L'étape de la laverie était une tape que Addil détestait exécuter. En même temps le ménage ce n'était pas pour lui il était plutôt doué pour d'autres tâches, mais pas pour celle là. Faire fonctionner une machine à laver et un sèche linge c'était compliqué. Heureusement qu'il avait une femme de ménage qu'il engageait deux fois par semaine, car sinon il serait totalement perdu. Sauf que là elle n'est pas là et il doit se débrouiller tout seul comme un grand. Il ne savait même pas comment faire fonctionner la machine à laver. Mettant les vêtements qu'il avait à lavé dedans il se retourna alors brusquement et vit @Mylah. Tout de suite il comprit que la reine du propre pourrait sans doute l'aider. Elle qui était minutieuse, qui adorait que tout soit parfait. Elle devait sûrement connaître le fonctionnement d'une machine à laver. « Mais qui voilà ? Mylah la reine du propre justement j'avais besoin de tes conseils ménagers. » dit-il avec un léger sourire amusé sur le coin de ses lèvres. La dernière fois qu'il lui avait parlé il avait bien rigolé intérieurement. Il espérait repasser un agréable moment qui allait le sortir de son ennuyeux profond pour le ménage. « Donc qu'est-ce que je dois faire pour faire fonctionner une machine à laver ? Toi qui a l'air d'être maniaque tu dois le savoir ? » demande t-il toujours avec ce léger sourire sur le coin des lèvres.

Depuis que Léo s’est mis en tête d’emprunter son peignoir à la première occasion, Mylah fréquente assidûment la laverie. Bon, certes, elle fréquentait déjà cet endroit plusieurs fois par semaine avant de réaliser que Léo empruntait ses affaires, mais désormais, c’est de l’ordre du passage quotidien et non plus hebdomadaire. Bien que Léo ne dégage pas une odeur qui lui provoque un malaise, le fait est qu’il se permet d’utiliser son peignoir, elle ne peut supporter de le remettre à la suite du jeune homme. Et comme ils n’ont toujours pas réussi à trouver un compromis – elle refuse de laver celui du jeune homme avec le sien, estimant qu’il s’agit là de chantage – elle va donc continuer son petit manège qui consiste à se rendre ici une à deux fois par jour pour passer son peignoir à la machine, et tant pis pour les économies d’eau. C’est donc avec le vêtement dans les bras qu’elle se rend à la laverie en ce début d’après-midi, légèrement exaspérée puisque le comportement de son partenaire lui reste au travers de la gorge. Non, vraiment, ils ne sont pas faits pour se supporter et il lui l’a encore prouvé la veille. Sauf que la rancune à l’encontre de Léo fait bien vite place à l’exaspération de constater qu’Addil a également choisi ce créneau horaire pour se rendre à la laverie. Leur premier contact ne s’est pas passé dans les meilleures conditions, il s’est mis à l’analyser et a balancé toutes sortes de théories – qu’elle considère comme fausses – et elle a pris soin de l’ignorer royalement depuis. Et c’est ce qu’elle comptait faire à nouveau aujourd’hui, puisque dès qu’elle a franchi le seuil de la pièce, le jeune homme n’existe plus à ses yeux. Elle ne lui adresse aucune salutation d’usage et ne compte pas ouvrir la bouche à moins qu’il se décide à parler. Et c’est très exactement ce qu’il fait. Le seul point positif, c’est qu’il la considère comme la reine du propre. Certes, elle sait que ce n’est pas dit comme un compliment, mais elle l’interprète comme tel si elle le souhaite. Pour autant, elle ne réagit pas, se contentant de mettre son peignoir à la machine avant d’y mettre la lessive adaptée et de programmer le cycle de lavage. Elle appuie sur le bouton pour lancer son nettoyage puis lève les yeux au ciel à la réflexion d’Addil. Maniaque. Il tient à ce terme, alors que Mylah ne se considère pas comme tel, simplement soignée et organisée. « Je le sais, oui. » Elle daigne enfin lever les yeux sur lui. « Mais est-ce que je vais t’aider ? Non, je ne pense pas. » Elle se dirige en direction d’une étagère et s’empare d’un feuillet qu’elle pose sans délicatesse sur la machine qu’utilise le psychologue. « Tout est expliqué là-dedans, tu vois, j’ai fait ma bonne action du jour. » Elle s’appuie contre l’un des murs et croise les bras sur sa poitrine. « Et je suis curieuse d’entendre ton analyse du manuel. Qu’est-ce que ces lignes te disent sur l’auteur ? Il n’est pas assez complet ? Cela explique un vide chez le type qui a écrit ça ? Ou alors, il est trop compliqué, et ça équivaut à un traumatisme d’enfance ? » Enfin, auteur, elle ne sait pas vraiment  s’il y a vraiment un type, un jour, qui a eu comme mission de rédiger un manuel d’explication, ou si c’est une machine qui a préféré s’en charger, sait-on jamais, avec les évolutions actuelles.