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 Behind blue eyes (02/12, 14h05)

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Hadrien

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MessageSujet: Behind blue eyes (02/12, 14h05)   Behind blue eyes (02/12, 14h05) EmptyLun 1 Déc 2014 - 2:59

mallaury.

J'ai simplement le regard rivé vers le ciel dégagé et d'un bleu quasiment lumineux. Rien de plus. Rien de moins. Je suis apaisé. Tout va bien. Alors je l'ai laissée dormir, encore perturbé par le décalage horaire et n'ayant pas l'esprit suffisamment agité que pour faire une sieste en pleine journée. Non, marcher me fait du bien, me calme et me bouge en même temps. Je vagabonde un moment dehors, alignant les pas sur le pavé, puis l'herbe, puis la terre, sans prêter attention à ma destination incertaine. Je ne me préoccupe plus de grand chose, puisque tout me semble rentrer doucement mais sûrement dans l'ordre. Le seul point venant encore obscurcir ma paisible existence, en ce moment, c'est le prochain prime, celui durant lequel on est supposés révéler nos secrets. On n'est pas obligés, évidemment, mais les laisser avec un simple intitulé est probablement pire. Leur expliquer, c'est mieux. Ils ne comprendront sans doute pas, pour la plupart, mais je m'en fiche. Je n'ai pas honte de qui je suis, de ce que j'ai fait. Mais je sais que le degré de tolérance de certains d'entre eux sera revu à la baisse nous concernant. De beaucoup d'entre eux, même. Et c'est ce qui sera pénible, au début. Expliquer, encore et encore. Ignorer, encore et encore. Ne plus pouvoir se cacher, de personne. Avoir une étiquette sur le front en permanence. Nos familles ne vont pas aimer ça. Mais tant pis. Je crois que plus rien ne m'importe. Et pour ça, j'ai l'esprit en paix, là, tout de suite. Assez pour m'allonger sur le bord de la fontaine, les chevilles croisées, les mains sur le ventre, une cigarette se consumant doucement entre mes lèvres et les yeux perdus dans le bleu du ciel ensoleillé d'Australie. Combien de temps je reste là, bercé par l'infime clapotis de l'eau de la fontaine, perturbée par une brise à peine perceptible, j'en ai foutrement aucune idée. Peut-être un bon moment, peut-être pas du tout. C'est Mallaury, plus que l'idée d'avoir traîné là trop longtemps qui me fait redresser le buste. J'intercepte son regard et d'un sourire, l'invite à converger dans ma direction. Parce que je le connais un peu quand même, Mallaury. J'ai beau ne rien glander, il s'en voudra quand même de me déranger dans mon état de crêpe contemplative. « Salut » j'esquisse tranquillement. Si ça avait été quelqu'un d'autre, je l'aurais probablement laissé passer sans y prêter attention. Mais il faisait partie de la poignée de candidats m'ayant réellement marqué ici. Tandis qu'il s'approche, je pivote d'un quart de tour pour reposer les pieds par terre. « Je voulais te dire » j'avance alors, parce que oui, j'ai des trucs à dire, et comme on me laisse la possibilité de le faire, et bien je ne me prive pas. « Merci d'être resté avec elle toutes ces semaines. » J'imagine que je n'ai pas besoin d'être plus explicite. Lui comme moi avons ce même intérêt à cœur, depuis le début de l'émission, et il se trouve qu'il avait été le seul en mesure de remplir sa mission. Pas toujours parfaitement, c'est vrai, il y avait eu des hauts, il y avait eu des bas, mais je connais Clémentine, et je sais qu'elle tient à Mallaury. Je sais qu'au fil des semaines, ils ont noué une amitié bien à eux, que je me contente d'approuver sereinement, dans mon coin. J'ai pas envie de chercher à comprendre ou de m'y creuser une place, ça ne regarde qu'eux. Tout ce que je sais, c'est qu'il a été un repère pour elle, et c'est tout ce qui compte. « T'es un gars bien, tu sais, je le pense » j'ajoute avec un sourire, un vrai sourire sincère. Ça se voit rien qu'à son expression qui suinte l'innocence. Et j'aime pas dire ça dans le vent. J'aime pas accorder de l'estime quand c'est pas mérité. « Et ça me fait plaisir de te revoir » je conclus finalement. Ben ouais, ça aussi, c'est bien, non ? Ou on s'en tape ? Peut-être bien qu'il s'en tape, mais ça me semble important de le lui faire savoir quand même. Histoire qu'on ne me reproche pas d'être seulement revenu pour ma blonde endormie. Même si c'est le cas. Bref. « Comment tu vas ? » je l'interroge alors, parce que merde, c'est encore plus crucial, ça. C'est lui qui est claquemuré dans ce domaine depuis des mois, c'est lui qui a vécu un prime plus que pourri.
