C'était l'heure du prime. Et quel prime, celui qu'il redoutait sans doute le plus depuis le début de la saison, celui où les secrets n'en seraient plus et où il ne serait plus possible ni de se cacher derrière la règle du jeu pour causer des sujets qui fâchent, ni de prétexter Cupidon pour esquiver une question à laquelle on ne voulait pas répondre. Enfin, ce n'était pas tout à fait vrai ... les premiers temps Andreja ne redoutait pas la révélation des secrets, et sans dire qu'il était fier du sien puisque ce n'était clairement pas le cas, il l'assumait et en avait toujours accepté les conséquences, même douloureuses. La peur elle était arrivée à mesure qu'il avait trouvé ici des gens auxquels s'attacher, des gens dont, contrairement à ce qu'il avait prévu au départ, l'avis ne lui serait pas complètement égal. Mais c'était un soulagement également, un soulagement parce qu'il devait encore se retenir de dire certaines choses et que cela compliquait certaines conversations, à l'image de celle qu'il avait eu avec Tilda en début de semaine ; Ça aurait été tellement plus simple, si il avait pu dire ce qu'il devait garder pour lui. Il en aurait l'occasion après ce soir, peut-être, si elle ne décidait pas de lui tourner le dos. Tout cela le préoccupait tellement qu'il en oubliait presque que le nom des finalistes serait également annoncé à la fin de la soirée, peut-être parce que sur ce point-là il était serein. Pas dans le sens où il était certain de ses chances, non, mais dans le sens où la demi-finale représentait plus ou moins l'objectif qu'il s'était donné d'atteindre, et que maintenant la suite des évènements ne le stressait plus le moins du monde. Qui vivra verra, disait-on, et c'était à peu de chose près ce qu'il c'était répété tout en terminant de s'habiller. Il était parmi les premiers sur le plateau, ce qui n'était pas forcément une bonne chose, il la qualifierait peut-être même plutôt de mauvaise. Il ne savait même pas ce qu'il préférait pour ce soir, rester seul dans son coin, compter sur la présence rassurante de Pia, de celle plus habituelle lors des primes de Tilda ou bien de Lou ... Il n'en savait rien, il verrait, bien. L'espace d'un instant c'était comme si son cerveau avait décidé de débrancher et de faire une pause ; Il avait passé une main sur son visage, las, et maudissant vaguement Lou et son pari stupide qui les empêchait de boire encore jusqu'à la fin de la soirée. C'était plutôt maintenant, qu'il aurait eu besoin d'un verre.

Nous y étions, cette fameuse demi-finale qui resonnait dans tous les esprits. C'était le jour J. Je me prépare dans la plus grande décontraction, pas de trace d'angoisse ni même de trac à l'horizon. Je sais que quoiqu'il arrive je resterai dans le nid une semaine de plus et que je n'aurai pas à affronter ce retour à la réalité qui me terrifie tant. Je suis déterminée à vivre cette aventure jusqu'à son terme et c'est le coeur léger que je me dirige vers le plateau. Que j'accède à la finale ou que je sois éliminée finalement le résultat sera le même. Je ne suis pas venue pour gagner après tout, loin de là. Avec tout ça j'en oublie presque que ce soir je suis censée révéler mon secret et apprendre celui des autres. Paradoxalement, j'ai hâte mais cette perspective m'effraie tout autant. Ce soir les masques tombent, la vérité va éclater au grand jour et je ne suis pas certaine que ça nous sera bénéfique. Je pense à ma révélation en essayant de me convaincre que tout va bien se passer, que je vais arriver à mettre les mots les uns à la suite des autres sans paniquer. Je n'ai pas peur de l'impact qu'aura mon secret sur les autres, non c'est ce discours. Je crois que je vais avoir besoin d'un verre juste pour me donner du courage, rien qu'un peu pour rendre cette épreuve un peu plus supportable. J'arrive sur ce plateau qui a rythmé mes dimanches soirs pendant si longtemps. Quel déchirement cela va être de ne plus y retourner. Je file vers le buffet pour y prendre un verre au vol. Pour me porter chance je l'espère.

