@Gael x Owen venait de finir un café tiède, avec une grimace. Il est trop précieux pour les cafés de mauvaise qualité. Il est presque cinq heures de l’après-midi, et le chat est à côté de lui en train de le fixer, d’un air mauvais… Owen a le plaisir de tomber sur une espèce de salle de sport, couvert d’un grand miroir mural. Le pied, le bonheur suprême pour lui : s’admirer des heures durant en pratiquant la troisième chose qu’il préfère. Le sport. Après l’astronomie et son narcissisme. Pas un narcissisme méchant : il sait être ouvert aux autres. Mais pas à lui. En se regardant dans le miroir, il voit le chat, toujours en train de le fixer. Avec ce même air qu’il a adopté la première fois qu’il l’a vu approcher Moïra. Le chat. Il ne faut pas l’oublier celui-là et encore moins celle qui l’a gagné : Moïra ! Putain ! Enfin non, Moïra n’est absolument pas une putain, il sait de quoi il parle. C’est la situation, la putain. Ce n’est pas qu’il déteste les animaux, au contraire. C’est simplement qu’un sphynx, comme beaucoup de gens, il déteste ça. Caresser un animal sans poil c’est –dans sa tête - exactement comme s’il caressait une Moïra couverte de poils de la tête aux pieds. C’est dégueulasse. À cette pensée, un frisson le prend. Dans la salle de sport, il était presque six heures du soir…. À présent, il entre dans une espèce de jardin d’hivers. Au loin il perçoit une présence et, peu farouche, il s’approche rapidement. Entendant le clapotis il pourrait très bien se retourner, mais il préfère pourtant se concentrer sur la jeune femme. « Qu’est-ce qu’on fait ici toute seule ? Passionnée de botanique ? » Il demande. Mais c’est plus fort que lui. « Ne me demande surtout pas pourquoi il me suit… Il me déteste pourtant. » Il jette discrètement sa tête en arrière. Lui il le déteste encore plus. Ca ne fait quelques jours qu’ils sont là, lui le chat et lui Owen, et déjà une rivalité existe entre eux. Il l’a dit durant son casting, qu’il n’avait pas peur du ridicule : donc oui il est en rivalité avec un chat quoi.

Gael est assise depuis quelques minutes, dans le salon, quand deux candidats arrivent et commencent à faire pas mal de bruits. Vu qu’elle a un peu mal à la tête, elle se lève sans rien dire et emporte l’iPad qu’on lui a fournit avec elle. La belle visite, elle aime bien tout voir, et puis elle finit par se poser dans une espèce de véranda agrémentée de fleurs. Les fleurs, elle les aime bien comme ça : dans la terre. Une fois qu’elles sont coupées, elle ne les aime plus. Elles meurent vite et, en plus, ça finit par puer. La brune n’a jamais été de ces femmes qui aiment qu’on leur offre des fleurs. Tant qu’à faire, elle préfère des chocolats ou une bouteille de vin à boire à deux… Ou des bougies, elle aime bien les bougies, et ça sent bon aussi. Elle en a plein, chez elle, dans une armoire. C’est pratique quand il y a une coupure de courant dans l’immeuble. Finalement, Gael tire une chaise à elle et s’installe dessus, les pieds sur celle d’en face, elle joue à un jeu à la con sur son iPad, quand un candidat entre. « Pas vraiment, mais les fleurs ne crient pas. » réplique-t-elle en levant les yeux pour les poser sur le roux. « Et toi ? Passionné de botanique ? » Après quoi, elle posa son regard sur le chat et a une légère grimace. « A mon avis, les poils étaient hors budget. » Bien sûr, Fake Lover était une émission regardée dans le monde, ils avaient surement un budget très restreint.

Owen sait faire la conversation, de partir d’une base de rien et en faire tout un débat s’il le fallait. Par exemple, il ferait bien un scandale sur le chat qui le suit depuis tout à l’heure et qui le dégoûte en tout point, tout ça parce qu’il est jaloux. Il ne le fera pas. Il épargnera la brune de cette futilité, l’abordant tout d’abord d’une tout autre manière. « Tu recherches la tranquillité alors… Dommage. » Il dit ça en rigolant, mais avec une pointe de sérieux. Il ne comptait pas s’en aller en fait et espérait bien que sa compagnie n’allait pas le bouder pour ça. Il faut bien entamer des discussions, apprendre à se connaître les uns, les autres. Quoi de mieux donc que les fleurs, dont ils sont entourés. « Non pas vraiment. Je laisse ça à l’autre. » Un sourire. Il se permet d’appeler Moïra ainsi quand elle n’est pas dans les parages, elle déteste ça. Tout ce qu’elle déteste, aussi… Le commentaire de la brune sur le chat la fait sourire. Pendant de longues secondes, il contemple le chat hostile à sa présence. Avant de répliquer. « Toi non plus tu n’aimes pas ça… Je te le dis et je sais absolument de quoi je parle : les sphynx, c’est les roux des chats ! » Une mine faussement outré. Autrement dit personne ne les aime ou très peu. Owen n’a jamais vu quelqu’un s’extasié sur un chat sans poil, le trouvant aussi craquant qu’un chat dit « normal ». Pas plus que l’on s’est extasié sur lui lorsqu’il était gosse, tout frisé, tout roux. On pourrait croire qu’en Irlande c’est mieux qu’ailleurs, pas forcément. C’est avec le temps qu’il a su se faire apprécier comme ça. Et qu’il s’est aimé comme ça. Il s’aime tant d’ailleurs, que son regard se perd dans le moindre de ses reflets. Avant de porter à nouveau son attention sur la jeune femme à qui il tend sa main. « Owen. »

