Il était tôt. Non, rectification : il était très tôt. Tellement tôt que Jackson se retrouvait à vagabonder seul dans les couloirs du château, n'ayant personne à embêter, pour la simple et bonne raison que ses camarades dormaient encore. Lui, il n'avait pas fermé l'oeil de la nuit. Et après avoir passé plusieurs heures à chercher désespérément le sommeil, le grand blond avait décidé de quitter son lit pour passer la nuit debout, à se balader au sein du château, comme un esprit errant. Mais arrivée une certaine heure, il estimait qu'il était grand temps de chasser son ennui et de s'amuser un peu. Oui, mais que faire à heure comme celle-ci ? Et surtout, que faire quand personne n'était dans les parages, l'empêchant de jouer les emmerdeurs matinaux ? Pas grand chose, sans doute. A moins qu'il ait envie de forcer le destin. Et visiblement, il en avait bien envie. Voilà pourquoi Jackson pénétra dans l'une des chambres, celle qui n'était pas la sienne plus précisément, pour tâcher de trouver de quoi s'occuper. Etrangement, il n'y avait pas grand blond là dedans. Syssoï avait dû emmener Gabrielle dans la chambre truc-muche, Siomha devait probablement passer la nuit ailleurs elle aussi ... Bref, il ne restait quasiment plus que ce cher Ruben, que Jackson appréciait tant. Le grand brun dormait paisiblement. Voilà qui était parfait. Sans prévenir, et sans même prendre la peine d'allumer la lumière, Jackson entreprit de secouer énergiquement le lit de son camarade. Oui oui, il osa. Parce qu'il n'en avait pour ainsi dire rien à foutre de le tirer de son sommeil, et de faire son chieur à huit heures du matin. Comme il n'en avait pas grand chose à foutre de subir la colère de Ruben, en fait. Oh et puis, de toute manière, ça n'était pas un réveil aussi brutal qu'en apparences. Non, Ruben s'en remettrait assurément. Bien sûr que oui.

Je ne sais pas vous mais moi, à huit heures et quelques du matin, j'avais pour habitude de dormir. Je n'étais pas un lève-tôt à moins que se lever aux alentours de dix heures et demi faisait de moi un lève-tôt, mais ça j'en doutais. Bref, ce matin n'avait pas fait exception à la règle, et je me trouvais paisiblement en train de dormir, blotti dans mes draps et bien au chaud, quand d'un coup je fus brutalement projeté dans tous les sens. Je crus à un tremblement de terre, et ouvris subitement les yeux. Pas le temps de dire ouf que je me trouvais maintenant à deux doigts de me ramasser la gueule par terre, les quatre pattes en l'air et le nez au ras du sol. Je me redressai alors, histoire de voir à quoi était du tout ce bordel. Non mais dites-moi que je rêve, que je dors encore, que ceci n'est qu'un cauchemar. Jackson était là, debout devant mon lit. Il semblait serein, tranquille, imperturbable. Je compris immédiatement qu'il était la cause de mon réveil tout à fait brutal. Il ne perdait rien pour attendre. Assis dans mon lit, j'étais maintenant sur le point de pousser une gueulante et tant pis si cela devait réveiller les trois quarts du nid. « MAIS T'ES PAS BIEN, ABRUTI VAS ! » Salopard, oui. Je pouvais vous en trouver bien d'autres encore, de charmants petits noms pour le grand blond. Mais abruti suffirait pour le moment. « T'as donc rien d'autre à foutre de ta putain de misérable vie de merde ?! » Mais où on avait vu ça, que l'on pouvait se faire réveiller de la sorte et à une heure pareille ? Pincez-moi, et retenez moi de lui en coller une tant que vous y êtes. Une chose était maintenant certaine, je me trouvais de très, très, très mauvais poil ce matin.

