Elle a failli arriver en retard. Dieu ce qu'elle déteste être en retard. Sa brève course à pied a failli lui coûter une entorse dans ses hauts stilettos. Aujourd'hui elle l'a joué safe, sexy mais safe. Une petite robe noire juste pour la la forme, le charme et le chic. Ranja n'avait pas envie d'être en rose ou à moitié nue sous une veste de costume. Pour cette semaine, cette semaine seulement, elle veut être absolument classique dans le choix de sa tenue. Le plateau en vue elle reprend son souffle. Dans un miroir elle vérifie que sa tignasse blonde est bien en place, relâchée dans une sorte de bordel organisé. Cette semaine a été intensive et c'est la première fois qu'ils vont vraiment dire adieu à des candidats. Ce constat lui arrache un petit sourire, un sourire mi-triste mi-amusé. « Tu l'as fait. » se murmure-t-elle à elle-même, satisfaite de ne pas être en danger ce soir, ou du moins pas en danger prévisible, on ne sait jamais à quoi s'attendre avec Cupidon. En pénétrant sous la lumière des projecteurs, Ranja réalise qu'elle n'a pas idée d'avec qui passer le début de sa soirée. C'est bien dommage, mais elle trouvera. Peut-être avec István, ce serait étonnant qu'il parte, il est beau, il est capitaine, il a été pré-sélectionné. Et puis, elle abandonne l'idée, ils ont déjà passé pas mal de temps ensemble cette semaine, même constat pour Allen ou Clarke. Peut-être qu'elle parlerait avec des filles ? C'était probablement une bonne idée. Faisant tourner le liquide dans son verre d'une façon légèrement nonchalente, elle cherche du regard quelqu'un à qui parler et puis elle prend la décision d'avancer vers Simone et d'entamer la conversation, histoire de la soutenir. « Pas trop stressée ? » demande-t-elle en lui caressant l'épaule pour lui signaler sa présence.

Dimanche. J’ai décrété que j’étais de mauvaise humeur. C’est pour cela que je ne sautille même pas autour de Gekko pour réclamer un câlin de toute la journée, j’ai perdu le goût de l’emmerder. J’ai presque envie d’aller voir la production pour me prendre la température. Je dois faire ma valise, j’esquisse une grimace qui vient temporairement déformer mon visage de poupée, je n’en n’ai aucune envie. D’un pas presque trainant, je me rends dans le dressing. J’ouvre grand ma valise et avec une certaine minutie, je range ma précieuse garde-robe, évitant de froisser la plupart de mes couteux tissus. Je garde simplement ma tenue pour ce soir avant de revenir dans nos chambres en constatant que le temps a filé et qu’il est temps de se préparer pour ce prime tant redouté pour nous, les premiers condamnés. J’attends que la salle de bain se désencombre un peu pour m’y frayer une place sous l’eau qui brûle mon épiderme. Je m’attarde un peu avant de daigner de laisser ma place aux autres, parce que le temps presse. Enroulée de ma serviette comme d’une robe, je me poste rapidement devant un miroir, mes opales effleurant un reflet que je ne supporte que rarement. Une épingle coincée entre mes lèvres, j’entreprends de coiffer mes cheveux en un soigneux chignon haut, qui tient, une merveille. J’enfile rapidement une chemise pâle ainsi que la jupe assortie. Je chausse sans me presser mes escarpins noirs, un classique avant d’attraper mon paquet de clopes pour me préparer à ce qui m’attend dans quelques secondes, il va m’en falloir de la force. Je m’en grille une dernière avant de débarquer sur le plateau, de ma démarche élégante et de me poser sur le premier canapé de libre.

+ tenue

Je ne sais pas ce qui a été pour moi la plus grande des surprises : être officiellement acceptée dans le jeu la semaine dernière ou bien ne pas avoir été nominée cette semaine. Je ne sais pas comment j'ai fait, mais cela relève du miracle. Je crois en fait que les autres candidats ont simplement oublié que j'existais et n'ont donc juste pas penser à vouloir m'éliminer. Je trouve cela plausible comme possibilité, non? Ou alors tout le monde aime Hugo et c'est grâce à lui que je suis sauve. Mais je ne serais pas prête à parier là dessus. Voyez-vous, mon partenaire est quelqu'un d'un peu spécial tout de même, alors il ne me paraît pas improbable qu'il s'attire les foudres de quelques uns de nos camarades. En parlant d'@Hugo, c'est près de lui que je m'installe en arrivant sur le plateau, machinalement. Oui, je crois que c'est plus par habitude qu'autre chose. A force de partager le même lit et d'être, qu'on le veuille ou non, liés, il est un point clé de mon aventure Fake Lover. Vêtue d'une robe noire et dorée, je fais mon entrée sur un plateau qui n'est pas encore comble et prends place sans un mot, presque aucune attention pour les autres candidats si ce n'est un micro-sourire du bout des lèvres. Et c'est déjà pas mal. Oh, et puis pas de crise de panique à l'horizon. On progresse, non ? A pas de fourmis, certes, mais ce n'est pas rien.

On ne pouvait pas dire que j'étais particulièrement stressé ce soir là. Pourtant, je connaissais tous les nominés, et avais au moins échangé une fois avec eux, mais rien n'y faisait, je n'arrivais pas à me dire que l'un d'entre eux allait un peu plus tard dans la soirée quitter le nid, puisque j'avais entendu dire que seul l'un d'entre nous serait éliminé ce soir. Ça n'était pas plus mal. Je n'avais d'ailleurs pas passé tant de temps que ça à m'habiller, trouvant le fait de devoir se mettre sur son trente et un chaque dimanche un peu surfait. Ça n'était simplement pas moi, non, un simple pull et un pantalon noir suffisaient amplement à ce que je me sente un tant soit peu à l'aise dans ma peau. Et il était certain que je n'allais pas piquer l'un des costumes à Gekko, premièrement parce que ça lui allait bien mieux qu'à moi, et deuxièmement parce que je n'étais même pas certain d'y rentrer. C'est qu'il était plutôt fin l'asiatique. Enfin bon, tant pis si ils jugeaient que je m'habillais comme un pied, de toute façon ils ne seraient pas non plus loin de la réalité. J'avais la tête ailleurs, si bien que je n'avais même pas attendu Adélie pour me rendre sur le plateau, quel mauvais partenaire je devais faire parfois. Elle finirait par s'y habituer à mon étourderie, enfin, tenté que l'on se côtoie encore longtemps, évidemment. Suivant un petit groupe de candidats, je déposais quelques affaires en coulisses avant d'arriver sur le plateau, silencieux, comme j'avais si bien l'habitude de le faire. Quelques places étaient disponibles. Pas ici, pas là non plus... Hugo ? On allait éviter, après l'accueil qu'il m'avait réservé. Bon, eh bien tout seul, c'était pas trop mal aussi. Enfin, mieux que rien. Cela dit, c'est "rien" être tout seul, non ?

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