EMRYS & CASTIELL

La gentille et serviable candidate que j'étais c'était de nouveau proposé pour aller chercher une bouteille dans la cave, à croire que je ne pensais pas plus à moi qu'aux autres, en fait.. En plus, j'avais peur de descendre seule en bas. C'était con à dire, mais je détestais ça, enfin. J'ouvrais la porte puis jetais un regard en bas des escaliers. Sur un court moment d'hésitation, j'avais pensé à retirer mes talons hauts, me remémorant la presque chute de Wendy, quelques semaines auparavant. Puis finalement, non, je les avais gardés. Imaginant que j'étais assez maligne pour rester sur mes pieds jusqu'en bas. Une marche, deux marches. Et ouais, Wendy, moi, moi, j'arrive à.. et bam. Suffisait que je me vante ne serait-ce qu'intérieurement de ma faible capacité à rester sur mes pieds pour que je me retrouve à dévaler les escaliers dès la troisième marche. Ni de une, ni de deux, je me retrouvais alors directement contre le sol de la cave. Et j'imagine que si un candidat passait devant la porte à cet instant-là, il l'aurait sans mal entendu. « Putaiiiiiiiin ! raaah ! merde ! » En grande partie, la chute ne m'avait pas causé beaucoup de dommages, sans doutes quelques futurs bleus par-ci par-là, rien de bien grave en soit, mais il restait toujours la partie restante, minime, mais présente. Pour celle-ci, je m'étais, faute d'autres mots, complètement démonté le poignet. Je me redressais alors, m'asseyant là où j'étais arrivée, à essayer de bouger ma main, mes doigts et surtout mon poignet qui me faisait alors un mal de chien. Finalement, c'était encore Wendy la plus chanceuse de nous deux..

Alors que Castiell traversait le nid d'amour tranquillement, il fut interpellé par des cris provenant de la cave, dont la porte était ouverte. Cette voix appartenait à Emrys et sans perdre une seconde, l'anglais s'élança à travers le couloir pour passer le pas de la porte. Du haut des escaliers, il trouva ecroulée au sol, sa compagne en train de se tenir le poignet.

Oh putain, Em' !

Le trentenaire survola presque les marches pour se baisser au niveau de la jeune femme. Ses mains se posèrent sur elle, bien qu'il ne savait pas où vraiment les mettre, de peur de lui faire encore plus mal à cause de ses possibles blessures.Mais il remarqua qu'elle se tenait l'avant-bras en grimaçant, et se penchant pour le regarder de plus prêt.

Est-ce que tu vas bien? demanda-t-il, inquiet.

Décidément, j'étais la pire des maladroites. Et alors que je me tordais de douleur, Castiell fit son apparition en haut des marches. J'aurais voulu lui sourire mais j'aurais eu l'air crispée, et il faut dire que j'étais pré-occupée par bien d'autres choses, pour l'instant. Il vola à ma hauteur en à peine quelques secondes, me demandant si j'allais bien. « Oui.. enfin, j'ai l'impression que mon poignet vient de subir l'intégralité de la Seconde Guerre Mondiale à lui seul, mais ça va. » lâchais-je alors en riant amèrement. J'ôtais ma seconde main de mon avant bras avant d'essayer de bouger mes doigts puis mon poignet. Il ne me fallu alors pas longtemps pour grimacer et cessé ma tentative de mouvement. Je tournais la tête dans sa direction, tentant une nouvelle fois de sourire.. j'y parvenais d'ailleurs plus facilement que la première fois. « J'ai crié si fort que ça ? » Il est vrai que Castiell était arrivé plutôt rapidement, pour ne pas dire à la seconde même où je me suis retrouvée en bas des escaliers, et j'imagine donc que j'avais du provoquer un raffut pas possible.. si j'avais voulu être discrète, on pouvait dire que c'était clairement raté..

Castiell encaissait plutôt bien les coups, même très bien. Il avait passé sa vie à cela. Les chutes, il en avait fait un paquet mais il avait toujours réussi à se relever. Mais il savait que ce n'était pas aussi facile pour une jeune femme comme Emrys. Petite, mince et plutôt menue, elle était l'exemple type du petit être fragile. Un simple roulé-boulé comme elle venait de faire, aurait très bien pu lui briser le cou. Dans le pire des cas, bien sûr. Mais la belle tentait de rester positive, lançant quelques piques rigolotes bien que les traits de son visage soient tordus par la douleur. Pour alléger l'ambiance tendue, Castiell répondit avec, comme il le pouvait, un peu d'humour.

Comme une poissonnière. Je suis sûr que tout le monde t'a entendu dans la maison.

Doucement, Castiell aida Emrys à se redresser et la fit assoir sur une des maudites marches grinçantes qui étaient en partie fautive dans la chute de sa compagne.

Qu'est-ce que je peux faire? Je me sens inutile, susurra-t-il en massant tendrement la main meurtrie de son amie.