Maudits fumeurs. Maudits inconscients. Pourquoi fallait-il que Jackson ait à supporter leur bêtise, hein ? Pourquoi devrait-il forcément s'en accommoder, quand il ne pouvait personnellement pas supporter la fumée qui émanait de ces produits de malheur, appelés "cigarettes" ? Parce que c'était une chose que ces individus choisissent de se pourrir de l'intérieur, mais une autre que Jackson ait à le supporter, et que cela lui porte préjudice. Car, en cette fin de matinée, le grand blond avait dû supporter une immonde chose. Un fait qu'il n'oublierait probablement pas de si tôt, et qui le traumatisa presque aussitôt. Oui, un imbécile avait laissé trainer un mégot usagé à même le sol, près des escaliers. Bon sang, mais était-il si difficile de viser correctement la poubelle ? Ou pourquoi pas un cendrier, plutôt, histoire de ne pas emmerder le monde ? Visiblement, oui. Après avoir poussé un lourd soupire, le grand blond s'était finalement résolu à mettre ce foutu mégot directement à la corbeille. Mais là, un détail attira son attention. Au dessus de la pile qui se trouvait à l'intérieur de celle-ci, siégeait un intriguant papier. Ce dernier était quelques peu chiffonné, quoi que probablement lisible malgré tout. La curiosité piquée, Jackson attrapa alors le dit papier et entreprit de le lire. Et là, stupéfaction la plus totale, il y lut : « Rejoins-moi à la cabane en bois. Il faut qu'on parle ... » Jusqu'ici, rien de bien alarmant. Sauf que le mot était signé « Jackson. » Hum, pardon ?! Qu'est-ce que c'était encore que cette merde ? Alors maintenant, on se faisait passer pour lui, hein ? Car il en était sûr et certain, ce mot n'était pas de lui. Mais de qui, dans ce cas ? Hm, bonne question. Oh merde, il avait comme une idée soudainement. Qui pouvait être assez crétin pour écrire une pareille chose ? C'était évident. Ainsi, Jackson se mit à la recherche de celui qui était très probablement le coupable. Puis, finalement, il ouvrit la porte du cellier et tomba sur ce dernier. Ruben. Il lui tendit alors le mot, et s'exclama : « Tu peux m'expliquer ce que c'est que ça ?! » Oui, Jackson était toujours aussi aimable, surtout avec ce bon vieux Ruben. Trêve de plaisanterie, il avait intérêt à parler. Et vite. Sinon, il n'allait pas tarder à chier des clous celui-ci, soyez-en sûrs.

Moi, bordélique ? Et non, c'était justement tout le contraire. Encore une chose qui me séparait de tous ses gamins immatures qui peuplaient ce nid depuis des semaines et des semaines maintenant. Sans rigoler, je pouvais vite virer maniaque si certaines choses n'étaient pas à leur place. Certains trouvaient ça chiant comme comportement, mais je préférais encore être un rangeur compulsif plutôt qu'un fouteur de merde sans nom. Toujours était-il que je m'étais rendu ce matin-là, aux alentours de midi, dans le cellier pour faire mon petit inventaire du jeudi. Chaque jeudi en effet, j'avais pris l'habitude de m'y rendre pour ranger ce qui devait l'être et remettre dans l'ordre les boites de gâteaux et autres. Personne ne se plaindrait d'avoir un cellier bien rangé, si ? Chaque semaine j'avais à faire la même constatation : je vivais avec de véritables porcs. Je rangeais, hop, le lendemain c'était à nouveau le bordel. Ça ne devait pas être eux qui rangeaient les courses à la maison, hein... Alors que j'étais en plein rangement, la porte s'ouvrit subitement laissant entrer un courant d'air qui fit alors basculer quelques boites précédemment rangées. Je n'avais plus qu'à tout remettre maintenant, c'était malin. Oh mais ma parole, le protagoniste qui venait de faire irruption dans le cellier n'était autre que Jackson, et il ne semblait pas de très bonne humeur. Il me tendit alors un petit papier qui ne m'était pas inconnu, me demandant ce que c'était. Ah d'accord... Gabrielle avait dû laisser trainer ce papier je-ne-sais-où, et Jacko avait mis la main dessus. La meilleure chose à faire dans ce cas là était encore de tout nier en bloc. « Je ne vois absolument pas de quoi tu veux parler. » Je n'étais pas crédible pour un sou, je m'en rendais bien compte. Oh, et puis à quoi bon faire comme si ça ne me concernait pas ? Je n'avais honte de rien et était prêt à assumer tous mes actes. « Ah... ça. Il se pourrait, je dis bien il se pourrait, que ce bout de papier me dise quelque chsoe. » Un peu qu'il me disait quelque chose, c'était moi qui l'avait écrit. Seulement ça, Jackson ne pouvait pour le moment pas le prouver. Pour l'instant, je conservais une certaine avance sur lui.

