Tweedy

Aujourd'hui, je ne venais pas mettre à jour mon blog et y poster quelques photos compromettantes de mes camarades. Non, ma venue dans cette salle était toute autre, et pour cause j'avais dans l'idée d'y trouver quelqu'un. Ce quelqu'un n'était autre que Tweedy, ou la donneuse de leçons du château. Attendez, elle m'avait sorti le speech du siècle la semaine dernière, concernant les dangers du tabac sur l'être humain comme sur la planète. La morale, en générale, les gens un minimum censés évitaient de me la faire car ils savaient pertinemment que quoi qu'on puisse me dire, je n'en faisais qu'à ma tête. Bref. Mon objectif était de coincer Tweedy quelque part, afin de converser un peu avec celle-ci. Aujourd'hui, la leçon, c'est moi qui allait la donner. Chacun son tour. Voyant la jeune femme pénétrer dans la salle informatique, je n'avais pas hésité à l'y suivre, l'air de rien. Genre ma venue dans celle-ci était due au hasard le plus complet, alors que pas du tout. J'entrai donc en sifflotant, mains dans les poches, avant de ne me diriger vers la jeune femme qui avait d'ors et déjà pris place sur l'un des ordinateurs. « Ah,... Tweedy. » Je n'étais certainement pas bien crédible dans le rôle du mec étonné ne s'attendant pas à la voir ici. « Tu tombes bien. T'as une minute, ou ?... » Ou rien du tout. Je tirai une chaise et vins m'installer à côté d'elle. Qu'elle le veuille ou non, nous allions parler. Mais ça ne lui causerait sans doute aucun problème vu que la demoiselle était du genre bavarde. Et puis, qu'avait-elle de mieux à faire que de me prêter attention, je vous le demande. Nous n'avions pas d'accès internet, donc il lui était impossible d'aller faire un tour sur le site de la PETA. Quel dommage, alors.

Il arrive que l'on croit pouvoir passer un moment des plus calmes mais qui s'avère par la suite bien moins paisible qu'on avait osé le croire. C'est ce qu'avait souvent l'occasion de vérifier Tweedy, ces temps-ci. Et bizarrement, ça avait généralement un rapport avec un certain Andreas. Ce jeune homme se décrivait comme l'ennemi numéro un du château, et il était effectivement certain qu'il ne faisait pas l'unanimité en ces lieux. Pour autant, Tweedy restait persuadée qu'une personnalité étonnante et loin d'être détestable se cachait derrière ce tempérament à priori exécrable mais qui, à ses yeux, ne l'était pas. Certes, Andreas n'était pas toujours la meilleure compagnie qui soit, et il l'avait par ailleurs prouvé quelques jours auparavant, mais Tweedy ne lui en tenait absolument pas rigueur. Tout comme elle ne lui tiendrait probablement pas rigueur de sa présente attitude. Car le grand blond s'était permis de débouler d'on-ne-sait-où, faisait au passage légèrement sursauter la petite brune, et s'était même invité à prendre place à ses cotés sans réellement lui demander la permission de le faire. Hm, qu'importe. Un fin sourire prit alors place sur les lèvres de Tweedy qui interrompit momentanément ce qu'elle était en train de faire - à savoir, pas grand chose - pour porter son regard sur son camarade. Il lui demandait si elle avait une minute. Sans doute avait-il dans l'idée de discuter un peu avec elle. Soit, elle était bien entendu disposée à converser avec ce jeune homme. « Je t'écoute, Andreas » fit-elle d'une douce voix, les yeux toujours rivés vers ceux de son camarade. A cet instant précis, et dans l'attente d'une réponse de la part du jeune homme, Tweedy se demandait ce qu'il pouvait bien vouloir lui dire. Allait-il l'insulter subitement en allemand ? Ou bien comptait-il simplement lui annoncer qu'il avait naturellement décidé d'arrêter de fumer ? Tweedy ne tarderait assurément pas à en savoir plus.

