Cette fois-ci, j’avais eu l’intelligence de ne pas boire la veille, ainsi que d’éviter Andreja pour qu’il ne me tente pas, évidemment. Donc pas de gueule de bois ce soir, j’allais pouvoir profiter du prime comme il se doit. Peut-être mon dernier prime, d’ailleurs. C’était assez étrange de se dire ça. Si je venais à partir ce soir, je serai assurément déçu. Deux semaines, c’était trop court. Vraiment trop court. J’espérais fortement avoir récolté assez de votes pour pouvoir rester un peu plus longtemps. Enfin bref, je préférais ne pas y penser. Après ma douche, j’avais commencé à me préparer. N’étant pas sûr de pouvoir participer à un autre prime mis à part celui de ce soir, j’avais décidé de sortir mon costume blanc. Peut-être que je n’aurais plus jamais l’occasion de le mettre, alors autant l’enfiler aujourd’hui. Une fois coiffé, habillé, préparé, et satisfait de ma silhouette, je me dirigeais main dans les mains dans les poches sur le plateau, souriant. Une fois arrivé, je me servis d’un verre de champagne avant d’aller m’asseoir sur un des canapés, attendant patiemment que la soirée commence.

C'est fou comme le temps passe vite. Elle a l'impression que le dernier prime c'était hier, qu'elle a traversé une faille spatio-temporelle qui lui a fait prendre sept jours d'un coup pour se prendre le dimanche en pleine face. Nouveau prime. Dernier prime. Dernier prime, pas le premier, mais c'est peut-être bien le premier des derniers. Elle tourne et retourne ces pensées sans aucune logiques dans sa tête à la manière d'une vieille qui radote. Première qui part ou dernière qui reste ? Elle se pose rarement des questions existentielles, Pia, mais elle a bien l'impression que c'en est une là. Elle peine à enfiler sa robe parce que tout est incohérent, des ses réflexions à ses moindres mouvements. Elle prend ça comme un signe du destin, faut pas y aller, faut pas y aller parce qu'on sait jamais peut-être que si elle reste cachée dans un placard et qu'elle ne paraît pas tout le monde oubliera qu'elle est nominée et on la laissera retourner à son petit lit sous les étoiles tranquillement sans la menacer de la foutre à la porte. Mais non, il faut y aller parce que peut-être que si elle n'y va pas, ce sera considéré comme un abandon, et si Pia perd dès fois - souvent -, elle n'abandonne pas. Jamais. Elle se regarde dans le miroir, tire sur sa robe squelette pour en enlever les derniers plis. Il y avait une veste avec mais ça fera peut-être un peu too much, puis elle est déjà brûlante, comme fiévreuse, et elle risque bien d'étouffer si elle se couvre les bras. Elle s'adresse un sourire dans la glace, qui tient plus de la grimace. Parfait. Ça va bien se passer. Il n'y a pas de raisons que ça ne se passe pas bien. Si elle a survécu aux deux autres primes, elle peut bien survivre à celui-là. On dit que jamais deux sans trois, alors ce troisième prime n'aura pas sa peau. De toute façon il n'y a pas de peau sur un squelette. Elle a un rire nerveux, un peu bête, on la voit rarement dans cet état la rouquine. Et pourtant..
Ses jambes se mettent en marche sans commandes du cerveau et elle se dirige vers le plateau, quasi-désert pour l'instant.

Troisième prime et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il a eu chaud aux fesses cette semaine. Sans le geste de Clémentine, il serait sur le banc des nominés, et celui-ci lui serait probablement fatal. Il n’est pas très optimiste, Alistair. Il sait que son caractère renfermé ne l’aurait pas aidé à avoir le soutien des gens pour s’échapper de cette situation. Le troisième prime rime également, en toute logique, avec nouvelle semaine qui s’approche. La troisième. Lui qui pensait ne pas tenir plus de quelques jours ici, il est agréablement surpris de découvrir qu’il est toujours là et, surtout, qu’il commence à s’habituer à cet endroit et à ceux qui le peuplent. Ce n’est pas encore l’extase ceci dit, mais il supporte, et plutôt bien. Mais comme on ne change pas les bonnes vieilles habitudes, c’est en prenant une certaine avance qu’il se prépare pour le prime, utilisant la douche aux alentours de midi plutôt qu’à l’heure de pointe de fin d’après-midi. Comme à son habitude, il s’est contenté du strict minimum pour ses vêtements, même si l’occasion voudrait qu’il fasse plus d’efforts ce soir spécifiquement. Il opte pour un pantalon noir, une veste tout aussi noire, mais grand changement, pour une chemise blanche. Il y a du progrès. Ça reste classique, mais il ne faut pas lui en demander plus. C’est en fumant une cigarette qu’il rejoint l’entrée du plateau, prêt à affronter ce prime avec encore un peu moins d’entrain que la semaine dernière. On ne peut pas dire que la chance ait été de son côté lors du prime précédent, perdant de l’argent et récoltant des voix contre sa partenaire et lui à foison. Et si Clémentine a quelque peu égayé sa semaine en le sauvant, c’est tout de même à reculons qu’il compte participer à ce prime. Il espère que le programme de celui-ci sera d’ailleurs bien différent, ou du moins sans malus et bonus distribués à tout va, car il est certain d’écoper de cadeaux faisant partie de la première catégorie. Il termine sa cigarette avant de s’engouffrer sur le plateau, prenant un verre d’eau dès son arrivée pour finalement s’asseoir sur l’un des canapés encore disponibles. Pas à l’extrémité du plateau comme la semaine dernière, mais sans pour autant être centré dans la pièce. Il y a du progrès. Minime, mais il y en a.

