Alice & Cassandre

Nolan avait en quelque sorte interdit à Alice de le retrouver dans le lit, elle devrait donc chercher un lit seul, vide et froid, rien de bien tentant, elle préférait encore squatter le canapé du salon et passer une sorte de nuit blanche, s'il le fallait, après tout, ne l'avait-elle pas déjà faite? C'était complètement fou. Il devait être deux heures ou bien trois heures, elle n'en savait que trop rien, elle n'avait pas envie de sortir son téléphone de sa poche, elle avait faim, oui. Arriver dans la cuisine dans le noir était une preuve de courage ou plutôt de fainéantise, toute fois, elle y arriva, non sans bleus énormes et douloureux, saleté de table, de mur et de porte mal fermée.

La cuisine, elle se décidait d'allumer la lumière, de fouiner dans le frigo à la recherche d'un bout de fromage, ou bien d'un yaourt, non, elle voulait du nutella, oui. Elle referma alors le frigo, ouvrit une armoire et tira de là un pot de nutella, son rendez-vous quotidien en ce moment, son seul moyen de ne pas résister. Elle sourit, attrapa une cuillère au passage et la plongea dans le pot tout en allant s'asseoir sur le bar, elle soupirait, plongeant son désespoir dans le pot, ramenant la cuillère à sa bouche.

Un bruit, c'était Cassandre. Avait-elle le droit de lui faire un sourire? Tant pis, elle l'avait fait.

Elle le regardait faire ces quelques gestes serein, des gestes qui traduisaient pourtant son trouble, un trouble qui envahissait Alice. Avait-elle le droit de lui mentir, à lui aussi, de lui dire qu'elle était désolée de ce geste ou devait elle se montrer aussi brutale soit-elle, aussi dénudé de sentiments humain comme elle l'avait fait avec Nolan. Cassandre semblait désamparé, elle ne savait pas qu'il avait appris leurs actes quelques heures plus tôt alors qu'ils s'étaient déroulés près d'une semaine après, une semaine où Alice s'était retrouvée dans les bras de Nolan, lui avait avoué l'aimer, lui mentir, simplement, mentir comme elle savait si parfaitement le faire, jouer, meurtrir ceux qui la rencontrer, elle le faisait depuis la naissance, elle le faisait depuis l'enfance. A l'adolescence, vinrent se rencontrer des douleurs comparables à la trahison, à la détresse parce que chacune de ses pensées étaient un appel au secours. Elle avait joué avec Cassandre, lui avait sourit, lui avait appris une comptine alors qu'elle avait couché avec celui pour qui son coeur battait.

Mais aujourd'hui, alors qu'il se trouvait en face d'elle, Alice ne rencontrait aucun remords, non, elle l'avait prévenu la semaine précédente qu'il n'aurait pas dû s'attacher à Austin, elle avait paru jalouse et possessive, elle l'avait menacé, lui avait avouer qu'elle était bien plus forte que ce qu'il pensait, elle avait eu raison, elle avait reçu en elle l'homme dont elle était secrètement amoureuse, elle s'était donné à lui sans penser une seule seconde à ceux qui seraient blessés. Quand Betty-Jayne était venu les interrompre, elle avait sourit, ravie de la douleur qu'elle leur ferait ressentir, elle les détestait, tous.

Depuis ces évènements, elle n'avait pas revu Austin, elle n'avait pas pu lui parler, il était retourner dans les bras de Cassandre et elle avait souffert, cet épisode l'avait fait remonter à la surface, elle était entrer dans le même monde qu'eux, un monde qui lui foutait des gifles, un monde qui la blessait et la faisait pleurer, chaque jour depuis. Elle ne pouvait plus mentir, elle ne pouvait plus jouer, elle devait affronter, mais elle n'y arrivait pas, c'était trop dur. Tout cela, un simple sourire qu'elle adressait à Cassandre qui lui, détournait le regard, elle levait les yeux au ciel, comment pouvait-il lui en vouloir alors qu'elle l'avait prévenu, dès le début? Comment pouvait-il la détester alors que son coeur ne battait pas pour elle. Dans un souffle, elle lui adressait la parole :

« Tu devrais aller te coucher et oublier »

Savait-elle qu'elle était la cause de ses maux, de son trouble du sommeil, mais lui, savait-il qu'il était également la cause de ses larmes qui coulaient déjà sur ses joues, encore.

