Si elle pense qu'il va sortir ? Non. Isaac est comme il est mais c'est à coup sûr un bon candidat pour la production, une personnalité facile à mettre en avant vu que c'est la place qu'elle s'octroie d'elle-même. Paloma imagine que le public l'apprécie davantage que les autres candidats d'ici et elle voit mal comment on peut faire se casser un mec comme ça, à ce stade du jeu. Elle essaye d'avoir une vue d'ensemble, raisonnable, sur la situation. Extérieur, aussi. Non, Isaac ne sortira pas, ça semble invraisemblable mais Paloma refuse de capituler malgré le regard pénétrant qu'il pose sur elle. Parce que ses yeux, ils savent. Ils savent qu'ils sont sauvés d'avance, qu'ils sont destinés à rester là un peu plus longuement et cette arrogance l'irrite, c'est quelque chose qu'elle a toujours dédaigné, chez les autres et qui chez lui, brouille ses signaux parce qu'elle est parfois tentée d'autre chose. « Oui, comme tes huit autres camarades, pas plus, pas moins » Paloma dit pas qu'elle aimerait qu'il sorte, c'est pas le cas, juste qu'il n'est pas invincible et qu'il devrait cesser de se penser toujours au-dessus des autres. Il va finir par lasser son public. Eryk lui balance qu'elle est quand même un peu nulle mais pas trop et Paloma esquisse une moue avant de laisser ses prunelles se promener jusqu'au bar où Noah erre toujours tout seul. « T'as raison c'est sûrement votre faute » souligne-t-elle d'une voix un peu ailleurs, réfléchie. Ca la rassure un peu, de rejeter la faute sur Eryk&Isaac même si c'est pas son truc. Et puis Isaac l'évoque comme si elle était pas là et Paloma sent ses joues chauffer. Heureusement y'a sa peau gorgée de soleil qui peut pas décemment rougir mais c'est tout comme. Elle fuit son regard jusqu'à ce qu'il lui impose alors Paloma le regarde, à la recherche de ses habituelles railleries. Elle fouille ses iris pour une moquerie, l'ombre d'un rictus qui luirait jusque ici mais il a les yeux placides, sereins, confiants. Paloma ne rétorque rien, à la fois sceptique, troublée et méfiante. Isaac alterne prévenance et connerie, frôlements et bousculades et cette fois, elle compte pas l'aider à se racheter pour faire un nouveau coup d'éclat trois jours plus tard. En fait, elle a besoin de se lever, de se dérober à cette conversation qu'elle veut pas avoir. Elle laisse les deux nominés ensemble après un délicat sourire de composition. « Je vais chercher Noah » se justifie Paloma sans chercher à être très crédible. La vérité, c'est qu'Isaac l'épuise à se montrer aussi impénétrable, insaisissable, caressant comme cassant et elle n'a pas envie de réfléchir à la portée de ses paroles alors que ce prime est déjà bien assez compliqué pour ça. Sa démarche leste, féline, l'accompagne jusqu'au bar où elle s'approche de Noah comme une fleur. « C'est dommage de rester tout seul ce soir... Tu veux pas revenir t'asseoir avec nous ? » qu'elle tente, prenant sa voix la plus douce, la plus feutrée pour le convaincre, comme si elle apprivoisait un animal sauvage. Elle montre d'un signe de tête les deux candidats en grande conversation et adresse à Noah un sourire aussi tendre qu'une caresse, un brin suppliant. La rubrique d'Akela s'affiche à l'écran et Paloma délaisse le visage de son camarade pour un court instant, le temps de retrouver certaines images familières dont elle se serait bien passées. Tiens, Isaac à la piscine, par exemple, ce qui l'enjoint à couler un regard en biais dans sa direction.

ALLO

En à peine quelques semaines de jeu il y avait déjà eu pas mal d'abandon. Ce que je trouvais quelque peu bête. Il y a des tas de gens dehors qui voulaient participer à cette émission. On a juste été plus chanceux qu'eux, alors c'est presque irrespectueux pour eux. C'est cette pensée qui m'a convaincu de continuer l'aventure. Après je ne veux pas juger la petite Zelda, pas sans connaître ses raisons. C'est pour ça que je pose la question à Andreja, qui semble ne pas avoir eu plus de contacte que moi avec la demoiselle. « Moi non plus. » Je souffle quelque peu déçus de ne pas avoir eu plus de contacte avec la demoiselle. En plus je crois que Lou l'appréciait bien, alors je fais confiance en son jugement, c'est qu'elle devait être intéressante à sa manière. Je couve du regard mon partenaire, exilé dans un coin du plateau, l'air renfrogné. Après cette annonce Cupidon n'en a pas finit. Comme toujours il vient nous parler de l'activité de la soirée. Sauf que là c'est plus une mise à mort qu'autre choses. Nous les non nominés on a justement gagné le droit d'être serein ce soir et de ne pas être en danger jusqu'aux prochaines nominations. Et là, toutes nos certitudes éclatent en morceau. Docile je pioche tout de même une enveloppe alors que clairement le voudrais leur dire qu'ils peuvent aller se faire voire. Mais de toute manière on me mettra dans un binôme quoi qu'il arrive. « Moi aussi. » Je réponds à Andreja sur un ton blasé. Y a quand même pas intérêt qu'on mette en danger quelqu'un que j'apprécie ici, non clairement pas. Je pense à Andreja bien entendu, et puis Lou aussi. Et d'autres encore. Je préfère même pas faire de pronostics. De toute manière on nous laisse pas très longtemps dans l'ignorance. Je me retrouve avec Elsa, je ne sais pas si c'est de bonne augure. Elle m'a l'air plutôt apprécié. Alors j'ose penser qu'on ne nous soumettra pas aux jugement des candidats. Andreja me propose à boire. « Non ça va, merci. » Je lui réponds dans un sourire, parce que si je lui demande un verre d'eau on va me regarder bizarrement et si je demande un coupe de champagne ou autre truc alcoolisé et bien je serais incapable de le boire et c'est Lou qui va me regarder bizarrement. Alors je préfère refuser poliment. S'en suit la rubrique d'Akela, je m'accroche à mon fauteuil. Espérant ne pas y figurer. Même ne générale ça glisse sur moi comme de l'eau, je m'en fiche un peu de ce qu'il peut bien révéler, mais pas cette semaine. A mesure que le temps passe je me prends à imaginer qu'il n'en dira pas mot. Mais ce n'est pas le cas. Je ne réagis pas vraiment, je ne sais pas comment réagir. Y a trop de choses qui se bousculent. On est pas fâché Lou et moi, faut pas croire. Et là Ghika arrive comme une fleur avec deux boissons entre ses mains. Une sans alcool et l'autre avec. Je le regarde interloqué. Je sais comment il fonctionne, je sais qu'il se pose des questions. Et je pense que maintenant que la rubrique d'Akela est passé, il n'a plus vraiment de doutes à avoir. « Je n'ai pas soif. » Je réponds quelque peu sèche, ce n'est pas contre lui. C'est juste que je ne suis plus d'humeur, plus d'aucune humeur.