Douzième prime. Celui des demi-finales. Et celui qu’il appréhende le plus depuis quelques semaines. Il n’a jamais pensé qu’il parviendrait jusqu’aux demi-finales, il en est le premier surpris. Ainsi, la révélation de son secret ne lui faisait pas particulièrement peur, parce qu’il ne pensait plus être là quand viendrait ce moment. Et force de constater qu’il s’est largement trompé, puisqu’il est encore là, et pas en tant qu’éliminé, mais bien en tant que candidat encore en lice. Il sait qu’il perdra ce statut à l’issue du prime, il ne se fait pas d’espoir quant à son sort. Il y a bien plus fort que lui, bien plus méritant aussi. Ce prime, donc, il ne l’appréhende pas à cause des éliminations puisqu’il a déjà une idée de son sort. Il y a bien certaines personnes qu’il préfère à d’autres et qu’il espère voir se hisser jusqu’en finale, mais il n’en serait pas déprimé si elles ne le parviennent pas. Non, ce qu’il appréhendait particulièrement, c’est donc la révélation de son secret. Andreja lui a facilité une moitié de travail, mais il lui reste encore la moitié la moins agréable – à ses yeux – à révéler. Il y a pensé toute la semaine et cet après-midi encore, il essayait de trouver un moyen correct d’annoncer la chose. Autant dire que c’est peine perdue, il n’y a pas de façon plus délicate d’annoncer son secret. C’est bien pour cela qu’il a décidé qu’ils se contenteront d’un intitulé balancé sans la moindre explication, car ce sont bien les explications qui sont le plus désagréables à révéler. Et tant pis si cela pique la curiosité des autres, il assumera leur question si nécessaire, mais pas ici, face à tout le monde. Quoi qu’il en soit, le fait de ne pas avouer clairement les raisons derrière son secret l’apaise un peu, lui permettant de se préparer dans une certaine sérénité – même si serein, il ne l’est jamais, Alistair – et occupant la douche avant que tout le monde s’y précipite. Il passe ensuite par le dressing, hésitant un instant sur la tenue à adopter avant de porter son choix sur du classique, un pantalon et une veste noire, optant malgré tout pour une touche d’originalité avec sa chemise à imprimés. Il n’en est pas fan, mais soit, il parait que ça ne se fait pas de porter deux fois la même tenue lors d’un prime. Il traîne ensuite dans le nid bien même si l’heure fatidique approche, dévalisant le placard de la buanderie pour avaler rapidement un paquet de bonbons, sa gourmandise, comme si cela allait lui donner du courage. Il se traîne ensuite jusqu’au plateau, fumant cigarettes sur cigarettes, évitant un maximum de rejoindre l’intérieur, jusqu’à ce qu’un technicien le presse. Il écrase sa cigarette contre un mur et pénètre dans le plateau. Il ne change pas ses bonnes vieilles habitudes, attrapant un verre d’eau au passage avant de se trouver une place. Et cette fois-ci, il ne fait pas d’effort pour s’installer auprès de quelqu’un, optant pour une place reculée et loin des candidats déjà présents.
(tenue)

Il fallait qu'elle soit à l'heure, Pia, parce que c'était un prime important ce soir. Pas parce qu'il y avait l'annonce des finalistes, elle n'était pas optimiste au point de penser une demi-seconde qu'elle en ferait parti, mais parce que c'était la révélation des secrets. Et maintenant que son masque a elle était tombé elle voulait voir les autres enlevé le leur, histoire d'être d'égal à égal. Elle a pas de raison d'appréhender, c'est au moins ça l'avantage d'avoir été démasquée dans les premiers, elle se demande juste si certains secrets la feront pas frémir. Elle s'imagine des trucs un peu dingues, comme une Gaëtane championne de pole dance ou Clémentine qui en réalité serait une fausse blonde tout en sachant pertinemment qu'elle est à côté. Au moins, à faire des pari avec elle-même, elle ne perdra pas d'argent. Elle réajuste sa jupe noire et enlève un pli imaginaire sur son épaule aux motifs ethniques avant de se mettre en route vers le plateau. Elle est un peu anxieuse sans trop savoir pourquoi, l'excitation sans doute de découvrir qui cachait quoi. Lorsqu'elle pousse la porte et arrive sur le prime y'a pas encore grand monde mais Andreja est déjà là alors ça lui suffit. Elle arrive vers lui tout sourire comme d'habitude et se laisse tomber sur le fauteuil encore libre à ses côtés. C'est là qu'elle réalise que lui n'a pas encore dévoilé son secret et que si elle pouvait se sentir libérée, c'était sans doute pas le cas de son partenaire. « Ça va aller, tu sais. ». Un peu soucieuse, elle hoche la tête comme si elle savait alors qu'elle n'en sait rien, rien du tout. Elle veut juste éviter qu'il se mette trop la pression.

J'avais terminé mon sac, enfin, et je crois que pour une fois, je n'avais rien oublié, j'avais même pris soin d'attraper les affaires que Mc avait laissé par ci par là. Je ne savais pas encore bien ce que je comptais faire suite à ce prime, Aaron m'avait plus ou moins demandé de rester, mais je souhaitais encore voir comment ce prime allait se dérouler avant de prendre une quelconque décision. Car je savais que ce soir, beaucoup de cartes allaient être joué, et que certaines risquaient de ne pas que me plaire. J'avais donc enfilé l'une des dernières tenues qu'il me restait à disposition... Heureusement que nous arrivions en fin d'aventure car je commençais petit à petit à avoir tout épuisé, et ça n'était assurément pas mes tee shirts de fruits qui feraient l'unanimité en matière d'élégance. Cette aventure avait tout de même été incroyable, éprouvante oui, mais incroyable. Je n'aurais jamais pensé vivre autant de choses en un laps de temps aussi court, moi qui était habitué à la monotonie de ma vie, comme si il n'y avait pas grand chose d'autre que mon travail et les quatre murs de ma chambre. Evidemment que le monde était plus grand, je le réalisais maintenant. Il ne fallait pas que je reste sur mes acquis, non, il allait falloir que je m'ouvre un peu plus au autres, de façon à profiter pleinement de mon existence. Terminant de me préparer, j'avais abandonné ma valise dans le salon avant de rejoindre le plateau, prenant place à côté d'Alistair que je saluais d'un petit « Coucou ! » je restais stressé, comme d'habitude, mais j'essayais de le montrer au minimum -en gros, on le voyait tout de même bien comme il fait quoi. « Tu le sens comment pour ce soir ? » Moi je m'attendais aux drames, réellement, je ne voyais pas comment la soirée pourrait être différente.

(+) tenue