Ce n'était pas chose rare chez Lawrence que de le voir sauter un repas simplement parce qu'il était trop pris dans ce qu'il faisait pour faire attention à l'heure, et finalement il en oubliait donc de manger. Sa secrétaire le sermonnait souvent en lui disant qu'il travaillait trop et bien que cela ne l'ait jamais empêché de continuer dans cette voie il aurait eu tendance à admettre que c'était effectivement le cas ... Mais aujourd'hui il venait d'oublier le repas de midi, aussi, et on ne pouvait pourtant pas dire qu'il croulait sous le travail à l'intérieur du nid. Et puisqu'il était déjà seize heures tenter de se préparer un véritable repas - ce qui avec ses maigres connaissances en matière de cuisine était déjà incongru - devenait parfaitement inutile, aussi Lawrence s'était-il contenté comme souvent d'attraper un fruit dans la corbeille de la cuisine et avait gagné le salon, enfonçant son ongle dans la clémentine pour en dévoiler l'odeur et commencer à l'éplucher. Mais pour ce qui était de l'odeur, c'était une autre familière qui était venue chatouiller ses narines, provoquant un froncement de sourcils chez le barbu tandis que se tournant de trois quart il avait découvert ... un sapin. Un sapin presque aussi grand que ceux qui trônaient généralement dans le salon du ranch de Pasadena lorsqu'il était enfant. Sans aucune décoration, certes, mais de l'avis de Lawrence l'odeur à elle seule valait bien toutes les décorations. La voix de Lino l'ayant fait sursauter il s'était retourné vers lui, lui serrant la main à son tour avant de hausser les épaules « Je ne sais pas, je viens tout juste de le remarquer. » Mais probablement pas longtemps, il lui semblait bien ne pas l'avoir vu ce matin lorsqu'il était allé prendre son petit déjeuner sur le patio après être revenu de la salle de sport. Un peu surpris d'entendre le candidat évoquer sa fille par la suite, puisque de son côté il devait avouer ne presque rien connaître de Lino, il avait néanmoins acquiescé d'un signe de tête pour valider ce fait, et cru déceler une pointe de lassitude dans la voix du jeune homme tandis qu'il évoquait la difficulté à être loin de ses proches durant une telle période de l'année. « Tu as l'habitude de fêter Noël avec les tiens ? » lui avait-il finalement demandé avec curiosité, parce que si la réponse pouvait sembler couler de source pour d'autres elle ne coulait pas de source pour Lawrence. Noël n'avait pas toujours la même valeur et les mêmes souvenirs d'une personne à l'autre. « A quoi ressemble ta famille ? » Il était curieux, il était certain que c'était une bonne manière d'en apprendre plus sur quelqu'un. Et puis Lawrence n'avait pas vécu dans un modèle familial que l'on appelait classique, alors il était toujours un peu envieux de ceux qui pouvaient se vanter de passer Noël entourés de parents, de frères et soeurs, de cousins, d'oncles et de tantes, et de tout ce qui s'en suivait. Il avait cette vision un peu clichée de la grande famille bruyante mais attachante.