Qui n'aimerait pas être tiré du sommeil de cette manière ? Avouez tout de même que ça devait être tout à fait agréable d'être secoué d'une telle manière, surtout à huit heures du matin. Bah oui, c'est évident. C'est d'ailleurs bien pour cela que Jackson n'avait pas hésité à agir de la sorte, surtout vis à vis de Ruben, qui à coup sûr réagirait au mieux. Après tout, ils s'adoraient ces deux là. Alors pourquoi ne pas le taquiner un peu, hein ? Ainsi donc, Jackson avait commencé à secouer énergiquement le lit de son camarade, utilisant toute la force qu'il possédait. Et de la force, il en avait justement à revendre, figurez-vous. Et ce, même de bon matin et sans avoir fermé l'œil de la nuit. Étonnant, n'est-ce pas ? Quoi qu'il en soit, la réaction de Ruben ne se fit pas attendre. Et à en juger par le ton qu'il prit pour s'adresser à Jackson, on pourrait croire que tout cela ne lui plaisait pas tellement, en fin de compte. Quelle surprise. Et dire que Jackson avait été per-sua-dé que son camarade allait affectionner un tel réveil. Bon bah, visiblement, il s'était bien trompé. « Bonjour à toi aussi. Oui, je vais très bien. Et toi ? » Non, il ne se foutait absolument pas de sa gueule, là tout de suite. Ou peut être bien que si, en fait. Allez savoir, même lui n'en était pas certain. Ruben reprit ensuite la parole, tout aussi poliment que précédemment. Décidément, il n'était pas très matinal celui-là. « Tout doux, tout doux » fit alors Jackson, tout en s'approchant de lui. Là, il tira énergiquement sur les couvertures de son camarade. Ouais, il avait décidé d'être plus chiant que d'habitude ce matin. Si toutefois c'était possible. « Pour te répondre, j'ai bien d'autres choses à faire, mais disons que je préfère être ici, avec toi » reprit Jackson, affichant un sourire tout à fait hypocrite. Au moins, Jackson pouvait se rassurer d'une chose : Ruben était sans doute trop dans les vapes pour s'en prendre à lui. Enfin, ça, c'est ce qu'il espérait en tout cas.

Etre brusquement tiré du lit, c'était une chose, mais être brusquement tiré du lit par Jackson se voulait bien pire encore. Je n'aurais pas pu imaginer pareille horreur même dans le pire de mes cauchemars. Que Jackson me fasse chier lorsque j'étais éveillé et à peu près apte à l'écouter, d'accord, mais qu'il vienne interrompre mon sommeil par pure méchanceté, là je disais non. Qui aurait mieux réagit que moi franchement ? Qui ne se serait pas violemment emporté contre le blond après avoir été réveillé de cette manière ? J'étais peut-être l'un des plus impulsifs ici, et je l'assumais d'ailleurs, mais personne n'aurait trouvé amusante pareille situation. Le sommeil, c'était sacré merde. Son bonjour, il pouvait se le foutre au cul en passant. Il me demandait de me calmer, j'eus envie de rire. Il voulait sérieusement que je reste calme, que je ne m'énerve pas ? Se rendait-il au moins compte de ce qu'il venait de faire, et à quelle heure surtout il avait fait cela ? Tout le monde ne se couchait pas en même temps que les poules. Certaines personnes, comme moi, se couchaient aux alentours de minuit et avaient besoin d'une dizaine d'heures de sommeil pour rester en forme. Il préférait être ici, avec moi ? La blague. « Oh pitié, ne te fous pas en plus de ma gueule. » Son petit numéro n'avait tout bonnement aucun effet sur moi, qu'il rentre ça dans sa tête de piaf. De blond, si je puis dire. « Et maintenant tu vas rester là, ou tu vas me laisser terminer ma nuit en paix ? » Je ne voulais qu'une chose, qu'il daigne quitter cette chambre qui n'était pas la sienne. Le pire étant qu'il avait touché au lit de Céleste et ça, ça me restait littéralement en travers de la gorge. Connaissant Jackson, il ne lâcherait probablement pas l'affaire comme ça, pour mon plus grand malheur.

