Swann

Mais quelle fabuleuse idée, alors, de nous permettre d'épier nos camarades de par les nombreux écrans présents dans cette salle de vidéo-surveillance. J'avais justement profité du fait que bon nombre de candidats faisaient trempette quand d'autres profitaient du soleil pour m'y rendre, sur la pointe des pieds, dans l'espoir de surveiller le moindre de leurs faits et gestes afin de, peut-être, découvrir quelque chose de déterminant concernant les secrets de certains. Il y avait sans doute plus perspicace que moi, mais je ne désespérais pas d'en apprendre d'avantage sur quelques uns de mes camarades. Seulement, en poussant la porte, quelle ne fut pas ma surprise en découvrant postée devant les multiples écrans une demoiselle avec qui j'avais eu l'occasion de converser la veille. Swann, si ma mémoire ne me faisait pas défaut. « On a eu la même idée visiblement. Ah moins que tu ne sois là pour regarder les mecs dans les douches ? » Si c'était le cas, elle cachait bien son jeu quand même. Moi je n'avais rien d'un voyeur, ayant l'opportunité de ne me retrouver avec une jeune femme nue dans mon lit à chaque claquement de doigt. Un vrai tombeur, je vous dis. « Bon alors... qu'est-ce que t'as découvert de bien beau ? Ça fornique dans tous les coins ? Ça pue les stratégies ? Dis-moi tout. » Elle n'était peut-être là que depuis quelques minutes, je n'en savais trop rien, mais toujours était-il qu'elle en avait vu plus que moi à cet instant. Mon regard était un coup porté sur la blonde, un coup porté sur les écrans. Mouais, je n'y voyais rien de bien exceptionnel par ailleurs.

Je fais glisser un doigt sur l’écran numéro 2, à la fois impressionnée et effrayée par cette étrange découverte, lorsque le géant rentre en scène en m’accusant d’observer les candidats masculins du château. « Moi ? » Je prends un air parfaitement innocent en refermant aussitôt mes doigts autour de l'étoile à six branches qui pend autour de mon cou, comme un réflexe. « Aucun intérêt. » Non c’est vrai, si j’ai envie d’aller voir autant me poster directement dans la salle de bains, non ? Ce n’est pas comme si nous étions plus d’une trentaine et qu’il était inéluctable que plusieurs personnes se retrouvent au même endroit simultanément. Je pince les lèvres en reportant mon attention sur les moniteurs parce que c’est à cet instant précis qu’un morceau de chair nue s’invite sur l’écran numéro 4, une paire de fesses qui me fait rougir instantanément. Niveau crédibilité, on repassera. Qu’est-ce qu’il vient se mettre à poil au moment exact où je tente de justifier ma présence dans la salle de vidéo surveillance par autre chose qu’une volonté perverse d’épier des Adonis sous la douche ? Je pousse un petit cri de surprise, visiblement très choquée. « Sacrilège ! Hors de ma vue, impur fessier. » Je jette mon foulard sur l’écran afin de montrer ma détermination à éviter un tel spectacle, mais je me dis que j’en ai peut-être un peu trop fait. Tant pis. Il m’interroge à nouveau, me retirant une grimace au mot ‘‘forniquer’’. Savon, vite, savon ! Je plisse les froissements inexistants de mon chemisier jaune tout en poussant un petit toussotement, inspectant soigneusement les divers écrans, évitant toutefois de lorgner en direction des fesses nues que l’on distingue toujours à travers le voile de mon vêtement. « On dirait qu’un complot se trame par ici. » J’affirme cela avec sérieux, pointant du doigt la réunion de quatre candidats qui semblent très absorbés par leur conversation. L’un d’eux hoche la tête, l’autre lève sa main au dessus de sa silhouette comme pour mimer une taille, très haut dans les airs. « Je crois même que ça parle de toi Gulliver. Tu devrais te méfier de ces lilliputiens, ils doivent échafauder un plan pour t’éliminer. » J’esquisse un fin sourire en installant une partie de mon popotin sur le bord de ce point d’observation fort intéressant. Je prends alors une voix grave, imitant l’un des hommes du château qui s’agite sur l’écran que j’ai désigné. « Ouais ce type me fait vraiment peur avec ses tremblements bizarres. Tu crois qu’il est possédé ou un truc du genre ? » Puis je la module à nouveau dans les aigus afin de me mettre dans la peau de la blonde qui remue les lèvres à son tour. « Moi je l’emmènerai bien dans les cachots pour tirer cette histoire au clair ! » Je me tourne vers le candidat en souriant de plus belle, il aura certainement compris que j’invente un petit dialogue à la sauce Swannesque. Car non, je ne suis pas déterminée à lâcher le morceau concernant ses petits exploits. « En tout cas aucune fille en train de se déshabiller, désolée. Et toi, qu’est-ce que tu vois ? » Je le mets au défi de faire mieux, le géant.

