Déjà plusieurs ours que l'on était en taule. Il faut avouer que le temps commençait à être un peu long. Heureusement la grille doré et son paradis nous rappelait que bientôt nos efforts seraient récompensés. Enfin, pour les meilleurs d'entre nous. Je commençais à me perdre dans mes pensées quand le lanceur de gelée du premier soir faisait son apparition. Je n'avais pas vraiment eu l'occasion de lui parler et comptais bien profiter de la situation pour en apprendre plus sur ce singulier personnage :

Cela donne envie n'est-ce pas ?

Je m'amusais à donner à cette phrase le genre de double sens qui me faisais bien rire. Parlais-je de mon corps ou du paradis qui nous tendais les bras, c'était à lui de décider… E attendant, à le regarder de plus près il ressemblait à un de ces riches américain que l'on voyait dans les films. Après je pouvais toujours me tromper…

Je ne sais pas pourquoi. Quand je te regarde, j'ai l'impression de voir un personnage de Dallas. Une espèce de cowboy plein de tune, le cliché américain tu vois ? Dis-moi, je me trompe ou je suis pas loin de la vérité ?

J'étais sûr que cette homme côtoyait d'une manière ou d'une autre des milieux luxueux. Après libre à lui de me donner plus de détails à ce sujet. N tout cas, ce n'était clairement pas moi qui allait faire le premier pas. J'avais déjà fais l'effort d'initier la conversation, maintenant c'était à son tour de parler.

On arrivait à la fin de la semaine, et donc, possiblement à la fin de cette aventure pour chacun d'entre nous.Dans deux jours, on sera tous fixés sur notre sort respectif. Et oui, il fallait le dire, j'avais déjà mes préférences. Il y avait certaines personnes que j'aimerai avoir avec moi, dans l'éventualité où je serai pris pour continuer l'aventure, et je comptais bien dessus. Ce serait trop bête, et absolument frustrant d'avoir passé une semaine dans cette lamentable prison pour au final rentrer chez soi la bouche en coeur. Et ces pensées me donnaient bien envie de m'évader. Je me rendais donc sans hésiter auprès du portail doré qui nous gardait enfermer dans cette prison, comme une mise en abyme de l'emprisonnement, finalement. Et j'y retrouvais une jeune femme. Je ne crois pas lui avoir déjà parlé, mais je pouvais me tromper, bien sûr. Elle se retourna vers moi pour me demander, ou plutôt pour m'affirmer que ça donnait envie. Je souriais. Clairement, c'était une phrase à double tranchant, et elle le savait, ça se lisait dans son regard. « Cupidon est un joueur, et les apparences peuvent être trompeuses. Je dirai que ça donne envie une fois que je serai à l'intérieur. » Une réponse, elle aussi, qui pouvait être interprété de deux façons différentes, ce qui me faisait plutôt sourire, une fois encore. Je m'asseyais assez côté, avant de regarder au loin, ce qui nous attendait de l'autre côté du portail. Je riais à ses affirmations. « Pas loin. Un grand magna américain, oui, une sorte de J.R. Ewing. A l'exception que je déteste les chevaux ! Mais pour le reste, tu ne te trompes pas. » J'étais impressionné par cette jeune femme, qui avait tapé juste du premier coup en jouant au jeu des devinettes. « Et toi alors… Vu ton accent, je dirai que tu es française, plutôt du nord. Tu m'as l'air assez intelligente, et tu as un travail stable, mais qui n'est pas non plus un travail qui te rapporte des millions. Je me trompe ? » J'étais généralement nul pour ce genre de chose, ce n'était pas mon talent de découvrir la personnalité des gens. « Ou alors, tu es une genre de Madame Irma, et c'est pour ça que tu as tout trouvé sur moi du premier coup, n'est-ce pas ? » lui dis-je avec un sourire. J'espérais que ce n'était pas la vérité, j'en doutais en toute honnêteté, mais ne sait-on jamais. Peut être avais-je déjà percé son secret. « Comment tu trouves la prison ? » C'était plutôt bateau comme conversation, mais bon… Quitte à rester là, autant discuter.

Dans cette aventure, les candidats semblaient vraiment venir de tout les horizons et ça, c'était quelque chose qui me plaisait beaucoup. Rencontrer de nouveaux visages que je n'aurais peut-être jamais eu l'occasion de croiser autrement, c'était absolument géniale. D'autant plus quand mes rencontres maitrisaient, comme moi, les phrases à double sens. La sienne aurait put faire mouche, me concernant. Dommage pour lui, je n'étais pas intéressée par le sexe masculin :
Pour ce qui est du nid d'amour tu n'auras pas longtemps à attendre. Par contre, si c'est de moi que tu parles… Tu risques de tomber sur un os.
Suite à cela, j'éclatais de rire avant de m'asseoir à ses côtés. J'étais ravie de contraster que ma prédiction c'était révélé juste tandis que d'une oreille attentive, j'écoutais la sienne qui n'était, elle non plus, pas très éloigné de la vérité.
Je suis en effet française, parisienne de surcroît et accessoirement archiviste à la bibliothèque nationale de France.
Je ne pensais pas qu'il serait si facile pour quelqu'un de me mettre à jour. Je me pensais plus secrète, plus mystérieuse, il faut croire que je me trompais :
Je suis loin d'être madame Irma. Pour tout te dire, je n'accorde aucune confiance aux voyants et à leur soi-disant don. Mais plutôt que de m'appeler Irma, appele moi Zélie ce sera plus simple pour tout le monde.
Ce couplet divinatoire bouclé, il me demandait ce que je pensais de la prison. Question bateau qui attendait, je pense, une réponse tout aussi bateau. Je croisais son regard, rigolais et disais :
Bah c'est une prison quoi. Cela sent mauvais, c'est froid lugubre et en plus de cela on y mange hyper mal. Bref, c'est les abysses dans toutes leurs splendeurs.
Que voulait-il que je dise de plus… Rien, je pense. En attendant je continuais de fantasmer sur le nid d'amour qui nous attendait derrière cette grille dorée. Dans quelques jours on allait enfin savoir qui étaient les candidats sélectionnés et qui étaient les malheureux reconduit de manière brutale chez eux, après une semaine en enfer.