avec tendresse. « Il me semble qu'il y a un truc pas mal qui s'appelle 'week-end' et qui devrait nous assurer de nous voir de façon hebdomadaire, vu que ton merveilleux petit-ami pense toujours s'expatrier à Londres. » Sur bien des points, ça lui serait profitable. Alors oui, l'Eurostar serait bien pratique pour passer des week-ends ensemble. Il laissa faire Krisjana lorsqu'elle lui prit la main et lui fit savoir qu'il aimerait qu'elle soit là lorsqu'il obtiendrait une réponse de Mars One, quant à la seconde étape qu'il avait passé peu de temps avant le jeu. Qu'il soit pris ou non, il voulait partager cette nouvelle avec elle, et en discuter surtout. La brune accepta alors, ce qui le fit sourire, tandis qu'il porta une grande attention à ce qu'elle lui souffla ensuite. Semble-t-il qu'elle ne voulait pas influencer la décision qu'il aurait peut être à prendre. Il la laissa alors se blottir contre lui, caressant ses cheveux et cajolant sa joue lorsque leurs regards se croisèrent, lui qui n'avait jamais été aussi proche de lui souffler les deux mots qui scelleraient pour de bon les sentiments qu'il lui portait. « Quand j'ai découvert Mars One, j'avais une famille, une copine, des amis que j'aurais jamais pensé perdre du jour au lendemain. Ma décision les a éloignés de moi parce qu'ils n'ont pas cherché à comprendre ce qui me motivait et c'est quand je me suis retrouvé seul que j'ai fait de ce projet ma priorité absolue. J'avais plus rien d'autre, c'était aussi simple que ça. » Souvent il se disait que les choses auraient été différentes s'il s'était senti soutenu. Avoir été rejeté l'avait amené à se jeter à corps perdu dans tout ça, parce qu'il n'avait pas su parer autrement à ces abandons successifs. « Aujourd'hui, je peux pas faire comme si notre rencontre n'avait pas changé ma perception des choses. Je m'étais résolu à ne jamais me marier, à ne jamais fonder une famille, dans l'hypothèse où j'atteignais la dernière étape. C'était facile parce que j'avais rien à perdre, mais aujourd'hui je t'ai toi, et la compréhension dont tu as fait preuve dimanche soir a changé la donne elle aussi. T'aurais pu me juger à ton tour mais tu l'as pas fait. » Et clairement, vu les commentaires qu'il s'était pris en pleine tronche par sa propre famille, il aurait compris qu'elle trouve ses convictions absurdes. Sauf que non, elle avait fait l'effort de comprendre, et voyez comme ici elle restait tolérante. « Je sais pas ce qu'il adviendra de nous d'ici dix ans, mais je sais qu'à ce jour je veux me projeter ici, avec toi. Y'a rien que je veuille plus que ça, à vrai dire. » Il la serra alors un peu plus fort, berçant leur étreinte au rythme du vent qui commençait à se faire plus frais. Le seul rêve qu'il poursuivait aujourd'hui, c'était de goûter durablement au bonheur avec celle qui était décidément entrée dans sa vie au bon moment.

J'ai le droit à une baiser en bonne et due forme, heureusement d'ailleurs ! Cela me fait toujours étrange de me dire que j'ai officiellement un "petit ami" surement parce la dernière fois qu'une personne qui m'a supporté plus de quelques mois est lorsque que j'avais dix-huit ans. Je crois que Jorah ne sait pas trop encore dans quoi il s'embarque. Il me rappelle Londres, oui, c'est vrai.  « On alternera nos venues, je suis d'humeur généreuse en ce moment » je balance comme si je lui avais laissé croire que ce n'était que lui qui allait se déplacer pour qu'on puisse se retrouver. Je sens que je vais aimer Londres, on y croit. Enfin, quand je viendrais, je vais surtout l'enfermer chez lui pour être tout le temps à ses côtés, histoire de rentabiliser le temps et le prix du trajet. « Merveilleux, tout de suite les grands mots » je fais mine de déplorer, un brin taquine en levant les yeux dans sa direction. Il évoque ensuite son secret, je sais que c'est un sujet assez sensible pour lui en raison du rejet de ses proches, d'après ce que j'ai compris. Il apprécie la compréhension dont je fais preuve, je ne peux pas m'empêcher de sourciller. « Comment tu voulais que je te juge ? Tu parles quand même à une fille qui a préféré continuer à vivre en pleine forêt, comme une sauvage que retourner auprès de ses parents donc je ne suis pas bien placée pour juger les autres » je ne peux pas m'empêcher de placer en lui souriant tendrement. Non, je ne suis pas un modèle et je n'incarne pas des valeurs familiales particulières ce qui fait que je tente de comprendre tout d'abord, même les projets les plus fous, surtout, même.  « Après il faut se mettre à la place de tes parents, tu t'engages quand même à un allé sans retour, ils vont te perdre, je ne pense qu'à leur place, tu prendrais pas bien la chose si ton fils t'annonçait un projet comme cela, non ? » je lui demande en croisant son regard. J'essaie simplement de croiser les points de vue et les diverses opinions.  « Bon après réagir aussi violemment sachant que tu n'avais pas encore atteint la deuxième sélection, ce n'était pas l'idéal » je conçois alors avant d'enrouler mes bras autour de ma nuque pour l'obliger à se baisser pour que je puisse parsemer sa mâchoire de doux et brefs baisers. Il m'annonce qu'il veut se projeter avec moi, maintenant, et que c'est l'une de ses premières envies.  « Ah mais je n'ai rien à redire à cela, au contraire » je balance alors en déposant un baiser sur son torse.  « Je veux juste m'assurer que tu ne regretteras pas » j'esquisse alors parce que je veux être sûr que ma démarche est comprise.  « Cela fait quand même un an que tu t'es investi dans ce projet et ce n'est pas rien » je laisse entendre en haussant les épaules. C'est aussi simple que cela.  « Moi aussi je veux pouvoir me projeter avec toi mais je n'ai pas envie que tu prends une décision, comme ça, maintenant, là, aussi rapidement » je lui dis, à voix basse.