Un de ces prochains jours, il allait arriver un malheur à Ruben. Et autant vous dire qu'il était fort probable que Jackson n'y soit pas pour rien. Car son camarade avait décidément le ton de l'exaspérer. Okay, Ruben n'était pas un mauvais bougre, et il était même plutôt sympathique quand il ne jouait pas à l'abruti profond. Mais très honnêtement, ce que Jackson ne supportait pas, c'était bien qu'on se mêle de ses affaires. Et ça, c'était justement une habitude qu'avait pris Ruben. Une très mauvaise habitude. Car cette histoire de papier, ça ne faisait que confirmer le fait que Ruben foutait son nez dans des affaires qui ne le regardaient pas. Jackson n'en était pas certain, mais il avait malgré tout une petite idée de ce qui était passé par la tête de son camarade le jour où il avait écrit le dit mot. Mais, pour le moment, si Jackson pouvait obtenir ne serait-ce que quelques aveux, ce serait déjà bien. Mais ça, c'était décidément sans compter sur Ruben et sa crédibilité incroyable, hein. « C'est ça. Prends-moi pour un con, je ne te dirai rien. » Parce que là, Ruben le prenait très clairement pour un con. Le coup du « Je ne vois absolument pas de quoi tu veux parler », c'était quand même abusé. Tout de même, il n'y avait que lui pour écrire ce genre de choses, pour se permettre d'usurper son identité, et probablement pour des conneries en plus. Chapeau Ruben, chapeau. Attendez, il semblerait que Ruben ait finalement décidé de se montrer un tant soit peu honnête. Ah, heu ... non, fausse alerte. « Et il se pourrait, je dis bien il se pourrait, que je te le fasse bouffer d'ici une à deux minute(s). » La patience de Jackson avait ses limites, c'était bien connu. Ainsi, si Ruben ne se montrait pas un tout petit peu plus précis dans les minutes à venir, il était fort probable qu'il en vienne à chier du papier d'ici peu. « Sérieusement Ruben, ça ne t'avance à rien de jouer à ce petit jeu ... » Autant voir les choses en face : Ruben était le seul type assez con pour avoir rédigé un tel mot. Donc, ça ne pouvait être que lui, un point c'est tout. Alors, avouer une bonne fois pour toute était encore sa seule chance de sortir vivant de ce cellier. Sa seule chance.

Bon, il n'y avait pas de quoi en faire tout un fromage tout de même. Oui j'étais l'auteur du fameux mot trouvé je ne sais où par Jackson, oui je pouvais comprendre que cela puisse le faire un peu chier car, après tout, j'avais usurpé son identité. Mais très honnêtement, à quoi bon se mettre dans tous ses états pour un vulgaire bout de papier ? Je n'en voyais clairement pas l'intérêt. C'était tout Jackson ça, faire tout un plat de pas grand chose. Un bout de papier pouvait vite devenir une affaire d'état avec lui. Il m'accusait de le prendre pour un con. Ma foi oui, c'était le cas, et depuis un petit moment maintenant. Après quoi le grand blond me menaça de me faire bouffer le fameux bout de papier. Ha ha, trop drôle. Il n'était pas né le gamin qui me ferait bouffer du papier. Aux dernières nouvelles je n'étais pas papivore. Mmm... à vérifier tout de même. Mais là tout de suite, j'avais pas franchement faim pour du papier. « Calmos Jacko. C'est un pauvre papier avec cinq mots écrits dessus. » En gros, à quoi bon s'énerver pour si peu ? Il allait encore devenir tout rouge, et ça ne servirait au final à rien vu qu'il ne me faisait absolument pas peur, au même titre qu'il ne m'impressionnait absolument pas. Il me convia à passer aux aveux. Je n'avais pas le choix. J'étais littéralement coincé là. « Oui bon ça va ! Il est de moi ce papier, c'est bon t'es content ? » Je venais clairement de faire la révélation de ma vie. Quant à Jackson, il venait de découvrir l'incroyable vérité. Allait-il parvenir à s'en remettre ? Peut-être était-il trop fragile pour le supporter. « JE suis le vilain monstre qui a écrit, et signé ce mot en ton nom. Je plaide coupable, et espère ainsi éviter la peine de mort. » Qu'on ait pitié de mon âme. Je n'avais voulu causer de tord à personne, moi, dans cette histoire. Remarquez que j'étais resté relativement évasif quant à la raison qui m'avait poussé à écrire ce mot au nom de Jacko. Seulement le connaissant, il ne tarderait probablement pas à chercher à connaitre le pourquoi du comment.