Il ne voulait pas la regarder, elle ne voulait pas le lâcher des yeux, de toute façon, elle ne se contrôlait plus, simplement. Il ne voulait pas oublier, il ne voulait pas s'empêcher de la vouloir, de l'imaginer avec Austin, elle tira une grimace, comment pouvait-ils les imaginer, c'était dégoûtant.

« Je vois pas pourquoi tu essaies de nous imaginer, c'est dégueulasse et un peu pervers ce que tu fais, en plus, tu ne connais pas mon corps nu et tu ne sais pas ce que je fais ou non au lit ... »

Elle avalait une nouvelle cuillère de nutella alors qu'il parlait d'une traite, elle ne pouvait empêcher les larmes couler sur ses yeux, chose qui contrastait véritablement avec le sourire qu'elle avait sur le visage, il lui demandait d'être heureuse, non, elle ne pouvait pas.

« Penses ce que tu veux, parce que toi comme les autres n'êtes pas capable de comprendre, tu sembles aveuglé par des pseudos sentiments qui te lis à Austin, des sentiments qui n'existent pas, je t'ai prévenu qu'il jouait avec toi, je t'ai dis de partir mais tu ne m'as pas écouté, tu as cru bon de montrer qu'elle loque tu étais et tu continues sur le même chemin, tu es incroyablement stupide et bête, ce n'est pas une compétition, nous sommes dans un jeu, tu es plus bête que je ne peux l'être »

Elle se levait à son tour vers l'évier, attrapa un verre et se servit un verre d'eau. Cette fois ci, elle pleurait, réellement.

« Comment tu veux que je sois heureuse quand celui que j'aime depuis le début est amoureux d'un idiot comme toi !! »

Elle le regardait d'un oeil noir, il n'avait pas compris, il était pitoyable, sceptiquement pitoyable.

« Sois un homme un jour, bordel de merde Cassandre on est dans un jeu, tu croyais vraiment qu'on allait pas jouer? Et si tu veux savoir, oui j'ai pris plaisir à coucher avec Austin, j'ai pris plaisir de le sentir m'aimer et t'oublier comme j'ai pris plaisir de l'embrasser, le toucher, le sentir en moi, c'était bon et je ne regrette pas ! »

Elle lui avait craché ça à la figure, elle était une jalouse maladive, mais elle pleurait, simplement.

« La seule chose qui me saoule c'est de ne plus réussir à jouer, je lui en veut de m'avoir ramené dans ce monde de merde. Je n'ai pas été fausse avec toi, je n'ai pas joué de toi, je n'ai pas pensé une seule seconde à ta petite cervelle de trouillard alors que j'étais avec lui, je n'ai pas pensé un seul instant à ton existence aussi sordide soit-elle alors forcément, cette putain de comptine, ... j'avais oublié ... »

Comment pouvait-elle oublier ? Simplement en étant réellement ce qu'elle était ...

Alice l'écoutait alors, n'avait-il pas raison, au fond, elle haussa les épaules et déjà, il se mit à préparer une tarte aux pommes, elle s'installait sur l'un des tabouret et le regardait avidement s'activer. Elle posa ses coudes sur la table, son menton dans ses mains et restait là silencieuse.

« Je crois que le mieux et d'oublier, jusqu'à ce qu'on sorte tous de cette maison, vraiment »

Elle avait réfléchis doucement, simplement alors que déjà, il coupait les pommes pour les étaler sur la compote dans le fond de tarte.

« Est-ce que je peux t'aider ... pour la tarte? »

Elle le regardait avec un regard enfantin, elle n'avait jamais fait de tarte aux pommes mais il pourrait l'aider, elle en était sûre, enfin, s'il acceptait.

Il accepta volontiers son aide, il lui tendit un couteau et la moitié des pommes, lui demandant de faire comme lui. Elle était plus longue mais le regardait faire, jetant des coups d'oeils à chacun de ses gestes. Un silence s'interposa à eux, elle ne le gachait pas sauf lorsqu'il vint à lui faire quelque confidences sur son passé.

« Je n'ai jamais cuisiné, encore moins fait de tartes aux pommes alors j'espère que notre première oeuvre sera excellente ! »

Elle lui sourit et se leva pour se mettre à ses côtés, déposant ses bouts de pommes sur la tarte, comme le faisait Cassandre.