Y'avait vraiment pas moyen de me retrouver seul et isolé dans une pièce au sein de ce foutu château. Mais bon, quitte à avoir de la compagnie, autant que ce soit celle de quelqu'un que je pouvais à peu près supporter. Qu'est-ce qu'elle était venue foutre ici, d'ailleurs, la blonde ? Mater les mecs sous les douches, peut-être ? « Moi ? » Non, le pape. « Aucun intérêt. » Remarquez, la vue ne devait pas être franchement bien fameuse du côté des autres mâles de ce château. Notre attention fut alors subitement attirée vers l'écran numéro quatre ; là, on pouvait clairement apercevoir une paire de fesses masculine. Surprise, Swann jeta aussitôt son foulard sur l'écran, dissimulant en partie ces fesses qui m'intriguaient quelque peu. « Sacrilège ! Hors de ma vue, impur fessier. » Héhé, malheureusement pour la demoiselle, son foulard s'avéra être assez transparent. Par ailleurs, ce dernier m'empêchait d'identifier clairement à qui celles-ci pouvaient appartenir - car oui, j'étais capable de mettre un nom sur une paire de fesses, comme ça, par déduction. Je retirai alors d'un mouvement de bras brusque le foulard de la blonde, avant de n'approcher mon visage de l'écran en fronçant les sourcils. Après un instant de réflexion, j'en vins à faire la constatation suivante : « Atta !... ça ne serait pas le gros cul celluliteux de l'autre, là, Santiago ? Ah si si si, je suis formel. » Un pétard comme celui-ci, tout graisseux, ne pouvait que lui appartenir. Et après c'était moi que l'on cataloguait de baleine ? Non mais laissez-moi rire, quoi. « On dirait qu’un complot se trame par ici. » Hein, quoi ? Ah mais oui, exact. Une discussion semblait en cours dans l'une des salles du château, en témoigne ce que l'on pouvait voir sur l'un des écrans : un groupe de quatre candidats, des gestes approximatifs effectués à tout-va. Swann sembla en déduire que j'étais, une fois encore, l'objet de toutes les conversations. « Je crois même que ça parle de toi Gulliver. Tu devrais te méfier de ces lilliputiens, ils doivent échafauder un plan pour t’éliminer. » J'adorais quand on parlait de moi, et le fait que l'on puisse comploter derrière mon dos ne me faisait juste ni chaud ni froid. Au contraire, cela prouvait bien que j'étais considéré comme étant puissant et dangereux ; plutôt flatteur, non ? « Et bien qu'ils complotent. Tant qu'on parle de moi. » C'était encore le principal. Swann prit soudainement une voix grave, semblant imiter ainsi l'un des protagonistes visibles à l'écran, particulièrement agité celui-ci d'ailleurs. « Ouais ce type me fait vraiment peur avec ses tremblements bizarres. Tu crois qu’il est possédé ou un truc du genre ? » Sa voix revint ensuite à la normale, voir un peu plus aiguë. « Moi je l’emmènerai bien dans les cachots pour tirer cette histoire au clair ! » L'occasion de constater que niveau imitation, la demoiselle pourrait repasser. J'avais vu mieux, tout de même, mais je saluais l'effort de faire vivre cet échange à grands coups de changements de tonalité de voix. « Tu lis sur les lèvres ou tu racontes juste n'importe quoi ? Parce que le pire, c'est que tout ceci me semble carrément probable. » Bah ouais, il devait probablement se dire de parfaites horreurs me concernant, actuellement. Mais celles-ci ne m'atteignaient pas. Oh non, ils pouvaient bien me traiter de tous les noms, échafauder les pires plans que je m'en lavais les mains. « En tout cas aucune fille en train de se déshabiller, désolée. Et toi, qu’est-ce que tu vois ? » Ce que je voyais, et bien j'allais le lui dire : aucune partie de jambes en l'air, aucun échange