16 novembre (12h), Wendy.
Je m’attelais à la tâche avec beaucoup de soin, même si mes talents de cuisinier étaient très faibles, voire inexistants. Mais j’étais assez naïf, ou assez enthousiaste, pour croire que je pouvais réussir, si je me donnais un peu de mal. Si bien que cela faisait une demi-heure que je remuais, assaisonnais, en priant qu’une fois prêt, le tout soit mangeable. Je n’avais jamais pu remercier correctement Wendy pour son déjeuner au lit, et j’y tenais même si théoriquement je ne devais pas rendre l’appareil, puisque j’avais gagné à un pari. Bref, là n’était pas la question, j’étais vraiment content de lui préparer un déjeuner, même si finalement j’aurais plutôt du lui promettre autre chose, la lecture tous les soirs peut-être, enfin, quelque chose dans laquelle je sois doué. Enfin, maintenant j’y étais et il n’était pas question de baisser les bras. J’avais prévenu mon amie que tout serait prêt vers midi, et je voyais l’heure se rapprochait avec angoisse. Il fallait que je réussisse, à ce stade là c’était une question d’honneur ! Et j’avais beau cultivé une certaine autodérision, j’avais tout de même un petit égo. J’entendis soudain des bruits de pas, et je soufflais de soulagement en voyant que tout était – presque – prêt. Je sautais sur les couverts et mis la table en deux trois mouvements avant d’accueillir avec le sourire Wendy. Je lui déposais un bref baisé sur la joue, avant de lui prendre les mains pour la faire asseoir. « Aujourd’hui c’est spaghetti bolognaise et tu as intérêt à aimer ça ! » J’avais dit ça d’une voix chantante, comme si ça n’avait pas d’importance, mais ça en avait une, naturellement.

Dion avait demandé à Wendy de se rendre dans la cuisine à midi tapante. Elle ne savait pas trop ce qu'il voulait, mais elle allait quand même y allait. Même s'il l'attendait avec un couteau, prêt à la zigouiller, à la découper en morceaux. Et oui, on sait jamais, hein. Elle avait donc attendu sur le lit "conjugal", un livre entre les mains -un livre inintéressant bien sur, mais qu'elle avait piqué à son partenaire-, en attendant que l'heure à laquelle elle devait venir soit affichée sur l'horloge juste au dessus de la porte. Elle tournait les pages, inlassablement, comme si elle ne lisait pas mais ne faisait que survoler les lignes, lisait en diagonales. Ce qui était d'ailleurs le cas, soit dit en passant. Non pas que ce livre était d'une nullité absolue, mais la lecture n'était vraiment pas le passe temps favori de la blonde qui préférait.. la musique ? Oui, ça devait être ça, la musique. Ou plein d'autres choses d'ailleurs. Elle n'était juste que très rarement 'sérieuse', et lire pour le plaisir n’était pas une chose qu'elle faisait souvent, cela devait même être très rare. Mais il fallait une première fois à tout, n'est-ce pas ? Elle reproduisait le même schéma, alors, avant de se rendre compte que l'heure allait presque passer. Se levant donc gracieusement du lit, elle descendit les escaliers deux à deux, sentant une bonne odeur qui devait probablement venir de la cuisine -une odeur de nourriture ne pouvait venir que de cet endroit. Elle entra donc la pièce, avant que Dion ne l'accoste et ne la fasse s'asseoir. Il lui avait préparé à manger. S'il n'était pas mignon! Elle fit alors apparaître un sourire satisfait sur son visage, alors qu'elle le regardait, droit dans les yeux. « C'est super gentil ! » Spaghetti bolognaise ? Bon d'accord c'était simple mais cela devait être bon, non ? Et puis c'est le geste qui compte. Elle prit alors ses couverts et commença à gouter, laissant de nouveau son sourire sur sa face.« Tu ne t'en ais pas fait ? » Au quel cas elle pourrait partager.

Je lui fis un grand sourire quand elle me remercia, content que l’intention lui plaise. J’étais assez inquiet quand elle prit une première boucher, mais apparemment ce n’était pas immangeable puisqu’elle ne se mit ni à cracher, ou encore pire, ni à vomir. Ah génial ! J’avais réussi. Rassuré, j’arrêtais de me tortiller les doigts. Je n’avais même pas pensé à me servir et heureusement qu’elle me le rappela. Levant les yeux au ciel devant ma propre étourderie, je lui répondis. « Si, ils en restent encore un peu dans la casserole. » Puis avec un sourire en coin, je ne pus m’empêcher de préciser même si ce n’était pas vrai. « Je voulais que tu gouttes la première, si jamais ça provoquait une indigestion ou un truc comme ça … » Je me retournais pour me servir, m’asseyant à ses côtés avec mon assiette, commençant alors à picorer joyeusement. J’étais franchement fier de moi ! Ca avait bon goût. « Si ma mère nous regarde à cet instant, elle doit être fière de moi. » Je n’arrêtais pas de parler de mes parents. Mais c’était bien la première fois que je me rendis compte qu’ils devaient me regarder souvent à la télévision. C’était encore plus stressant que de savoir qu’il y avait des inconnus qui me regardaient. Finalement je priais pour qu’ils n’aient pas tout vu. Non pas parce que j’avais honte, mais parce que parfois il est bien que les parents ne sachent pas. Je me sentis bête de n’avoir jamais réalisé que finalement je m’étais exposé à leur vue sans y penser …