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MessageSujet: Re: Behind blue eyes (02/12, 14h05)   Behind blue eyes (02/12, 14h05) EmptyLun 1 Déc 2014 - 17:21

Il avait pensé que ce serait plus évident que ça, de rester dans le nid suite à son élimination. Car au départ, ça lui avait semblé logique de retarder sa sortie pour les candidats auxquels il désirait assurer son soutien cette semaine pour la demi-finale... mais il n'était pas loin de culpabiliser, quand même, en sachant qu'il faisait attendre sa mère, et qu'en plus, avec tout ça forcément les nombreuses questions qui étaient les siennes demeureraient sans réponses encore un peu plus longtemps. Ce n'était pas facile à assumer, comme décision, même s'il se réjouissait de pouvoir passer quelques jours auprès de ses camarades avant de quitter ce nid définitivement. Il en aurait des choses à régler dehors Mallaury, et mine de rien, il prenait du retard et ce n'était pas nécessairement une bonne chose. Son aventure avait pris fin, et de la pire des façons alors à priori, il pouvait considérer avoir échoué dans ce qu'il était venu entreprendre dans ce jeu. Ce sentiment d'échec, qui était surtout un mauvais pressentiment il y a encore quelques jours comme il l'avait confié à Paloma, avait peu à peu laissé place à une certitude. Et il se préparait d'ors et déjà au pire, oui, parce qu'il ne croyait plus du tout en l'éventualité d'avoir une très belle surprise à sa sortie, honnêtement. Il estimait que tout était fichu, cette fois-ci pour de bon et ça lui faisait mal de se dire ça, après avoir tant bataillé pour connaitre à nouveau le bonheur. La production y était pour beaucoup, cela dit, il ne la remerciait vraiment pas car son exclusion dimanche avait très probablement joué contre lui. Bonjour l'image qu'il devait se trainer dehors, oh il n'osait imaginer ce qui pouvait se dire de lui, sans doute pas mal d'horreurs. Il craignait que ça lui colle à la peau ensuite, que ce soit l'unique chose qu'on retienne au final de son parcours. Un beau gâchis, en somme. Tout ça... pour ça. Mallaury était allé se dégourdir un peu les jambes, il était hors de question qu'il reste enfermé toute la journée alors il était passé par le jardin, avant de descendre jusqu'à la fontaine centrale. Là, son regard s'était posé sur Hadrien qui le remarqua également, et l'invita à le rejoindre. Mallaury s’exécuta avec le sourire, il alla se poser à ses côtés et le salua d'un signe de la tête en même temps qu'il s'essaya. Hadrien laissa alors entendre quelque chose qui eut sincèrement le don de le toucher, pour le coup. Il le remercia d'avoir été présent pour elle toutes ces semaines, et bien sûr, il n'en fallut pas davantage à Mallaury pour saisir à qui son camarade faisait référence. Clémentine, qui d'autre. Ces mots-là lui faisaient un bien fou, surtout en ce moment, et puis il était rassuré d'avoir en quelque chose l'approbation d'Hadrien car tout n'avait pas toujours été simple, mine de rien, entre Clémentine et lui. Entre leurs petites querelles qui heureusement, n'avaient jamais duré très longtemps et les doutes qu'avaient eu les autres candidats sur la nature de leur relation, quand même, ils étaient passés par tout un tas de choses. C'était tellement plaisant à entendre que, sans trop réfléchir, Mallaury prit son camarade dans ses bras. L'étreinte ne dura que quelques secondes, et en se retirant l'irlandais souffla « pardon ! c'est que... ça me fait tellement plaisir ce que tu me dis là. » en temps normal il était rarement l'initiateur de contacts de ce genre, Mallaury, et peut-être que ça avait quelque peu surpris Hadrien, d'ailleurs. Enfin ils étaient amis, et on pouvait étreindre ses amis, il lui semblait que c'était des choses qui se faisaient. « je tiens beaucoup à elle. et j'avoue, j'ai eu un peu peur que tu te fasses des idées, comme beaucoup s'en sont fait ici. » il estimait pourtant que tout avait été clarifié dès le départ, mais ça n'en avait pas empêché certains de rester là-dessus durant de longues semaines. Il était un type bien selon lui, oh, c'était décidément toujours les mêmes qui le lui faisaient remarquer, et toujours les mêmes qui ne le voyaient pas. « c'est très gentil. mais tu sais, je doute que ce soit ce que tout le monde pense, maintenant, avec cette histoire de... » d'exclusion, hm, il ne savait pas si Hadrien avait eu tous les détails mais ce n'était en tout cas pas avec fierté que Mallaury en parlait, d'ailleurs, ce n'était pas un hasard s'il peinait à terminer sa phrase. « et je me réjouis de ton retour, aussi. » il lui signifia dans un large sourire, avant d'ajouter « je n'ai tellement pas compris ton élimination... » la sienne, et beaucoup d'autres, il est vrai que les choix du public avaient plus d'une fois échappé à Mallaury. Après quoi Hadrien lui demanda comment il allait, et il ne se voyait pas lui mentir et prétendre qu'il passait la meilleure semaine de son existence, évidemment, ça n'était pas le cas. « oh, à vrai dire, pas très bien dernièrement. » et il n'y avait pas que la fin précipitée de son aventure que Mallaury déplorait, ça faisait de toute façon un petit moment que ça n'allait plus trop, deux semaines, environ. « je n'étais pas du tout rassuré en intégrant ce jeu. et aujourd'hui, c'est le quitter qui a tendance à me faire peur. co... comment s'est passé la sortie, pour toi ? » il effleura alors la surface de l'eau avant le dos de sa main, et non, aujourd'hui Mallaury ne jugeait pas utile de faire un voeu car il n'avait plus aucune raison d'espérer maintenant.
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MessageSujet: Re: Behind blue eyes (02/12, 14h05)   Behind blue eyes (02/12, 14h05) EmptyMar 2 Déc 2014 - 0:21

