OUVERT A TOUS


J’ai comme une chape de plomb qui vient d’échouer au fond de mon estomac, laissant un goût âpre sur ma langue, un truc dégueulasse dont je ne parviens pas à me débarrasser. Je dégluti avec peine sans que rien ne change cet insidieux trouble qui s’est emparé de moi quelques minutes plus tôt. Je sais à quoi c’est du, mais je préfère me taire la vérité à moi-même, je ne suis pas encore prêt à accepter d’être physiquement amoindrit par le départ de quelqu’un d’autre que Sixtine ou Gabrielle. Si je suis à peu près parvenu à me faire à l’idée que mon attachement à ces deux-là, auxquelles on peut sans conteste ajouter Moore, dépasse l’entendement, je ne peux me résoudre à étendre cette faiblesse à d’autre, même lorsque mon corps sert de preuve perceptible, palpable et irréfutable. Ta gueule, mon corps. Je suis sur le canapé dans lequel je me suis littéralement effondré après le départ d’Artie. J’ai le sentiment de lui avoir volé sa cagnotte comme un dernier cadeau d’adieu. Ça me répugne. Tout autant que les larmes de Moore et d’Oona. C’est insupportable comme fin de prime. J’ai rien à foutre là. Je devrais être dehors, et Artie... Son départ fut à l’image de son aventure ici : classe, sobre, aristocratique. Ce qui ne m’empêche pas d’éprouver le sentiment de lui voler une deuxième fois son enfance. Faut que je bouge ! Si je ne le fais pas pour moi, il faut que je le fasse pour les autres. Aider les autres pour s’oublier soi-même, c’est ma came, ça. Sans rien demander à personne, je me lève rapidement, une idée germant dans ma tête, et me dirige vers Connor à qui je glisse quelques mots à l’oreille. «passer pour un couple gay» ? Check ! J’attrape ma partenaire par la main, et l’entraine à ma suite, sans rien lui dire de plus. Je l’informerais une fois sur place. Je me grille une clope sur le chemin nous ramenant jusqu’au nid, chemin que je ne pensais absolument pas refaire de sitôt, ou pas vraiment en tant que candidat, assurément. Je lâche la main de Gabrielle en bas des escaliers, et lui indique la salle aux milles et une merveille, en lui demandant de l’aménager de manière à ce qu’on puisse y être confortable, tandis que moi, je file à la cuisine. Y a un sac à main qui traine, là. J’crois que c’est un Fendi, mais j’y connais pas grand chose. Je le vide sur la table de la cuisine, et l’utilise pour stocker les pots de glaces Ben&Biiiiiiip (marque censurée par la Prod) que je sors du congel. Je fais le plein de petites cuillères aussi, avant de m’immobiliser, réfléchir un instant, et le reposer pour les remplacer par des cuillères à soupe. Oui, il nous faut l’artillerie lourde. Flacon de coulis de chocolat et paque d’Oré-Biiiiiip, viennent rejoindre la cargaison du sac, que je loge sur mon épaule avant de remonter l’escalier quatre à quatre. Connor à bien fait son boulot, puisqu’en passant le seuil, je me rends compte que Moore et Ruben sont installés sur les coussins que Gaby a disposé dans la pièce aux murs noirs. D’autres arriveront encore, à n’en pas douter. Franckie, par exemple, qui passe la tête par la porte laissée grande ouverte, comme pour s’assurer qu’aucun danger ne rode, et qu’il peut entrer en toute confiance, suivit de près par Connor et les bouteilles d’alcool que je lui ai commandé. « Oui, je sais, j’ai la classe. » Je réponds au regard interrogateur que la Moorue lance au sac à main que j’ai sur l’épaule. Je ne tarde pas à le déposer au sol et à l’ouvrir en grand pour que chacun puisse se servir. J’ai vu large, visiblement. J’en récupère un pot, Cookie Dough, avant de m’affaler sur un coussin, et de tendre la main en direction de la bouteille de Vodka. « Faut que je me désinfecte la bouche, j’ai un sale goût. » dis-je pour expliquer mon geste qui consiste à arroser allègrement ma glace de vodka Belu-Biiiiiip ! « Après, quand on sera suffisamment bourrés, je propose une séance de spiritisme, afin de contacter les potes Templiers d’Artie et obtenir de ses nouvelles... On pourra en profiter pour contacter JFK, aussi, j’voudrais bien avoir le fin mot de l’histoire sur sa mort. » Ma glace suffisamment inondé, je relève la tête vers un Franckie qui me semble tétanisé. Quoi ? C’est ma glace ou mon annonce qui lui pose problème ? « T’inquiète pas, j’te protégerais... » Ou pas... Je suis pas sûr que ma masse musculaire soit d’une quelconque efficacité contre un ectoplasme. M’enfin, on en est pas encore là.