Ce qu'il m'était étrange de me retrouver dans cette présente salle informatique alors qu'il y a tout jute une semaine, j'y avais passé un moment fort agréable en compagnie d'une blonde en chaleur, avec qui s'en étaient suivis des ébats torrides, sur cette banquette. Mais l'heure n'était désormais plus au batifolage, mais bel et bien aux explications. Ma venue dans cette salle n'était pas hasardeuse, puisque je n'avais fait qu'y suivre la petite Tweedy, dans l'espoir de pouvoir parler avec la demoiselle. Après avoir pris place à côté d'elle, je n'avais pas tardé à lui demander si elle avait une minute à m'accorder. Bien sur, cette conversation durerait assurément plus d'une minute, et elle le savait certainement aussi bien que moi. En général, lorsque j'étais amené à parler, je m'étendais longuement. Et elle aussi d'ailleurs, puisque j'avais en face de moi mademoiselle la pipelette. « Je t'écoute, Andreas » Y aller en douceur, surtout. Ne pas la brusquer, surtout. J'avais mon temps de toute manière, et n'étais pas pressé. « Bien. » J'entrepris de passer une main dans mes cheveux, geste que j'effectuais généralement avant de n'avoir à annoncer quelque chose d'important. Au vu de mes prochaines paroles, important n'était peut-être pas le terme à employer cependant. « D'après toi, j'ai quel âge Tweedy ? » Attention, j'étais tout à fait sérieux et j'espérais que la demoiselle ne prendrait pas à la légère cette question - j'attendais d'elle une réponse franche, réellement. Là tout de suite, difficile de saisir où est-ce que je voulais en venir. Mais patience, je me montrerais plus clair par la suite...

Ainsi donc, Andreas voulait converser avec Tweedy. C'est en tout cas ce que la jeune femme avait supposé lorsqu'elle l'avait vu approcher et que le jeune homme lui avait demandé si elle avait une minute. Mais peut être bien qu'il ne voulait pas lui parler mais simplement l'assassiner, ou un truc dans le genre. Oui, naturellement, Tweedy avait tendance à toujours imaginer le pire. C'était véritablement dans sa nature, sachez-le. Fort heureusement, il semblait bel et bien être question d'une discussion imminente, ce qui avait tendance à rassurer quelques peu la petite brune. Cette dernière fit alors savoir à Andreas qu'elle l'écoutait, et donc qu'il pouvait aisément s'adresser à elle dans la mesure où elle était désormais toute ouïe. Pour preuve, la jeune femme avait cessé de s'intéresser à l'ordinateur qui se trouvait face à elle. Son attention était désormais portée sur Andreas et uniquement sur Andreas. A en juger par l'attitude gestuelle du jeune homme, Andreas était sur le point d'énoncer quelque chose d'important, de crucial même. Mince alors, de quoi pouvait-il bien s'agir ? Telle était la question que se posait présentement Tweedy. Finalement, elle fut presque déçue par les paroles de son camarade. Quel âge avait-il ? C'est véritablement ce qu'il lui demandait ? Tweedy arqua automatiquement un sourcil et faillit se mettre à rire. Mais elle n'osa pas, de peur qu'Andreas se vexe si elle semblait prendre tout cela à la légère alors que c'était peut être tout à fait sérieux. « Hum ... je te donne environ vingt-quatre ans » déclara-t-elle alors, dans un fin sourire. Donc, maintenant qu'elle lui avait donné un âge, comme il le lui avait demandé quelques instants plus tôt, est-ce qu'elle devrait aussi deviner son signe astral ? sa date de naissance ? son film préféré ? Ou bien Andreas déciderait-il enfin d'en venir au fait ? Allez savoir.

Avec Tweedy, je savais d'ors et déjà à quoi m'attendre. La jeune femme, une fois lancée, ne pouvait tout bonnement plus s'arrêter de parler. Autant vous dire que ça n'était pas forcément un plaisir pour les oreilles comme pour le crâne. Une migraine était si vite arrivée... J'avais prévu d'avoir une petite discussion avec elle, cet après-midi, seulement je retardais l'échéance autant que je le pouvais, préférant ne pas tout de suite mettre en marche le moulin à paroles qu'était la jeune femme. En attendant, je pourrais toujours aller à l'évidence par des choses qui n'étaient, justement, pas forcément évidentes. Vous... saisissez le principe ? Le but était de nous amener au sujet que je souhaitais aborder en empruntant des chemins intermédiaires plutôt qu'une ligne droite toute tracée. Bref. Pour commencer, j'avais demandé à la demoiselle quel âge, selon elle, je pouvais avoir. Ça n'avait rien d'un piège. Je voulais une réponse tout à fait honnête. « Hum ... je te donne environ vingt-quatre ans » Wrong. Bon, pour l'âge elle pourrait repasser dans un premier temps. Vingt-quatre ans ? Sérieux ? « Alors déjà, pas du tout. C'est vingt-cinq. » La différence n'était pas bien grande mais je souhaitais qu'on s'en tienne à cet âge là et que, surtout, l'on n'essaye pas de me rajeunir ou de me vieillir. « Okay. Et donc, selon toi, j'ai b'soin qu'on prenne ma défense à mon âge ? » Elle ne verrait certainement toujours pas quelle était la visée de tout ce cirque, mais je ne jouerais pas à ce jeu encore bien longtemps. Tôt ou tard, elle saurait de quoi il en retourne.

