+ aaron

Il était hors de question que je m’apitoie sur mon sort. C’était fini, cette époque. Je ne pouvais pas passer mon temps à déprimer pour telle ou telle personne. Tant pis pour eux, s’ils ne voyaient pas ce qu’ils rataient. Voilà tout. Je n’allais certainement pas me battre pour Sacha alors qu’il en avait clairement rien à faire de moi, et qu’il s’était ouvertement foutu de ma gueule. On arrive à m’avoir une fois, mais pas deux. Je ne suis plus dupe, et je ne lui fais plus confiance. Bien sûr, j’étais attaché à lui, sûrement même plus que je ne le devrais… mais je ne pouvais juste pas continuer à faire comme si de rien était. Il m’avait pris pour un idiot, et j’étais presque content de l’avoir découvert maintenant plutôt qu’avant qu’il ne soit trop tard. Au moins, maintenant je pourrais plus ou moins m’en remettre. Alors que s’il avait fait une chose pareille alors que je l’avais laisser complètement entrer dans ma vie, me suivre aux quatre coins du monde, j’aurai sûrement été plus bas que terre. Qu’importe. Je m’en remettrai. J’avais le devoir de m’en remettre et de ne pas ressasser ça dans ma tête. Et alors que je suis en train de me préparer mon petit déjeuner, je vois Aaron faire son entrée. Je pose un instant mon regard sur lui sans rien dire. Je ne suis pas sûr de lui en vouloir, je ne sais pas trop en fait. Je tenais beaucoup à lui, c’était un fait, mais ses actes m’avaient blessé. Je me doutais que ce n’était pas volontairement dirigé contre moi, ni contre personne d’autre, mais les conséquences restaient les mêmes. « Tu ne peux pas t’empêcher de sauter sur tout ce qui bouge, hm ? » je lui demande alors, en me servant un verre d’eau. Ce n’est même pas un reproche, juste une constatation.

Je reviens de la salle de bain, encore humide de la douche que je viens de prendre. Une bonne douche après les efforts dus à un sport intensif, y a rien de mieux pour se sentir... pur. Sauf que cette sensation ne dure pas longtemps lorsque je croise Lou dans la cuisine. Je ne cherche pas à le fuir, à fuir son regard au contraire, moi j'ai envie de discuter avec lui, de savoir où il en est par rapport à moi, et les conséquences de la nuit passée avec Sacha ont pu avoir. « Tu ne peux pas t’empêcher de sauter sur tout ce qui bouge, hm ? » Je ne le prends même pas mal, parce que c'est légitime de sa part de me poser cette question. Je m'installe à ses côtés avec mon repas composé d'un steak saignant et de petits poids carottes histoire de me mettre au point avec lui.  « Faut croire... » Il a raison au fond, même si je n'étais pas forcément au courant que Lou et Sacha c'était si sérieux, ça n'excuse pas tout. J'aurais pas du coucher avec lui. Je comprends pas mon problème. Je répète les mêmes erreurs encore et encore, je regrette mais je n'apprends rien. « Qu'est-ce qui cloche chez moi ? » Non mais vraiment, c'est une question sérieuse et je lui laisse l'occasion de dire tout ce qu'il a à dire, peut-être que ça le soulagera ?  « Je suis vraiment désolé Lou...  » Je me rends compte que ce n'était vraiment pas correct de ma part et je m'en veux, parce qu'il a toujours été là pour moi quand ça n'allait pas et en échange, c'est en parti à cause de moi qu'il démarre la semaine si mal.  « Je me sentais vraiment mal, j'avais besoin d'affection et Sacha était là et... » Et peut-être que je vais me taire parce que je m'enfonce ? D'un côté je me dis que Lou mérite quelques explications sur le pourquoi du comment, et d'un autre je me dis qu'il ne tiens pas à avoir de détails. « Je peux faire... je sais pas, n'importe quoi pour me racheter, ou te réconforter ? Ou égayer ta journée même pour cinq minutes ? »

« C’est juste que tu penses plus à toi qu’aux autres. » Ça ne me blesse pas, ça ne me peine pas. Non pas que Lou ne peut pas m'atteindre, mais parce que je le sais, qu'il a raison. Je suis un égoïste, mais je tente de changer. « Malheureusement ça ne change rien. » C'est un peu ce que je craignais. Je n'ai pas l’impression qu'il m'en veuille au point de s'énerver contre moi, mais clairement, il est déçu. Je crois que c'est surtout à Sacha qu'il en veut, et ça peut se comprendre. Mais bon, j'ai pas envie que notre complicité soit brisé moi, je veux tenter de réparer les choses même si ça va être compliqué. « Je connais la chanson, c’est bon. » « D'accord... » Je me contente de souffler docilement en baissant un peu le regard. J'ai l'impression que je m'enfonce à chaque essais pour me rapprocher de lui. Je ne sais plus trop quoi faire alors je lui demande. « Au moins je peux te remercier pour une chose, grâce à toi j’ai pu voir qu’il se foutait de ma gueule avant qu’il ne soit trop tard. » Je me mords la lèvre, incapable de retenir le fond de ma pensée. « Malgré tout, je pense qu'il t'aime vraiment... » Je ne dis rien de plus, parce que c'est à lui de juger de toute façon et j'espère que ça va s'arranger entre eux, qu'il va lui pardonner, que le temps va aider, même si du temps, ils ont en peut-être pas vu qu'ils sont nominés tous les deux... J'espère qu'ils vont pas se quitter comme ça, cette semaine... Ce serait pas bien.  « T'as l'impression d'avoir été trahi, que tout le monde te tourne le dos, que t'as plus ta place ici... ? C'est ce que j'ai ressenti il y a quelques semaines, et t'étais là pour moi... Alors je veux juste que tu saches que je suis là moi aussi... » Même si je ne suis pas la meilleure personne et je pense que maintenant je vais m'en aller, lui laisser un peu d'espace.