Se balader sur la plage, ça avait toujours ce petit quelque chose de réconfortant. Enfin, pour moi. J’adorais ces petits moments en solitaire. Et puis, je profitais bien sûr du magnifique paysage qui s’étirait à l’horizon. Dire que d’ici trois semaines, j’allais quitter ce lieu paradisiaque pour retrouver ma petite vie – et ville – tranquille. Ce serait sûrement un choc. Mais je commençais, doucement, à m’y préparer. Après tout, la fin, que je ne le veille ou pas, s’approchait et se faisait sentir. C’était une inévitabilité.
Lorsque j’aperçus Keziah, j’eus un bref moment d’hésitation, mais malgré tout, mes pas me menèrent jusqu’à lui, et je décidais de m’asseoir en silence à ses côtés, pas trop près, mais pas très loin non plus. Il semblait fortement concentré sur ce qu’il faisait – un dessin, à priori – et je lui adressai la parole que lorsqu’il releva finalement les yeux vers moi. « On va rester en froid encore longtemps? » lui demandais-je, tout simplement, d'une voix se voulant douce. Voilà quelques jours que cette idée de… faire la paix avec lui me trottait en tête, mais bon, j’aurais beau être la personne la plus convaincante au monde, s’il ne le voulait pas, mes espoirs allaient s’avérer vain. Je croisais mes doigts derrière mon dos. Geste stupide en soi. Ça n’allait pas aider à ma cause.

Un certain silence s’installa entre ma question et la réponse qui en découla. Il semblait réfléchir à la question, et ne cherchant pas à la brusquer davantage, je n’ajoutais rien, sachant qu’il finirait bien par me dire ce qu’il en pensait. Enfin, j’imaginais. « Non. » fut finalement sa réponse, et un léger soupir de soulagement s’échappa de mes lèvres. C’était déjà un pas dans la bonne direction… Non? Keziah s’était mis à jouer dans le sable, visiblement perdu dans ces pensées, et je le regardais faire en silence, plongeant moi-même les miennes dans le sable fin, faisant quelques dessins avec mes doigts. « Je suis désolé, je ne pensais pas que ça irait aussi loin. » mentionna-t-il au bout d’un moment. « Non, c’est moi qui devrais m’excuser. Je… je n’aurais pas du réagir ainsi. » lui fis-je aussitôt savoir. En fait, je pense que nous avions tous une certaine part de responsabilité dans ce qui s’était passé et ce qui en avait découlé. Seulement, si Cupidon s’était mêlé de ces oignons, toute cette histoire n’aurait pas pris cette proportion… disproportionnée. Avec du recul, je me rendais compte qu’on avait vraiment fait tout un drame pour une simple histoire de baiser. J’étais certaine qu’il y avait eu pire histoire que la nôtre dans cette villa, voilà, je me demandais pourquoi elle avait eu autant d’intérêt aux yeux de la production. Je ne le saurais probablement jamais. « On fait la paix? Ou une trêve, c’est toi qui vois. » lui demandais-je finalement, incertaine. J’étais prête à passer l’éponge, et puis je voulais retrouver mon ami. J’en avais marre de cette situation.

Il ne m’offrit aucune réaction face à ma remarque, mais me tendit plutôt la feuille qu’il avait entre les mains. « Comment tu trouves ? » me demanda-t-il, et je posais mes yeux sur le dessin qui s’y trouvait. Il y avait là une représentation asse fidèle de ce qu’avait été notre première soirée sur cette île. Certains visages m’étaient familier, mais d’autres restaient flous, à l’arrière plan – ou pas. Je relevais les yeux vers Keziah. « Tu as du talent. » fis-je seulement. « J’aime beaucoup. » me sentis-je cependant obligé d’ajouter, ce qui était la stricte vérité. Il m’avait demandé mon avis, et je lui avais donné, en toute sincérité. Peu de mots suffisant pour exprimer mes sentiments face à tout ça. Disons que plus la semaine n’avançait, plus la fin de cette aventure n’approchait. Et je n’avais pas envie de partir. « D’accord pour la paix. » lâcha finalement Keziah, au bout d’un certain moment, me replongeant directement dans le vif du sujet. Il se retourna d’ailleurs vers moi en pivotant. « Je t’aurais bien offert un truc en gage de mon amitié, mais je n’ai rien à part un crayon et des feuilles. Désolé. » Un sourire désolé apparu sur ses lèvres, et il haussa les épaules, l’air de rien. Je lui offris un léger sourire, presque par sollicitude. « Tu sais, un simple câlin serait amplement suffisant. Je n’en demandais pas tant. » fus ma réponse, dite sur un ton se voulant léger. Je n’étais pas du genre matérialiste, et la seule présence de mes amis me suffisait. Et puis, le geste en lui-même vaudrait plus à mes yeux que quelconque offrande de paix.