+ @LAMINE

Je n'y connaissais pas grand chose en ordinateurs. Non, j'étais déjà assez chanceux d'avoir réussi à prendre des photos et à les poster sur mon twitter, mais on ne pouvait pas dire qu'il s'agissait là d'une habitude. Mes parents avaient à peine la télé lorsque j'habitais encore chez eux, et clairement, j'avais suivi cette pensée lorsque j'étais parti emménager chez moi. Je n'étais pas très friand de la technologie, mais ne la reniait pas pour autant, disons simplement que je m'y ajustais plus qu'autre chose, que je prenais mon temps pour me familiariser avec celle ci. Mais là, rien à faire, cet ordinateur ne voulait simplement pas me répondre. J'étais patient, très patient même, mais toute patience avait ses limites, et il fallait bien avouer que la mienne commençait peu à peu à déborder. Bon, évidemment, vous me connaissiez depuis le temps, je n'allais pas prendre l'écran et le balancer par la fenêtre, ça n'était simplement pas ma façon de fonctionner. Non, j'allais juste me contenter de le briser contre un mur. Plus sérieusement, je perdais tout espoir, aussi lorsque j'apercevoir Lamine passer par là, je sautais de mon siège pour l'interpeler dans le couloir. « Excuse moi... C'est toi l'expert en informatique ici, non ? » j'avais entendu dire qu'il avait hacké le compte de Simone, c'est qu'il devait sacrément bien s'y connaitre en la matière, beaucoup plus que moi en tout cas. « Il y a une photo que j'aimerais poster, de Ranja... Mais mon iPad ne capte plus le net et mon ordinateur vient littéralement d'avaler la photo. » et c'était évidemment la dernière qu'il me restait d'elle, ce qui rendait le truc encore plus ironique. « Tu crois qu'il y aurait moyen de la récupérer ? »

La technologie et moi, ça faisait deux. Dès que je touchais un appareil, j'avais la nette impression que celui ci allait se mettre à griller. Je me souvenais encore de cette fois où tout gosse, j'avais voulu utiliser le four de ma mère, et qu'évidemment, celui avait lâché. Tout comme le grille pain. (...) Et le lave vaisselle. Ma mère pensait que j'avais des doigts maudits, ou quelque chose du genre, et j'avais fini par le croire. Aussi, lorsque j'avais emménagé un peu en dehors de San Francisco, j'avais pris soin de limiter les appareils électrique au maximum. Bon, premièrement parce que je n'avais pas les moyens, mais également parce que de toute façon, je savais plus ou moins que ça serait de l'argent gaspillé par les fenêtres. Non, je n'avais pas d'ordinateur, ni même de four, seule une plaque chauffante, et un micro-onde, et on pouvait dire que ça m'allait à merveille. Je m'étais acheté une télévision aussi, plus grosse que la plupart de celles que l'on retrouve dans les salons de nos jours, mais c'était celle avec le prix le plus bas que j'avais pu trouver sur le marché. Je n'étais pas certain qu'elle tiendrait longtemps vu son âge, mais c'était une excuse comme une autre pour me décharger de toutes critiques si jamais elle venait à me lâcher. Ça ne serait pour une fois pas de ma faute. Enfin, ma malédiction semblait me suivre partout où j'allais puisque même dans le nid, je me retrouvais une nouvelle fois avec des problèmes de matériel, l'ordinateur ayant plus ou moins aspiré la dernière photo de Ranja que j'avais prise, quelques jours avant son grand et inattendu départ. Heureusement pour moi, Lamine était passé par ici et autant vous dire que je le considérais presque comme un messie à cette heure précise. D'ailleurs, quand on le regardait un peu mieux, on pouvait légèrement voir la ressemblance, avec la petite barbichette et la chevelure. Oui, enfin, il ne devait juste pas ouvrir la bouche quoi. Dans tous les cas, il acceptait donc de m'aider, et je le guidais naturellement jusqu'à mon bourreau, tirant une chaise à côté pour qu'il s'assoit face à celui ci. Je tentais de suivre toutes ses actions, mais il fallait bien avouer que j'étais totalement largué. Lorsqu'il me parlait d'un "file recover" j'hochais la tête comme pour lui faire comprendre que je le suivais parfaitement, alors que ça n'était pas du tout le cas. Chacun avait son domaine de prédilection apparemment. « Merci encore, en tout cas. Tu as appris tout ça par toi même ? » j'avouais volontiers n'avoir jamais réellement prêté de temps à ce genre de machines, préférant me retrouver dehors plutôt que face un écran. D'autant plus que j'avais les yeux plutôt fragiles, alors ça n'arrangeait rien. C'est lorsqu'il me parla de Kira que mes sourcils se levèrent, légèrement surpris. « Kira ? Pourquoi aurais-je des photos de Kira ? » Enfin, oui, j'en avais très certainement mais... oh d'accord, c'était son partenaire, voilà pourquoi. Ça sentait le crépage de chignon cette histoire, hm. Cela dit, niveau chevelure, c'était peut-être lui le plus à plaindre dans l'histoire. « Et ça te gênerait ? » Il fallait peut-être lui demander sa bénédiction, ou quelque chose du genre, je n'étais pas bien au courant des coutumes de chacun. Enfin, ça n'était que des photos après tout. « Enfin... Tu préfèrerais que j'ai des photos de toi, c'est ça ? » Ou pas, hm, mais c'était une manière comme une autre de plaisanter, et après le choix d'Addil lors de la soirée précédente, je préférais m'amuser de la chose.

