L’euphorie du prime est redescendue progressivement, logique, il est temps de se mettre à fond dans le jeu et de se lancer à la chasse aux secrets. C’est mon objectif principal, mon leitmotiv pour les prochaines semaines. Je n’ai certes pas perdu de temps mais on ne sait pas pour combien de temps nous serons amenés à tous nous côtoyer, des nominations vont régulièrement avoir lieu et je n’ai pas particulièrement envie d’être éliminé sans avoir eu le temps de faire tomber quelques masques. Pour le moment je compte cependant me rattraper en profitant de la nuit pour me reposer, la journée est passée à une vitesse folle. En débarquant dans la chambre que nous possédons avec plusieurs autres binômes je tombe sur Paloma, ma charmante partenaire. « Suis-moi » Elle me prend la main et m’entraine avec elle, nous quittons l’intérieure de la maison. « Jusqu’au bout du monde… Sauf si tu comptes me violer ! » Il est certes tard mais je n’en perds pas mon sens de l’humour pour autant, bon, je ne suis pas sûr qu’il serait question de viol si elle venait à me faire une proposition, elle est ravissante et je pense qu’avec un peu plus de détails à son sujet je devrais rapidement l’apprécier au point d’avoir éventuellement envie de la séduire… Je n’en sais rien, je ne prévois pas trop ce genre de choses, je fonce simplement lorsque l’envie se présente. « On sera assez au calme ici tu ne crois pas ? » Je lève les yeux, nous sommes face à l’entrée du Labyrinthe, personne n’a donc jamais trouvé la sortie de ce dernier, un mystère qui n’a pas vraiment d’intérêt. « A moins que certains candidats se soient décidés à organiser une soirée camping sur le tard… Je pense qu’on devrait l’être oui ! » Je constate qu’il n’y a personne, idéal pour être plus tranquilles, apprendre à se connaitre sans pression. « On se pose une question tour à tour, celui qui répond choisit la direction du prochain tournant » Voilà de quoi nous permettre de s’abandonner à quelques confidences tout en s’amusant, pourquoi pas. « Deal ? » Je soutien son regard, elle a vraiment des yeux magnifiques, et décide de prendre la parole pour lancer les hostilités. « Tu as quel âge ? » On commence tranquillement, par des banalités. « Tu viens d’où ? » Quoi ? Ah oui, j’ai décidé que les petites questions de base comptaient pour une demi-question. Nous avançons tous les deux tranquillement jusqu’au premier carrefour qui s’offre à nous, tout droit, à droite, à gauche ? C’est ma camarade qui va devoir choisir.

Je la soupçonne de vouloir me violer et je décide donc de la mettre en garde, je vois clair dans son jeu. Enfin si j’étais sérieux je suppose que c’est en tout cas ce que je serais en train de penser. Soyons sérieux une minute, elle n’a pas le gabarit pour prendre le dessus sur moi au point de pouvoir me violer sans user de drogues. Bien-sûr qu’elle pourrait utiliser la force mais il faudrait pour cela qu’elle me surprenne d’abord, j’ai l’avantage d’un point de vue physique en face à face. Bon, je peux également avouer à demi-mots qu’il ne s’agirait pas d’un viol non plus tout simplement parce qu’on ne peut pas dire non à une beauté fatale, elle a un charme vénéneux et je ne suis qu’un homme, impossible de résister à d’éventuelles avances. J’aurais tort de me priver dans cette hypothèse en même temps, je suis jeune, célibataire alors au nom de quoi devrais-je faire mon mec coincé ? « Je ferai en sorte que ça ne soit pas un viol... » Elle a un regard troublant, difficile de lire clairement quelles sont ses réelles intentions et ça me fait peur, rire et ça m’excite un petit peu à la fois, j’aime bien ce genre de petits jeux, la séduction c’est un sujet que je maitrise plutôt bien. « Et comment tu ferais ? » J’adopte un petit air provocateur, je dirais même que je la mets au défi de m’expliquer par A+B comment elle parviendrait à un tel coup de maitre. Nous arrivons à l’entrée du labyrinthe et le jeu qu’elle me propose me séduit suffisamment pour que je me lance le premier. Alors certes, j’ai posé deux questions au lieu d’une mais c’est parce que j’ai choisi de récolter de petites informations de base. « Tu commences en douceur » Un sourire innocent déguise mes lèvres, je jette un bref coup d’œil en arrière pour m’assurer qu’elle me suive. « Appelons ça des préliminaires ! Une timide mise en bouche. » Sans aucune référence sexuelle bien entendu… Nos mains se sont éloignées l’une de l’autre lorsque nous sommes arrivés au niveau du labyrinthe pour nous offrir un peu plus d’espace pour nous épanouir. « J'ai 27 ans et je viens de Madrid mais je me suis installée à Toulouse après mes études à Paris. » Nous arrivons au premier tournant et Paloma m’éclipse pour emprunter le couloir gauche, je la suis bien sagement dans cette direction, évoluant d’un pas nonchalant juste derrière elle. « On va oublier les préliminaires si tu le veux bien : dis-moi quelque chose que tu n'as jamais avoué à qui que ce soit. » Elle n’y va pas de main morte avec sa question à laquelle je dois prendre une minute pour réfléchir. La brunette connait déjà mon secret qui, dans la vie de tous les jours en est un également, difficile de faire mieux que ce dernier. « J’ai toujours trouvé une excuse pour ne pas présenter mes petites-amies à mes parents par peur de devoir faire un choix entre les deux. » C’est ainsi que cela fonctionne dans ma famille, nous avons des valeurs parfois très traditionnelles et mes parents ont un poids considérable sur ma décision de poursuivre ou non une relation amoureuse. Voilà pourquoi je me suis toujours tenu à l’écart d’eux lorsque je sortais avec des filles… Bon et également parce que généralement on ne présente pas quinze filles, la première est censée être la bonne, celle que l’on veut épouser et que je n’ai pas, mais alors pas du tout, senti que j’étais prêt à sauter un tel pas lors de mes précédentes relations amoureuses. J’emprunte le chemin situé à notre droite lorsqu’une nouvelle intersection se présente à nous, glissant ma main contre la sienne pour entrelacer nos doigts et m’assurer qu’elle suive bien le mouvement sans se perdre. « Quel est le rêve qui te parait le plus inatteignable ? » Je parle bien entendu d’un de ses rêves personnels, ce n’est pas une question générale.