de salive. Rien de bien excitant, en clair. Sauf peut-être ce qui se voulait visible sur l'écran numéro cinq. « Là, regarde un peu ! » Je pointais alors l'écran de mon index, avant de poursuivre. « C'est moi ou ça sent la castagne par ici ? » Deux mecs semblaient sur le point de se foutre sur la gueule, ni plus ni moins. Enfin un peu d'action ! Qu'on aille chercher les pop-corn. « T'sais, ça m'étonnerait pas que ces deux-là ne s'embrouillent pour une nana. Ce serait pas pour toi, d'ailleurs ? T'as genre... des prétendants, des mecs à tes pieds depuis dimanche ? » Elle était assez mignonne, sans mentir. Y'avait mieux, y'avait pire. Y'avait surtout pire. Enfin. Le fait qu'elle ait pu faire tourner des têtes et créer des discordes entre mâles en chaleur ne m'aurait aucunement étonné. Parce que bon, moi-même j'avais l'habitude qu'on se batte pour mes beaux yeux.

Ce n’est que lorsque le jeune homme se retrouve vraiment près de moi, se précipitant sur le foulard pour l’arracher de devant l’écran de surveillance, que je me rends compte à quel point sa silhouette est imposante. C’est assez impressionnant, même pour une grande gigue telle que moi. Je dois bien avoisiner les un mètre soixante-seize, pourtant cela ne m’empêche pas de m’en trouver stupéfaite et petite. Je suis certaine qu’il pourrait me tordre le cou en cinq secondes avec sa large paluche, et je me demande un instant comment il fait pour s’habiller. Sur mesure ? Et ses chaussures, ça existe le soixante ? « Tu lis sur les lèvres ou tu racontes juste n'importe quoi ? Parce que le pire, c'est que tout ceci me semble carrément probable. » Je relève la tête, sortant de mon questionnement existentiel. Il est vrai que mes dialogues étaient impressionnants, il faudrait que je pense à proposer mon scénario à des producteurs de cinéma. Je prends un air faussement énigmatique en l’observant, agitant un sourcil. « Comme si j’allais te le dire. C’est peut-être une partie de mon secret. » Comme je l’ai déjà précisé, je n’ai aucun talent pour le mensonge. J’aurais aussi bien pu porter une pancarte avec écrit ‘‘ceci n’a aucun rapport avec mon secret’’ que ça aurait été exactement pareil. Je suis sur le point de m’interroger à nouveau sur ses pieds, laissant errer mon regard de ce côté-là, lorsque son doigt me prend par surprise. Je tourne vivement la tête pour contempler l’agitation qu’il me désigne : un brun et un châtain qui semblent prêts à user de leur testostérone dans une démonstration de force. Je plaque ma main sur ma bouche comme par réflexe, lançant un regard inquiet à mon partenaire de voyeurisme. « Oh mon Dieu, on ne devrait pas les arrêter ? » Mais étrangement, je sens qu’il va trouver cette suggestion ridicule. Qu’il se passe un truc aussi excitant que deux hommes en pleine rixe dès la première semaine, c’est une aubaine pour tous les spectateurs –nous y compris-. Pourtant mon cœur s’emballe, et j’espère secrètement qu’ils vont s’arrêter aux insultes et –au pire- aux gifles. « Par contre je crois bien qu’il s’agit de Santiago . . . les fesses celluliteuses doivent appartenir à quelqu’un d’autre, désolée. » Comme si cette donnée signifiait qu’il a toujours de la concurrence, et que son égo ne peut plus s’en trouver apaiser. J’esquisse un sourire en guettant sa réaction. Une chose est sûre, il se porte en haute estime l’Andreas. Quoiqu’on affirme souvent que ce sont ceux qui éprouvent un sentiment d’infériorité qui tente de se valoriser par un tel comportement. Alors comment savoir ? Dans tous les cas cette particularité ne me dérange pas, elle a au contraire plutôt tendance