Sans me laisser le temps d'intercepter les signes avant-coureurs d'un quelconque rapprochement subit, je capte Mallaury et son sourire lumineux se précipiter dans ma direction. Plus que ça, l'instant d'après, il m'étreint sans que je ne comprenne bien ses motivations. Il est si content que ça de me revoir ? J'en doute, quand même. Bien qu'étonné, je me laisse faire de bon cœur, des fois qu'il ait simplement besoin d'un câlin ou que sais-je. J'accueille ses excuses précipitées avec un fin sourire, parce que ça me ferait presque marrer de bonne humeur. « Ah bon » j'annone avec curiosité. Je ne pensais pas qu'il puisse être autant touché par ça. Je ne sais pas, peut-être qu'il doutait de lui, ou n'estimait pas sa place auprès de Clémentine légitime. Mais bon, ils sont amis, non ? Il m'éclaire presque aussitôt, alors, et j'éclate de rire pour de bon. Oui, j'ai bien suivi leurs histoires, c'est même un des seuls trucs que j'ai suivi, d'ailleurs, puisque l'émission perdait tout intérêt dès que la poignée de candidats m'intéressant un peu plus que les autres n'apparaissait plus à l'écran. Je n'irais pas jusqu'à dire que ça m'avait fait plaisir ni même que je n'en avais rien à battre de les voir comme cul et chemise, toujours fourrés ensemble mais ma frustration tenait plus du fait que moi, j'étais coincé à des milliers de kilomètres de là, à observer leurs vies se poursuivre en pauvre téléspectateur impuissant, sans pouvoir interagir ni avec l'un, ni avec l'autre. Pour le reste, j'ai entièrement confiance en Clémentine. Moins en Mallaury, mais pas parce que je me méfie de lui d'une quelconque façon, simplement parce que malgré une affection indéniable, je le connais peu. Enfin, c'est de toute façon difficile de trouver quelqu'un que je connais depuis plus longtemps que Clémentine, hormis ma famille. « T'inquiète pas pour ça » je me contente de répondre en souriant et en serrant son épaule. Il n'a pas besoin de se justifier, et moi non plus. Il ne me doit rien et moi non plus. Clémentine et lui sont amis, et honnêtement, je suis largement satisfait de voir sur qui son choix s'est porté. Moi, ça me suffit. J'aime pas être intrusif, j'aime pas imaginer ou laisser imaginer que j'ai quoi que ce soit à dire sur sa vie et ses relations, je me contente de veiller de loin et si, un jour, quelque chose ne me plait pas, il sera le premier à le savoir. Comme je m'y attendais, alors, Mallaury s'amuse à me contredire et je le laisse épuiser sa salive jusqu'à ce qu'il me fasse sourciller. Cette histoire de. Oui, pas la peine de me faire un dessin, je vois. Clémentine m'a expliqué. Je ne comprends toujours pas, mais elle non plus, et lui non plus, de toute évidence. « Même si tu trouvais un remède contre le cancer, il y aurait quand même des gens pour s'amuser à dire du mal de toi, Mallaury.» Je ne dis pas ça pour le déprimer, loin de là, simplement pour qu'il se rappelle qu'il n'a pas à se forger une opinion de lui-même selon des accusations non-expliquées. Et encore moins a laisser quiconque le manipuler pour lui faire croire l'inverse. Aussi, je précise que le revoir me fait plaisir, peu importe ce qu'on peut dire à son sujet. Et il peut me croire sur parole. Ses mots me font sourire alors, puis hausser les épaules d'un air désinvolte. Ça fait un moment déjà que je me suis fait à l'idée que j'avais été éliminé. Pas le choix, en même temps. Ça me frustre toujours un peu mais pour Clémentine, pas pour le jeu. Aussi, comme le sujet est pour moi classé depuis longtemps, je reprends en l'interrogeant à nouveau. Sans blague, ça m'intéresse bien plus que débattre des goûts et des couleurs des téléspectateurs. J'crois bien l'avoir vu un peu mal la semaine dernière et je ne doute pas qu'il ait reçu du soutien. Mais j'veux savoir tout de même, maintenant, comment il se sent. On ne demande pas assez aux gens comment ils vont. Je l'écoute docilement, dépliant les jambes et m'appuyant en arrière, les mains posées sur le bord froid de la fontaine. Dans mon dos, le clapotis de l'eau qui s'écoule de la jarre m'apaise et m'empêche de partir au quart de tour en l'écoutant. Ouais, j'aime pas quand les gens que j'apprécie ne vont pas bien. Les sourcils froncés, je prends une seconde pour réfléchir à sa question, sans trop savoir par où commencer. « C'était... » Il y a tout ce qui touche à l'émission, rien de bien intéressant, puis tout le reste, dont je ne peux pas forcément lui parler tout de suite, ou qu'il ne comprendrait pas. « Pas si incroyable que ça, pour être honnête, je ne suis pas resté assez longtemps que pour affoler qui que ce soit à ma sortie » je commence à expliquer avec le plus d'honnêteté possible. Lorsque lui sortira, ça risque d'être plus agité. C'est que je n'ai fait qu'un mois, là où lui, a tenu presque jusqu'aux demis-finales. « Il y en a quelques uns qui m'ont saoulé en me harcelant pour en savoir plus sur ma relation avec Clémentine, mais bon, je peux être le gars le moins coopératif du monde, quand je veux » j'ajoute, en esquissant un sourire largement satisfait de moi-même et sarcastique, voire carnassier. Ouais, je peux être sacrément chiant, si je le décide. Et en l'occurrence, ils l'ont cherché. D'autant plus qu'ils sont tellement cons qu'ils ont pas compris que c'était sous leur nez. Bref. « Pour le reste, c'était plutôt tranquille, les gens sont sympas en général, et les autres, il suffit de les ignorer » je conclus presque joyeusement, en grattant négligemment ma pommette, tâchant de ne pas trop déranger ma peau colorée encore à vif. Enfin, j'imagine que c'est facile à dire. Personnellement, j'ai toujours eu une indifférence aux détracteurs et aux autres de façon générale suffisante que pour vivre tranquillement. Je me fiche pas mal de l'avis d'un individu lambda, puisque dans le positif comme dans le négatif, seuls mes proches m'intéressent. Mais pas sûr que ça soit normal, ni même conseillé, comme attitude, car on m'a souvent reproché mon manque d'empathie à tout qui ne faisait pas partie de mon environnement direct. Tout le contraire de Mallaury, j'ai l'impression. Tranquillement, j'inspire une longue bouffée de ma cigarette, avant de détourner la tête vers mon voisin. « C'est le changement qui t'angoisse ? » je l'interroge alors, parce que ce que je comprends de ce qu'il me confie. Se retrouver plongé à nouveau dans un environnement qu'il n'a plus l'habitude de côtoyer, dans des dispositions nouvelles et torturé par des paramètres qu'il ne maîtrise plus. Avoir été observé par des millions de téléspectateurs qui ont décortiqué et disséqué le moindre de vos gestes, de vos paroles, qui se sont forgé une opinion sur vous, qui ont appris à vous apprécier ou non, mais sans jamais vous connaître vraiment non plus, retomber dans une atmosphère complètement différente de tout ce qu'on a connu jusque-là, avec son secret révélé, pour le meilleur comme pour le pire, tout en sachant qu'au-delà de ça, la vie a continué son cours sans vous... Il y a de quoi angoisser, c'est vrai. « Ou il y a autre chose ? » et je souffle le volute de fumée furibonde sur le côté, la laissant disparaître paresseusement dans l'air.


