Adélie s'est levée avec cette boule au ventre, ce sentiment d'anxiété qui ne l'a pas quitté depuis le début de la journée. Elle s'en veut, aujourd'hui est un jour très spécial pour elle et la française sera absente pendant les festivités. Sa petite sœur vient d'avoir vingt ans, un cap qu'elle aurait aimé franchir avec elle. Au lieu de cela, elle est enfermée dans cet immense hôtel sans nouvelles de sa famille depuis près de deux mois maintenant, une éternité lorsqu'on savait qu'elle ne restait jamais sans nouvelle de ses proches plus de deux jours.  Les pitreries et autres sourires de ses camarades n'y faisaient rien, Adélie était d'humeur maussade et avait hâte que cette journée se termine pour laisser cette petite baisse de régime derrière elle. Désireuse de passer le plus de moment seule, elle avait opté pour la salle zen, son refuge depuis le début de l'aventure à chaque fois qu'elle se sentait défaillir. C'est que beaucoup de choses lui échappaient ici, elle avait parfois du mal à comprendre toutes les histoires qui se jouaient autour d'elle. La salle zen, elle s'y rendait beaucoup trop souvent, s'accrochant désespéramment à la seule chose simple de son aventure. Elle était peut être stupide de penser qu'un simple mur pouvait avoir un effet thérapeutique sur elle pourtant cette pièce était la seule où elle se sentait comme à la maison. Après de longues heures passées à lire un bon livre tout en observant les paysages qui défilaient sous ses yeux, la rouquine s'était enfin décidée à rejoindre sa chambre. Le moins qu'on puisse dire c'est que dans la suite Elvis elle ne risquait plus d'être dérangée par les autres candidats, ils n'étaient plus que trois à dormir dans leur jolie prison dorée. Simone ayant déménagée dans une autre chambre et Gigi partie pour dormir dans le lit de sa nouvelle partenaire, Sayid, Clarke et Adélie étaient les derniers occupants de la pièce. Pourtant ce soir, aucune trace de Sayid, seul Clarke était étendu sur leur lit n'ayant pas encore remarqué la présence de sa partenaire qui en profitait pour se faufiler dans l'obscurité afin de ne pas le réveiller. Grimpant sur le lit, la rouquine eut le loisir de constater que son partenaire ne dormait pas et se contentait de fixer le plafond comme il le fait si souvent. Il est si souvent dans la lune qu'elle a pris l'habitude d'initier un contact en physique entre eux pour qu'il remarque sa présence, elle prend l'initiative de poser une main sur son épaule, délicatement, pour que le retour sur la Terre ferme ne soit pas brutal. « C'est pas la joie aujourd'hui ». Elle déclare de sa voix maussade avant de commencer à entortiller une mèche de cheveux entre ses doigts. « Raconte moi quelque chose, n'importe quoi, un souvenir qui te rend heureux ». Elle enchaîne, enjoignant sa demande d'un sourire si maigre qu'on pourrait croire qu'elle se force. Ce qui est bien évidemment le cas puisqu'elle n'a aucunement envie de sourire aujourd'hui mais pour Clarke elle allait faire un effort. « C'est comment San Francisco ? Tu m'y emmèneras un jour ? ». Elle reprend sur une note un peu plus positive, elle est fatiguée de parler d'elle et elle veut qu'il lui parle de lui pour une fois.  

On ne pouvait pas dire qu'il restait grand monde dans notre chambre, les lieux s'étant considérablement vidés depuis quelques semaines, comme si la majorité des éliminés étaient désignés de par cet endroit. Ma partenaire et moi échappions pour le moment aux mauvais coups du sort, mais rien ne disait que nous nous en sortirions pour encore longtemps. En m'inscrivant à cette aventure, je n'aurais jamais parié en mes chances d'aller loin, ça me semblait même tout à fait illusoire à ce moment là. Pourtant, j'étais encore présent aujourd'hui, défendant ma place comme n'importe quel autre candidat, ce qui avait tendance à me rassurer quelque peu. Ce soir là, j'avais choisi d'aller me coucher plus tôt, tout en sachant pertinemment que quoi qu'il arrive, je ne serais pas en mesure de m'endormir avant quelques heures. Aussi je m'étais contenté d'observer le plafond en attendant que les minutes s'écoulent, totalement perdu dans mes pensées et faisant abstraction du monde qui m'entourait jusqu'à ce qu'une présence à mes côtés m'extirpe de mon monde, découvrant le beau visage de ma partenaire exprimant ce qui me semblait être de la lassitude. Et ses paroles ne tardèrent pas à confirmer mes pensées puisqu'elle soulignait le fait que ça n'était pas la joie aujourd'hui sans pour autant préciser de quoi elle pouvait bien parler. Je me disais que si elle souhaitait se confier, elle le ferait d'elle même. Enfin, elle savait que je n'étais pas du genre à pousser les gens pour qu'ils crachent leurs informations. Elle le ferait quand elle en ressentirait le besoin, voilà tout. Elle me demandait donc de lui racontait un souvenir heureux, alors que je me redressais légèrement, m'aidant à l'aide de mes coudes. « Hm... Je me souviens de la première fois où mon père m'a demandé de l'aide pour retaper sa vieille moto. Je n'y connaissais strictement rien, pourtant j'avais la nette impression qu'il m'avait donné une sorte de quête de la plus haute importance. » un léger sourire étira mes lèvres alors que mes yeux étaient plantés dans ceux de la jeune femme. « C'est la première fois que j'ai touché un outil de ma vie, je devais avoir... huit ans. Et c'est de là qu'est née ma passion pour le bricolage, voilà. » inutile de rentrer dans les détails, mes paroles résumant à la perfection mes pensées. Et puis elle en venait à me demander comme est San Francisco. « Bien sûr. » lui répondis-je lorsqu'elle précisa son désir que je l'y emmène un jour. « C'est assez grand, il y a pas mal de monde d'ailleurs. J'habite un peu en dehors de la ville, préférant ne pas trop me mélanger au reste des gens, quitte à faire un peu plus de chemin. Mais c'est assez agréable par là bas, pas forcément l'endroit où j'aurais rêvé de vivre mais je m'y suis fait. » Comme toujours. « C'est aussi beau qu'on le dit, la France ? » Tout le monde vantait ce pays, et pour tout vous dire, je n'y avais jamais mis les pieds.