à m’amuser. « T'sais, ça m'étonnerait pas que ces deux-là ne s'embrouillent pour une nana. Ce serait pas pour toi, d'ailleurs ? T'as genre... des prétendants, des mecs à tes pieds depuis dimanche ? » Je ris aussitôt, parce que je trouve cette idée parfaitement improbable. Moi ? Provoquer une telle situation ? Aussi rapidement ? Cela fait trois paramètres à reconsidérer. « Impossible. » Je laisse échapper un peu malgré moi, pinçant les lèvres. « Je pense plutôt qu’il s’agit du frère . . . de celui-là. » Je caresse le visage du châtain du bout de mon index, celui qui fait face à Santiago. « Je crois bien que le frangin a tapé dans l’œil de Santiago au prime, mais les deux frères ne s’entendent pas. » Je marque une pause soudaine, parce qu'en vérité j'ai un doute concernant cette information. Je ne vais pas aller lui dire que je les ai surpris en train de s'embrasser à pleine bouche dans les douches, mais j'ai de sérieux doute quant à leur soit-disant 'haine'. « Peut-être qu’il lui a demandé des conseils pour sa danse du paon et qu’il se fait sauvagement envoyer sur les roses ? » Simple suggestion, mais ça me paraît probable comme explication. Même si au final je l'imagine plutôt devenir jaloux parce qu'il est en réalité amoureux de son frère. Ce serait tragique. « Tu veux être quel personnage des feux de l’amour ? » Je lui demande, la pupille pétillante. Non parce qu’il me semble évident qu’on a été propulsé dans un mauvais remake de cette interminable série française, alors autant pouvoir choisir de quel acteur on décide de jouer le rôle.

Ce foulard cachait l'essentiel, à savoir un bien imposant fessier que la demoiselle et moi aurions préféré ne jamais voir mais qui, malgré tout, se voulait bel et bien présent sur l'écran. J'avais même cru en reconnaitre le propriétaire, en manquant au passage de montrer objectif. Forcément, ces fesses tout à fait disgracieuses ne pouvaient appartenir qu'au mec qui m'insupportais le plus ici, bah oui sinon ça n'était pas drôle. Mis à part ça, la blonde m'avait quelque peu épaté en imitant quelques protagonistes actuellement en train de converser - et visiblement sur mon compte - dans l'une des pièces du château. Elle... lisait sur les lèvres, ou bien ? « Comme si j’allais te le dire. C’est peut-être une partie de mon secret. » Ouais, à d'autres. Je ne voyais vraiment pas le secret de la demoiselle en rapport avec ça, mais alors vraiment pas quoi. Cela aurait trop facile, et je ne comptais pas m'aventurer sur cette piste. D'ailleurs, elle me sembla être une bien piètre menteuse. « Ouais, ou pas... 'toute façon il se trouve que j'ai un sixième sens, une intuition vraiment très développée. Ton secret concerne totalement autre chose. » Et j'en étais persuadé, en témoigne le ton employé à l'instant en m'exprimant. Et puis il y avait ces deux mecs, là, qui semblaient sur le point de se battre. Je m'étais réjoui d'avoir un peu d'action, enfin. « Oh mon Dieu, on ne devrait pas les arrêter ? » demanda alors la blonde. Non mais elle était pas bien, elle. Je ne risquais pas de quitter cette salle de vidéo-surveillance à toute vitesse pour partir à la recherche de ces deux protagonistes et les séparer. Non, j'étais un homme, et un homme adore voir d'autres hommes se battre. C'est comme ça. « T'es folle ! Surtout pas ! Au contraire, on a même intérêt à surveiller ça de près. » Je ne souhaitais qu'une chose : que la situation dégénère, que du sang soit versé, qu'au moins l'un d'eux soit amoché. « Par contre je crois bien qu’il s’agit de Santiago . . . les fesses celluliteuses doivent appartenir à quelqu’un