Syssoï est parti avec Gabrielle, j'ai lâché ma partenaire qui me saoule déjà. Je sonde la salle, tout le monde est en pleure et mon coeur se resserre. Bon, j'en ai marre ça s'arrête quand ce merdier ? J'suis pas entrain de pleurer, parce que j'pleure que rarement et que c'est pas le moment, mais Artie, son départ m'a chamboulé, comme toutes ces conneries liés aux nominations. Ce clan qui dépasse et de loin celui formé par la production vient de se séparer d'un membre, et ça craint. Mes yeux se posent sur Ruben. Moore est pas loin, mais je me vois mal lui faire passer le message. J'pense que le trentenaire est à même de le faire lui même. Si bien que je lui balance la sauce discrètement, j'suis sûr de le revoir dans la salle aux milles et une merveilles d'ici peu. Je manque de me cogner dans Sixtine au passage. Merde. Je me contente de lui sourire timidement. Bon j'fais quoi, je fais comme si de rien était et je lui annonce le plan à elle aussi ? J'crois qu'elle est toujours en froid avec Syssoï, c'est peut être pas une bonne idée. Et puis, merde on est pas censé s'éviter après tout, j'suis juste censé lui laisser du temps. Je suis sur le point d'ouvrir la bouche lorsque j'entends les sanglots d'Oona. Elle va peut être vouloir rester avec elle ce soir. Une seconde, deux secondes. Bon c'est trop bizarre. Bouge de là Connor, Moore lui dira au pire. Ou Ruben, ouais ce sera plus simple de cette manière. J'esquisse une grimace et me dirige vers la sortie. Je m'octroie trois minutes pour fumer une cigarette, j'vais pas pouvoir le faire avant un moment. Et puis je retourne dans le nid, je fonce vers le salon sans réfléchir. Ma mission, est de récolter de l'alcool, non, on a pas assez bu. Et quand bien même on s'en fout, on ne conduit pas n'est-ce pas ? Vodka, rhum, whisky, de l'irlandais s'il vous plait, tequila, mon visage s'illumina, un peu de gin pourra faire l'affaire aussi. Bière ? Non pas les bières, c'est pas assez fort. J'pense que c'est déjà bien assez. Ouais sauf que j'ai pas quatre bras. Finalement, j'arrive à glisser trois bouteilles entre mes doigts, j'ai la classe je sais. Et les deux autres dans l'autre main. Nickel. Donc, j'monte les escaliers et merde. J'ai faillit foncer dans Franckie, je l'avais pas vu, faut dire que y'a que son cul qui dépasse de l'ouverture de la porte. Je la laisse rentrer et constate que Gabrielle a rendu l'endroit presque accueillant. J'observe Syssoï et son petit sac. Mignon. Moore et Ruben sont déjà là. Je dépose mon butin au centre et m'installe sur un coussin. Non loin de Franckie qui a l'air de flipper. Bon Syssoï était entrain de proposer une séance de spiritisme. Celle que j'avais tenté avec Baptiste s'était soldé sur un échec. « Tant qu'on y est, j'aimerais bien papoter avec Kurt Cobain aussi, rien que quelques minutes, dans le genre mort suspecte... » Y'a du choix en glace, mais un peu trop, j'arrive pas à choisir. J'préfère Haagen-biip comme la production s'est amusé à les baptiser. Adieux, les noix de macadamia, bonjour, caramel chew chew. Qu'est-ce qui irait bien avec du caramel ? Tequila, ça va être génial. J'attrape la bouteille et verse généreusement le contenu sur ma glace. « J'ai juste envie de me bourrer la gueule personnellement. » J'ai pas de mauvais goût dans la bouche, juste ces regards, les même que pour le français, posés sur moi. C'est bon ce truc finalement. « Franckie, première cuite ? » Il est à côté de moi, c'est tout naturellement que je lui pose la question. J'pense que oui, mais on sait jamais.

