Petit chaton tout mignon. Je l’avais dès à présent adopté, me faisant ainsi un nouvel ami. Il n’avait pas encore de nom, puisque Sixtine et moi n’avions pas réussit à nous entendre sur celui-ci. J’avais même voulu le faire entrer dans le château, mais je décidai de ne pas le faire, au cas où certains candidats seraient allergiques ou n’aimaient tout simplement pas les chats. Ça se pouvait. J’étais donc assise dans la pelouse dans une grosse veste chaude, à jouer avec le petit chaton tout gris que nous avions découvert dans le cimetière la semaine dernière. Depuis, je lui donnais à manger tous les jours, ce qu’il faisait qu’il n’allait pas bien loin et rodait toujours près du château. « T’es chanceux d’être un chat... j’aimerais bien être comme toi. » Non mais c’est vrai, les chats, ça menaient une très belle vie. Bien moins compliqué que la vie humaine. Je soupirai, le regard triste, comme depuis un bout de temps. J’avais de la difficulté à retrouver le sourire. Je me disais même que je n’aurais peut-être pas du participer à cette émission finalement. Que c’était une erreur. Je relevai les yeux vers une blonde qui s’approchait de moi. « Tu viens rendre visite à notre bébé ?! » demandais-je alors qu’elle arrivait pratiquement à ma hauteur. Je levais la tête pour la regarder, lui offrant finalement un sourire. « Il est triste, on l’a même pas baptisé le pauvre... Il n’a pas d’identité. » dis-je alors, caressant la tête du chaton qui courrait autour de moi, tout joyeux. Oui, j’aimerais bien être à sa place, à ce petit chat. « Au fait, je l’ai bien examiné et je crois que c’est un monsieur. » Ça l’aiderait pour lui trouver un nom.

Je viens de finir mon repas, et quoi de plus parfait pour la digestion qu’une petite balade dans le parc ? Rien. Je fourre mes mains dans les poches, levant le nez vers le ciel dégagé, laissant mes pas errer sans réel but. Je ne tarde pas à distinguer une silhouette recroquevillée, aussi je me dirige vers la forme assise sur l’herbe en trottinant. Je trouve Esther en compagnie de notre petite boule de poils, enviant sa condition de bestiole. Ouais bof, moi je n’aimerais pas tellement me retrouver dans ce corps de crevette. En plus, si ça s’trouve, il n’a même pas conscience de son existence, et tout ce qu’il sait faire c’est se lécher à longueur de journée. Cela dit je crois que j’ai une petite idée de ce qu’elle entend par là, au moins ça nous permettrait d’éviter toutes les complications de la vie. La demoiselle m’offre un sourire, mais je sens bien qu’elle n’est pas trop d’humeur ces temps-ci, comme pas mal de candidats du château. « Tu m’étonnes, je serais plutôt blasée moi aussi, qu’on se contente de me siffler. » Tentative de faire de l’humour numéro un : totalement foireuse. Bon, au moins, j’essaie ! Je m’assois à mon tour sur l’herbe fraîche, espérant ne pas me relever avec deux grosses tâches vertes sur le beau pantalon jaune que j’ai enfilé, posant mes mains sur mes cuisses en observant le bestiau. « Bon, alors je crois qu’on peut l’appeler Baptiste, non ? En souvenir du notre ? » Je lève les yeux vers elle, les pupilles brillantes, un sourire au coin des lèvres. « Hein Baba ? » Dis-je avec l’air débile des amies qui s’adresse à un bébé qui n’est pas le leur. Le petit chat me regarde, et je crois y déceler un semblant de mépris. Cela dit je n’en tiens pas rigueur, et me permet de l’interpréter autrement. « J’crois qu’il est d’accord, t’en dis quoi ? » Je songe au pauvre jeune homme qui doit nous regarder à la télé, et qui doit se demander pourquoi on veut nommer un chat comme lui. Enfin, c’est toujours mieux qu’une tortue, un escargot, ou un truc inutile de ce genre. « Tu devrais lui laisse un peu de temps, tu sais ? » Comment passer du coq à l'âge, c'est ma spécialité. Bien entendu je ne parle pas de Baba, mais de Cooper, cependant j'estime qu'elle le comprendra assez rapidement. « C'est lui qui viendra vers toi, tôt ou tard. » Si si, je vois dans l'avenir, je vous avez pas dit ? Non parce que je suis certaine que le brun, il peut pas résister aux charmes de notre Esther, c'est juste pas possible. A moins qu'il ait des goûts de chiotte, ce qui n'est pas à exclure. « Mais en attendant, faut que tu retrouves la pèche, j'vais pas te laisser te morfondre comme ça ! » Non, parole de Sixtine.

« Tu m’étonnes, je serais plutôt blasée moi aussi, qu’on se contente de me siffler. » C’était une bonne tentative pour me faire sourire, pourtant, elle ne fonctionna pas vraiment. Et je crois qu’elle s’en était rendu compte aussitôt qu’elle l’avait dit. Elle s’assoit à mes côtés dans l’herbe, les deux ayant le regard posé sur notre nouvel animal de compagnie. « Bon, alors je crois qu’on peut l’appeler Baptiste, non ? En souvenir du notre ? » Alors ça, ça me fit sourire. Parce que j’avais pensé à la même chose. Il avait une tête de Baptiste, ce petit chaton. Tout aussi affectueux. C’était un compliment hein, l’ex-candidat devrait être honoré qu’on pense à lui ainsi. « Ouais... Baba c’est cool. » confirmais-je en regardant le chaton courir un peu partout. « Vas pour Baba. » dis-je en répétant le nouveau nom de notre chat, avant de laisser planer le silence dans l’air. Enfin, jusqu’à ce que Sixtine reprenne la parole. « Tu devrais lui laisse un peu de temps, tu sais ? C'est lui qui viendra vers toi, tôt ou tard. » Je mis quelques secondes avant de comprendre de qui elle parlait. Définitivement, elle avait changé de sujet et ne parlait plus du tout du petit chaton. Non, mais bien de mon partenaire. Le pire c’est qu’elle avait parfaitement raison. Je devrais lui laisser du temps, pourtant je faisais tout le contraire même si j’avais conscience que ce que je faisais n’étais pas une bonne idée. « Je sais. Mais le problème, c’est que j’en suis incapable. » dis-je en tournant ma tête vers la demoiselle, le regard triste. « Et puis, c’est comme si j’avais peur que justement, il ne revienne pas vers moi. J’ai peur de l’abandon. Du rejet. » finis-je par admettre, malgré moi. Toute cette situation, relation, faisait ressortir des comportements que je connaissais bien chez moi, mais que je n’appréciais pas. Je n’aimais pas me voir me comporter ainsi, pourtant, je continuais à le faire. « Mais en attendant, faut que tu retrouves la pèche, j'vais pas te laisser te morfondre comme ça ! » Elle était gentille, de vouloir me réconforter ainsi. Mais je doutais qu’il y ait une tonne de moyen de me faire retrouver mon sourire en ce moment. J’avais le moral au plus bas. C’était une ambiance général en plus de ça, ces temps-ci. Je n’étais pas la seule. « Désolé pour ma tête d’enterrement. Elle ne veut pas me quitter on dirait. Si t’as un moyen miracle, je suis pour. » lui dis-je alors, doutant qu’elle ait vraiment le remède miracle à tout ça.