Le prime continuait toujours, les gens bavardaient dans le jardin, buvaient, mangeaient des trucs bizarres, certains étaient déjà partis se coucher, d'autres découvraient la maison. Je faisais parti de ce dernier groupe. J'abandonnais rapidement le rez de chaussée que je ne connaitrais que trop rapidement et puis visiter un salon, une cuisine ou un cellier était complètement absurde, et j'étais persuadé que le lendemain je me perdrais bien assez vite pour découvrir ce qui m'attendais. Je montais donc les escaliers non sans peine et ouvris une porte, je fronçais les sourcils, c'était quoi de cette salle? Ils croyaient vraiment que nous allions perdre notre temps à lire et rêvasser? Je le faisais déjà bien assez chez moi pourtant, je ne pu qu'avancer dans la salle, une main sur les livres j'avançais tout en essayant de lire chaque titre, certains paraissaient faux, d'autres étaient inutiles ici, qui ouvrirait le kamasutra? Soit, un bruit de pas me fit tourner la tête, une jeune femme se tournait vers moi « Si tu cherchais autre chose tu es tombé dans le même panneau, je suis sûr qu'ils ont mis cette pièce en premier pour être sûr que la porte soit ouverte au moins une fois » Je haussais les épaules, restant planté au milieu de la salle, toujours aussi mal à l'aise dans mon costume blanc trop serré pour moi, je tentais de tirer sur mon col de chemise mais il était déjà ouvert, j'avais un peu plus tôt dans la soirée, déboutonné les premiers boutons qui m'incommodaient, dénoué la cravate qui m'étouffait, je passais alors la main dans les cheveux et tirais une grimace, ils étaient toujours enduit de laque super résistante ... On pouvait traduire dans ma posture une gène évidente mais je souris faiblement pour ne pas la faire fuir.



With Lula

Tenir l'alcool, je ne savais pas vraiment pour ne pas être un de ces fan de soirées à se déchirer la montagne, si j'allais dans les soirées c'était accompagné de mon appareil photo, je paradais et appuyais sur le bouton chaque fois que l'occasion se présentait, j'étais nu aujourd'hui sans lui mais je savais que je m'y ferais, il manquait juste un peu de temps. Pour seul alcool, la production avait misé sur le champagne, je savais que je n'aimais pas ça pour avoir déjà porté le liquide à mes lèvres, j'étais friands d'autres mets qui malheureusement ne se trouvaient pas sur le buffet ce soir. Les fruits, très peu pour le carnivore que j'étais. A la recherche d'une pièce confortable et attirante, j'avais escaladé les escalier et avait abandonné le premier étage - composé de nos chambres - pour passer directement vers le second où - si je me rappelais bien - se trouvaient les distractions. Quelle distraction qu'une poignée de bouquins ! Très vite, Lula fit son apparition, trop heureuse de se retrouver entourée de livres, il était touchant de la regarder faire alors je n'avais ouvert la bouche de suite. Occupé avec mes cheveux, elle le remarquait bien vite et m'annonçait que je ressemblais à un Ken sous acide, j'accompagnais son rire et trouvais la comparaison très touchante elle aussi « Je méprise la production comme je méprise Ken, mais puisque j'ai ce quelque chose de plus, je te pardonnes » Mes doigts étaient collant et désagréables, je tentais de les frotter contre le tissu de mon pantalon non sans mal, j'abandonnais l'affaire pour écouter Lula annoncer qu'elle cherchait justement cette pièce, je fis un mouvement circulaire pour apercevoir une poignée de livres qui m'entouraient, j'en avais lu la plupart et n'avais pas envie de vivre la même vie dans cette émission qu'à l'extérieur, j'avais envie de me prouver à moi même que j'étais quelqu'un, une personne à part entière. « Je te laisserais volontiers en prendre quelques uns mais évite de le dire tout haut la prochaine fois, on risque de te fouiller au corps à ta sortie, mais promis, compte sur moi pour t'aider ... A moins que tu ne sois friands des fouilles au corps alors je ne pourrais rien pour toi » Un petit sourire en coin et je la regardais sortir une bouteille de champagne de son sac et me la tendre « Ah en fait tu es ce qu'on appelle une Kleptomane » J'attrapais la bouteille que je pris soin d'ouvrir, faisant sauter le bouchon qui attérit quelque part plus loin sur le sol, je tendis le goulot de la bouteille vers la bouche de la jeune femme et annonça « A notre bibliothèque dans ce cas ... Bien que j'aurais préféré autre chose que le champagne pour trinquer » Je faisais mon difficile, je le savais mais je ne pouvais pas non plus lui demander de voler ailleurs que sur le buffet.