Quel âge pouvait bien avoir Andreas ? La vingtaine ? La trentaine ? Non, plutôt la vingtaine. Oui, définitivement la vingtaine. Il faisait bien trop jeune pour avoir dans les trente piges. De là, elle avait le choix. Soit il avait la petite vingtaine, soit il avait la grande vingtaine, soit il avait tout simplement la moyenne vingtaine. La jeune femme eut été tentée de proposer vingt-cinq ans, histoire d'avoir plus de chances de tomber juste, mais elle descendit d'un an histoire de tenter quelque chose de plus précis. Tweedy proposa alors vingt-quatre ans, un âge qui pourrait d'après elle tout à fait convenir au grand blond. Mais visiblement, elle s'était trompée. Car Monsieur n'avait pas vingt-quatre ans mais ... vingt-cinq ans. Pardon ? Alors pour un an de différence, il lui faisait tout un cirque ? Il était sérieux là ? Visiblement. Quel numéro cet Andreas, tout de même. « Oh excuse-moi, il est vrai que j'étais à mille lieux de la bonne réponse » ironisa-t-elle alors dans un sourire amusé. Vingt-quatre ans, vingt-cinq ans ... c'était sensiblement la même chose, non ? Bien sûr que si. Mais qu'importe. Tweedy ne comprenait toujours pas pourquoi diable Andreas lui avait posée une telle question. Ce n'est que lorsqu'il poursuivit qu'elle commença doucement à comprendre, bien que tout restait pour le moins embrumé dans son petit esprit. « Je ... je suppose que non » fit-elle alors, d'une petite voix. Il semblait effectivement assez grand pour que personne n'ait besoin de prendre sa défense. Et donc, cela nous menait où ? Elle n'en était pas sûre, à vrai dire. Alors elle préféra en avoir le cœur net. « Est-ce que tu me reproches quelque chose, Andreas ? » finit donc par demander la petite brune, une pointe d'appréhension dans la voix. Elle n'avait rien à se reprocher, mais sait-on jamais, peut être que son camarade n'était pas de cet avis.

Vingt-cinq ans, pas vingt-quatre. Rooh. Ça n'avait juste rien à avoir - il y avait un faussé entre ces deux âges-là, oh oui au moins. Je ne pouvais supporter le fait qu'on tente de me rajeunir, de me faire passer pour plus jeune. Je les faisais, pourtant, mes vingt-cinq ans non ? Même, j'vais vous dire, beaucoup de personnes - notamment la prod' lors des castings - m'avaient déjà fait remarquer que je faisais plus vieux. Je crois qu'honnêtement je préférais faire plus vieux que plus jeune. C'est ce que je disais là, jeune et beau, mais peut-être serais-je amené à changer de discours une fois la soixantaine atteinte. Mmm, à voir. « Oh excuse-moi, il est vrai que j'étais à mille lieux de la bonne réponse » Des paroles qui me semblèrent bien ironiques. On rigole, on rigole... Seulement je réalisais que je ne connaissais même pas l'âge de la demoiselle. Vous savez quoi, je n'allais pas tenter de le deviner, des fois que je sois moi aussi amener à me gourer. Quand on est pas sur, mieux vaut encore se taire. Mais entre nous, à mon âge, avais-je besoin qu'on prenne ma défense ? « Je ... je suppose que non » Voilà la réponse que je souhaitais entendre. De toute manière si elle avait répondu l'inverse, je pense que j'aurais pété l'écran. Ouais, je ne plaisantais pas avec ça. J'étais un grand garçon, et toute ma vie je m'étais démerdé seul ou presque... à part pour le fric, bien sur. Ça c'était une autre histoire. « Tu supposes bien. » Seuls les faibles avaient besoin qu'on prenne leur défense - et à me voir, je n'avais juste rien d'un faible. Ah non, clairement rien. « Est-ce que tu me reproches quelque chose, Andreas ? » demanda finalement la demoiselle, sceptique et intriguée. Ah, je pensais pouvoir tourner autour du pot encore un peu mais soit. Nous pouvions aussi en venir au fait. « Oui. Et si tu t'creuses un peu les méninges, tu sauras quoi. » Allons, elle n'avait qu'à faire appel à sa mémoire... C'était simple, tout de même. « Allez, j'vais te donner quelques indices : Anabel, mercredi, dans cette même salle... » Oh, là franchement, c'était gros comme une maison. Elle ne pouvait pas ne pas trouver. Je venais de lui tendre une perche que j'attendais maintenant qu'elle se décide à saisir. Et qu'elle ne tente pas de jouer les ignorantes avec moi, ça ne fonctionnerait pas. Remarquez, tout de même, que j'étais d'un calme absolu. Pour le moment.