Il était probable que Jackson ait un certain talent pour l'exagération. Un des multiples talents qu'il possédait, d'ailleurs. Parce qu'effectivement, il se mettait quelques fois dans des états pas possibles pour pas grand chose. Mais ici, la situation semblait le justifier. Et pour cause : un profond crétin avait cru judicieux d'usurper son identité pour donner rendez-vous à quelqu'un. Si ça aurait pu faire sourire n'importe qui, ça n'était aucunement le cas avec Jackson. Tout simplement parce que cela le révoltait. Ils étaient quasiment tous d'accord pour dire qu'il craignait à mort avec son caractère de merde, sa personnalité à chier et ses tendances agaçantes, mais étrangement, l'un de ces bouffons s'était quand même permis de se faire passer pour lui. Etrange, n'est-ce pas ? Quoi que pas tellement. Car le bouffon en question s'avérait être Ruben. Certes, Jackson n'en avait pas encore l'entière confirmation, mais c'était tout comme. Car seul Ruben semblait capable de faire une telle chose. Il avait l'imbécilité requise, en tout cas. Et ça, ça ne jouait clairement pas pour lui. « Tu remarqueras que je suis d'un calme olympien » répondit Jackson. Ola, il n'était tout de même pas en train de péter un câble, soyons clairs. Ou du moins, pas extérieurement. Et puis, Ruben était quand même bien placé pour savoir que Jackson pouvait se montrer particulièrement imperturbable, même dans une situation aussi révoltante que celle-ci. Alors lui dire de se calmer était bien joli, mais encore faudrait-il qu'il en ait véritablement besoin, hein. Finalement, après quelques instants, Ruben se décida enfin à avouer. Oui, il avoua bel et bien que ce putain de mot avait été rédigé de sa main. Miracle. « C'est pas trop tôt » soupira alors Jackson. Techniquement, le grand blond se trouvait dans le cellier depuis un peu moins de cinq minutes, mais c'était déjà trop. On le sait, après tout, que Jackson n'était pas doté d'une grande patience. « La peine de mort, tu y auras droit si tu ne m'expliques pas immédiatement pourquoi tu as écris cette saloperie de mot » reprit le grand blond, en croisant les bras et en fixant intensément son camarade. En réalité, Jackson avait une petite idée quant à la raison qui avait pu pousser Ruben à écrire le dit mot. Mais, disons qu'il espérait se tromper.

Cette histoire était en passe de faire tout le tour du nid alors que, très franchement, on aurait très bien pu se passer de la tragédie que véhiculait Jackson et de tout le fromage qu'il en faisait. Un bout de papier, cinq mots. Bref, un truc sans grand intérêt. Voilà ce qui semblait préoccuper Jackson, parmi les nombreuses choses que j'étais amené à faire et qui le préoccupaient d'ailleurs. C'était bien simple, quoi que je puisse faire ici, Jackson aurait sans cesse un mot à redire. Et là encore je reconnaissais volontiers le fait que j'avais agit par moi-même, que j'avais volontairement usurpé son identité. Mais j'aurais bougé sa brosse à dents dans la salle de bains que j'aurais sans doute eu droit au même bordel. Et bien puisque le grand blond était maintenant au courant et pouvais désormais mettre un visage sur un bout de papier, nous allions pouvoir en discuter. Pas que ça me faisait grandement plaisir, mais surtout que je n'étais pas lâche, et que je faisais face à mes responsabilités. J'aurais très bien pu le pousser sur le côté et le laisser se heurter aux boites de conserve pour me faire un passage et ainsi quitter le cellier mais non, je n'allais pas bouger. Il se disait d'un calme olympien, c'était quand même à voir. « Pardon je me suis mal exprimé. Quand je te demandais de te calmer, c'était surtout dans tes paroles. Tu me parles autrement, quoi. » J'avais pas beaucoup aimé le "je vais te faire bouffer ton morceau de papier", débité sur un ton des plus hautains qui ne faisait que m'insupporter d'ailleurs. Jackson devait comprendre qu'il n'avait pas tous les droits avec moi, aussi désolant que ce soit. Il prétendit ensuite que j'aurais droit à la peine de mort si je ne venais pas immédiatement à lui expliquer le pourquoi du comment. Et bien allons-y alors. « Ce mot était destiné à Gabrielle. Je lui ai tendu un guet-apens, dans lequel elle est d'ailleurs tombée comme une débutante, afin qu'elle me rejoigne à la cabane en bois. Après ce dont on a parlé là-bas, hum, j'ai pas envie de t'en parler. » Il y avait-il franchement de quoi écoper de la peine de mort ? Clairement pas. Jackson savait désormais que j'avais écrit ce mot à Gabrielle dans l'intention que celle-ci me retrouve à la cabane en bois, en croyant l'y trouver lui. Mais je n'avais pas l'intention de lui confier quoi que ce soit concernant notre passionnante discussion là-bas. Ou du moins pas tout de suite. Et oui, il aurait à me supplier à genoux pour en savoir un peu plus.