La bibliothèque était un endroit que j'appréciais en temps normal mais j'avais décidé de vivre dans cette aventure une toute autre vie, me permettre des choses que je n'aurais fais dehors, oui, nous vivions une aventure unique et même si je ne pouvais jouer avec ma personnalité, j'espérais à pouvoir me surpasser, à me découvrir une autre façon de vivre, à me découvrir des limites et à les dépasser si elles étaient trop tendres. « Les corps à corps, oui. La fouille au corps, non. Je compte donc sur ton aide, mais je au pire je devrais pouvoir me débrouiller : j'ai dix ans de boxe derrière moi. » Je souris et la suivait du regard, elle touchait les livres comme je l'avais fait à mon entrée dans la pièce, je détournais le regard un instant lorsqu'elle tournait le visage vers moi mais ne fut pas plus surpris de l'entendre dire qu'elle faisait de la boxe « Je pourrais t'aider pour le simple fait que je suis un homme, j'ai plus de carrure ... Ou pas en fait » Je n'étais pas ce genre de garçon super musclé avec une carrure épaisse, j'étais squelettique et sans formes distinctes, j'aurais pu être mannequin mais je m'étais toujours refusé d'obéir aux ordres des autres, j'aimais à être moi. Et puis, nous en venions au fait qu'elle volait, elle affirma mes propos pas « Oui, une affreuse cleptomane. D'ailleurs, pour le bien de tes cheveux, je vais commencer par dérober tous les pots de gel de l'hôtel. Ne me remercie pas, c'est de bon coeur. » Elle se proposait alors de voler chaque pot de gel de l'hôtel, je m'exclamais alors « Si tu fais ça je deviens ton esclave personnel ! » Trop emporté dans mon élan, je soupirais et ajoutais « A la réflexion non, mais tu pourras toujours tenter » Elle vint alors s'asseoir sur le canapé après m'ordonner de ne pas faire mon précieux, je haussais les épaules et la regardait me poser une question, m'invitant à s'asseoir à ses côtés, chose que je fis, je posais mes fesses sur l'accoudoir du canapé et mes pieds sur les coussins de celui ci. Elle me posa alors une question à laquelle je réfléchi « Quel est ton livre préféré de tous les temps, et pourquoi ? » Cette réflexion lui permis de boire une gorgée de la boisson volée « Le banquet, de Platon ... Je suis un éternel romantique » Je souris doucement en posant mes yeux sur le visage de la jeune femme, me penchant vers elle, j'attrapais la bouteille et la portais à mon tour à mes lèvres, je ne lui retournais pas la question mais j'espérais qu'elle se livre à moi.

« Je penche plutôt pour le "ou pas". Je crois que même moi, j'ai plus de muscles que toi. Sans vouloir te vexer, bien évidemment... Les armoires à glace sont loin d'être attirantes, de toute façon. » Je riais doucement à la réponse de la jeune femme étant plus que d'accord avec elle, c'est pourquoi j'hésitais à répondre mais l'alcool faisant son effet que trop rapidement, je me lançais « Je suis du même avis ... Et puis il en faut, des pauvres hommes chétif à protéger aussi » Je lui souris alors que nous venions de nous installer sur le canapé. Nous parlions souvent pour ne rien dire, elle et moi et j'étais ravi d'avoir trouvé une interlocutrice à mon niveau, à savoir pourquoi je parlais si rapidement et si souvent, j'osais avouer parfois que j'avais peur des silences, mais pourquoi avais-je peur des silences? Là était toute le mystère de la vie. Lula se mit une nouvelle fois à parler, annonçant ce qu'elle désirait sur le coup « Dans ce cas là tu peux commencer dès maintenant. J'ai envie d'un massage, besoin que tu me trouves un instrument de musique, peu importe lequel, je m'en contenterai et... une bouteille de vodka. » Je souris à ces recommandations et ne pu qu'être légèrement touché par cette moue enfantine qu'elle m'offrait, pensait-elle m'avoir avec un visage ainsi? Elle se trompait, je glissais toutefois mes doigts sur sa joue et me penchait en avant pour déposer mes lèvres sur sa joue en un baiser bref et rapide alors qu'elle annonçait que je n'étais pas fidèle et fiable mais qu'elle n'avait pas l'air d'un tyran, comme je n'avais pas l'air d'un esclave. « Pour me faire pardonner, c'est ce que je fais de mieux, désolé » Je souris alors que je perçu de la surprise dans son regard à l'annonce de mon livre préféré, je haussais les épaules et la laissait me dévoiler ce qu'elle en penser « Très bon choix. J'aime beaucoup le discours d'Aristophane. » Lula se mit en quête de réfléchir et je me plongeais à mon tour dans une vision des choses plus que délicates, je souriais bêtement alors que défilaient devant mes yeux une scène des plus niaise mais si profonde que j'en laissais mon coeur trembler. Ce fut Lula qui me décrochait de mon nuage, ou du moins, sa voix qui vint titiller mes tympans « Pour moi ça serait l'Ecume des jours, Boris Vian. Je suis très fleur bleue. » Je hochais la tête et souris, à la réflexion faite, cette oeuvre allait très bien à la jeune femme. « Tu n'imagines pas l'effort sur-humain qu'il est de choisir une seule oeuvre » Je riais doucement avant de choper la bouteille de champagne et de la porter à mes lèvres, en avalant quelques gorgées, je la tendais vers Louise avant d'ajouter « Finalement on s'y fait vite, au champagne » Je n'avais jamais réellement bu de champagne, à vrai dire, je n'avais jamais réellement bus d'alcool, lors des soirées, je travaillais souvent et ne me permettait pas l'ivresse.