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MessageSujet: Re: Behind blue eyes (02/12, 14h05)   Behind blue eyes (02/12, 14h05) EmptyMar 2 Déc 2014 - 19:02

C'est un peu comme si Hadrien lui avait fait savoir qu'à ses yeux, il avait parfaitement pris soin de Clémentine et évidemment, de telles paroles ne pouvaient que lui aller droit au cœur. Bon, ce n'était pas exactement ce que son camarade lui avait signifié mais pour Mallaury, c'était un peu tout comme, en fait. Il avait pris à cœur le fait d'être présent pour elle quand ça n'allait pas, et pas que dans ces moments-là, bien sûr. Son dévouement avait été sincère, désintéressé, il lui semblait avoir dit ça mot pour mot à Clémentine suite au départ d'Hadrien, quand il avait voulu la soutenir à sa façon. Mais que ce soit bien clair, lorsque Hadrien était parti, il n'avait aucunement été question pour lui de chercher à le remplacer. Mallaury n'avait jamais eu l'ambition de prendre autant d'importance à ses yeux qu'Hadrien, et il n'ignorait de toute façon pas qu'une telle chose était tout bonnement impossible. Elle n'en restait pas moins sa plus belle rencontre dans ce jeu, et Mallaury était très fier de ce qui l'unissait à Clémentine aujourd'hui, il trouvait leur lien très beau. Il n'avait jamais eu besoin de coller d'étiquette là-dessus, simplement, il s'était efforcé de clarifier la nature de leurs rapports et ses intentions envers elle quand leurs camarades avaient commencé à se poser des questions. Par respect pour Hadrien, déjà, et puis parce qu'il ne pouvait pas se permettre lui-même de laisser planer le moindre doute là-dessus, à vrai dire. Une bonne partie de son aventure aura d'ailleurs été consacrée à ça, dissiper les doutes de tout le monde, mais il estimait que ça avait été nécessaire même si ça lui avait clairement coûté de le faire, parfois. Il était important, oui, que l'on sache qu'il n'était vraiment pas ici pour trouver l'amour. Bien qu'aujourd'hui tout ceci n'avait plus tellement d'importance à priori, il espérait que ça avait tout de même servi à quelque chose qu'il se soit donné la peine de se justifier à chaque fois. Bon, ça avait fait rire Hadrien, c'est que vraiment il avait dû s’inquiéter pour rien alors. De toute façon Clémentine le lui avait bien dit, il ne risquait pas de se sentir menacé par lui, petit irlandais qu'il était. Mallaury avait conscience que même s'il l'avait voulu, il n'aurait pas pu rivaliser avec son camarade. Il n'était pas de ceux dont on se méfiait, Mallaury, ni dans un jeu comme celui-ci en tant que candidat, ni en dehors. Pour Hadrien, il était un type bien et même si ça n'était pas la première fois qu'on lui disait une telle chose, Mallaury ne pouvait pas s'empêcher de penser que ça n'était peut-être pas ainsi que tout le monde le voyait, notamment depuis le prime. Il ne savait toujours pas à quoi il devait son exclusion du jeu, mais il supposait qu'il avait dû faire quelque chose de mal pour que l'angelot lui dédie carrément une annonce en début de prime. Et s'il avait mal agi, est-ce qu'il demeurait un gars bien pour autant ? Hadrien, lui, il était d'avis que peu importe ce qu'il serait amené à entreprendre, il y en aurait toujours pour le pointer du doigt. Et c'était sans doute vrai, on ne pouvait pas faire l'unanimité, ici ou ailleurs, et ce n'était d'ailleurs pas ce que recherchait Mallaury. La seule chose qu'il n'avait pas prévue pour le coup, dans cette aventure, c'était qu'il y ferait une rencontre comme celle de Percy. Il n'avait jamais été confronté à quelqu'un comme ça avant, ça l'avait complètement perturbé. Mais sinon, son objectif ce n'était pas de se faire apprécier de tous, alors c'est vrai, il se souciait beaucoup du regard des autres et de l'image qu'il pouvait renvoyer, mais pour une raison qui échappait pour le moment à tous ou presque. Il se redressa alors et plongea ses yeux bleus dans ceux d'Hadrien. « toi qui étais dehors, et qui a sûrement un peu suivi les quotidiennes et les primes, tu... tu en penses quoi de mon parcours ? enfin je veux dire, je n'ai pas été un trop mauvais candidat selon toi ? » Mallaury n'avait pas confiance en lui, bon, ce n'était pas nouveau et il s'était plus d'une fois remis en question, par rapport à sa façon de jouer, à son implication dans la chasse aux secrets... il ne pensait pas avoir été un excellent joueur, ni un adversaire redoutable pour qui que ce soit. Ce qui lui serait difficile à entendre, c'est qu'il avait eu l'air d'un vacancier, il espérait vraiment que ça n'avait pas été le cas et qu'il avait tout de même semblé un minimum investi dans la vie du nid, et le jeu en général. Il évoqua l'élimination tout à fait incompréhensible d'Hadrien, qui n'avait pas l'air de laisser ce dernier bien amer, au final. Il faut dire qu'il avait eu le temps de digérer tout cela. Il l'interrogea sur sa sortie, comment avait été celle-ci, et la première partie de la réponse d'Hadrien le fit sourire. « oh ? tu veux dire que... pour nous, ça risque d'être mouvementé ? » cette idée, si elle venait à être confirmée, n'était pas des plus rassurantes. Mallaury voulait justement éviter tout ça, il n'était tout de même pas naïf au point de penser qu'il pourrait se balader incognito dans les rues de Cork après ça car il savait que c'était un programme plutôt apprécié par chez lui... mais il espérait que tout se tasserait très vite et que les gens oublieraient, il ne voulait pas se trainer son statut d'ex candidat de téléréalité des années durant, qu'on se le dise. Hadrien poursuivit, il disait que beaucoup dehors l'avaient questionné sur sa relation avec Clémentine. « tu as bien fait de ne pas leur répondre. » il rétorqua avec douceur après que son camarade lui ait fait savoir qu'il n'avait pas été des plus coopératifs. Il imaginait bien, oui, que les questions du genre Hadrien s'en serait bien passé. Il supposait donc que le plus souvent, il n'y avait pas répondu, à moins qu'il ne l'es ait carrément envoyé balader, en fait. Enfin, plutôt tranquille, les gens sympathiques... ce n'était pas vraiment l'impression que ça lui donnait à la vue de la joue d'Hadrien, très marquée. « mais... et ça ? tu as eu un accident ? » il demanda tout en ouvrant de grands yeux, et qu'il se soit fait ça tout seul, ou qu'on lui ait infligé une correction, dans un cas comme dans l'autre ça ne plairait pas beaucoup à Mallaury qui était fermement contre la violence. Ce qui l'angoissait de son côté, le changement ? ce terme, en ce moment, il n'avait pas trop la cote auprès de Mallaury à vrai dire. « ça va te sembler bizarre, mais tout le contraire, plutôt. » fit-il dans un premier temps, bien conscient que ce n'était pas avec ça qu'Hadrien pourrait y voir plus clair. Aussi, après s'être accordé un bref instant de réflexion pour bien choisir ses mots pour la suite, il reprit. « du changement, je ne demande que ça, moi. or, celui que j'espérais ne se fera très certainement pas. » maintenant, il n'était pas idiot non plus, du changement bien sûr qu'il allait y en avoir. Lui-même entreprendrait sans doute pas mal de changements dans sa petite vie insipide, mais il y a une chose qu'il ne pourrait pas changer par lui-même, car elle ne dépendait pas de lui. Il y a quelques jours, encore, Mallaury pouvait se permettre de conserver un semblant d'espoir par rapport à tout ça... plus maintenant. « je sens que ça va être joyeux pour moi à l'extérieur. » il conclut avec ironie, plus dépité qu'autre chose. Le douloureux retour à la réalité dont il avait parlé à Gaëtane la semaine passée, il était entrain de s'effectuer, et Mallaury avait déjà mal. Les choses n'étaient pas censées se passer ainsi, il avait fait le choix de rester dans le nid cette semaine malgré son élimination et, c'est sûr, ça compliquait tout.