d’autre, désolée. » Quoi ? Mais... ah oui, en effet, il semblait que Santiago était l'un des mecs sur l'écran. Par conséquent, la paire de fesses n'était pas la sienne. Quelle déception. Je poussai un lourd soupire, feintant même le fait d'être anéanti par une telle nouvelle. « Oh nooon. Bien, il nous faudra mener une enquête pour tenter de savoir à qui elles peuvent bien appartenir. Tu m'aideras, pas vrai ? J'suppose que tu meurs aussi d'envie de mettre un nom sur ces grosses fesses. » C'était comme une évidence ; nous en rêvions tous les deux, et tôt ou tard nous parviendrions à résoudre l'affaire des mystérieuses fesses pleines de cellulite. Y'avait-il un mec un peu enrobé en ces lieux ? Ou quelqu'un qui cachait bien ses bourrelets disgracieux ? Sans doute. Ces fesses n'étaient pas arrivées là par hasard. J'en avais ensuite été de ma propre supposition concernant la raison qui pouvait pousser ces deux types à quasiment se battre sous nos yeux. Peut-être Swann n'était pas étrangère à tout ça ? Et si c'était la demoiselle, la cause de toutes ces discordances ? « Impossible » fit-elle alors. « Je pense plutôt qu’il s’agit du frère . . . de celui-là. » Elle se mit à pointer le type qui se voulait de dos et qu'elle semblait connaitre. Alors déjà, première nouvelle, y'avait des frères ici. « Attends, pas si vite... tu veux dire qu'ils nous ont foutu des frères, t'es sérieuse ? Merci de me l'apprendre. » J'étais bien trop occupé à me regarder le nombril pour remarquer la présence de frères, de siamois ou d'hippocampes en ces lieux. Pour le coup, Swann venait de me faire la révélation du siècle, ou presque. « Je crois bien que le frangin a tapé dans l’œil de Santiago au prime, mais les deux frères ne s’entendent pas. » Oui alors... comment lui dire que les histoires de haine fraternelle, je m'en foutais juste royalement ? « Peut-être qu’il lui a demandé des conseils pour sa danse du paon et qu’il se fait sauvagement envoyer sur les roses ? » Hum. Là encore, c'était une information dont je me serais bien passé car, pour le coup, cette histoire ne m'intéressait pas le moins du monde. Elle ne me concernait pas, alors dites-moi un peu quel intérêt j'aurais pu y trouver. « J't'arrête tout de suite, ma jolie. Leurs histoires de rivalité entre frères, j'en ai juste rien à secouer. Je serais même incapable de te sortir leurs noms, à tous les deux. C'est limite si je me souviens de leurs tronches. » Non, en fin de compte j'avais bien du mal à voir deux frères parmi tout le troupeau. Mais bref, tout le monde se foutait bien de leurs histoires. Alors si en plus celles-ci concernaient également Santiago, je vous laisse imaginer l'inutilité de parler de tout ça. « Tu veux être quel personnage des feux de l’amour ? » Mais... de quoi parlait-elle ? Il me semblait qu'il y avait bel et bien une série nommée comme tel, seulement de là à m'en remémorer les personnages, fallait pas pousser. J'étais loin, très loin d'être un mordu de ce genres de feuilletons sentimentaux à deux balles. « Heeuuu... j'saurais pas te donner de nom, mais il doit bien y avoir un beau jeune homme, grand et élancé, friqué, au physique ravageur et un peu narcissique, non ? Tout moi, quoi. » Il y avait forcément un Peter, un Kevin ou un Bradley dans tout ça. Ouais, vous savez, avec ces tronches refaites et bourrées de silicone, à l'Américaine en somme. « Et toi, tu serais qui ? » Là encore, il y avait forcément une poupée mannequin aux cheveux d'or, mince comme un clou et un peu bébête. Car oui, c'était bel et bien la vision que j'avais de Swann, n'en déplaise à celle-ci.