Note : Ruben était ronchon au réveil. Qui l'eut cru. Et dire que tout cela partait d'une excellent intention, hein. Parce que si vous vous imaginez que Jackson s'était pointé dans cette chambre puis avait secoué le lit de son camarade dans l'unique but de le faire chier, et bien ... vous avez tout bon. Parce qu'effectivement, c'était bien là son idée de départ. Que voulez-vous, on ne se refait pas. Jackson était comme il était, à savoir un brin casse-couilles sur les bords. Mais il le vivait bien, soyez-en sûrs. Bon, ça n'était pas facile tous les jours, et il avait lui même quelques fois envie de se gifler, mais la plupart du temps, tout allait très bien pour lui. Ainsi donc, emmerder les gens était devenu, en l'espace de quelques années, une véritable passion pour le grand bond. Voilà pourquoi, si tôt ce matin, il avait agit de la sorte vis à vis de Ruben. Un réveil tout à fait brutal qui ne plut pas tellement à son camarade. En témoignait d'ailleurs sa réaction. Là, Jackson aurait pu rire un bon coup et partir vaquer à d'autres occupations. Mais non, c'était absolument hors de question. Parce qu'il se devait de rester maintenant, eh ouais. Maintenant qu'il était là, autant y aller à fond. « Loin de moi cette idée » répondit-il subitement, lorsque Ruben sembla penser qu'il se foutait de sa gueule. Alors là, vraiment, c'était n'importe quoi. Comme si c'était le genre de Jackson, d'abord. Bon, désormais, Ruben cherchait à savoir si Jackson comptait rester là ou bien s'il allait lui permettre de terminer sa nuit. Attendez, il était sérieux là ? Est-ce qu'il avait oublié à qui il s'adressait ? Petit rappel : Jackson ne vivait présentement que pour l'emmerder. Alors, très franchement, la réponse paraissait évidente. Ainsi, sans trop réfléchir, Jackson bondit sur le lit de son camarade, poussant celui-ci légèrement sur le coté puis s'allongeant. « Je crois que tu as ta réponse » fit-il alors, affichant un sourire satisfait. Il tourna légèrement la tête vers son camarade, se retenant tant bien que mal de pouffer de rire. « Nous deux dans un lit ... Ça n'est pas sans me rappeler la plus belle semaine de toute mon existence. » Comprenez : la semaine durant laquelle ils avaient été menottés, au début de l'aventure. Est-il utile de préciser qu'il s'agissait là d'ironie ? Hm, probablement pas.

Ras-le-cul. J'en avais littéralement ras-le-cul de Jackson. Il m'énervait, m'insupportait. Pour tout dire, il demeurait le seul candidat capable de me mettre véritablement hors de moi ici, et ça n'était franchement pas donné à tout le monde. Attention, quand je disais "hors de moi", je ne parlais pas de petites gueulantes sympathiques du genre "rends-moi ce foutu verre de menthe à l'eau" ou "ouesh, d'où t'embrasse ma copine espèce de chaud lapin". Non, avec Jackson, je pouvais aller bien plus loin encore. D'ailleurs, si la violence n'était pas un motif de renvoi, je lui aurais explosé la tronche depuis belle lurette. Mais voilà, exprimer ma colère de cette manière ne m'avait attiré que des emmerdes dans le passé, alors je préférais encore préserver ma place dans cette aventure et laisser comme telle la petite bouille de Jackson, déjà pas mal amochée par Dame Nature. Ah il n'avait aucunement dans l'idée de me faire chier. Autant pour moi, hein. Il me tardait maintenant de savoir si Jackson comptait rester ici à me faire braire ou s'il serait pris de la bonté soudaine de me laisser dormir, afin que je puisse terminer une nuit déjà trop courte. Sans que je m'y attende, il se jeta littéralement sur mon lit, me poussant au passage sur le côté, limite au bord de celui-ci. Il était sérieux là, le bonhomme ? « Mais ! Veux-tu bien lever ton cul de ce lit ! » Ce lit qui était également celui de Céleste. Maintenant que celle-ci était sortie, il était hors de question que je laisse quelqu'un s'allonger à sa place comme le faisait ici Jackson. Où il se croyait, d'abord ? Il fit ensuite une référence à cette fameuse semaine durant laquelle nous nous étions retrouvés menottés, au début de l'aventure. « La pire semaine de ma vie, et encore je pèse mes mots. » Pourquoi remettre sur le tapis une histoire vieille d'il y a plusieurs semaines, et qui n'avait pas manqué de me laisser traumatisé. Se retrouver menotté à Jackson, il ne devait y avoir que Franckie qui en rêvait ici. Car croyez-moi, c'était loin, très loin, d'être une partie de plaisir que de se coltiner 24H/24 le blond.

