Le prime était terminé. Et malgré les attentes, il n'avait pas été si mouvementé. A part quelques coups de gueules ci-et-là, la soirée avait été calme. Catalina avait trainé un peu n'importe où dans l'hôtel, vagabondant au grès de ses envies. C'est seulement après avoir pris une bonne douche, s'être brossé les dents et avoir enfilé son pyjama qu'elle alla en direction de son lit, qui, d'ailleurs, se trouvait dans l'autre chambre maintenant. Elle se demandait à quoi cela pouvait bien servir de les changer de chambre, puisqu'ils étaient déjà tous les deux dans la même auparavant, mais soit...

En arrivant près du lit, elle aperçu une silhouette sous les couvertures et se douta sans trop de difficultés que c'était son nouveau partenaire, Samuel. Décidément casse-pied ce soir-là, elle tira d'un grand coup sec sur la couverture, principalement dans l'idée de l'embêter, bien que ce geste pourrait très bien se révéler anodin. Après tout, chacun défait le lit à sa façon pour ensuite s'installer dedans, n'est-ce pas ? Sauf qu'elle n'avait visiblement pas mesuré sa force, si bien que la couverture s'échappa un peu trop loin, laissant une partie du corps du jeune homme à découvert. Assez pour se rendre compte qu'il était nu.
Tout aussi soudainement et sans perdre une seconde, elle refit le même mouvement, dans l'autre sens cette fois, n'ayant pas spécialement envie d'en découvrir plus de lui dans l'immédiat. « Samuel ? » l'appela-t-elle, en essayant d'adopter un air simple et gentil. « Si tu vas pas enfiler un boxer, un bas de pyjama, une feuille de journal ou de la peau de dromadaire si ça te fait plaisir, je te jure que je te coupe tout ce qui dépasse pendant la nuit. » lança-t-elle alors, tranchante. Puisqu'il était hors de question qu'il reste nu. Après l'incident de la première semaine, elle voyait très bien comment les choses pourraient déraper, avec lui et ses pulsions sexuelles. Et elle préférait éviter.

Catalina esquissa un rire face aux paroles du jeune homme. Rire qui se révélait totalement faux, puisqu'elle ne trouvait pas la situation risible, du tout. « Waouh, t'es drôle. » lança-t-elle sarcastique pour bien souligner qu'elle n'était pas réellement amusée.
Elle reprit rapidement son sérieux et lui lança : « Faisons un petit travail d'imagination. Le thème ? « Comment cette nuit pourrait se dérouler. » » Dans l'idée d'être provocatrice au possible, elle s'allongea sur le lit, perpendiculairement à lui, sa tête arrivant plus ou moins à hauteur de la sienne, tout en laissant une « distance de sécurité » entre eux. Elle avança son bras et l'un de ses doigts commença à se balader sur le torse du jeune homme. Tout en continuant cette caresse, elle commença à parler. « Situation n°1 : tu es sage et tu vas enfiler quelque chose. N'importe quoi tant que tu restes pas nu. On dort ensemble, tout se passe bien et tu pourrais même avoir droit à un baiser pour te récompenser. » Un sourire plus tard, elle continua. « Situation n°2. Tu restes nu, je décide de passer outre ce détail et de rentrer dans le lit malgré tout. Sauf que je sens rapidement quelque chose de dur contre mes fesses et décide de crier au viol. J'appelle les autres hommes de cette maison, qui décident de te casser la gueule pour sauver mon honneur, en grand gentlemen qu'ils sont. Et plus jamais, jamais, tu ne pourras m'approcher à moins de cinquante mètres. » Après un petit sourire qui voulait dire « dommage », elle décida de rendre sa caresse plus insistante encore, utilisant délicatement sa main entière. « Ou bien, dernière situation. Tu joues au rebelle et tu refuses de t'habiller. Ayant de bonnes relations dans cette maison, je vais réveiller un couple solidaire à ma cause et le jeune homme, gentleman à ses heures perdues, accepte mon deal. Il dort avec toi, pendant que je dormirais avec la demoiselle. Et pour bien te montrer ce que tu manques à dormir avec un homme alors que tu aurais pu dormir avec moi, je ferais des cochonneries avec la demoiselle. Des trucs vraiment très cochons. Que tu regretterais toute ta vie de ne pas m'avoir fait. » Elle leva les yeux vers lui, arrêta sa main et lui sourit. Elle lui fit des yeux de chiens battus, qui la rendait totalement irrésistible, comme si elle ne venait absolument pas de le menacer. « Alors, tu choisis quoi ? »

« Mes chastes yeux ! » pesta-t-elle en le voyant se lever, la laissant entrevoir tout ce qu'elle n'avait pas vu auparavant. Elle exagérait bien sûr, mais elle aimait énormément être comme ça avec lui. Le mener à la baguette, obtenir ce qu'elle voulait et ne pas arrêter de faire sa garce pour autant. Elle était souvent comme ça avec tout le monde. Cependant, connaissant le fort caractère du jeune homme, elle savait bien que ça finirait par faire des étincelles. Pas que c'était ce qu'elle cherchait, bien sûr.
Pendant qu'il cherchait un vêtement à mettre, elle s'installa dans le lit, prenant toute la place dont elle avait besoin. Il revint, s'habilla et d'un ton qui, il faut le dire, l'étonna, il lui demanda si elle était satisfaite. Préférant garder pour elle la surprise que lui inspirait ce ton, elle lui fit un grand sourire et murmura « Extrêmement satisfaite, oui. ». Il lui tourna le dos et elle fit de même, réfléchissant quelques secondes. La façon, dont il avait parlé, devait forcément cacher quelque chose. Et elle préférait que ça soit ça, sinon, ça voudrait dire qu'elle s'était trompée sur son compte et ça en serait réellement décevant. « Je te préviens, si tu veux bouder, tu vas ailleurs. » souffla-t-elle, en ayant l'air toujours aussi indifférente. S'il s'attendait à ce qu'elle lui court après, eh bien, il pouvait toujours courir. Elle était insensible, totalement. Rien – ou du moins, que très peu de choses – ne pouvait la toucher. Et puis, leur relation se basait justement sur le fait qu'ils avaient, tout deux, un fort caractère.