« Oh nooon. Bien, il nous faudra mener une enquête pour tenter de savoir à qui elles peuvent bien appartenir. Tu m'aideras, pas vrai ? J'suppose que tu meurs aussi d'envie de mettre un nom sur ces grosses fesses. » Oh il n’a pas idée à quel point, cela dit la perspective de jouer les Watson me séduit assez je dois dire, même si la mission que l’on m’attribue n’est pas particulièrement flatteuse. Comme suis-je censée m’y prendre pour déterminer à qui appartient la cellulite que mon foulard a mal dissimulée ? Je rougis à la seule pensée de cette image, toussotant pour reprendre contenance. Je suis désormais une femme libérée, une femme moderne qui appréhende toutes ces choses comme les européennes, oui oui. Sans rougir. « A croire que ton sixième sens ne fonctionne pas dans toutes les situations. » Je rétorque, légèrement sarcastique. « Je pourrais prendre les fesses habillées des candidats en photo, tu crois que ça te suffira pour identifier le coupable Sherlock ? » Je l’interroge très sérieuse, comme si cette question revêtait d’une importance capitale. Mais je n’ai aucune intention de baisser les caleçons et les culottes pour lui, c’est donc à prendre ou à laisser ! Je tente d’émettre une hypothèse sur la scène suivante, mais de toute évidence je pourrais lui conter l’histoire de la naissance d’une coccinelle que ça le captiverait davantage. Bon j’avoue que les ragots ce sont généralement des occupations de filles, mais n’est-il pas désireux d’en savoir plus au sujet des personnes qui partagent son quotidien ? Parce qu’il n’a même pas fait attention au lien de parenté qui les unit, ce que –je pense- la majorité des candidats a immédiatement saisi. Ou alors il ne supporte pas de parler d’autres individus que lui-même, une pensée qui me fait doucement sourire. Tiens, hypothèse à vérifier. « Heeuuu... j'saurais pas te donner de nom, mais il doit bien y avoir un beau jeune homme, grand et élancé, friqué, au physique ravageur et un peu narcissique, non ? Tout moi, quoi. » Digne de lui, vraiment, une description si fidèle que c’en est étonnant. J’avance mon buste un peu vers l’avant en riant, scrutant toujours les écrans, l’air de rien. « Ah oui, tu as de l’argent ? » Sélective, moi ? Si peu. Il faut dire que dans tout ce qu’il vient de dire, c’est la seule chose pour laquelle je n’étais pas au courant. Le ‘beau’ est somme toute relatif, mais je dois avouer qu’il n’est pas désagréable à regarder, sans aller jusqu’à ‘ravageur’ peut-être. Quoique son sourire pourrait bien illustrer une publicité pour dentifrice. « Grâce à ? » Un boulot passionnant, un héritage chanceux, le loto, une compensation financière devant le tribunal à cause de la maladie dont il a été atteint au travail et qui lui provoque ses tremblement et réactions bizarres ? Non, je ne perds jamais le nord. Il y a tant d’explications. Ce type me fait vraiment penser à Stark, vous savez le type qui joue Iron Man, et je me demande même s’il ne vient pas de me ressortir l’exacte réplique d’un film que j’ai vu au cinéma juste avant de venir dans cette émission. « Moi je me contenterai d’être la belle blonde qui confectionne les costumes du beau jeune homme, pauvre, mariée, à la recherche de liberté parce qu’on l’oblige à porter le voile. » J’attrape mon foulard pour l’enrouler autour de mon visage, ne laissant apparaître que mes yeux. J’ai fait avec ce que j’ai sous la main. Bah il ne m’a pas demandé une description fidèle de moi, il est évident qu’il a menti ici ou là lui aussi . . . ‘physique ravageur’, c’est un petit peu exagéré ! « Il tomberait forcément sous son charme, j'imagine. Parce qu'il est riche mais il n'est fait aucune mention d'un amour quelconque. A moins qu'il soit incapable d'aimer quelqu'un d'autre que lui-même ? » Non non je ne parle pas du géant, mais bien de son personnage des feux de l'amour. Si ce n'est pas une technique infaillible pour en apprendre plus à son sujet l'air de rien. Je suis tellement discrète que je suis certaine qu'il n'y verra que du feu. Traduction : puisque tu as de l'argent, tu es à FAKE LOVER pour l'amour ? Est-ce que tu es égocentrique au point de ne pas réussir à aimer quelqu'un d'autre ?Vous voyez, c'est trop dur à comprendre, vraiment.