J'avais deviné aux messes basses de Syssoi et Connor quelques minutes plus tôt que quelque chose se tramait. On m'avait finalement mis au courant : il nous fallait rejoinde la salle aux milles et une merveilles, mais si vous savez, la salle absolument inutile là. Visiblement Syssoi and co avaient prévus de nous faire oublier à tous cette soirée de merdre que nous venions de passer. Bah ouais, Baptiste et Artie avaient quitté le nid. C'était le pire prime auquel il m'avait fallut assister depuis le début de cette aventure. J'étais donc partant pour mettre de côté tout ça, la déception, la tristesse, le dégout, la nostalgie. L'heure semblait désormais être à la fête. Moore et moi avions donc pris la direction de la fameuse salle noire. En entrant, nous découvrîmes que Gabrielle avait disposé des coussins de part de d'autre de la salle. J'entrai donc après avoir laissé passer la belle brune devant moi, restant tout de même un peu intrigué. S'en suivirent ensuite Syssoi, qui entrait un sac à la main, Franckie, toujours aussi ... Franckie, et Connor qui s'amenait avec bon nombre de bouteilles à la main. Les deux big-boss disposèrent leur fameux butin au centre de la salle. J'en avais des étoiles dans les yeux, ma parole ils avaient vraiment pensé à tout ! Des pots de crème glacée, ouah, et de l'alcool à gogo, re-ouah. Je me saisis alors d'un pot de crème vanille aux noix de macadamia, mon préféré. J'en avais maintenant l'eau à la bouche. Je m'adressai ensuite à Connor et Syssoi. « Putain les mecs vous avez pas fait les choses à moitié. Vous gèrez. » Se goinfrer de glace et se bourrer la gueule, je ne connaissais pas de meilleur moyen pour oublier tous ses soucis perso. Ah Syssoi semblait vouloir convoquer l'esprit d'Artie, et pourquoi pas de JFK en prime. Connor proposa quant à lui d'entrer en contact avec Kurt Cobain. Bon, puisqu'on en était à proposer des noms... « Et Michael Jackson, faut pas l'oublier le MJ, hein. » Fans de Michael Jackson bonjour. Je n'avais pas honte d'en connaitre les chansons par coeur. J'avais rien contre Kurt Cobain, qui avait sans doute été quelqu'un de bien sympa, mais bon... aucune musique ne valait celle de MJ à mes yeux. « Bon allez, c'est pas l'tout, mais j'ai la dalle. » J'ouvrai alors mon pot de glace avant d'y piocher frénétiquement avec l'une des cuillères à soupe apportées par Syssoi. Y'a pas à dire, ça réconfortait quand même. Moore, qui était assise à côté de moi, restait bien muette. Elle s'était montrée assez discrète depuis notre entrée dans la salle, et même sur le trajet elle n'avait pas dit un mot. Je tournai alors la tête vers elle. « Tu veux quelque chose, Moore ? Je t'attrape un pot ? ou un verre, peut-être ? » Le Ruben serviable était de sortie, ce soir. Fallait en profiter, quelque chose me disait que ça n'allait pas durer bien longtemps. En plus, une fois que j'aurais l'estomac au bord de l'explosion à cause de la glace et que je serais totalement bourré, on ne pourrait probablement pas trop compter sur moi.

J'étais sortie précipitamment du plateau n'en pouvant plus m’adossant a l'extérieur du bâtiment allumant ma clope. C'est alors que je vois Syssoï, Gabrielle, Connor et Ruben sortir du bâtiment à leur tour j'ai encore les larmes qui coulent sur mes joues je les regarde à peine mais je sens qu'il y a quelque chose qui se trame. Ruben vient me glisser quelques mots à l'oreille me disant qu'il y avait une espèce de soirée organisé dans la putain de salle inutile. Je dis non au départ, j'ai envie d'aller me rouler en boule dans mes draps. Mais Ruben me dit qu'il aimerait que je sois là, et que ça me ferais pas de mal de décompresser après ça. Je suis réticente mais je finis par accepter me disant qu'il y allait certainement avoir de l'alcool. Le réconfort à toutes les misères. J'entre en même temps que Ruben dans la pièce que Gabrielle la rousse pyromane pompier à aménagé avec des coussins au sol. Cool. Je m'en fiche. J'ai encore les yeux rouge d'avoir trop pleuré. Je m'assois à coté de Ruben et la pièce se remplit rapidement Syssoï arrive avec un sac à main je lui lance un regard interrogateur.« Oui, je sais, j’ai la classe. » En temps normal j'aurais souris, voir rit et ajouter un commentaire à tout ça mais ce n'était pas en temps normal.. Alors je ne répondis pas, je le regarde tranquillement et finit par détourner le regard le laissant vagabonder sur les autres tout en écoutant d'une oreille peu attentive les commentaires de chacun. Au mot spiritisme je peux voir les yeux de Franckie s’écarquiller, pauvre petit. Ce soir c'est glace à l'alcool si j'ai bien compris. Je ne parle pas, je ne bouge presque pas il y a seulement ma tête qui fait quelques mouvement s'arrêtant sur tout les candidats présents les regardant sans vraiment les regarder. Je me demande ce que je fais là sérieusement.. Kurt Cobain, MJ, autant rajouté Whitney à la liste au Claude Franmachin vous savez ce français blondinet qui attire toutes les midinettes ou plutôt attirait.. Et surtout qui a eu la connerie de se baigner avec un sèche cheveux en marche ou je ne sais plus quoi. Mon attention est occupé à imaginer la scène. « Tu veux quelque chose, Moore ? Je t'attrape un pot ? ou un verre, peut-être ? » Cette phrase me sors de mes pensées. Je souris presque, c'est imperceptible à l'oeil nue. Un tressaillement sur mes lèvres seulement ça rien de plus. Je regarde les glaces apportés, y a trop de choix. « Y a pas simplement vanille ? » lui répondis-je. Femme compliqué certes, mais pour les choix de glace je reste dans les classiques, on est jamais déçut par les classiques. Puis pour la boisson je me lève à peine et prend la téquilla des mains de Connor. Je la réquisitionne, la vodka j'en ai assez bu comme ça, le Whisky j'aime pas, le Gin pas trop mon truc alors la téquilla. « A moi. » dis-je d'un ton sec dessinant cette fois-ci un véritable sourire sur mon visage. Il a mit du temps à venir mais le voilà mon premier sourire depuis le départ d'Artie. J'ouvre la bouteille et bois une gorgée directement au goulot je ne compte pas partagé. Pendant ce temps là Ruben m'a gentiment déposé sur mes genoux une cuillère et un pot de glace vanille. Je le remercie d'un regard et d'un demi sourire. « Bon on fait quelque chose d’intéressant histoire de ne pas reproduire le même schéma que sur le prime où on s’emmerdait grave. » dis-je d'une voix calme ayant retrouvé la parole. « J'ai jamais? Action ou vérité ? » Ou autre jeu d'alcool ça détends toujours l'atmosphère non? Pendant ce temps j'ouvre mon pot de glace et porte une première cuillère à mes lèvres. A chaque silence la tristesse se fait plus puissante dans mon esprit. Parlez, criez, chantez, hurlez faites quelque chose.