Sans doute que les téléspectateurs trouvaient la réaction de Jackson un peu exagérée. Et c'était leur droit. Bon, pour le coup, Jackson leur ferait bien volontiers un joli doigt d'honneur. Mais n'empêche, c'était leur droit. Toutefois, comprenez bien qu'il prenait présentement sur lui pour ne pas fracasser son camarade contre le mur. Pourquoi ? Et bien, tout simplement parce que son comportement l'exaspérait. Qu'il ait usurpée son identité, ça pouvait éventuellement passer. Éventuellement, hein. Mais qu'il l'ait pris pour un con par la suite, et qu'il continue d'ailleurs de la faire, non, ça avait tout de même du mal à passer. En attendant, Ruben avait proposé au grand blond de se calmer. La blague. Jackson était tout à fait calme. Bon d'accord, il n'était tout de même pas tout à fait serein, mais disons qu'il parvenait plutôt bien à cacher son agacement face à la situation. Rappelons qu'il était un expert dans ce domaine, hein. Masquer ses ressentis, tout ça, c'était clairement quelque chose qu'il faisait avec brio. Et même ici, c'est dire. Mais voilà que Ruben se corrigeait, insinuant que Jackson devrait changer de ton. Qu'il était drôle ce Ruben, décidément. « Excuse-moi. Le concept "respecter ses ainés" ne me connait pas tellement. Mais je vais faire un effort, promis. » Hm, ou pas. Car si il croyait l'inciter à revoir sa manière de s'adresser à lui, il se trompait. Là, Jackson avait juste envie de lui cracher à la gueule. Mais bon, par respect pour ses crachas, il ne le ferait pas. Comme quoi, mine de rien, ça le connaissait un minimum le respect. Bref. Ruben avoua donc finalement qu'il était bel et bien l'auteur du dit mot. Sans blague. Ça devait faire cinq bonnes minutes que Jackson en était persuadé, mais l'entendre de sa bouche ne pouvait être que source de satisfaction. Et lorsque le grand blond lui demanda le pourquoi du comment de cette histoire, Ruben fit référence à Gabrielle. Et merde, il ne s'était pas trompé dans ses suppositions. Le grand singe lui conta donc un récit palpitant, qui donna une irrépréhensible envie à Jackson de le cogner. Pour le coup, il était déjà un peu moins calme que tout à l'heure. « Tu voudrais pas lui foutre la paix ? me foutre la paix ? nous foutre la paix ? » C'est vrai quoi, Ruben n'avait aucune raison, mais surtout aucun droit, de se mêler de leurs affaires. Quant au fait qu'il ne voulait pas dire à Jackson de quoi ils avaient bien pu parler, c'était assez contrariant. « Au point où tu en es, tu peux bien cracher le morceau » fit alors Jackson, dans un soupire. Allez, qu'il lui donne une fois pour toute une raison de desserrer les poings ... pour les orienter vers lui.