Non de dieu, Tweedy s'était trompée d'une année. Oui, d'une année. Pas de deux, ni de trois, mais bel et bien d'une seule petite année. Et parce qu'elle avait supposé - à tort, donc - que son camarade ici présent avait vingt-quatre ans et qu'il s'avérait qu'en fait il en avait vingt-cinq, celui-ci faillit lui bondir dessus pour la massacrer. Okay, on exagérait un peu mais il était bien clair qu'Andreas était le genre de type à ne pas supporter qu'on ne lui donne pas l'âge exact qu'il avait, et qu'on se trompe malencontreusement en le rajeunissant d'une année. Yo mec, réveilles-toi, y'a quand même bien pire dans la vie. L'essentiel était qu'Andreas se montrait pour le moins imprécis et que Tweedy restait pour le moment dans un flou complet. Quelques indications ne seraient tout de même pas de trop, hm. Pourquoi avait-il voulu savoir quel âge lui donnait Tweedy ? Et pourtant voulait-il désormais savoir si, d'après elle, il avait besoin qu'on prenne sa défense ? Le mystère restait pour le moment entier. Naturellement, Tweedy supposa qu'il n'avait nullement besoin de qui que ce soit pour prendre sa défense. Visiblement, elle avait bien supposé, comme le lui fit savoir le jeune homme. Hm, d'accord. Et maintenant ? Daignerait-il enfin lui dire de quoi il retourne, histoire qu'elle soit fixée ? Lorsque Tweedy lui demanda s'il lui reprochait quelque chose, Andreas répondit affirmativement. Ah. Il ajouta également qu'en se creusant un minimum les méninges, Tweedy parviendrait à trouver où se situait le problème. Euh, ça n'était pas certain ça. Puis vinrent quelques indications et là, Tweedy en eut le cœur net. Andreas voulait donc parler de la discussion partagée entre Tweedy et Anabel. Bizarrement, tout devenait plus clair à cet instant précis. « D'accord, je vois de quoi tu veux parler » annonça-t-elle alors. Encore heureux qu'elle ait compris, hein. « J'ai effectivement discuté avec ta charmante partenaire la semaine dernière, dans cette salle. Visiblement, tu as un problème avec ça. Tu m'expliques ce qui te dérange précisément ? Parce que ça reste un peu flou à mes yeux. » Elle avait compris la forme mais pas encore le fond. Ça ne saurait toutefois tarder.

On pouvait quand même difficilement faire plus clair, pour le coup. Anabel, mercredi, cette salle informatique dans laquelle Tweedy et moi nous trouvions à cet instant... tout ceci aurait dû lui mettre la puce à l'oreille, du moins c'est ce que j'avais osé espérer en sachant tout de même que la demoiselle était bien assez intelligente pour saisir où je souhaitais en venir. Et effectivement, elle ne tarda pas à comprendre. « D'accord, je vois de quoi tu veux parler » Ah, d'un coup c'était plus clair, non ? Bah ouais, forcément. J'avais, d'un autre côté, tout fait pour la mettre sur la voie. Preuve que je parvenais encore à m'exprimer clairement et que mes paroles pouvaient être comprises, parfois. Néanmoins, il sembla demeurer comme une part de doute ou d'indécision dans les prochaines paroles de Tweedy. « J'ai effectivement discuté avec ta charmante partenaire la semaine dernière, dans cette salle. Visiblement, tu as un problème avec ça. Tu m'expliques ce qui te dérange précisément ? Parce que ça reste un peu flou à mes yeux. » Elle ne voyait pas, vraiment ? Ainsi Tweedy considérait n'avoir rien à se reprocher, si je suivais bien. Car si ça avait été le cas, elle m'en aurait forcément fait part et reconnu son tord. Mais non, rien. Bon. « Ouais, effectivement, j'ai un problème avec ça. » Pas avec le fait que toutes deux aient pu se parler, à la base, puisqu'elles étaient encore libres de parler à qui que ce soit. C'était plus le sujet de leur conversation qui m'avait posé problème - et oui, j'avais mené ma petite enquête la veille. « J'ai parlé à Anabel hier. Elle m'a dit de t'remercier. J'peux savoir pourquoi est-ce que j'aurais à t'remercier, Tweedy ? » Peut-être parce qu'une fois encore, la jeune femme s'était montré bienveillante et avait, par conséquent, tenté de prendre ma défense face aux critiques d'Anabel sur ma personne. Ouais je savais tout, mais préférais encore que Tweedy me le dise d'elle-même. « Qu'est-ce que t'as fait Tweedy ? » On pouvait croire que je lui en voulais, mais pas encore. Malheureusement, cela ne tarderait probablement pas. Je pensais, en effet, avoir de quoi lui en vouloir. Tout ce que pouvait être amenée à faire ou à dire Tweedy n'était qu'attentionné, bienveillant et complaisant - néanmoins, il demeurait des individus qui ne supportaient pas tant de sympathie de sa part. Encore moins un mec comme moi, parfaitement autonome et revendiquant n'avoir besoin de personne.