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MessageSujet: Re: Behind blue eyes (02/12, 14h05)   Behind blue eyes (02/12, 14h05) EmptyMar 2 Déc 2014 - 23:59

Je fais rouler ma cigarette entre mes doigts et bizarrement, j'y puise des mots qui glissent hors de mon âme et de mon esprit comme une luge sur la neige. Probablement parce que j'aime fumer quand je lis. C'est très parisien, mais faut se faire à l'idée. Je suis parisien. J'ai des habitudes de parisien. Et si j'étais un gars pas parisien, j'aurais probablement envie de me cogner. Bref, j'associe souvent la parole, le dialogue à la cigarette, sans que je ne sache réellement pourquoi ce lien en particulier. Aussi, je réfléchis plus posément et je suis plus à même de répondre à ses drôles de questions, là, comme ça. Quoi qu'elles ne sont drôles que pour moi, probablement. Il doit être logique pour eux de s'interroger sur la sortie. Sur l'après. Sur le comment on fait, sur le comment on gère. C'est dormir durant des semaines, c'est oublier, oublier la vie, oublier le reste, oublier les autres, puis se réveiller brusquement dans un quotidien qui a continué sans nous. Savent-ils seulement ce qui passe à la radio en ce moment ? Sont-ils au courant de ce qu'il se passe dans le monde ? Probablement pas. Pourtant c'est dans cette vie qu'ils vont retomber. Ce monde que j'ai appris à ré-apprivoiser et qui est à nouveau le mien. Ce monde qui, à présent, les connait, les élève au rang de stars alors que quelques mois plus tôt, à peine, tous n'étaient que d'illustres inconnus. Ou presque. Plus ou moins. Ouais, ce genre de monde. Et moi, tout ça, je le suivais de loin. Pas tout le temps, pas chaque fois, juste histoire de m'assurer que ma blonde allait bien. Puis mon attention se perdait à nouveau. Pour se porter sur un autre candidat trouvant grâce à mon esprit dysfonctionnel.  « Tu étais très bien » je tâche de le rassurer d'abord. J'ai même pas besoin de me forcer à mentir, ce que je n'aurais sans doute pas fait, de toute façon, parce que je le pense. « Sincère, humble, quasiment tout le monde t'apprécie, tu t'es investi, tu dénotais et ça te rendait attachant » j'énumère en balançant chaque trait de sa personnalité qui m'avait à un moment ou à un autre marqué, plu, je sais pas. Ce que je retiens de lui, l'image que je garderai de lui, c'est ça. Un gars à la gentillesse parfois pathologique. Limite, je devais parfois me retenir de le materner, c'était ridicule. Pas pour lui, pour moi. Faut que je l'infantilise non plus, ça craint. « Mais je vais investir dans un élastique à te mettre autour poignet et que tu feras claquer chaque fois que tu auras envie de t'excuser sans raison. Tu n'as à avoir honte de rien. » j'ajoute, mutin. Je plaisante, bien sûr, mais c'est vrai que son manque de confiance en lui est flagrant, et si la forme n'est qu'une blague, j'exprime le fond pour vrai. Preuve en est qu'il semble tellement préoccupé par la façon dont se déroulera la sortie que j'en viendrais presque à m'inquiéter avec lui. Voire pour lui. Parce que si je me sais capable de m'occuper de moi et de mon indifférence pour ce qui ne trouve pas grâce à mes yeux (par exemple, ce qui les attend une fois sortis du jeu), je ne suis pas certain qu'il en aille de même pour lui. « Probablement, tu seras plus sollicité pour des interviews, des photos ou des talk-shows débiles mais j'imagine que ça durera quelques semaines, puis les gens se trouveront un nouveau passe-temps » je relativise. C'est souvent comme ça, les télé-réalités, non ? On suit quand c'est diffusé, on en parle, on aime ça jusqu'à ne plus voir les visages dans les magasines, et peu à peu, on les oublie, on n'y prête plus attention et tous retournent dans leur vie d'avant. Comme moi.  « Mais tu sais, si tu n'es pas à l'aise avec tout ça, si tu ne veux pas être importuné, il te suffit de le dire. Ils sont compréhensifs, en général. » Je dis bien en général, hein, parce qu'évidemment, il y a son lot de détracteurs partout. Mais bon, la majeure partie du temps, on n'a pas affaire à des fous furieux. Il faut simplement pouvoir être ferme, pouvoir instaurer une distance de sécurité dès le début. Allez, j'suis prêt à casser du journaliste pour lui, s'il veut, prendre des coups, ça me fait pas peur. Je crois que mon œil au beurre noir en témoigne assez explicitement, même si, en vrai, ça n'a rien à voir avec Fake Lover. C'est bien plus personnel, bien plus ancien, bien plus important. « Hm ? Oh non, disons que le passé me revient littéralement dans la gueule, sous la forme des poings d'une personne qui m'est chère » j'explique vaguement, sans trop entrer dans les détails, car ce serait long et fastidieux à expliquer. Et surtout parce qu'il est loin, très loin d'avoir toutes les cartes en main que pour comprendre. Oh, en soi, le geste et ses motivations n'ont rien de flou. C'est le reste. « Ce n'est pas le coup le plus douloureux. » Mécaniquement, mes doigts se lèvent jusqu'à effleurer la peau tuméfiée de mon visage. Et encore, les couleurs se sont pas mal adoucies en quelques jours. D'ici maximum une semaine, je n'aurai plus rien. Puis je m'en fiche un peu d'être blessé. Parce que c'est rien comparé à comment moi, j'ai blessé. Aussi, peu désireux de m'attarder sur le sujet, parce que je sais que je n'en