Il pleut cet après-midi, Gio a l'habitude de la pluie, il est britannique après tout, c'est pas rare qu'il pleuve pendant une semaine d'affilée sur l'île ; et pourtant, ça l'agace d'être coincé à l'intérieur alors qu'il est -grosso modo- en vacances dans un petit paradis. Installé sur un des fauteuils il lit distraitement un livre sur le shenisme, une des religions les plus importantes en Chine, ça lui permet de mieux comprendre les lieux, une façon pour lui d'essayer de détecter des détails qui échapperait à l'oeil non-averti d'une personne qui ne connaîtrait rien de la religion populaire chinoise. Après tout, ça ne serait pas la première fois que la production cache des indices dans le décor, des indices sur les secrets des autres candidats ou encore sur la position des diamants. Gio doit réécouter les consignes de la chasse aux diamants parce qu'il aimerait bien en trouver un, un diamant et un secret et il serait satisfait. Quelqu'un approche et Gio lève la tête et découvre un gars tatoué dont il a oublié le nom. « Salut » fait-il en fermant son livre pour tourner son attention vers le nouvel arrivant. « Gio, » précise-t-il au cas où l'autre candidat aurait lui aussi oublié, c'est pas très drôle de se présenter à des gens plusieurs fois par jour pendant plusieurs jours mais Gio comprend que ce soit nécessaire. « On tourne un peu en rond quand il fait aussi moche dehors... » commente-t-il conscient qu'il y a largement de quoi s'occuper à l'intérieur, mais Gio souffre du mal du siècle, cette envie d'avoir ce qu'on ne peut obtenir, là, maintenant tout ce qui lui fait envie c'est une balade autour du lac. Tant pis, il fera ça demain.

« C'est toi l'auteur, non ? » demande Gio parce qu'il lui semble avoir compris qu'Ulises avait écrit un roman avant d'entrer dans le nid et que Gio adore bouquiner et qu'il serait intéressé de voir le genre de littérature que l'autre candidat produit. Parce qu'il doit bien l'avouer, c'est un cliché, mais lorsqu'il visualise un auteur dans sa tête, ce n'est pas l'image d'Ulises qui lui vient. Il est trop jeune, trop tendance, trop beau aussi peut-être, pour coller à l'idée populaire de ce qu'est un auteur. Mais c'est aussi ça qui est beau dans la diversité que de nouveaux visages apparaissent et redéfinissent l'image que les gens se font d'une profession. Ulises lui demande ce qui l'empêche de faire ce qu'il veut et Gio est un peu décontenancé par la question parce qu'il n'y a pas vraiment pensé, c'est juste une sorte de réflexe.« Pas grand chose, mais j'ai tendance à tomber malade facilement alors j'préfère pas tenter le diable, être malade la première semaine ça serait vraiment la lose. » dit-il sans élaborer parce qu'il est sûr qu'Ulises se fout royalement de ses antécédents médicaux et du fait qu'il ne va pas marcher sous la pluie pour pas être cloué au lit ou courir sous la pluie parce qu'il a peur de se casser un truc et de passer la moitié de l'aventure avec un plâtre ou autre. Puis décidant que ce sujet de conversation ne les mènera pas loin, Gio décide de parler de la seul chose qu'il est certain qu'ils ont en commun :  « L'aventure est à la hauteur de tes espérances pour le moment ? » Ok, c'est pas super original, mais Gio il est bon pour faire la conversation une fois qu'il a appris à connaître les gens et qu'il sait quels sujets les intéressent et qu'il peut adapter son discours. C'est pas un mec sociable né, pour lui ça demande du travail de vivre en groupe, alors il fait ce qu'il sait faire de mieux, il montre qu'il s'intéresse au ressenti des gens et qu'il essaie. Si pour Pierre de Coubertin l'important c'était de participer, pour Gio, l'important c'est de faire l'effort.