« Putain les mecs vous avez pas fait les choses à moitié. Vous gérez. » Je relève la tête de ma préparation d’île flottante version boulimique alcoolique pas du tout anonyme, pour accueillir cette réflexion d’un « Ouai, on sait. » des plus apathiques et modestes, le tout ponctué par un sourire en coin que j’ai piqué à Connor qui me fait ressembler à un connard absolument irrésistible. Ouai, ça aussi je sais. J’enfonce ma cuillère king-size dans mon mélange, et je tourne ma tambouille tout à fait répugnante mais dont les effets s’annoncent délicieusement dévastateur, tout en proposant une petite séance de spiritisme visant à communiquer avec Artie sans téléphone, ni wifi, ni fax, ni même pot de yaourt reliés par une corde... C’est beau le progrès. Je propose qu’on interroge JFK, aussi, tant que la ligne est établie, et Connor ajoute Kurt Cobain. Machinalement je me mets à fredonner «my girl», et ça me donne envie de bouffer un mars. Merde. Ruben propose Michael Jackson, et la mélodie change entre mes lèvres : « Heal the world, make it a better place for you and for me and the entire human race... » inutile de préciser que j’ai déjà pas mal enquillé sur le prime, et quand bien même je tiens l’alcool comme tout bon slave qui se respecte, mon cerveau anesthésié par les grammes qui courent dans mes veines, m’offre un sursit suffisamment bénéfique pour que je me sente un peu plus... libre ? Suffisamment, en tout cas, pour chanter la paix sur Terre sans que cela me semble étrange ou déplacé venant de moi. D’ailleurs, je lève mon pot de glace et vais le cogner contre celui de Connor « ´Vashe zdo´rovye, brat ! » dis-je en trinquant, avant de me grandir vers l’avant pour en faire de même avec Ruben. « Bienvenue dans la team, Ruben ! La maison décline toutes responsabilités en cas de perte de secret et braquage de cagnotte par mes soins. ´Vashe zdo´rovye, khokhotountchik ! » Mon pot claque contre le sien, arrosant un peu le sol au passage. « Quel effet ça fait de vendre son âme au diable ? » Ouai, mon humour est glauque, comme mon humeur... Il va me falloir plus d’alcool pour atténuer la perte d’Artie ce soir et le sentiment de lui avoir arraché sa cagnotte avant de le foutre à la rue. Du coup, j’arrose une deuxième fois ma glace, puis m’enfile une gorgée directement au goulot. C’est alors que je suis entrain de me désinfecter la gorge, que Moore -dont le premier sourire m’a arraché un «Ooooooh» attendri de père face à la première pampers souillée par son môme, et j’assume complètement- propose d’animer un peu la soirée avec des jeux dont j’ignore tout. « Dequoiçasagit ? » j’articule tant bien que mal, la bouche pleine d’alcool. La classe totale. « N’empêche, j’aurais bien sacrifié une vierge, moi. » Finalement, mon cerveau n’est pas encore assez anesthésié, puisqu’il suit son propre fil conducteur sans tenir compte du «stay focus !» que je lui ai intimé. Sûrement du au fait que je n'ai jamais fréquenté les soirées étudiantes et les beuveries insouciantes, j’ai toujours bossé, bossé, bossé, alors niveau jeux d’alcool, je suis assez, voir totalement, inculte. Mais je suis là pour apprendre, non ? Qu’importe le contenu de l’apprentissage, je prends.

