☼ CELESTE

Je regarde ma montre, il est bientôt quatre heures de l’après-midi. Je viens tout juste de sortir de la piscine. Je ne sais pas tellement quoi faire maintenant. Je pense rejoindre la cuisine et m’empiffrer de gâteaux. Ouai, nager ça creuse l’estomac. Pull, jean, baskets, je porte la serviette de bain mouillé et mon maillot au creux de mon bras. Il faut que je les mette à sécher. En attendant, je passe devant la salle de musique. Je regarde par la vitre et je constate qu’il n’y a personne. Une idée me vient alors en tête. Je décide de franchir la porte pour entrer dans la pièce. Je m’installe ensuite sur le canapé tout en m’emparant de l’harmonica et en déposant mes affaires humides sur une table. Puis, je nettoie avec ma main l’harmonica. Pas sûr que quelqu’un l’ait utilisé depuis la dernière fois mais on sait jamais. C’est un coup à attraper une maladie ça. Bref, je porte l’instrument à vent à ma bouche, puis décide d’y souffler pour m’entrainer. Je réfléchis à un morceau que je sais jouer. Puis, je décide de me lancer. House Of The Rising Sun. Tout comme Hallelujah, j’ai énormément joué ce morceau dans le passé. Il me revient donc assez facilement. Si bien que je me laisser bercer et en ferme les yeux sans me rendre compte de l’arrivée d’une candidate dans la pièce.

Après tant de temps au sein de ce jeu, il était surprenant de savoir que je n'avais jamais mis un pied dans la salle de musique. La raison en était simple, je ne jouais d'aucun instrument. Mon père a toujours voulu que j'apprenne le piano ou la guitare, mais je suis bornée et persuadée que cela n'est pas pour moi. J'suis faite pour savourer la musique en l'écoutant et non pour en jouer. Flânant dans les couloirs du nid, je m'arrêtais donc devant la salle de musique où j'entrais silencieuse, en effet Sonny semblait être occupé à jouer de .. C'est quoi ce machin déjà ? J'crois bien en avoir jamais vu de ma vie en fait. Mon super-héros semble tellement absorbé par ce qu'il fait, que je n'ose pas le dérangé. Je me contente de l'écouter. C'est drôlement beau ce qu'il joue. Il a l'air de maîtriser cet instrument qui m'est inconnu. Je l'admire dans un sens, j'admire ce qu'il sait faire de ses dix doigts. Malheureusement, malgré ma progression lente et silencieuse dans la pièce, je percute quelque chose et une maracasse percute le sol. « J'voulais pas t'interrompre, continue. » Avais-je alors dit précipitamment au candidat pour ne pas qu'il se sente dérangé par ma présence ou par la chute de cet objet.

Première résolution à prendre en rentrant chez moi : m’acheter un harmonica. Non, franchement, j’ai retrouvé l’instrument grâce au jeu, et j’en suis véritablement heureux. Ça me fait un bien fou d’y rejouer, même si de douloureux souvenirs me reviennent en tête. J’avais l’habitude d’y jouer autrefois dans mon ancienne vie. Surtout dans les moments difficiles. C’était à la fois un moyen de distraction et un moyen de m’échapper du mode de vie qui m’était imposé. Bref. Les yeux fermés, la bouche entreposée sur l’harmonica, je me livre corps et âme à la chanson. Si bien, que je ne me rends pas compte de la présence d’une candidate dans la salle. Il aura fallu qu’elle percute une maracas pour que je m’arrête subitement. Un léger sourire prend place quand je rencontre les yeux de Céleste. « T’inquiète. J’ai fini. » Enfin quasiment, mais je ne compte pas reprendre la fin du morceau. Je pose donc l’instrument à vent sur la table à côté de mes habits, avant de me retourner complètement vers la candidate. « Dit, Céleste, c’est pas ton vrai prénom ? » Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai l’impression que la jeune femme ne s’appelle pas réellement comme ça. Une forte intuition. Comme si une voix intérieure m’avait poussé à lui demander. Et puis, Céleste ça existe vraiment comme prénom ? Non pas que ce soit moche hein mais simplement étrange. Quoi qu’après mure réflexion, c’est loin d’être le prénom le plus bizarre du nid d’amour.

J'aimais vraiment écouter de la musique et le plus fabuleux était lorsque certaines mélodies arrivaient à me faire frissonner. Sentir ce sentiment de bien être lorsque l'on écoute une chanson, c'est tout bonnement magique et c'est pour cela que j'étais désolée d'avoir déranger Sonny. C'était un accident de ma part, une petit bêtise qui poussait le candidat à arrêter la mélodie qu'il jouait quelques instants plus tôt. Il me précisa qu'il en avait terminé avec l'instrument, je savais bien que non. Mais je n'allais pas le contredire. Au moins, nous pourrions un peu discuter. « Dit, Céleste, c’est pas ton vrai prénom ? » C'est lui qui lançait le premier sujet de discussion et c'était assez étonnant comme discussion en fait. Mais il n'avait pas tord. Je balançais ma tête de droite à gauche. Non, ce n'était pas mon véritable prénom. Pas vraiment. « En vrai, c'est Zoey. Céleste c'est mon second prénom. » Je ne précisais pas une seconde que le dernier de mes prénoms est Paquerette. Je n'avais jamais aimé mon prénom. Zoey... Céleste, ça sonne beaucoup mieux je trouve. Ca me va mieux et c'est ce choix là que mes parents auraient du placé en premier. Enfin, de toute façon, personne ne m'appelle Zoey, même mes parents ont renoncé à cette idée après de multiples demandes. Skyler, c'est la seule qui persiste encore à le faire. Elle trouve qu'il me représente bien puisqu'il signifie vie, je trouve qu'elle se plante. « Et toi, Sonny c'est ton vrai prénom ? » Je n'étais peut-être pas la seul à user d'un autre prénom.

Bien installé dans le canapé de la salle de musique, j’entame la conversation avec Céleste, qui m’a involontairement interrompu dans mon morceau d’harmonica. Je ne lui en veux pas, au contraire, c’est le moment de connaître un peu mieux la candidate. D'ailleurs, je ne sais pas tellement pourquoi, me voilà lui demandant si Céleste est son véritable prénom. Non. Soulagement, j'ai pas l'air bête. « C’est pas mal Zoey. » J’aime assez mais il est vrai que c’est plus courant et donc moins original que Céleste. En tous les cas, j’ai vu juste. La candidate ne porte pas son vrai prénom. Enfin pas tout à fait. Elle préfère qu’on l’appelle par son deuxième. C’est un choix audacieux. J’aurais bien aimé faire la même chose suite à ce qu’il m’ait arrivé. Malheureusement, je n’ai toujours eu qu’un prénom et le changer pour un nouveau, je ne crois pas que j’aurai pu. Ça m’aurait pourtant bien servit mais bon. « Ouai. » Je lâche un petit rire. J’aurais presque pu parier que la candidate me poserait cette même question. « Ma mère n’avait pas trop d’imagination. » Sonny signifiant dans la langue anglaise "mon petit gars" ou "fiston", ma mère n’a pas été cherché mon prénom bien loin. Mais bon, je m’en contente. Ça aurait pu être bien pire. Deux syllabes, pas difficile à retenir, une bonne sonorité puis pas très courant en Irlande. Presque parfait finalement.