trouverai probablement pas un ici qui partagera ma vision des choses, pas même Clémentine, je préfère m'enquérir sur lui, sur son état. Pas fameux, comme je le soupçonne, mais pas pour les raisons que j'imagine. C'est même l'inverse et, quelque part, ça me fait plaisir. Pas que je me permette de juger une qualité de vie dont j'ignore tout, simplement, il n'est jamais mauvais d'être ouvert au changement. C'est signe d'avancée, de maturité. Ma satisfaction se fane toutefois lorsqu'il poursuit et je hausse les sourcils. « Tu ne peux pas aider à le provoquer ? » je l'interroge. Je comprends bien qu'il s'agit d'un paramètre indépendant de sa volonté et sur lequel il n'a à première vue pas d'emprise mais il n'a peut-être pas suffisamment de recul, pour l'instant. Enfin, je n'en sais rien, à vrai dire. Il pourrait très bien me dire pareil si je me mettais à lui raconter mes galères, et pourtant... Du recul, j'ai largement eu le temps et l'occasion d'en prendre, même si ça ne se devine pas forcément. « Mais s'il est nécessaire de passer par ça pour que les choses aillent mieux par la suite, c'est que ça en vaut quand même la peine, tu ne crois pas ? » je reprends, parce que ça m'embête de le voir si négatif, si dépité. J'ignore de quoi il parle, j'ignore ce qu'il a traversé et c'est difficile pour moi de jouer correctement mon rôle de pote quand je dois avancer à l'aveugle dans le flot de ses incertitudes, mais tant pis. Si, plus tard, pour une raison quelconque, il souhaite m'en reparler, il sait bien qu'il peut le faire. « Rien n'est insurmontable, si tu n'oublies pas que le futur n'est pas gravé dans le marbre et si tu t'entoures des bonnes personnes. » j'ajoute en tentant un sourire. Je sais, facile à dire. Encore une fois.
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MessageSujet: Re: Behind blue eyes (02/12, 14h05)   Behind blue eyes (02/12, 14h05) EmptyMer 3 Déc 2014 - 2:33

Mallaury écouta avec la plus grande des attentions son camarade lorsque celui-ci lui livra son impression par rapport à son parcours. Il avait été très bien, d'après lui, et il aurait pu s'arrêter là que déjà, ces quelques mots auraient suffi à le rassurer. Mais non, il poursuivit et lui fit savoir qu'il l'avait trouvé humble et sincère, tout ce que Mallaury était il faut bien le dire dans la vie de tous les jours. Il pensait être parvenu à le rester dans ce jeu aussi, oui, ou peut-être juste qu'une fois il avait menti à deux camarades car il n'avait pas osé leur avouer qu'il ne savait pas pêcher mais c'est tout. Ce petite mensonge l'avait d'ailleurs longuement rongé et fait culpabiliser, c'est dire à quel point il n'avait pas pour habitude d'y recourir. C'était sans doute vrai, oui, qu'il avait été un candidat relativement apprécié pendant l'aventure, après tout on avait pas besoin de se fier aux estimations qui n'étaient pas représentatives de grand-chose, l'attitude des autres envers lui en avait été le témoignage le plus flagrant. Car au final, il ne s'était heurté qu'à l'animosité de Percy. Ses camarades avaient quasiment tous été à l'écoute, et disposés à lui accorder de leur temps quand une rencontre avait eu lieu au détour d'un couloir, ou ailleurs. Il n'avait pas le souvenir d'avoir un jour fait fuir quelqu'un en passant une porte par exemple, ou d'avoir intercepté des regards affolés qui auraient pu le laisser penser qu'il n'était pas le bienvenu quelque part. Il n'y avait rien eu de tout ça en dix semaines, ou alors ça lui avait simplement échappé. Par ailleurs, investi, il aurait eu tendance à dire sur le tard. Car au départ, Mallaury, c'était le petit bonhomme qui n'osait rien faire, qui restait en retrait dans les activités exceptées celle du paint-ball, et qui se contentait d'observer. Il avait eu une prise de conscience vers la moitié du jeu, et là il s'était enfin décidé à se bouger, à mener l'enquête, à prendre des risques comme les autres. Il savait que s'il était resté un candidat passif qui ne tentait jamais rien, il l'aurait amèrement regretté ensuite car ça n'aurait pas du tout été susceptible d'arranger son cas. Et puis, attachant, venant d'Hadrien c'était d'autant plus plaisant à entendre qu'il doutait que ce soit une chose qu'il faisait souvent remarquer aux autres. Il accueillit tout cela avec un grand sourire, avant cette histoire d'élastique qui, elle, lui arracha carrément un rire. Le pire c'est qu'il se retrouvait parfaitement là-dedans, combien de fois lui avait-on demandé de ne plus s'excuser comme ça à tout bout de champ, et de s'imposer au lieu de ça. Il y avait toujours cette tentation de s'excuser, oui, parce que Mallaury  avait constamment l'impression, et peur, de déranger. Il s'excusait d'être là, d'exister parce qu'il ne se sentait pas à sa place et aussi parce qu'il se considérait inférieur à tous les autres. Le peu d'estime qu'il se portait, pour certains c'était assez attendrissant, pour d'autres c'était juste insupportable. Mais il était ainsi fait, c'était dans sa façon d'être et on ne le changerait probablement pas de si tôt. « c'est pénible, je m'en rends bien compte. ça agaçait fortement ma soeur, aussi. » il laissa entendre tout en recueillant un peu d'eau dans le creux de sa main qu'il puisa dans la fontaine. Et ça devenait n'importe quoi, voilà qu'il se mettait à