J'étais un sacré fouteur de merde, et ma foi je le vivais très bien. J'avais cette sale manie de me mêler des affaires des autres sans que celles-ci ne me regardent et surtout sans qu'on ne me le demande, mais j'étais fait comme ça. Demandez à ma sœur -si toutefois elle est encore en vie- elle vous racontera toutes ses fois où je me suis aventuré furtivement dans sa chambre pour lire son journal intime. Ma curiosité était sans doute mon plus gros défaut, j'en étais bien conscient. Pour le coup, pas mal de candidats en avaient fait les frais ici mais ils pouvaient toujours courir pour que j'en vienne à m'excuser de quoi que ce soit. Si je reconnaissais volontiers que me mêler de leurs oignons n'était pas franchement digne d'un mec de mon âge, il fallait aussi savoir que je ne contrôlais pas ce désir de toujours vouloir foutre mon nez dans la vie des autres. Alors d'accord Jackson était en rogne contre moi, même s'il faisait tout pour le cacher, d'accord ça le faisait éperdument chier que j'ai pu une fois encore me mêler de son histoire avec Gabrielle, mais à aucun moment je n'avais pensé à leur causer du tord. Beaucoup de personnes ici, et moi y compris, voulaient les voir ensemble. C'était d'ailleurs bien parti. À partir de là j'estimais agir pour leur bien à tous les deux, et donc ne leur devoir aucune excuse. En attendant Jackson me fit comprendre que respecter ses ainés, il savait pas vraiment faire. Bah tant pis, j'avais envie de dire. Toutefois il promettait de faire des efforts. « La plupart de tes petits copains y parviennent. Tu peux toujours leur demander conseil. » Mis à part Jackson, aucun candidat ne me manquait réellement de respect dans ses paroles. Je ne m'entendais pas avoir tout le monde, c'était certain, mais seul Jacko se permettait des remarques assez déplacées me concernant. Il me demanda ensuite si je n'aurais pas pu leur foutre la paix, tout simplement, à la belle rousse et à lui. « Je regrette, c'est au dessus de mes moyens. » Comprenez "je fourre mon nez où bon me chante et si ça ne te plait pas, c'est pareil gamin". Il voulait que je crache le morceau ? Bah, il ne s'était pas prosterné. Oh et puis merde, j'avais qu'à lui donner ce qu'il voulait au grand blond, histoire de ne pas le foutre plus en rogne encore. « Puisque tu "insistes"... j'ai cherché à savoir ce qu'il s'était passé entre vous dans la chambre au nom zarbi, là. Bref, y'a pas mort d'homme, je pense. » Clairement pas, non. Après Jackson pouvait toujours mal le prendre, mais ça je n'en serais pas étonné. On avait compris, à force, que toute cette histoire l'irritait beaucoup. J'en étais le principal responsable, et ça n'était pas pour me déplaire.

C'était décidé, très prochainement, Jackson serait amené à se débarrasser de Ruben. Parce qu'il ne s'était toujours pas fait aux tendances agaçantes de ce dernier et que la sale manie qu'avait celui-ci de se mêler de ce qui ne le regardait pas insupportait Jackson au plus haut point. Ainsi donc, Ruben connaitrait probablement sans tarder une fin tout à fait tragique. Ou alors, Jackson s'arrangerait pour l'enfermer dans le présent cellier, histoire que personne n'ait plus à subir sa présence, et même, son existence. De toute manière, Jackson avait tendance à voir un tel geste comme une bonne action, un acte empreint au bien. Et vu qu'il était bien connu pour apprécier de rendre service à ses contemporains, Jackson n'irait certainement pas faillir à sa réputation. Oui, ça paraissait évident. Quoi qu'il en soit, le fait que Ruben trouve à redire de la manière avec laquelle il s'adressait à lui était plutôt risible, aux yeux du grand blond. Tout de même, ce Ruben était d'un comique épatant. « C'est pas con. Surtout que les conseils des autres m'ont toujours été très utiles » ironisa-t-il, dans un sourire railleur. Bien sûr qu'on allait le croire. C'était tellement crédible, après tout. Mais alors que tout aurait pu s'arrêter là, par de simples paroles de la part de Ruben, consistant à énoncer très clairement qu'il cesserait une bonne fois pour toute de se mêler des affaires de Gabrielle et Jackson, ce ne fut pas le cas. Et là, Jackson eut comme une soudaine envie d'hurler. Toutefois, plutôt impassible comme il en avait l'habitude, il préféra garder son calme. Mais qui sait combien de temps il allait encore pouvoir jouer la carte du mec imperturbable. « Je ne comprends même pas en quoi ça t'intéresse, si tant est que ça t'intéresse, d'ailleurs. Non parce que tu serais bien capable de te mêler de ça simplement pour me casser les couilles, hein » fit alors Jackson, le plus calmement possible. Zen, il devait rester zen. Finalement, Ruben accepta de cracher le morceau. De toute manière, en cas de refus, il se serait exposé à de graves sanctions. Genre un coup de boule, par exemple. Mais à l'annonce du plan machiavélique de son camarade, Jackson ne put s'empêcher de froncer les sourcils et, cette fois-ci, hausser le ton. « Mais merde, Ruben, mêles-toi de ton cul » fit-il alors, d'une manière si poétique qu'on aurait juré entendre un fond de lyre. Bon stop, il devait sa calmer. Rien ne servait à se mettre dans cet état. « Bon, maintenant que c'est dit ... qu'est-ce que Gabrielle t'a raconté ? » reprit-il, cette fois-ci plus calme. Bah quoi ? Autant savoir ce qu'avait bien pu lui raconter la jolie rousse. Histoire de savoir à combien de pour-cent il était dans la merde.