Nouvelle semaine, nouveaux nominés et par conséquent nouveau prime également. Celui-ci cependant Andreja avait bien l'intention de le suivre dans son intégralité et de ne pas faire faux-bond à sa partenaire ou à qui que ce soit d'autre pour cause de gueule de bois trop importante ... En parlant de partenaire et de gueule de bois d'ailleurs, Pia et Lou étaient tous les deux nominés, et pour Andreja c'était assez moche, ça. Bon, il savait que c'était le jeu, mais il n'avait aucune envie de changer de partenaire par exemple ... En quinze petits jours il s'était habitué à Pia, il n'avait pas envie qu'elle soit remplacée à côté de lui par quelqu'un d'autre. Ne la trouvant d'ailleurs pas lorsqu'il était repassé par leur chambre pour récupérer sa montre, après avoir enfilé ses fringues, il s'était arrêté machinalement devant un miroir pour vérifier que sa croix orthodoxe était toujours autour de son cou et l'avait glissée en dessous son tee-shirt avant de reprendre son chemin et de rejoindre le plateau. Il n'était pas plus ou moins en retard que la semaine précédente, c'était pareil, il était arrivé dans les premiers et avait scruté un peu les alentours pour décider s'il squattait avec quelqu'un ou bien s'il se posait dans un coin en attendant de voir qui viendrait vers lui. Mais avant ça il avait attrapé un verre d'il ne savait trop quoi ... et avait remarqué Pia. Se dirigeant tout naturellement vers elle il avait piqué un baiser sur sa joue avant de s'installer à côté d'elle « Promis, je pas t'abandonner cette fois.» Croix de bois, croix de fer, si il ment il va en enfer.

Je ne sais pas ce qui m’a traversé l’esprit. Mais ce soir, pour le prime, j’avais envie d’être féminine. De démontrer que je ne suis pas qu’une enfant, tout en restant dans le raisonnable. Parce que je ne risquais tout de même pas de porter une robe comme la production m’avait forcé à le faire durant le premier prime. Non. Par contre, je voulais une robe. Le problème : je n’ai pas un éventail de choix au niveau des robes. Je me permets donc d’en emprunter une à une candidate, me disant que ce n’est pas si grave. Un emprunt, ce n’est pas un vol, non ? Essayant de dompter ma crinière, voilà que j’applique même un peu de maquillage tout en restant dans le bon goût. Je ne sais pas si je fais bien ça, je ne suis clairement pas une experte en matière de se faire coquette. Mais le résultat est là, et je ne changerai plus rien. J’enfile des souliers à talons et c’est à ce moment que je regrette un peu d’avoir choisi ce look, pas certaine de l’assumer entièrement. Pour le coup, il est un peu trop tard pour changer d’idée. Je me rends donc sur le plateau et m’installe dans mon coin, me faisant discrète, comme toujours. J’ai franchement de la difficulté à aller de l’avant et vers les autres, et ce, même après deux semaines.

+ tenue

Voilà maintenant une bonne heure que je suis prête. Allez savoir pourquoi mais ce soir, j’ai un bien mauvais pressentiment. Je suis sur le banc des nominés, sachant pertinemment qu’à ce stade du jeu les chances sont minimes. Les téléspectateurs ne nous connaissent pas encore suffisant je pense pour se faire une idée et avoir leur candidat favoris. Et de toute évidence, certains sont probablement plus mis en avant que moi, qui n’est rien fait de spécial depuis mon arrivée. Bon si, j’ai couché avec mon partenaire et ma franchise n’est peut être pas passée inaperçue mais est-ce suffisant pour rester ? Je l’ignore et serais fixée dans quelques heures maintenant. En attendant, vêtue d’un jean noir très sobre et d’une veste rouge – ma préférée – je file vers le plateau en espérant m’amuser un peu plus que la semaine précédente. Non parce que clairement, je me suis fais chier. Et je me suis sentie très seule aussi, d’ailleurs je vais essayer d’y remédier cette semaine histoire de ne pas passer pour une associable. Parce que bon, Noah était adorable mais très peu bavard la semaine dernière… Je m’installe sur un siège dans le fond, la meilleure place je pense pour admirer le plateau et les écrans. Attendant sagement d’avoir un peu de compagnie…