+Pia

Les règles sont faites pour être transgressées. Les barrières pour être brisées. Et les obstacles pour être dépassés. Pourquoi je continuerais à suivre le chemin qu'on m'indique ? Pour aller où de toute façon ? La simplicité, les chemins tout tracés, je n'ai jamais aimé ça. J'aime l'aventure, j'aime le danger, j'aime surprendre et être surpris. Au revoir petit chemin si prévisible et connu, bonjour l'inconnu et l'imprévu. Et les problèmes, les bobos et les chutes aussi, accessoirement. C'est bien beau de vouloir prendre le chemin de la difficulté, il faut s'attendre à tout ça. Je pense avoir les épaules pour, que j'ai déjà pris des coups et que je continuerais d'en prendre tout au long de ma vie, parce que je suis comme ça, que je ne choisis jamais la facilité. Je descends une pente, remonte une autre. Je marche, cours pour me perdre dans la forêt et me faire peut-être oublier. Je me perds dans la verdure verdoyante qui m'entoure, dans la musique chantée par les oiseaux qui m'enveloppent et après quelques minutes à m'être bien éloigné, je retrouve un semblant de civilité dans le parcours dans les arbres disposés par la production. Mieux encore, je retrouve une personne civilisée -enfin je crois ?- Je marche lentement vers elle, me retrouvant en dessous du parcours dans les airs au dessus de moi, d'un peu plus de deux mètres je dirais. « T'es du genre à prendre des risques ? » Je demande avec un air de défi à la jolie rousse, le regard levé vers elle. « Saute, et je te rattraperais. » Je continue de m'exprimer assez haut dans sa direction, les bras positionnés pour la réceptionner. On ne se connait pas tant que ça, il n'y aucune confiance à avoir, à mettre en jeu. Je la mets au défi, tout simplement.

C'est une enfant, Pia, parfois. Une gamine qui aurait enfilé un corps un peu trop grand, un peu trop âgé, un rôle qui implique une maturité qu'elle aime bien piétiner souvent. Elle laisse tout tomber Pia parfois, elle oublie les années, les responsabilités. Elle les fuit, et elle recule le plus possible devant le moment où il faudra les reprendre sur ses épaules. C'était une évasion Fake Lover et c'est devenu beaucoup plus que ça au fil des jours qui se comptent en mois maintenant. Et elle s'évade aussi, Pia, accrochée aux branches des arbres comme la petite fille qu'elle était qui rêvait d'être Tarzan plus tard. Elle passe de troncs en troncs, de passerelles en passerelles, s'arrête un peu quelque fois pour écouter la forêt qui se tait. Elle n'est pas souvent silencieuse la rouquine, mais là elle tend l'oreille, parce qu'elle essaye de voir si elle peut entendre la sève des arbres circuler, si elle peut entendre les histoires que les feuilles ont à raconter. C'est puéril, un peu idiot, mais c'est pas très grave parce qu'il n'y a personne pour deviner ce qu'elle fait. « T'es du genre à prendre des risques ? ». Elle baisse la tête pour observer celui qui vient s'incruster impunément dans son conte version réalité. « Tout ce que tu veux, beau brun. ». Elle lui crie, d'humeur joueuse, attendant de voir ce qu'Aaron peut bien avoir en tête. Un sourire en coin se dessine sur ses lèvres alors qu'il lui propose de sauter. Elle laisse le silence reprendre sa place, en pleine réflexion. « Je te promet que si je meurs, je reviendrai te hanter toute ta vie. ». Elle finit par lâcher, scrutant un peu plus bas ses bras grands ouverts pour la réceptionner. Elle promet d'être un fantôme très chiant, Pia. Dans le genre esprit frappeur qui fait clignoter les lumières et déplace les meubles pour effrayer les plus impressionnables. Elle hésite encore un instant avant de se rapprocher du bord de la passerelle jusqu'à faire le pas de la fin. Elle tombe et elle espère que la réception est assurée en bas parce qu'elle ne tient pas à conclure son aventure comme ça.

« Tout ce que tu veux, beau brun. » Un sourire espiègle prend forme sur mon visage abimé par la fatigue, même si mon regard semble vidé de toute énergie, de toute réalité. J'ai envie de fuir cette réalité oui, surtout après l'annonce des nominations. Pratiquement toutes les personnes qui comptent vraiment pour moi à l'heure actuelle se retrouvent sur le banc des nominés et ce fait, je n'ai pas envie d'y être confronté tout de suite. Alors je propose quelque chose d'insensé, voir de complètement débile. Je lui dis de sauter. D'accord, ce n'est pas d'un immeuble mais elle pourrait se faire mal si je ne la rattrape pas, c'est sur. Elle m'a dit tout ce que je veux, non ? « Je te promet que si je meurs, je reviendrai te hanter toute ta vie. » C'est donc un oui, et elle tâte le terrain du regard pour appuyer cette réponse sous-entendue. « Si tu meurs par ma faute, Andreja me fera te rejoindre bien vite va.  » Je taquine de façon assez détaché. Il tient beaucoup à elle, et pour sur que ma petite gueule en prendrait un coup, même plusieurs et face à un ex-soldat reconverti en garde du corps, je n'ai aucune chance de m'en sortir hm. Heureusement, je ne compte pas la laisser filer maintenant et lorsqu'elle saute, je l'accompagne une poignée de millisecondes avec mes bras pour la réceptionner en douceur. Je reprends une carrure droite, la portant désormais comme une princesse pour la faire un peu tourner. C'est pas comme si elle était lourde Pia. Je la lâche finalement, pour que ses pieds touchent le sol en douceur. « Finalement je me serais bien trompé sur ton secret ! » Moi qui était persuadé qu'il touchait le surnaturel. « C'est marrant de t'avoir trouvé, je pensais justement à toi. J'ai croisé un écureuil en passant, il te ressemblait !  » C'est mignon un écureuil, puis il avait la même teinte de roux qu'elle. Mais lui il était craintif, pas comme elle. « Je ne sais pas quoi faire aujourd'hui.  » Mais j'ai besoin de faire quelque chose.