EVERYBODY NEEDS
SOMEBODY TO LOVE
@jade

Sans jamais avoir été tournée vers le paranormal, Khadija n'a pas non plus viré cartésienne. Elle accepte qu'il puisse exister un inconnu, de nombreuses choses qui nous échappent et vivent leur vie parallèlement à la notre. Nous ne pouvons pas tout connaître, ce serait d'un culturo-centrisme ridicule que de l'imaginer. Elle s'attend donc, calmement, à ce que peut-être certaines de ses affaires disparaissent. Auquel cas elle patientera, en portera d'autres, jusqu'à ce qu'elles reviennent. Si elles ne reviennent pas, alors elle partira à leur recherche. Mais pour l'instant, ses tenues sont encore là. Elle a la chance d'avoir hérité d'un assez grand espace, pour y entreposer ses robes, ses jupes, ses jeans, pantalons, hauts, et en bas, toutes ses chaussures. Depuis qu'elle est mannequin, elle se trimballe une imposante valise de fringues, servant notamment à faire de la publicité à certains créateurs (messages de ses bookeuses : aujourd'hui, met tel créateur, demain, met telle créatrice), pour augmenter ses contrats. On lui offre la plupart de ses tenues, l'agence les lui donne, bref, elle n'achète plus rien en matière de vêtements et chaussures depuis quelques années. Ce matin, elle observe ses vêtements dans l'idée de composer à l'avance quelques ensembles, histoire de ne pas avoir à le faire au dernier moment. Ceci pour demain soir, ça pour dimanche... La porte du dressing s'ouvre et, s'attendant autant à rencontrer un candidat qu'un fantôme de mamie, elle tourne la tête pour apercevoir Jade. Immédiatement, elle oscille entre le sourire et le léger froncement de sourcils. — Salut ma belle. Tu as perdu Scarlett ? Elle imagine directement que c'est peut-être pour trouver sa sœur que Jade est venue la trouver elle. Auquel cas, elle répondra présente quoi qu'il en soit pour partir à la recherche d'une Scarlett disparue.

Il y a une sorte de lassitude dans la voix et le regard de Jade lorsque Khadija lui pose une question sur Scarlett. Elle regarde longuement la rousse et, doucement, comprenant la situation, soupire légèrement. — Excuse-moi. Tu dois en avoir marre. Elle le sait, elle le reconnaît. Elle aussi, elle est victime de la symbiose que les deux sœurs leur imposent à tous. Elles sont presque toujours ensemble, se cherchent du regard, se collent, s'embrassent les joues, le front, ont peur de se perdre l'une l'autre... L'esprit de Khadi est lui aussi emprisonné par ce duo, tant bien qu'il finit par devenir difficile de ne pas penser l'une sans l'autre. C'est pourtant ce qu'il faut arriver à faire. Elle voulait surtout pouvoir aider Jade à trouver Scarlett si jamais celle-ci était inquiète de ne pas la trouver. Jade précise qu'elle veut simplement s'habiller. Concluant qu'elle souhaite peut-être mettre fin à la discussion, Khadija reprend son examen détaillé de ses vêtements et laisse Jade s'occuper d'elle. Ce n'est que lorsque Jade lui parle de nouveau qu'elle se tourne vers elle. — Je trie mes tenues pour ne pas avoir à décider de comment m'habiller à la dernière minute, répond-elle, tout en sachant parfaitement que ce serait un désastre de la laisser improviser avec des fringues. Jade, elle, est toujours sexy mais jolie, jamais vulgaire. — J'aime bien ta façon désinvolte de t'habiller, tu sais comment te mettre en valeur, apprécie-t-elle en observant le petit haut blanc moulant que Jade vient de poser sur son corps mince, honorant ses petits seins fermes et son ventre plat. Inutilement peut-être, elle désigne d'un geste vague son propre dressing. — Si jamais tu veux un peu de nouveauté, tu peux venir piocher ici quand tu veux. Et sans me demander avant, elle ajoute comme une évidence dans un sourire. Elle n'est pas matérialiste.