parler de sa soeur au passé, maintenant. Il était vraiment temps qu'il fasse quelque chose pour renouer le contact, ça n'était plus vivable comme situation. Mallaury avait beaucoup songé à ce qui l'attendait dehors, mais pas à l'accueil que les gens dans la rue, ou encore ses clients, lui réserveraient par contre. Il s'était focalisé sur tout autre chose, résultat, il n'était pas loin de prendre peur maintenant quand Hadrien lui parlait d'interviews, de shows télé et de photos. Alors quoi, parce qu'il avait passé deux mois dans cette émission, ça faisait de lui une sorte de... célébrité du petit écran ? mais il ne voulait pas de ça, Mallaury, être sollicité pour toutes ces choses. Ça ne l'intéressait pas du tout de figurer dans les magazines, dans d'autres émissions... si on pouvait juste le laisser retourner à sa petite vie sans trop l'accaparer, il était preneur, lui. « ô joie, encore de la télé après la télé. » rien que cette idée lui donnait le tournis à vrai dire. Car Mallaury, comme il l'avait signifié à Gaëtane il avait eu sa dose d'apparition télévisée pour toute une vie avec Fake Lover. Bon, d'après Hadrien il ne serait pas obligé d'accepter toute cette attention médiatique. ah, bon ! Donc si on venait à lui demander des entretiens ou des photos, il pourrait dire non, hm, il allait y songer alors. « je le ferai, oui. même si je doute de voir débarquer une horde de journalistes devant mon petit pavillon à Cork. » fit-il dans un sourire amusé. Si encore il avait habité à Dublin... « et... l'émission peut leur donner mes coordonnées, tu crois ? ils en ont le droit ? » il espérait bien que non, et qu'ainsi il n'aurait pas droit à des courriers et coups de téléphone, qu'en somme on lui ficherait la paix car il aurait bien assez de choses à régler à l'extérieur pour ne pas qu'en plus des chasseurs de scoops et autres ne viennent se mettre dans ses pattes. Le visage marqué d'Hadrien ne lui avait pas échappé, et tout de suite il s'était dit qu'il avait pu avoir un accident tout récemment. Non, lui répondit Hadrien, c'était l'oeuvre d'une personne qui lui était chère. Mallaury équarquilla de grands yeux. « qu... qu'est-ce que tu viens de dire ? » parce que lui, le lien qu'il faisait dans sa tête c'est que si cette personne était chère à Hadrien, très certainement, elle le considèrait également comme quelqu'un de cher à ses yeux. Or, il ne concevait pas qu'on puisse toucher à ceux qu'on aime. « je ne sais rien des raisons de cette personne, mais... je pense qu'on peut résoudre beaucoup plus de choses par le dialogue, que par la violence. c'est un bien triste recours, selon moi. » pour autant Mallaury ne se permettait pas de porter un jugement sur celui ou celle qui avait abimé le visage d'Hadrien, il ignorait tout de ce qui les liait, du passé auquel il faisait référence... il n'était simplement pas à l'aise avec le fait de règler ses comptes avec des coups de poings, sur le moment ça défoulait, il voulait bien le croire mais à ses yeux la violence n'était pas une solution mais un problème, pour ne pas dire un sacré fléau. Et ce changement que Mallaury avait longuement espéré - et qui selon lui ne risquait plus de se faire à présent - s'il avait été en mesure d'aider à le provoquer ça n'était de toute évidence plus le cas désormais. Il s'était toujours senti terriblement impuissant, mais c'était pire que tout depuis dimanche parce qu'il se doutait bien que cette histoire avait anéanti les maigres possibilités qu'il puisse obtenir un jour ce qu'il désirait tant. Il avait l'impression d'avoir perdu le contrôle des choses, alors que justement, il n'avait jamais eu le moindre contrôle sur tout ça. « plus maintenant. » il se contenta de répondre, dans un bref haussement d'épaules. Elles étaient bien belles, les paroles d'Hadrien, mais il y a bien longtemps que Mallaury ne raisonnait plus de cette façon. Il s'acrochait désespérément au passé parce qu'il était incapable de tourner une page vieille de plusieurs années. Le temps n'y faisait rien, il avait mal comme au premier jour. Si tout était véritablement surmontable, alors qu'on vienne le lui prouver. « le futur ? j'ai du mal à envisager un quelconque futur. » il souffla d'un air grave. Il n'était déjà pas capable de se projeter plus loin que le lendemain, mais alors dernièrement, il évitait vraiment de penser à l'avenir car il n'était pas sûr d'en avoir un. « je ne sais si je m'en relèverai cette fois. » d'une désillusion de plus, peut-être celle de trop. Et si sa mère voyait ça, c'est sûr, elle allait exiger de lui qu'il retourne à ses séances. Mallaury releva alors la tête et posa un regard désolé sur son camarade. « excuse-moi ... là, je pense que c'est justifié. » qu'est-ce qui avait bien pu passer par la tête d'Hadrien en entendant tout ça, oh, il osait à peine l'imaginer mais il se doutait que ça ne devait pas être bien glorieux pour lui. « j'ai pourri l'ambiance. » son camarade faisait tout en plus pour lui insuffler des pensées positives, ce n'étaient pas franchement le genre de discours auxquels on l'avait habitué car beaucoup y avaient perdu leur patience à tenter de le raisonner. C'est très certainement ce qui aurait attendu Hadrien s'il en avait su un peu plus, là beaucoup de détails lui étaient épargnés et ça n'était pas plus mal.