Si Ruben ne le maudissait pas encore, ce serait très probablement le cas après cette matinée. Parce qu'il fallait tout de même bien avouer qu'il y avait des manières plus agréables d'être réveillé. Jackson lui même n'aurait pas tellement apprécié qu'on le tire de son sommeil de cette manière. Mais de ce coté là, il était plutôt chanceux. Étant insomniaque, il était bien rare qu'il dorme plus de deux ou trois heures par nuit. Par conséquent, rares étaient les fois où on le trouvait encore dans son lit au petit matin. La plupart du temps, il attendait que ses camarades se lèvent pour commencer à les emmerder. C'était ça sa vie ici. Passionnante, n'est-ce pas ? Ici en tout cas, son intervention n'avait pas été très bien accueillie. Pauvre Ruben. C'était bien souvent lui qui se trouvait être la victime de ce gentil Jackson. Mais vous connaissez le diction : qui aime bien, châtie bien. Quoi qu'il en soit, et non content d'avoir déjà réveillé brusquement son camarade, Jackson s'était jeté sur le lit de celui-ci, puis s'était allongé à ses cotés. Ouais, il était définitivement casse-couilles et soyez sûrs qu'il assumait. « Hors de question » fit-il simplement, lorsque Ruben le pria de quitter ce lit. Ah non, il venait tout juste de s'allonger alors ça n'était pas pour renoncer maintenant, hein. Et puis quoi encore ? Par la suite, Jackson crut bon de faire référence à cette délicieuse semaine durant laquelle ils étaient restés menottés. A cette époque, Jackson avait eu envie d'en pleurer. Mais aujourd'hui, il avait semble-t-il envie d'en rire. Étrange. « Tu me brises le cœur, là. J'étais persuadé qu'on avait partagé quelque chose de fort, d'intense. Alors qu'en fait, à tes yeux, c'était juste de la merde. » Et le tout débité sur un ton aux limites du tragique, s'il vous plait. Okay, Jackson n'était peut être pas un bon acteur, mais il était un parfait emmerdeur. Ah ça, oui.

Tandis que Jackson venait de prendre place dans mon lit, à côté de moi, à la place de Céleste, il me venait soudainement une question : depuis le début de son aventure, Jackson avait-il ne serait-ce qu'une fois agit autrement que stupidement ? Je n'avais aucun souvenir d'une fois où il aurait été un peu moins con, un peu moins méprisant, un peu moins lui quoi. Tenez ce matin, par exemple, tout le monde dormait à huit heures et quelques ... sauf lui. Bon, ça n'était sans doute pas entièrement de sa faute car peut-être souffrait-il d'insomnie. En même temps s'il ne cherchait pas tant la merde, entre Gabrielle, Franckie et Syssoi, le blond trouverait sans doute plus facilement le sommeil mais ça, ça ne me concernait plus désormais. Ce qui me concernait par contre, c'était le fait que Jackson se soit montré une fois encore éperdument cruel avec moi. Il n'arrivait pas à dormir, alors il se vengeait sur moi et m'empêchait de terminer ma nuit. Si ça n'était pas un comportement de pur idiot, ça quand même ! Maintenant que j'étais réveillé, je risquais de ne plus retrouver le sommeil. Mais rien n'empêchait cependant Jackson de me faire le plaisir de quitter cette chambre qui, en passant, n'était pas la sienne. Bon, il ne semblait pas franchement d'avis de partir, ni de lever son cul de mon lit d'ailleurs. « Putain, dès le matin tu me fais chier toi. C'est pas ma faute si t'arrive pas à dormir mon vieux, hein ! J'y suis pour rien, moi, dans tous tes problèmes. » Jackson ne récoltait que ce qu'il semait, c'est à dire de la merde, ni plus ni moins. Ses ennuis, oh oui parlons-en. Il les avaient tout de même bien cherchés pour le coup. Et il se permettait en plus de reparler de cette fameuse semaine durant laquelle nous avions été contraints aux menottes. Une semaine que j'aurais préféré ne jamais me remémorer, mais c'était sans compter sur Jackson bien sur. C'était une expérience abominable que je ne souhaitais plus jamais revivre, et sur ce point j'avais été très clair. Je lui brisais le cœur ? Oh que c'est dommage. « Et toi tu sais ce que tu me brises Jacko ? Non, je te laisse deviner tiens. » Pas bien dur de comprendre ce à quoi je faisais allusion. Il me pétait littéralement les couilles, mais en sa présence je préférais encore rester poli afin de mettre en avant tout ce qui nous opposait, lui et moi. Jacko n'avait aucune classe, aucune. Moi j'espérais au moins en avoir ne serait-ce qu'un minimum. En tout cas pour le coup, le plus chieur des deux n'était certainement pas le plus poilu... Fait avéré, et tout le monde pourrait sans doute le confirmer.