Réagissant à ses paroles, Samuel arrêta de faire la tête et se retourna vers la demoiselle. Intriguée, elle en fit de même. Il attrapa gentiment sa main et semblait bien décidé à obtenir ce qu'il voulait d'une autre façon. Cette fois-ci, il misa tout sur son charme. Est-ce qu'elle oserait le jeter ? Probablement, oui. Il ne fallait jamais la sous-estimer, cette petite blonde, elle pourrait en surprendre plus d'un. Par conséquent, il y avait de grandes chances pour qu'elle lui demande de dégager sans aucun scrupule. Toutefois, amusée par son petit jeu, elle ne fit qu'un sourire, plein de sous-entendus, qui devait le guider vers le « oui, sans aucun doute » à sa question.
Puis il continua, déposa un baiser sur le bras de la jeune femme, avant de lui demander celui qu'elle lui avait promis s'il s'habillait. Son sourire s'élargit un peu plus. Elle se rapprocha doucement de lui, plongeant ses iris dans les siennes, ne le quittant pas des yeux une seule seconde. Elle récupéra alors sa main et la posa sur la joue de Samuel, caressant tendrement sa peau. Elle commença à approcher ses lèvres des siennes, sans brusquer les choses, laissant l'action se faire d'elle-même. Elle pouvait sentir son souffle chaud sur elle et s'arrêta alors d'avancer vers lui. Comme si elle voulait qu'il brise les quelques millimètres, qui les séparaient l'un de l'autre. Elle laissa cet instant durer, assez pour qu'il comprenne qu'il n'allait rien se passer ce soir. « Peut-être une autre fois. » chuchota-t-elle. S'il voulait jouer à ce jeu là, elle pouvait aussi. Et quelque chose lui disait qu'il craquerait en premier. Il devrait toujours lui courir après, parce qu'elle n'allait très certainement pas le faire. S'il voulait quoi que ce soit de sa part, il n'avait qu'à se donner les moyens de l'obtenir. Catalina n'est pas le genre de fille facile qui va coucher avec n'importe qui sous prétexte qu'on lui a sorti deux phrases de flirt pourri. Il faudrait suffisamment la charmer pour qu'elle finisse par en avoir quelque chose à faire. Et ce n'était pas une tâche simple.
Elle roula sur le côté et reprit la place qu'elle occupait précédemment, s'éloignant du jeune homme. « C'est vraiment simple de te résister. » constata-t-elle pour le provoquer.

Elle savait bien qu'un énième refus de sa part allait le vexer, ou l'énerver ou avoir une quelconque réaction sur lui. Elle avait bien compris qu'il était le genre d'homme irrésistible, qui obtient tout ce qu'il veut de jeunes femmes, rien qu'avec un sourire. Elle aurait sans doute succomber aussi, si elle avait été comme toutes les autres. Mais comme il venait de le souligner, ce n'était pas le cas. Elle n'était pas une énième donzelle, avide de sexe. Elle n'était pas comme ça. Elle sourit tout le temps de son petit discours, imperturbable. « Très bien. Tu me diras laquelle est la plus facile du lot, hein ? » qu'elle lui lança une fois qu'elle fût certaine qu'il avait terminé. S'il voulait aller voir une fille facile, il pouvait, elle s'en fichait. Elle n'éprouverait aucune jalousie, aucune.

Lui tournant le dos à nouveau, il lui lança une pique, qui la fit réagir intérieurement. Il venait de l'accuser de n'avoir aucune parole, de briser ses promesses. Elle garda son calme pour décider comment elle allait bien pouvoir lui répondre. Elle ne devait pas s'énerver face à cela, ça ne lui ressemblerait pas. Cependant, elle ressentit une once de colère à son égard puisqu'il venait de faire ressortir la culpabilité, qui la rongeait de l'intérieur. Elle s'approcha de lui, sans aucune arrière pensée ou intention de lui refaire le même coup que précédemment. Cat' voulait lui confier quelque chose, sans que personne d'autre n'entende. Alors, elle approcha ses lèvres de son oreille et commença à chuchoter. « Chaque jour qui passe, je fais en sorte de garder mes promesses intactes, je fais tout pour ne pas les briser. Mais à toi Samuel, je ne te dois rien du tout. Et je pourrais te faire des dizaines de promesses que je briserais sans le moindre scrupule, parce que ça ne représentera rien pour moi. Alors, si ton but est qu'on s'envoie en l'air. Tu peux oublier, ça n'arrivera pas. Ça ne dépassera jamais le jeu. Il y aura peut-être quelques baisers par-ci, par-là, mais c'est tout. Et si tu ne veux pas me courir après, eh bien, tant pis, ne me cours pas après. Saches juste que je ne le ferrais pas non plus. Je serais toujours hors de portée pour toi. Je te repousserais jusqu'au jour où tu en auras marre. Je ne suis pas le genre de fille à qui il faut s'attacher. Alors soyons bien d'accord sur le fait que ce n'est qu'un jeu. » Elle s'étonna elle-même de voir que c'était les seules paroles sincères qu'elle avait pu dire depuis le début de l'aventure.
La jeune femme déposa un simple baiser sur la joue de Samuel, puis retourna de son côté du lit, avec l'horrible impression qu'on avait volé un bout de sa carapace.