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MessageSujet: Re: Behind blue eyes (02/12, 14h05)   Behind blue eyes (02/12, 14h05) EmptySam 6 Déc 2014 - 19:34

Je ne suis pas le genre à distribuer les compliments simplement pour faire plaisir à quelqu'un. Ni même pour réconforter quelqu'un. Mentir pour rassurer ne m'intéresse pas, et édulcorer pour me faire bien voir encore moins. Si j'en viens à raconter mon point de vue extérieur sur Mallaury, son comportement, sa valeur, son caractère, c'est parce qu'il a besoin d'être rassurer et me le demande et si j'en dépeins un portrait que j'estime plus qu'honorable, c'est parce que je le pense. Il serait faux, toutefois, de prétendre que voir son visage délaisser son air soucieux pour s'éclairer d'un sourire ne me fait pas un peu plaisir. C'est un gars que j'apprécie, Mallaury, et je préfère de loin le voir avec cette expression. « C'est surtout que n'importe qui peut vite attraper un complexe de supériorité en te côtoyant » je réplique, amusé, également désireux de le décharger un peu. Faut pas déconner, il n'est pas pénible non plus. Pas pour moi, du moins. J'ignore quel genre de personne est sa sœur, combien de temps elle a vécu avec lui, certainement mille fois plus longtemps que moi, certes, mais j'en suis pas encore au stade où il me casse les pieds. Ce que je sais, en revanche, c'est qu'il ne se met pas dans la position la plus facile à vivre et que ça risque de lui jouer des tours à l'avenir. Sa gentillesse le rend malheureusement facile à utiliser ou à blâmer à tout va. J'imagine que c'est un sujet qui sera souvent évoqué lors d'interviews qu'on lui proposera. Parce que c'est ce qu'il risque d'arriver, qu'on lui demande de témoigner, encore et encore. Encore de la télé après la télé, effectivement. Mais je suppose que s'il parvient à se faire suffisamment discret (ce dont je ne doute pas, dans son cas), il devrait parvenir à être un minimum tranquille. « Je ne pense pas, non. » je réponds pensivement. C'est plus une supposition, je n'en sais trop rien moi, de ce que font la prod des coordonnées des candidats. Je doute qu'ils soient accros au blé au point de les refiler à qui le demande. Un peu d'humanité, non ? Je m'emploie à rassurer Mallaury, malgré tout, parce que, étant déjà sorti depuis un moment, je devrais le savoir et aussi parce qu'il a l'air d'en avoir besoin. D'autant plus qu'il se met à baliser dès qu'il évoque la présence de mon œil au beurre noir. Rien de très grave, selon moi, mais qui le révolte presque. Du moins, le fait qu'il s'agisse d'une personne qui m'est chère le révolte. « C'est mon meilleur ami. » je fais simplement, un peu étonné. Enfin, j'imagine que ce n'est compréhensible que pour moi, pour Clémentine et pour Thomas, évidemment. Qu'on aie envie de cogner quelqu'un qu'on aime, ce n'est pas courant comme attitude. Mais bon, ça arrive. Et quand c'est sur le point d'arriver, en général, on le sent venir. Ça fait quatre ans que je sais que ça va finir comme ça. Pourtant, ça me faisait pas peur, c'était juste la suite logique. « Je suis d'accord » j'acquiesce toutefois, des fois qu'il soit en train de se dire que je suis en réalité un sauvage amateur de sang frais et qui passe le temps en se battant avec ses potes. Puis, c'est vrai, je n'utilise la violence qu'en dernier recourt aussi, et j'ai horreur de devoir le faire. Sauf qu'à la différence de Mallaury, probablement, lorsque je dois l'utiliser, et bien je l'utilise, et je peux reconnaître son utilité, lorsqu'elle en a. « Mais parfois, c'est le seul moyen d'ouvrir le dialogue » je souffle, comme un regret. J'aurais préféré que ça se passe autrement, c'est évident. J'aurais préféré qu'on ait jamais à devoir se battre, que notre amitié reste intacte, comme quand on s'échappait de nos familles trop bourgeoises, pour traîner toute la nuit dans Paris, ou ailleurs, qu'on parlait de tout et de rien, qu'on se chahutait et se hurlait dessus pour rien mais qu'on s'en marrait trois minutes après. C'était facile, à l'époque. C'était le résultat de longues années passées ensemble, de façon de communiquer que seuls nous pouvions comprendre. Je doute que ça redevienne jamais comme ça. Il se méfiera toujours de moi, à présent. J'imagine que c'est comme mon changement que je ne peux pas provoquer. Je peux faire n'importe quoi pour réparer, le reste n'est plus de mon ressort. S'il décide qu'il ne pourra jamais oublier, alors je ne peux rien faire de plus. Je fronce les sourcils, alors. Je n'imaginais pas Mallaury porter un tel fardeau. Je ne sais pas trop ce que j'imaginais, en vérité, mais certainement pas ça. Sans détacher le regard du sien, presque fuyant, je tire une dernière et longue inspiration sur ma cigarette, que je laisse me monter à la tête un instant, avant d'expirer doucement un panache de fumée trop grise pour une journée trop lumineuse. J'écrase mon mégot que je pose à côté de moi, pour ne pas l'oublier en repartant et esquisse un sourire tranquille. « Parler de ce qui nous préoccupe, ce n'est pas forcément plomber l'ambiance. » Enfin, pas pour moi. Lorsqu'on se met à déballer sa vie ou à se plaindre face à un inconnu ou au milieu d'une réunion de plusieurs personnes, peut-être, mais c'est ce qui crée des liens de pouvoir se confier à quelqu'un, pas vrai ? « Ça se fait quand on est amis, non ? » j'avance. C'est ainsi que je conçois l'amitié, en tout cas, malgré mon acharnement pour y échapper pendant une longue année. De bons mais aussi de mauvais moments. De rires mais aussi de larmes. Des discussions légères mais aussi des discussions plus sérieuses. Mais on m'a toujours dit que j'avais un côté bien trop romantique et romanesque. Peut-être est-ce une question de caractère. Peut-être Mallaury, sa personnalité, les gens qu'il a rencontré, ne lui ont jamais vraiment permis ça. « Mais si tu préfères, on peut parler d'autre chose. Tiens, raconte-moi un truc qui ne plombe pas l'ambiance. » je l'invite finalement en m'installant à nouveau, appuyé en arrière. Je lève le regard vers le ciel, encore, et, encore, pas le moindre nuage. Juste un soleil paresseux et brûlant réchauffant mes joues.


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