Qu'elle ai ou non le pardon facile, il n'était pas bien difficile à Elyan de s'emporter dans des démonstrations sans bornes, un baiser ou un câlin était les choses qui appartenaient au jeune homme et passion auxquelles il aimait s'abonner, du moins, si on le lui demander. Il était resté un petit garçon pour ça, aimant les câlins du soir et les murmures, les jeux et les ragots que l'on raconte si souvent, il n'aimait pas les questions trop personnelles relevant du mystère d'Elyan. Il aimait parlé, c'était un fait, mais il parlait pour ne rien dire, pour combler ces silences trop gênant où il pouvait arriver trop de choses. Il aimait les choses futiles et agréables, il n'était pas prétentieux et bien trop simple pour la vie bourgeoise ou culturelle. Photographe, le jeune homme aimait partager ses émotions à fleur de peau au travers de ses clichés bien qu'il gagnait sa vie en réalisant des portraits stupides de jeunes en folie dans les boites de nuits ou en photographiant des regroupements de personnes pour le journal local bien trop pauvre pour le financer à sa juste valeur. Elyan pouvait passer des heures camoufler sous un arbre pour photographier un oisillon sortant du nid ou une série d'être vivants plus farfelus les uns que les autres. En cet instant, son appareil lui manquait. Il se contenta d'un sourire à la réponse de Lula et la laissait parler, cette fois ci.

Elle comprenait que fort bien son opinion quant à choisir un livre, il s'affublait d'un nouveau sourire qui suivi un petit exclaffement stupide qui n'avait pas lieu d'être. Alors qu'il lui rendait la bouteille de champagne qu'il avait porté jusqu'à ses lèvres, taquine, elle lui sorti « Monsieur le précieux nous fait l'honneur de revoir son jugement ? Tiens, profite de ma générosité, c'est uniquement parce que j'ai beaucoup trop d'avance sur toi. » Il haussa les épaules et ne prit pas ses paroles à la légère, se contentant de porter le goulot à ses lèvres et d'avaler quelques gorgées de ce liquide qui lui tira une grimace. Son gout amer ne plaisait pas à Elyan, encore moins ses bulles qui dégomait à souhait son estomac, se sentant presque patraque, il préféra laisser la bouteille à la jeune femme qui déjà, le fixant de ses magnifiques yeux bleus, lui posa une nouvelle question pour savoir qui était son personnage favori, celui qui l'avait marqué. Elyan plongeait son regard dans celui de Lula et sourit, lui dévoilant non sans tabou « Tu sais que tu as un regard intense? » Il était carrément hors sujet, il le savait mais il ne voulait plus choisir, il ne voulait plus parler littérature et il voulait s'amuser « Ce n'est pas que tu n'es pas de charmante compagnie mais je crois que j'ai envie de faire pipi » Cette envie pressante survenue dès son entrée dans la maison se déclenchait de nouveau au grand damne du jeune homme qui devait abandonner là sa ravissante partenaire d'un soir « C'est promis, je reviendrais ici avec toi » A savoir s'il tiendrait ou non sa promesse, il n'en savait rien et préférait lui faire un charmant sourire, se pencher vers elle et déposer une nouvelle fois ses lèvres sur la joue de la jeune femme en guise d'au revoir. Gestes fait, il fila rapidement sans réclamer son reste.

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