Donc, Andreas voulait lui parler de la discussion que Tweedy avait effectivement eu avec Anabel dans cette même salle informatique, la semaine passée. D'accord. Tweedy n'était pas encore certaine de tout comprendre à ce sujet, mais ça au moins, c'était clair à ses yeux. Ce qui avait tendance à lui échapper, en fait, c'était surtout le fait que son camarade semble déprécier la situation. Elle avait discuté avec Anabel, oui. Et donc ? Pourquoi cela semblait tant le déranger ? Est-ce qu'il était au courant de ce qui s'était dit au sein de cette conversation ? Est-ce que c'était ça qui le dérangeait autant ? Tweedy n'en savait rien. Non, elle n'en savait rien et elle ne cracherait pas sur le fait d'en savoir plus, à vrai dire. Ainsi donc, la jeune femme demanda à son camarade ce qui le dérangeait. Il lui dit alors qu'il avait bel et bien un problème avec ça. Okay. Mais quel problème, alors ? Parce que ça, elle l'avait bien compris. Ce qu'elle voulait comprendre, maintenant, c'était les raisons de ce malaise. Andreas lui avoua subitement avoir parlé à Anabel la veille, et que celle-ci lui avait dit qu'il pouvait remercier Tweedy. Ah. La question du grand blond était donc la suivante : pourquoi aurait-il à remercier Tweedy ? La jeune femme prit un air quelques peu surpris et resta silencieuse quelques instants. Elle tenta en fait de se remémorer sa discussion avec Anabel et de se souvenir d'une raison qui puisse faire que celle-ci considère qu'Andreas pouvait la remercier. Non, elle ne voyait pas. Là tout de suite, Tweedy ne voyait pas. La remercier ... Mais pourquoi la remercier ? Elle n'avait rien fait de particulier, si ? « Je ... je ne sais pas » déclara-t-elle alors d'une petite voix. Elle espérait que cela ne passerait pas pour de la fausse modestie, parce que ça n'en était pas. Quoi qu'ait pu dire Tweedy à Anabel, elle ne considérait pas que la moindre de ses paroles puisse mériter un quelconque merci. Andreas cherchait maintenant à savoir ce qu'avait bien pu faire Tweedy. Mais zut, c'était quoi ces questions ? Elle n'y comprenait pas grand chose. Est-ce qu'elle était censée lui dire ce qu'elle avait dit à Anabel ? Bah oui, probablement. « On parlait de toi. En fait, c'est moi qui ai introduit le sujet. Je ... je trouvais dommage que vous agissiez de la sorte l'un vis à vis de l'autre. Anabel m'a dit que tu avais mal agi avec elle. Alors moi je lui ai dit de songer à te laisser une seconde chance. Je reste persuadée que tu as un vrai bon fond, Andreas. Tu ... t'es insupportable pour certains, mais moi, je vois plus loin que ce que tu nous montres. T'es autre chose qu'un chieur, pas vrai ? Bien sûr que t'es autre chose que ça. » Okay okay, la jeune femme s'égarait quelques peu. « Je ne considère pas lui avoir ouvert les yeux sur quoi que ce soit parce que, d'après moi, elle savait déjà tout ça. » Voilà, c'était comme ça que se présentaient les choses à ses yeux. Mais dites, c'était ça qui l'agaçait, le Andreas ? Sans doute.