Les questions s’enchaînent et rares sont celles qui me portent un réel préjudice. Parfois, elles se rapportent vaguement à ma cagnotte, mais à moins que je puisse faire crédit à Cupidon, je ne risque pas grand-chose avec ma cagnotte complètement vide. Le seul moment où je me contracte un petit peu, c’est quand je découvre qu’Ohana est nominée d’office par le bon vouloir d’un candidat qui juge qu’elle n’a pas sa place dans le nid. Et là, je suis assez curieux de savoir ce qu’il en est de lui dans ce cas-là. Elle ne m’entraîne pas dans sa chute, et ça c’est bien. Il commence à se faire tard, je me prépare tranquillement à devoir aller dans le sens, arrangeant mon t-shirt pour être à mon avantage. Je vire une poussière imaginaire, quand j’entends la jeune Zelda citer mon nom. Je lève lentement la tête pour lui jeter un coup d’œil appuyé en découvrant que la petite ne rêve que de passer une nuit avec moi. Ou du moins que je suis premier de la liste si ça devait arriver. Comme quoi, mon charme fonctionne vraiment sur toutes les meufs, quel que soit leur âge ou même leur expérience en matière de sexualité. Je suspecte la jeune fille d’être coincée au niveau zéro à ce propos. Alix nous appel, je suis prêt, me lève et me stoppe automatiquement. Ohana. Abandon. Je me sens soudainement bien largué et je comprends mieux pourquoi le nombre d’éliminés qui m’arrangeait tant s’est vu modifié. Je pince les lèvres, déçu. Un petit peu, c’est déjà bien pour une personne comme moi qui avance dans le jeu en individuel, même si on est censé être deux. Elle avait du potentiel et je la trouvais plus prometteuse que beaucoup dans le nid.

Un bluffeur, c'est donc ce que sa camarade le soupçonnait d'être. Percy ne manqua pas d'afficher une mine outrée, comme si ce genre d'insinuations l'atteignaient au plus profond de son ego de mâle. La suite ne lui causa pas non plus de tort véritable, ce qu'il montra aisément en portant cette fois-ci un air plus présomptueux. Il lui lança par la même occasion un regard insistant, l'air de sous-entendre que si l'occasion lui était donné, il lui prouverait que la séduction était au contraire un domaine dans lequel il savait se montrer très bon, quand il s'en donnait la peine du moins. Par la suite, il y eut l'évocation de cette jupe qu'une animatrice avait critiqué, chose que Tilda eut manifestement un peu de mal à accepter. Pourtant, il paraissait évident qu'à sa place, n'importe quel mec aurait fait l'éloge d'un pareil choix, et la question de la brune l'amena à sourire. « Je pourrais difficilement ne pas être inspiré » qu'il souffla alors, sur un ton tout aussi équivoque que précédemment. Les éloges, ça n'était pas son truc en général, mais pour elle il pourrait vouloir faire un effort. A condition bien sûr d'être sauvé. Et justement, les résultats s'ouvrèrent sur … l'annonce de l'abandon d'Ohana. Décontenancé, l'anglais tâcha de cacher l'impact inattendu qu'eut cette annonce sur sa personne, parce que oui, ça le faisait chier, autant parce qu'il estimait qu'elle avait sa place dans ce jeu que parce qu'il avait remis en question ses qualités de joueuse la dernière fois qu'ils s'étaient parlés. S'il avait su qu'il n'aurait plus d'occasion de lui adresser quoi que ce soit, il aurait veillé à employer d'autres termes, et même certainement à garder pour lui ses commentaires. Acceptant difficilement ce départ, il peina à se reconcentrer suffisamment sur la suite, ce qui lui valut de manquer de peu l'annonce de son sauvetage. Ou comment vivre un ascenseur émotionnel en l'espace d'une trentaine de secondes. Relativement étonné, mais évidemment reconnaissant, il garda pour lui toute manifestation de joie, puisque de toute façon il n'en démordrait pas : ces nominations étaient l'absurdité même. Ainsi il ne put que déplorer l'élimination de Clémentine, qu'il ne connaissait pas en soi mais qui lui avait semblé intéressante dans son genre. Plus intéressante que d'autres, en tout cas, ça ne faisait pas un pli. Avec tout ça, il en oublierait presque qu'il échapperait aux nominations de cette semaine, grâce à l'immunité remportée tout à l'heure. Décidément, s’enchaînaient bonnes et mauvaises nouvelles en cette fin de prime décidément riche en rebondissements.

J'attends les résultats. Mon nom manque à l'appel. Je me barre donc. Ça fait un peu mal, je suis la toute première éliminée de l'aventure, quelle place géniale, si glorifiante. J'inspire profondément pour chasser la déception qui m'envahit, oui, j'avais cru, enfin, j'avais voulu y croire cette semaine. Mes pupilles traînent sur les visages de mes deux compagnons de prime. « Bon ... » je commence alors en revenant vers Hadrien et mon partenaire. Je me casse. Ghika semble affecté, et égoïstement, je m'en réjouis. « Arrête de faire ton drama » je ne peux pas m'empêcher de lancer de ma voix cristalline en roulant des yeux, on dirait presque que c'est lui qui est obligé de partir. Je feins un sourire lorsqu'il me demande de promettre de se revoir, hm, je reste silencieuse avant de lui adresser un léger rictus. On ne va pas se mentir, on se connait que depuis une semaine, il aura le temps de me zapper, et moi aussi. « On verra » je réponds d'un ton diplomate pour ne pas donner l'impression de céder à son caprice temporaire, je lui laisse l'occasion de revenir dessus plus tard. J'attends que Ghika s'écarte un peu de nous, je me hisse sur la pointe des pieds et vient déposer un baiser sur la joue d'Hadrien avant de glisser ma main dans la sienne. Ça craint, mon score craint. Mes prunelles captent celle d'Hadrien et j'hausse les épaules, je n'y suis pour rien, pour une fois. Je cherche des yeux la seule personne avec qui j'ai pu réellement me lier ici, mes prunelles claires se posent sur un Mallaury encore assis. Tant mieux, cela aurait été frustrant de le louper à quelques minutes près. J'abandonne mon ancien partenaire et Hadrien pour le rejoindre, d'un pas rapide. « Je n'ai rien prévu à te dire tant je n'imaginais pas cette issue, je t'avoue, si ce n'est que ... » je commence en haussant les épaules. « C'était très court » je balance alors à Mallaury. Evidemment. Il ne fallait pas s'attendre à une remarque très philosophe vu l'heure. J'ai pu le côtoyer une semaine et un jour, je crois que c'est mon record là. Je ne peux pas faire mieux. Je ne sais pas trop quoi dire, je ne réalise pas encore. Dans une heure ou deux, quand j'aurais vraiment quitté l'aventure, surement. J'improvise un dernier câlin de fortune, mes bras maladroits l'entourent pendant une poignée de secondes avant que je ne me redresse et quitte le plateau.