Le sourire de Syssoï je le connais tellement bien pour l'avoir pratiquer un milliard de fois que c'est déroutant, surtout sur son visage. Un vrai petit connard, je le regarde comme un papa peut regarder son fils qui vient d'apprendre à faire du vélo sans les petites roulettes après des dizaines de chutes. Les yeux brillants de fierté. Bon d'accord, j'suis imbibé que ce soit bien clair. Mon regard se pose sur le pauvre Franckie, silencieux comme jamais. On doit avoir l'air d'être fou au mieux, au pire je ne préfère pas imaginer ce qu'il se passe dans sa pauvre tête. A ma suite, Ruben propose d'invoquer MJ, j'suis à de deux de lui dire de pas être stupide, il est encore vivant. Sauf que j'suis encore assez lucide pour me retenir et me rappeler que non, j'sais pas pourquoi mais dans ma tête il est pas mort. Mais je ne cherche pas à comprendre, comme je ne cherche pas non plus lorsque j'entends une chanson prônant la paix sortir de la bouche de mon homologue masculin. Son pot vient rapidement cogner contre le mieux, et il me balance une phrase dont la signification m'échappe complètement mais qui a pourtant tout son sens. Un peu à l'image de ma réponse. « mo dheartháir sláinte » Je m'apprête à porter la tequila à ma bouche lorsque je sens qu'on me la chipe. Je proteste, attitude particulièrement primaire qui vise à protéger son bien lorsqu'une personne essaye de nous subtiliser ce qui me fait planer à l'heure actuelle. Sauf que j'croise son regard et que son sourire, le vrai me permet de détendre les muscles et de lui laisser sans aucun problème. J'attrape le whisky peu importe j'suis pas difficile. Je sens le regard réprobateur de Gabrielle se poser sur moi lorsque je m'empare du goulot. Je sais, les mélanges c'est mal. J'hausse tout simplement les épaules et repose la bouteille non sans m'être enivré avant, J'suis entrain d'observer la texture étrange de ma glace lorsque Moore propose un jeu. « J'propose un je n'ai jamais. On est pas assez nombreux pour un action ou vérité. » Je fronce légèrement les sourcils, non je n'essaye pas de gagner du temps pour boire un maximum. Entre temps Syssoï l'interroge sur le but, je m'adresse tout particulièrement à lui, et peut être éventuellement à notre petit chat, oui j'pense que c'est pas superflue. « Quelqu'un énonce quelque chose qu'il n'a jamais fait auparavant, et ceux qui ne l'ont jamais fait doivent boire et ainsi de suite. J'commence avant. » J'observe l'assemblée, maintenant il fallait que je réfléchisse un minimum pour être pertinent. Trop cérébrale ce jeu putain. Je hoche la tête. C'est bon. « Je n'ai jamais eu envie de m'envoyer en l'air avec l'une des personnes présente dans cette pièce. » Oui donc là normalement, on devrait voir des verres se lever, ou des bouteilles en l'occurrence. Quant à moi, je me décide à goûter mon cocktail glacé. Excellent, puis j'croise le regard de Moore. Finalement, je me suis peut être un peu trop avancé, j'affiche une sorte de moue interrogatrice, à mon encontre puisque j'essaye de rentrer en communion avec mon esprit. Ouais, finalement j'peux boire j'crois.

C'était sympa comme réunion. J'avais l'impression de me retrouver au lycée, lorsque mes potes et moi occupâmes la bibliothèque après les cours, non pas pour réviser mais bel et bien pour boire et fumer un bout coup. Bon je m'étais calmé depuis cette époque désormais révolue, qui remontait à une bonne dizaine d'années si ce n'est plus. Désormais je n'étais plus avec mes copains de lycée, mais bel et bien avec mes camarades d'aventure. Comme eux, ceux-là étaient de vrais gamins, et c'était encore pire lorsqu'ils avaient un coup dans le nez. J'avais demandé à Moore si elle désirait un peu de glace, car je me sentais d'humeur serviable ce soir. Toutefois elle avait tout intérêt à se dépêcher de répondre, car je sentais que cela ne durerait pas bien longtemps. Je commençais à ne déjà plus comprendre mes propres paroles. Et attendez, je n'avais encore quasiment rien bu. « Y a pas simplement vanille ? » C'te chieuse alors. Bah si, bien sur qu'il y avait autre chose que de la vanille. Mais j'arrivais à peine à lire les parfums sur les pots. « Euh, bah euh, si enfin je suppose. 'Doit y'avoir chocolat, logiquement, puis bah fraise, citron, nougat, caramel, noix de coco et pelouse. » De la glace à la pelouse, parfaitement. Ou pas. Je n'avais plus les yeux en face des trous, visiblement. Si j'en venais à inventer des parfums qui n'existaient même pas, c'était que l'alcool me montrait à la tête. Il était question d'une petite séance de spiritisme, durant laquelle nous invoquerions les esprits d'Artie, de Kurt Cobain et de JFK. J'avais proposé d'invoquer Michael Jackson, parce que j'en avais envie, tout simplement. Mais je ne m'attendais assurément pas à ce que Syssoi soit pris d'une soudaine envie de pousser la chansonnette. « Heal the world, make it a better place for you and for me and the entire human race... » Il n'y avait pas qu'à moi que l'alcool montait au cerveau, hein Syssoi. Avec ça, c'était certain que Michael venait de se retourner dans sa tombe. Je pensais chanter mal, mais je n'avais encore jamais entendu Syssoi. « Je crois que Michael est mourru une deuxième fois. » J'en venais à perdre mon latin. C'était pas joli-joli, ni à voir, ni à entendre. Syssoi commença à débiter un charabia incompréhensible, tout droit sorti