La surprise ne serait pas choquante si je vous apprenais que cette salle de musique restait, dans tout le Nid, ma pièce favorite. La musique ayant fait partie de chaque instant de ma vie, depuis ma naissance jusqu’aux derniers instants de celle-ci, qui venait à peine de s’écouler, il n’y avait rien d’étonnant à ce que je trainasse ici plus souvent qu’ailleurs. Le côté pratique de ce havre musical était qu’il me permettait de garder la main sur mon instrument, afin d’être prête à reprendre la route dès ma sortie sans être trop rouiller. Sa présence dans notre lieu d’habitation m’offrait aussi un prétexte pour chasser l’ennui qui s’insinuait dans mes instants de répit. Seule ou bien accompagné, je ne refusais jamais de passer un moment entre ces quatre murs. Il y avait tant à faire, et pas que la batterie, que j’affectionnais plus particulièrement. Je me permettais de retrouver de vieux amis longtemps mis de côté, comme la guitare ou le piano, voir même le violon – même si le résultat risquait de crever les tympans de mes pauvres camarades. Depuis que Ghika avait émis l’idée de créer un petit groupe maison, je tâchais de trouver un moment pour rassembler les troupes. Impossible d’ignorer cette proposition : elle me plaisait trop pour ne rester qu’à un statut abstrait. J’accrochais donc Ghika et Gaétane, les invitant à me rejoindre dans l’heure, puis je filais m’échauffer sur ce instrument que je maitrisais, non pas à la perfection, mais presque. L’impatience me rendait fébrile. J’avais hâte de mettre en pratique mes talents et ma passion pour le bien commun de notre ensemble.