Les compétences de Lamine avaient de quoi m'impressionner, et je m'avancerais peut-être même en disant que je ne devais pas être le seul. Je ne comprenais d'ailleurs pour ainsi dire presque aucun des termes qu'il avait pu mentionner, ce qui traduisait en tous sens de l'écart de connaissances entre lui et moi. Pour autant, je comprenais plus ou moins la logique au fur et à mesure que je le voyais exécuter les actions. Je ne saurais évidemment pas les reproduire sans le moindre tutoriel mais il fallait bien avouer que j'étais plutôt fier d'avoir plus ou moins suivi jusqu'ici. Le français avait donc tout appris par lui même et mon visage devait très certainement traduire toute l'admiration que j'avais pour l'autodidacte. « Eh bien, t'as du mérite. » Je ne savais pas trop si ses compétences étaient souvent reconnues, ou si cela faisait de lui quelqu'un d'admirable dans notre société actuelle, mais si ça n'était pas le cas, il avait néanmoins la mienne d'admiration. « Je crois que je n'aurais pas la patience requise pour m'améliorer là dedans. » Clairement pas même. Et puis tout ce qui était numérique ne m'intéressait pas forcément, moi le manuel qui aimait sentir les matières sous ses doigts. Il me fallait du réel, du concret, mais je comprenais tout à fait l'intérêt du brun pour l'informatique. C'était simplement une autre dimension, et puis chacun était bien libre d'aimer faire des choses différentes. Encore heureux, d'ailleurs. Et puis, voilà qu'il me parlait de Kira. J'avais encore un peu de mal à saisir comment on en était arrivé à parler d'elle, et encore moins pourquoi elle était maintenant évoquée, mais je tentais de lui répondre le plus sincèrement possible. Autant vous dire qu'il enchainait les surprises ce garçon, puisqu'il disait maintenant qu'il pensait que j'étais intéressé, ou l'inverse. Je me demandais bien comment il avait réussi à récupérer toutes ces informations, ou ces bruits de couloir pour le coup. « T'as entendu ça où ? » Non parce que ça me surprenait tout de même, d'autant plus que je n'étais clairement pas du genre à me livrer à qui que ce soit, que ces faits soient vrais ou non. J'essayais tout de même de faire attention à mes mots puisqu'il était le partenaire de la blonde et que je n'avais aucunement envie de finir ma journée avec la moitié du visage violette. « Pas de photo osée, promis. » dis-je en levant en l'air, comme si ce geste suffisait à m'innocenter. Mais bon, ça n'était pas bien compliqué de savoir que je ne mentais pas, puisque je n'étais clairement pas du genre à m'amuser à prendre en photo tout ce qui pouvait me passer sous les yeux. C'était à peine si je savais en prendre. Bon, d'accord, j'exagère légèrement. Il me disait ensuite de respecter Kira, et je devais bien avouer ne pas trop comprendre où il pouvait bien en venir, puisqu'il ne me semblait pas avoir été irrespectueux avec elle comme avec un autre candidat, mais après tout, je me trompais peut-être. « Sans soucis. Mais je crois que tu te fais des films, il n'y a strictement rien entre nous. » Du moins, pas que je sache. Je n'étais pas franchement le genre de garçon à m'emballer pour une inconnue. Certes, lorsque je commençais à avoir des sentiments pour quelqu'un, ils devaient très forts presque instantanément, mais je ne pensais pas en être là avec elle comme avec une autre. Après quatre semaines de jeu, ça serait bien trop rapide. Ah, et voilà que ma photo renaissait de ses cendres, de quoi me faire tirer un sourire. « C'est bien elle, parfait. Aucune idée de comment tu as fait, mais merci, je t'en dois une. » repris-je en un hochement de tête. Je plaçais donc le fichier dans un coin du bureau histoire de ne plus le perdre avant d'avoir une nouvelle idée. « (...) Mais dis-moi, tu parlais de photos compromettantes tout à l'heure... » mes prunelles se reposèrent alors dans celles du candidat pendant que j'énonçais mon idée plus clairement « Vu que tout le monde a probablement du se connecter sur cet ordinateur un jour, tu crois qu'il y a moyen de savoir si certains se sont amusés à en prendre de nous ? » On ne sait jamais, ça pourrait être un bon moyen de les supprimer, ou de s'en amuser.