du Russe si vous voulez mon avis. Il vint cogner son pot de glace au mien, avant de s'écrier « Bienvenue dans la team, Ruben ! La maison décline toutes responsabilités en cas de perte de secret et braquage de cagnotte par mes soins. ´Vashe zdo´rovye, khokhotountchik ! » J'avais cru saisir les trois quarts de sa phrase. Cependant je n'avais pas trop compris les quatre derniers mots. « Merci mec ! Mais je t'en pries, attaques-toi à mon secret. » Ha ha, si Syssoi se mettait sur la piste de mon secret, on allait bien rigoler. Tout simplement parce que celui-ci se voulait... heu... ah oui, tout bonnement introuvable. « Quel effet ça fait de vendre son âme au diable ? » Oula, mais je n'avais aucunement prévu de vendre mon âme au diable moi, en tout cas pas ce soir. Je pouvais encore m'échapper ? Non, visiblement pas. Et bien j'étais cuit, alors. « Ça fait peur. » Le diable c'était Syssoi, et ce type pouvait se montrer particulièrement flippant quand il s'y mettait. Moore proposa de faire un "action ou vérité", mais Connor préféra encore un "je n'ai jamais". Au risque de passer pour le gros looser de cette salle, je n'y avais jamais joué moi. Et oui, c'était sans doute un jeu auquel s'adonnaient les jeunes d'aujourd'hui, et non ceux de la génération passée. « J'propose un je n'ai jamais. On est pas assez nombreux pour un action ou vérité. Quelqu'un énonce quelque chose qu'il n'a jamais fait auparavant, et ceux qui ne l'ont jamais fait doivent boire et ainsi de suite. J'commence avant. » J'étais partant. Cela pouvait être drôle, après tout. Et puis dans l'état où j'étais ce soir, on pouvait me faire jouer à absolument n'importe quoi. « Je n'ai jamais eu envie de m'envoyer en l'air avec l'une des personnes présente dans cette pièce. » Il me fallut un petit moment de réflexion. Mon regard se porta immédiatement sur Moore. C'était triste à dire, mais je ne pouvais mentir sur le fait que je n'avais jamais eu envie de m'envoyer en l'air avec elle un jour. « Bon et bien je crois que je vais devoir boire. » Je portai alors un verre de je-sais-pas-trop-quoi à ma bouche, et le bus cul sec. Ouch, c'était bien fort quand même. « À mon tour. » C'était pas le tout de se porter volontaire pour prendre la relève, encore fallait-il trouver quelque chose à affirmer. « Je n'ai jamais joué à ce jeu auparavant.» Là, c'était certain, tout le monde allait devoir boire sauf moi.

Ils étaient dans un état ces mecs, je vous jure... Un qui se met à chanté du Mickeal Jackson ou à parlé Russe. L'autre qui semble parlé une autre langue étrange. Ca se trouve c'est de l'irlandais ou je sais pas quelle langue ils parlaient les paysans de cette île.. m'enfin bref je m'en fiche totalement, je suis anglaise. Moi j'étais loin d'être saoule, je n'avais pas touché à ma bouteille de bière de toute la soirée tandis que eux ils les avaient enchaîné les verre bien fort. Faut que je suive. Je décide alors de piquer la téquila à Connor qui ne proteste pas puisque je le charme d'un joli sourire. Ruben me propose de la glace à la pelouse.. il doit être bien dans son genre lui aussi. Il finit par me donner ce que j'ai demandé soit de la glace à la vanille. C'est simple, je suis pas une chieuse j'ai juste des goûts classique en ce qui concerne la bouffe en générale. Pendant ce temps là Syssoï accueil Ruben dans le 'groupe', j'arque un sourcil. Je propose de jouer à un jeu genre, je n'ai jamais ou action ou vérité ou tout autre choses qui leur ferai plaisir. J'ai une préférence pour je n’ai jamais puisque je n'ai pas bu assez pour supporter leur conneries.. Mais je les laisse choisir. Connor rapidement décide que ce serre je n'ai jamais, disant que l'on était pas assez pour un action pou vérité. Ouais si monsieur le dit. Sysoï demande ce que c'est j'ouvre la bouche pour lui répondre mais Connor me devance. « Quelqu'un énonce quelque chose qu'il n'a jamais fait auparavant, et ceux qui ne l'ont jamais fait doivent boire et ainsi de suite. J'commence avant. » Je fait non de la tête. Connor s’emmêle dans ce qu'il veut dire, l’alcool certainement. « C'est presque ça, sauf que c'est ceux qui l'on déjà fait qui doivent boire. Démonstration. » dis-je montrant d'un geste de la main Connor. «  Je n'ai jamais eu envie de m'envoyer en l'air avec l'une des personnes présente dans cette pièce. » Je souris, bonne question. Tandis que je bois une bonne gorgée me rendant compte que j'ai eu envie de m'envoyer en l'air avec au moins la moitié de l'assemblé.. Je sens le regard de Connor sur moi, puis celui de Ruben. « Bon et bien je crois que je vais devoir boire. » Ce n'est pas un secret, on avait commencé l'aventure en se sautant l'un sur l'autre maintenant c'est à peine si on ose se toucher. Tout le truc des sentiments ça pourri le sexe. Ruben décide que c'est à son tour de parler. « Je n'ai jamais joué à ce jeu auparavant.» Bon ben si on continue comme ça je vais finir bourré comme j'en ai besoin et envie parfait continuez avec les négations de ce genre et je vais finir par me rouler par terre priant dieu pour qu'Artie revienne. Non je plaisante je suis pas ce genre de fille bourré, je suis plutôt marante, et surtout super en chaleur quand je suis saoule, mais quand je dis en chaleur.. c'est pire que sobre hein.. vraiment. Après avoir bu une bonne gorgée de téquila qui me réchauffe la gorge en un léger frisson j'ouvre de