Je m’estime heureux d’être tombé sur Paloma, elle est l’une des candidats qui, à mes yeux, est la plus intéressante. Il a été très simple pour nous deux de trouver quelques points communs en guise de motivation pour apprendre à nous connaitre et ce soir nous devrions faire un nouveau pas en avant. L’heure n’est pour le moment pas à la confidence mais plutôt aux sous-entendus à prendre au second, si ce n’est troisième degré. Ce n’est pourtant pas l’idée de me faire violer par la jeune femme qui me dérange, en partie parce qu’on ne pourrait pas parler de viol mais plutôt de sexe consenti. Je plaisante d’ailleurs largement là-dessus, me questionnant à voix-haute sur quel pourrait être son plan d’action pour me mettre dans son lit. « Sache qu'une femme ne dévoile jamais ses secrets » Elle se la joue mystérieuse et je trouve cela terriblement sexy, peut-être parce que Paloma est parfaite dans le rôle de la femme fatale. Elle exerce une petite pression sur mon torse avec son index, toujours aussi énigmatique et j’en profite pour répondre, avec la voix mielleuse et chaude qui fait de moi le séducteur que je suis. « C’est faux, il suffit juste de savoir trouver les mots pour vous délier la langue ! » La petite brune au charme ravageur me pose une colle avec sa question, je lui confesse donc quelque chose que je n’ai jamais dit à personne. Je me suis toujours occupé de repousser au maximum les présentations officielles entre mes petites-amies et ma famille pour me préserver mais également pour garder une sorte de libre arbitre. J’ai beau ne pas toujours prendre en compte ce que me disent les membres de ma famille, je sais qu’en amour leur aval compte énormément. « Mais le choix au final, tu le fais : ça n'a jamais fonctionné avec tes copines. » Voilà une chose que j’apprécie chez Paloma, elle n’y va pas avec le dos de la cuillère lorsqu’elle parle, la petite brune s’exprime exactement comme elle pense ses mots. « Je ne dirais pas que c’est vis-à-vis de cela. Je ne me suis jamais senti amoureux au point de m’imaginer avec la personne dans un futur éloigné. Je n’ai jamais été tenté de sauter le pas et de prendre le risque. » Pour être tout à fait honnête, il m’est arrivé une seule et unique fois d’y réfléchir mais ma relation est partie en cacahuète peu de temps après et j’ai donc évité une présentation inutile. Chez nous on ne ramène pas quinze filles différentes à ses parents. J’emprunte un nouveau couloir et j’en profite pour poser une question plus personnelle à Paloma. Elle me lâche la main, me permettant de prendre quelques centimètres supplémentaires de distance par automatisme, nous ne devrions plus nous perdre à présent au milieu de tous ces couloirs, au pire on hurlera pour se retrouver. « Les rêves sont inatteignables par défaut. La preuve, dès qu'on en réalise un, il n'est plus considéré comme tel et immédiatement remplacé par un autre, plus irréalisable encore... » Je relève un sourcil, la toisant du regard de manière assez naturelle mais interrogatrice. Le message est clair, elle ne va pas s’en sortir avec une réponse bateau comme celle-ci. « Retomber amoureuse » Je la sens terriblement fragile lorsqu’elle me confesse qu’elle ne pense pas pouvoir retomber amoureuse un jour. Je me sens soudainement triste pour elle. « Je ne pense pas que ce soit impossible, tôt ou tard tu retomberas amoureuse et tu ne verras peut-être rien de tout cela venir ! » Je trouve triste, limite dramatique de ne plus croire en l’amour à notre âge, nous sommes jeunes et nous avons la vie devant nous. « Si tu pouvais modifier le passé pour un seul événement, pas deux, un, tu changerais quoi ? » Je me mordille la lèvre, mal à l’aise à mon tour. Il y a des tonnes de choses sur lesquelles j’aimerais pouvoir revenir, remonter le temps pour agir différemment. Mais il y a un thème précis sur lequel il m’est impossible de parler pour le moment. « J’aimerais avoir été plus prudent… Moins impulsif dans mes choix ! J’aurais aimé pouvoir retourner en arrière pour assumer. » Je ne peux pas en dire plus, elle comprendra pourquoi, ou pas. Je continue tout droit dans ce labyrinthe, prenant une bonne bouffée d’air frais. « Pour quoi serais-tu prête à tout plaquer sans réfléchir ? »