Gael avait bien compris que, pour la tranquillité, elle repasserait. Ceci dit, discuter avec ce candidat ne la dérangeait pas. Il fallait bien qu’elle fasse connaissance, non ? Surtout si elle voulait rester dans ce jeu, ce qui était le cas. Elle appuya alors sur le bouton pour éteindre sa tablette, et la posa sur la table, signe qu’elle était totalement à son écoute. « Ca ne me dérange pas que tu restes, au contraire ! » Elle commençait à un peu s’ennuyer, donc qu’il lui tienne compagnie, c’était plutôt cool. « L’autre… Oh, tu veux dire, ta femme ? » Enfin, elle ne sait pas si ils sont mariés ou juste en couple, en fait. Gael eut un rire à la réflexion d’Owen. « C’est peut être pour ça qu’il te colle : il se dit que toi, tu le comprendras ! » Elle a toujours ce sourire amusé accroché au bout de ses lèvres, alors qu’il se présente quelques secondes plus tard. Il faut dire qu’avec les abysses et qui est entré dans le jeu ou pas, Gael est un peu confuse. Elle est contente qu’il se présente. « Enchanté. Moi c’est Gael. » Elle retire ses jambes de la chaise en face d’elle, et les plie en tailleur sur sa chaise – heureusement plutôt large – à la place. Désormais, si il veut, il peut s’installer en face d’elle. Quoi qu’il n’y a pas que deux chaises, non plus…

La brune accepte sa présence, ce qu’il accueille avec un large sourire. Il se verrait mal de se voir refouler, alors qu’il n’a rien fait de plus que de lui parler. Juste parler. De plantes, puisqu’ils en sont entourés. Il sourit amusé. « Ouai. Elle est architecte-paysagiste. Elle aime bien ça, moi mettre mes mains dans la terre… » Il grimace. Il est dégoûté rien qu’à en parler, tout simplement parce qu’il pense aux vers grouillants et aux excréments d’animaux sauvages. C’est une petite nature. « On n’est pas mariés, par contre. » Il tient à le préciser. Un autre échec à son actif, sur lequel il ne voudrait s’étendre. Par contre, celui d’éloigner le chat n’est pas aussi tabou. « Ca pourrait être une bonne explication effectivement, mais je me suis bonifié avec le temps ! » Un auto-compliment au passage. Un sourire avec. Le pire, c’est qu’il n’a pas tout à fait tort : il n’est plus petit, maigrichon et d’un roux trop éclatant pour être considéré comme beau. « Lui sera toujours moche, le pauvre. Et l’explication est plus rationnelle : il déteste que j’approche Moira. » Le fourbe. En quelques jours, il s’est déjà trop attaché à elle alors il n’ose pas imaginer dans un mois – s’ils sont encore présents – comment cela se présenterait. Passant d’un animal qu’il préfère oublier, à un autre qui se présente : il gagne au change. Gael. Il s’assoit avec un sourire enchanté. Pour ne pas se répéter. Mais à peine s’est-il installé en face d’elle, qu’une musique raisonne. Il peut bien l’avouer sans soucis : il n’a suivi le prime que d’une seule oreille, mais il connait l’émission. Il regarde Gael – puisqu’il connait son prénom à présent – avec amusement, avant d’avaler légèrement sa salive. Il croit bien comprendre ce que cette musique signifie et n’est pas forcément heureux de devoir appliquer la règle : pour autant il ne chipote pas. Pour un peu d’argent, qu’est-ce qu’il ne fera pas… En vérité, il ne ferait pas grand-chose. Il n’est pas du genre vaillant. Pas non plus quand il sait que sa « petite-amie » le verra embrasser une autre, mais elle sait qu’il s’agit de l’aventure. Passage obligé. Il passe au-dessus alors de la table, ses mains appuyées contre celle-ci pour atteindre les lèvres de Gael. Deux secondes, tout au plus. « C’est pas contre toi, tu te doutes… » Qu’il sort, expliquant la rapidité de ce geste. « Maintenant qu’on se connait mieux : je peux savoir pourquoi tu es là ? Dans le jeu, je veux dire ? »