Dans mon exploration des alentours, je finis par arriver à un endroit un peu plus dégagé que les autres au milieu duquel trône une grande porte dorée que je vois de loin. Je m'approche de celle ci, persuadée d'être seule, lorsque je suis surprise par une voix. "Olivia..." Je sursaute et mes yeux s'écarquillent lorsque je vois Diego. J'ai un mauvais pressentiment concernant ce candidat, allez savoir pourquoi. Il avance de quelques pas, vers moi, et je recule d'autant, évitant son regard. "Je suis heureux de voir que tu as survécu à la première nuit… On dit que c'est la plus dangereuse et importante dans ce genre d'endroit… Mon expérience, dans ce domaine tendrait bien à confirmer cette hypothèse…" Mon sang se glace. Diego est peut être quelqu'un de très charmant, mais je n'arrive pas à lui faire confiance. De toutes façons, dès la seconde où je me méfie de quelqu'un, cela ne peut plus changer, je vois le mal partout autour de lui. Je continue à reculer, doucement, jusqu'à être adossée au grand portail. Ma main se referme sur l'un des épais barreaux." Il est magnifique n'est-ce-pas… J'espère sincèrement, qu'on pourra y entrer tous les deux dimanche soir. Au fait, désolé pour hier soir… Je ne voulais pas te brusquer, je n'aurais pas dut insister. Je ne suis pas comme ça habituellement…" Ma respiration s'accélère et j'essaye, tant bien que mal, de repousser la crise de panique que je sens monter. J'aurais bien voulu partir en courant, ou bien le supplier de ne pas me faire de mal, mais au lieu de cela je ne dis que : C'est... c'est pas grave.

Vu les gestes, le recul d'Olivia contre le portail et sa main serrant un des barreaux de celui-ci, il fallait croire que j'avais encore été maladroit. Je ne voulais pas l'effrayer, juste la rassurer, lui faire comprendre que je ne voulais aucun mal. Mais voilà, vu mon attitude, mes paroles, tout bien réfléchis, il est vrai que tout cela pouvait-être mal interprété. Je tentais donc de remettre les choses à leurs places, en choisissant bien mes mots afin de ne pas m'enfoncer encore plus :

Dis-moi si je me trompe, mais j'ai l'impression que je te fais peur… Ce n'est pas ma volonté première, je te rassure.

Je tentais de faire un pas vers elle, une expression neutre sur le visage afin de ne pas l'effrayer encore plus.. Continuant mon discours afin d'essayer de gagner sa confiance :

Je suis juste un peu maladroit dans les propos que j'utilise… Si tu veux que je te laisse, je peux…

Je me penchais légèrement en avant, comme une révérence avant de faire marche arrière… Olivia était une personne qui m'intriguait grandement. Elle faisait partie des rares candidats qui avait, en ce début d'aventure, suscités mon intérêt. Ainsi, ne pas obtenir sa confiance et de ce fait ne pas pouvoir en savoir plus sur elle, cela m'ennuierait grandement. J'espérais donc avoir marquer quelques points, histoire d'avancer dans la quête de ce que cachait Olivia derrière sa très visible timidité.

Prostrée contre mon portail doré, je tremble comme une feuille et sans que je ne puisse les retenir je sens les larmes me monter aux yeux. Allez, Liv, souviens toi de ce qu'a dit Neil. Chante. ♪How many roads♪ Oui, c'est bien. ♪must a man walk down♪ Inspire. ♪before you call him♪ Expire. ♪a man?♪ D'un oeil hagard, je scrute Diego pour tenter de comprendre le personnage. ♪How many roads♪ Et essayer de savoir... ♪How many seas♪ ... si je vais mourir ce matin. ♪must a white dove sail, before she sleeps in the sand?♪ Je l'entends parler mais ne l'écoute pas. Je serais incapable de répéter les mots qu'il vient de prononcer. Dans ma bulle hermétique, je fais ce que je peux pour rester, plus ou moins, de marbre. Enfin dans mon cas c'est plutôt moins que plus, mais je fais de mon mieux. ♪How many time♪ Je me laisse tomber par terre. ♪must the cannonballs fly♪ Assise par terre, mes mains jouent ensemble, posées entre mes jambes. ♪before they're forever banned?♪ J'évite à tout prix le regard du candidat qui se tient près de moi et essaye de me changer les idées en regardant par delà les barreaux. Si je suis prise, je ne sais pas ce qu'il va advenir de moi. Je ne sais pas comment je vais supporter ces longs jours, tous ces gens. Mais la réponse est soufflée dans le vent.

Qu'avais-je  donc encore fait, je ne savais pas… Tout ce que je voyais c'était cette femme qui m'avait fui la veille au soir, qui s'effondrait devant moi… J'étais un peu surpris par cette attitude. Je l'avais déjà vu chez d'autres personnes, mais à chaque fois j'avais voulu en arrivé là. Là c'était différent… S'en était incompréhensible… J'étais perdu, troublé, ne sachant quoi faire.  Pour moi qui avais l'habitude de tout contrôler, c'était assez… perturbant. Je ne savais quoi faire, je me contentais d'un simple :

Tout va bien ?

Quoi que je dise, quoi que je fasse je savais pertinemment que je l'avais comme perdue. C'était comme une somnambule dans son univers. À l'en extraire trop brutalement, on risquait de briser cette mécanique et finir ainsi par la perdre… définitivement. Hors cela, je ne le voulais pas. Je priais donc pour que la musique nous rapproche, dans le cas contraire, je rendrais les armes, revenant sur mes pas et remettant à plus tard l'idée d'apprendre à mieux la connaître.