Je n'avais personnellement rien contre le blond, ni contre Gabrielle, ni contre personne ici. Seulement le comportement de Jackson devenait difficile supportable et pouvait très vite me mettre hors de moi. Sa façon de parler, sa manie d'ironiser chacune de ses paroles, ses insinuations douteuses ou blessantes et son langage de charretier. Oui Jackson était un spécimen rare et, pour le coup, j'aurais aimé que ce spécimen ait été en voie de disparition. Il avait toutes les raisons d'être en colère ce matin. Après tout il avait découvert l'insoutenable vérité, avait appris que j'avais usurpé son identité, avais tendu un redoutable piège à Gabrielle. Il ne manquait plus que je lui dise que la belle rousse avait en plus été séquestrée pendant près d'une heure et c'était la morgue assurée pour moi. Alors j'allais peut-être m'abstenir de lui apprendre ce dernier détail. Par ailleurs je m'étonnais du fait que Gabrielle ne soit pas immédiatement allée se plaindre auprès de lui une fois relâchée l'autre jour. Ça n'était pas plus mal pour moi cela dit. Il disait avoir du mal à me respecter, alors je lui avais conseillé d'aller prendre conseil auprès de ceux qui, contrairement à lui, ne me parlaient pas comme à une merde. Et comme à son habitude, le blond ne pu s'empêcher une fois encore d'ironiser en guise de réponse. « Je crois que les autres non plus ne suivent pas tes conseils. Enfin, si tu as la prétention d'en donner, ce que je n'espère d'ailleurs pas. » Jackson donner des conseils, ce serait un peu comme un coiffeur chauve ou une diététicienne obèse, on aurait pas franchement confiance, quoi. Il ne comprenait pas en quoi ça m'intéressait. Allons bon, j'allais donc devoir lui sortir le même refrain débité une semaine plus tôt à Gabrielle, dans la cabane en bois. « Non je ne cherche pas à te "casser les couilles", comme tu dis. Moi je veux vous aider, hein, c'est tout. J'ai pas de mauvaises intentions, je fais partie de ceux qui veulent vous voir vous jeter dans les bras l'un de l'autre. Seulement en vue des remerciements auxquels j'ai droit, j'aurais peut-être mieux fait de m'abstenir. » On voulait agir pour le bien de la communauté, et on ne récoltait que des insultes et des menaces. Merci bien. La prochaine fois, c'était certain, ils se démerderaient tous seuls ces deux-là. Marre de perdre mon temps avec des gamins immatures de leur espèce. Ah ah ! Jackson venait de perdre le temps d'un instant son sang-froid, me demandant au passage de me mêler de mon cul. Charmant. Oh et maintenant il voulait savoir ce que Gabrielle m'avait confiée, l'autre jour, lors de l'interrogatoire des plus musclés auquel elle avait eu droit. « T'es drôle toi. Tu me parles comme à un chien et ensuite tu crois que je vais balancer tout ce qu'elle a pu me dire. Mais tu te mets le doigt dans l'œil Jacko, bien profond comme il faut. » Je n'étais pas dupe. Il s'emportait puis se calmait ensuite dans l'espoir que je lui confie tout. Et bien il pouvait toujours courir. « Mais sache cependant qu'elle m'a dit des choses assez croustillantes, tout de même. En même temps, après les deux-trois gifles que je lui ai données, elle avait tout intérêt à me donner ce que je voulais entendre. » Rassurez-vous, Gabrielle n'avait été victime d'aucune violence. Je voulais juste le faire un peu chier, le grand blond. En plus avec mon passé de taulard qui ne lui était désormais plus inconnu, je passerais presque pour crédible. Presque.