Que Ruben se rassure, Jackson n'avait pas la moindre intention de rester là. Non, c'est une blague. Bien sûr que si, il avait l'intention de rester là. Car si il avait pris la peine de secouer ce maudit lit, puis de passer outre son dégoût en s'allongeant aux cotés de son camarade, ça n'était certainement pas pour déguerpir de si tôt. Ainsi donc, Jackson comptait l'embêter encore quelques temps. Chiant, vous dites ? Probablement. Et dites vous bien qu'il assumait pleinement d'être un casse-couilles. « Ouais, dès le matin. Je suis cruel, n'est-ce pas ? » ironisa-t-il une nouvelle fois. « T'as raison, t'y es pour rien. Mais vu que c'est pas pour cette raison que je m'en prend à toi, disons que j'en ai rien à foutre. » Il fallait comprendre par là que si Jackson embêtait présentement son camarade, c'était avant tout par plaisir. Ouais, il adorait ça, faire chier les gens. Et le matin, c'était juste cent fois plus plaisant encore. Bon, du point de vue de Ruben, ça ne devait pas tellement l'être, soyons lucides. Mais Jackson n'en avait comme qui dirait rien à faire. Parfaitement. « Franchement, non, je ne vois pas du tout » reprit-il, toujours plus ironique. Il ne s'en lassait pas, vous vous en doutez bien. En attendant, il se trouvait toujours allongé à coté du grand singe qui, décidément, n'était pas des plus commodes le matin. On dirait lui, d'ailleurs. « Au fait, c'est maintenant que j'y pense, mais ... tu pourras dire à Moore qu'elle a oublié sa culotte l'autre jour ? Dans la précipitation, je crois qu'elle n'avait plus toute sa tête. En même temps, le cellier est un lieu assez déroutant ... » Un sourire à peine amusé prit alors place sur les lèvres de Jackson. Sans doute Ruben n'avalerait-il pas un mot de ses conneries, mais ça valait malgré tout la peine d'essayer. Après tout, Jackson avait bien le droit de tenter le tout pour le tout ce matin. Et quelque chose lui laissait bizarrement penser qu'un tel sujet pourrait bien s'avérer fructueux.

L'ironie de Jackson, utilisée à-tout-va dans au moins soixante-quinze pour-cents de ses répliques, devenait plus lassante qu'autre chose et ça n'était pas la première constatation de ce genre que j'avais à faire d'ailleurs. Me réveiller à huit heures pétantes, non mais Jackson devait vraiment avoir passé une très mauvaise nuit pour s'en prendre sans raison à moi, quoi. Ah non, visiblement pas en fait. Il faisait juste ça par plaisir et pour m'emmerder. Quelle gentille attention de sa part. « J'ai le droit de dire que tu me fais pitié ou c'est mal vu ? » Comme si j'en avais quelque chose à foutre du fait que Jackson puisse éventuellement être irrité par quelque parole que ce soit. Je repris donc aussitôt. « Rectification : tu me fais pitié Jackson. » Un mec qui agissait de la sorte le matin et s'en prenait à des personnes ne lui ayant absolument rien demandé dans le seul et unique but de satisfaire son côté perverse et sadique, oui ça faisait clairement pitié. Mais sans doute se foutait-il complètement du fait de faire pitié, en fait. Je lui avais signifié avec toute la subtilité dont je pouvais encore faire preuve, de mauvaise humeur et à moitié endormi, ô combien Jackson me courrait sur le haricot. Il rétorqua ne pas comprendre où je voulais en venir, et je préférais encore passer outre sa remarque tout à fait inutile. C'est alors que Jackson cru bon de faire une petite blague qui, au passage, se voulait totalement déplacée car concernant Moore. Il aurait du s'abstenir de balancer de genre de choses, surtout à une heure pareille et à un mec parfaitement hors de lui comme je l'étais actuellement. Je l'attrapai alors par le col de sa chemise, laissant ressortir ma désormais célèbre impulsivité. « Reparle encore une fois de Moore de la sorte et je t'explose littéralement la gueule Jacko. Et je suis sérieux, parles-en encore une fois et je t'amoche, te défigure, te refais le portrait mon vieux. Oui, ceci est une menace. » débitais-je alors en serrant les dents... et les poings pour le coup. Il y avait des sujets sur lesquels il valait encore mieux ne pas s'aventurer le matin, et Jackson venait de prendre un sacré risque. La fin de l'aventure arrivait à grands pas, et je ne répondais plus de mes actes. Un coup de poing pouvait à présent partir tout seul et atterrir pile entre les deux yeux du blond. Le voilà prévenu.