nouveau la bouche. « Je n'ai jamais... » Je réfléchis je me dis que ce petit jeu peut me permettre d'avoir quelques indices sur les secrets. Oui attristé je le suis mais je ne perd pas de vue le fait que je dois gagner ce jeu. Pour Artie. « Je n'ai jamais utilisé une arme à feu. » en faite j'avais une cible particulière ce soir. Ruben, je voulais savoir pourquoi il avait fait de la prison je pouvais le lui demandé, pas sûr qu'il me le dise mais c'est encore plus drôle comme ça non ? Ok non mais bon.. Et puis peu être que ça va me permettre d'en apprendre plus sur les autres joueurs de ce soir. J'imagine bien Franckie en mini enfant soldat... entrain de pleurer toutes les larmes de son corps les mains tremblante entre le métal de sa kalachnikov. Et puis je crois qu'aussi j'ai encore ce truc de l'ex taulard dans un coin de ma tête m'imaginant ce qu'il avait pu pouvoir faire. Peu être qu'il a participé à un braquage, peu être qu'il était dans un gang, peu être qu'il vendait de la drogue. J'imagine que pour quelqu'un qui a fait un an de taulle c'est pas non plus quelque chose de très très grave qu'il a dut faire mais bon.. curiosité malsaine comme on dit.

Ruben prétend que je chante comme une merde. C’est pas vrai d’abord, Moore peut en témoigner. Pas vrai, Moore ? Je tourne mon regard suppliant vers elle, afin qu’elle prenne ma défense, mais cette dernière est entrain de scruter Connor en plissant le front comme si elle ne comprenait pas un traitre mot de ce qu’il venait de me dire. Même moi, j’ai compris ce qu’il me disait, et je ne suis pas irlandais, contrairement à Moore, d’après ce que j’ai compris. Elle vient pas de Dublin, la Moorue ? Putain, je pige plus rien. Ça va trop vite ! J’ai même cru entendre parler de glace à la pelouse... Je pensais pas avoir bu autant, pourtant. Enfin, je veux dire, je tiens bien l’alcool d’ordinaire, alors là je devrais juste être un peu plus décontracté qu’en temps normal -ce qui n’est pas vraiment dur sachant qu’en temps normal je suis tendu comme un string-, et non pas me mettre à entendre et voir des choses étranges, ça c’est la phase qui vient biiiiiiien après, celle que je n’atteins jamais, normalement. Bon, pas grave. Reprend-toi, Soïa, et fais genre tu maîtrise à mort. Je tente donc un accueil digne de ce nom, pour Ruben, en le surnommant “petite bite” au passage, mais on s’en fout, il pige que dalle à ma langue, et moi ça me fait marrer. Il a pas l’air rassuré, quand même, pas pour son secret, non, pour ça il a l’air à l’aise, un peu trop à mon goût d’ailleurs, mais plutôt pour tout le truc qui parle de pacte avec le Malin. Il flippe, ça se voit. Il me prend vraiment pour un suppôt de Satan ? Wahouuu, et dire qu’on m’a longtemps pris pour un Saint ! J’ai pas le temps de me pencher sur la question, que Moore propose des jeux auxquels je ne connais strictement rien, et que Connor opte pour un “j’ai jamais” dont même le nom me semble ridicule, comme une phrase inachevée qui n’aurait aucun sens. Ha, il a du percevoir ma déroute, puisqu’il entreprend d’en expliquer le concept, avant de se faire reprendre par Moore. Bon, on boit quand, alors ? Tout le temps, si j’ai bien compris. En fait ça dépend de si on suit la règle de Coco ou de Moomoo. J’prends pas de risque, j’opte pour les deux, et j’fais le choix de picoler tout le temps. Connor se lance, annonçant qu’il n’a jamais eu envie de s’envoyer en l’air avec une des personnes présentes dans la pièce. Il hésite, et puis il boit... « J’comprends pas... Tu bois pourquoi ? Parce que t’as envie de coucher avec Moore, ou parce que t’as pas envie de coucher avec Moore, tout temps confondu, passé, présent, futur, plus-que-parfait, prétérit. » Putain, ta gueule, moi-même ! Même moi, je pige rien à ce que je raconte, et m’insulte en russe. Ruben s’exclame qu’il va devoir boire. Sachant ce qu’il en est avec Moore, je comprends qu’il s’agit de boire quand la phrase ne s’applique pas à toi. « Ha ok ! » je m’exclame avec le soulagement de celui qui a ENFIN compris, et je tente de boire ma glace alcoolisée. C’est pas pratique, il me faudrait une paille, en fait. En attendant, je récupère la bouteille de vodka squattée par Gabrielle, et coince le goulot entre mes lèvres, avant de rendre le tout à la rousse qui ne manquera pas de boire à son tour. C’est au tour de Ruben, qui prétend n’avoir jamais joué à ce jeu... Bah non, moi c’est la première fois, vraiment, aussi alors que ma main s’apprêtait à récupérer la bouteille, je la repose sur ma cuisse avec une petite moue déçue. C’est naze ce jeu... Sauf que Moore relance le truc, en prétendant n’avoir jamais utilisé une arme à feu. Haha ! J’arrache presque la bouteille des mains de la rousse pour la vider d’une bonne partie de son contenu. Bah quoi ? Ce jeu m’amuse finalement, je suis aussi excité qu’une pucelle devant Justin Bieber. Alors, je m’exclame avec entrain « Je n’ai jamais tué quelqu’un. » avant de vider la bouteille d’une autre bonne partie de son liquide. J’suis super heureux en fait. Sauf que lorsque je repose ma bibine, et que je découvre le regard des autres sur moi, un espèce de voile de vapeur s’échappe de mon crâne, et cesse, brusquement, d'alourdir mon cerveau... Heu... N’aurais-je pas mieux fait de fermer ma gueule, là ? « A toi, Connor. » Je grogne en me renfrognant. L’alcool, c’est le maaaal, comme dirait Zhara.