 Elle n'est pas surprise de retrouver Clarke étendu dans leur lit, le regard vide mais l'esprit ailleurs à des milliers de kilomètres d'ici probablement. Ce qui peut paraître curieux pour la plupart des candidats est devenu une habitude pour la française qui sait que son partenaire peut passer des heures à fixer le plafond de la chambre sans bouger ni même dire un mot. Clarke est un éternel rêveur, un astronaute déchiré entre le royaume de ses pensées et la terre ferme, elle a appris à respecter ses silences et ses moments d’égarements. Elle hésite tout de même à sortir son partenaire de son état de contemplation nocturne mais elle ne supporte pas l'idée de s'endormir d'humeur maussade et a grandement besoin de lui pour lui remonter le moral. Dans ce genre de moment, seul un contact physique permet de reconnecter Clarke au monde réel. La jeune femme pose donc une main protectrice sur son épaule, son geste a l'effet escompté. Lorsqu'elle lui demande de lui raconter un souvenir heureux, le jeune homme se redresse sur ses coudes et accèdes à sa requête. Il évoque alors son père et ses premiers pas dans le monde du bricolage, un souvenir très personnel et marquant puisqu'il a décidé d'en faire son métier par la suite. Elle ne peut pas s'empêcher d’imaginer le petit Clarke du haut de ses huit ans, face à cet engin à retaper bien trop grand pour lui, une clé à molette dans sa main droite et du cambouis sur la joue. « Merci ». Elle souffle, gratifiant le jeune homme d'un sourire sincère. Mine de rien, s'intéresser aux autres, savoir ce qui les rend heureux à un effet plus que positif sur elle. La jeune femme se permet d'évoquer San Francisco exprimant son désir de s'y rendre un jour pour lui et pour découvrir cette ville qu'il lui décrit comme une métropole immense et très peuplée bien loin de tout ce qu'elle a connu. Tout ce qu'elle retient c'est qu'il accepte de l'y emmener un jour, une perspective qui suffit à lui réchauffer le cœur. « Je veux tout voir. Le zoo, tes amis les animaux, le Golden Gate, Alcatraz et même la maison des sœurs Halliwell de Charmed si elle existe vraiment. ». Elle n'est pas vraiment sûre d'elle pour la dernière proposition mais si Clarke compte lui faire visiter sa ville il allait devoir la balader aux quatre coins de la ville pour assouvir  ses désirs de découvertes. « Où est-ce que tu rêvais de vivre ? ». Elle demande rebondissant sur le fait qu'il avait dit s'être habitué à San Francisco et ce même si ce n'est pas l'endroit où il rêvait d'habiter. Il finit par évoquer la France se demandant si son pays est aussi beau que ce que tout le monde disait. « Tu n'as même pas idée. C'est très petit comparé aux Etats-Unis mais le pays n'en est pas moins merveilleux. Un jour tu peux te retrouver au sommet de la Tour Eiffel à flâner dans Paris, le lendemain tu peux te réveiller les pieds dans l'eau face aux falaises de Normandie. La campagne et ses plaines qui s'étendent à perte de vue, les plages du Sud et puis les montagnes Clarke, c'est sûrement le plus beau. ». Elle répond d'une voix empreinte de nostalgie en évoquant ces paysages qui ont marqué sa vie et qui lui manquent terriblement parfois. Los Angeles n'avait rien à voir avec le charme authentique et parfois rustique de son pays, elle savait que certaines régions sur le territoire américain valaient le détour mais elle avait l'intime conviction qu'elle ne pourrait jamais s'épanouir dans une ville aussi immense que Los Angeles. « C'est un pays à voir, et pas seulement pour sa capitale. D'ailleurs je suis sûre que mes parents se sont déjà préparés à te rencontrer. Ne me regarde pas comme ça, ils doivent t'adorer surtout quand ils voient à quel point tu t'occupes bien de leur fille chérie. Je suis sûre que ma sœur est déjà amoureuse de toi, je vais devoir la calmer. ». Elle poursuit d'un ton enjouée, Adélie est bien mignonne à faire des plans sur la comète mais elle connaît trop bien sa famille pour les imaginer réagir autrement. « Arrête moi surtout si je parle trop ». Elle a tendance à s'emballer très vite, elle est même parfois difficile à suivre et à s'arrêter une fois qu'elle est lancée ce qui peut devenir vite pénible elle en a conscience..