Ah vraiment je n'étais pas aidé ce soir, entre les départs de Baptiste et d'Artie, le massacre de "Heal the world" par Syssoi, le jeu tout pourri de Connor auquel je ne comprenais rien et la très supposée mort cérébrale de Gabrielle et Franckie, tout bonnement muets depuis leur entrée dans cette salle. Il était vrai qu'aucun n'avait réellement donné signe de vie depuis, pfou, un bon moment. Mais ça n'était pas grave, ça nous ferait plus de glace et plus d'alcool. Maintenant que je faisais officiellement partie du gang de Syssoi, connu sous le pseudonyme du Diable, je pensais que la moindre des choses était encore de participer à ce jeu dont je ne connaissais jusque là pas les règles, n'en ayant jamais entendu parlé auparavant. Seulement on avait vite fait de devenir complètement pompette avec un jeu pareil. Je ne voulais pas me retrouver en comas éthylique à la fin de la soirée. Quoi qu'il en soit, j'allais tout de même tenter de jouer le jeu jusqu'au bout. C'était au tour de Moore, et la jeune femme ne faisait rien pour me mettre plus à l'aise. « Je n'ai jamais utilisé une arme à feu. » Pourquoi est-ce que je me sentais étrangement visé par cette affirmation, d'un coup ? Et bien, sans doute parce que Moore voulait en apprendre d'avantage sur mon passé, et tout particulièrement sur ce qui avait bien pu me coûter d'aller en taule. Enfin je supposais. Au risque d'en décevoir plus d'un ce soir, je ne bus pas. Et non, je n'avais jamais, mais alors jamais touché à une arme à feu de toute ma putain d'existence. Et pourtant j'avais bien failli en avoir plus d'une fois entre les mains. J'étais tombé pour moins que ça, si le terme "moins" était réellement approprié ce dont je doutais quand même un peu. La prison, on y allait rarement pour rien. J'ignorais si Moore serait soulagée d'apprendre que les armes à feu et moi, nous n'étions pas très potes. Syssoi bu lui par contre, et sur le coup je ne compris pas très bien pourquoi. « Attends Syssoi... ou t'es complètement torché, ou alors tu as réellement déjà eu une arme à feu entre les mains et dans ce cas je me pose quelques questions te concernant... » Mais oui, déjà qu'il était louche ce gars là. Alors si en plus il avait vraiment touché à une arme à feu, surtout à son âge, là c'était très inquiétant. Par ailleurs le russe s'exclama ne pas trop comprendre pourquoi Connor avait bu après avoir antérieurement affirmé n'avoir jamais voulu coucher avec une personne présente dans cette salle. Il était vrai que son regard s'était posé sur Moore durant quelques secondes, et qu'il avait par la suite bu. Je venais de réaliser qu'en fin de compte, il n'était pas improbable que Connor ait pu avoir des vues sur Moore. Je lui jetai à mon tour un regard suspicieux, limite noir. Bon allez, le jeu devait reprendre. C'était au tour de Syssoi. « Je n’ai jamais tué quelqu’un. » À ces mots Syssoi descendu une fois encore une bonne partie de la bouteille. Ma parole, il avait compris le principe du jeu ? Ou alors nous avions un véritable meurtrier en face de nous... Je ne bus pas moi, en tout cas. Tout simplement parce que je n'avais jamais tué quelqu'un. Et heureusement. Syssoi sembla se rendre compte qu'il n'avait plus tout sa tête, et que l'alcool lui était radicalement monté au cerveau. Sur ce il convia Connor à prendre le relais. « A toi, Connor. » Oui c'était peut-être mieux que ce dernier assure la relève. Il semblait que nous avions définitivement perdu Syssoi pour ce soir. Ce garçon ne tenait pas l'alcool.