J'étais ce qu'on pouvait appeler un "être supérieurement intelligent". Il avait été prouvé, notamment en calculant mon quotient intellectuel il y a de ça un an ou deux, que j'étais bien plus intelligent que la moyenne. Mais je sais qu'une telle révélation n'étonnera personne - je veux dire, Andreas, un mec brillant... on le savait tous. Et pourtant Swann trouvait encore de quoi contester mes capacités, notamment ce sixième sens qui n'était autre qu'une intuition sur-développée, bien utile dans diverses circonstances. « A croire que ton sixième sens ne fonctionne pas dans toutes les situations. » Comment ?! Mais voyons, comment pouvait-elle se permettre de mettre ma parole en doute ? Sur un ton moqueur, qui plus est. « Je pourrais prendre les fesses habillées des candidats en photo, tu crois que ça te suffira pour identifier le coupable Sherlock ? » Alors déjà, ce Sherlock Holmes, là, n'était qu'une baltringue. Franchement, me retrouver comparé à lui, non merci quoi. Toutefois lorsqu'il s'agissait de défendre mon honneur, j'étais toujours partant. « Et comment ! De toute manière, de grosses fesses trouées par la cellulite seront sans doute reconnaissables entre milles. On sait déjà qu'il ne s'agit ni des miennes, ni des tiennes. Un bon début, n'est-ce pas ? » Ce qui signifiait qu'il restait encore... une bonne trentaine de derrières à épier, étudier à la loupe,... j'en passe et des meilleurs. Bon mis à part le fait que je venais d'apprendre l'existence dans ce château de deux frères - je pouvais remercier la grand blonde de m'avoir fait parvenir l'info, parce que pour le coup mon intuition me l'avait bien caché - ce fut à mon tour de lui apprendre quelque chose concernant ma situation. Mmmm, de toute évidence ça ne la laissait pas de marbre. « Ah oui, tu as de l’argent ? » Oh, mais serait-elle intéressée ? Bah franchement, c'était en tout cas l'impression qu'elle donnait, sur le moment. « Ouep, j'suis riche à en crever. Tu m'épouses ? » Oui heu, ne vous y trompez pas, ça n'était aucunement une demande en mariage. Je ne comptais pas me coltiner une petite femme, même si le ménage avait grandement besoin d'être fait et que, souvent, je ressentais juste une flemme intersidérale pour effectuer celui-ci. « Grâce à ? » Bon, c'était un interrogatoire, ou ?... « Mon père. Il se trouve qu'il a fait fortune dans l'automobile. T'sais, l'Allemagne, les voitures... ça pue le fric tout ça, hein. » Je comptais bien sur taire le nom de l'enseigne automobile pour laquelle mon père bossait, mais il était certain qu'il s'agissait de la plus célèbre d'Allemagne. Il avait fait fortune en Angleterre, ayant estimé que l'Allemagne ne lui suffisait plus - bah, il n'avait pas forcément tord, pour une fois. Nous en étions ensuite venus à parler des feux de l'amour. Ne cherchez surtout, surtout pas à comprendre. Elle était dans une sorte de délire, et je souhaitais surtout pas l'en sortir brutalement. Je n'avais pas manqué d'exposer la vision du personnage que j'aurais pu être amené à jouer dans une telle série à l'eau de rose : vous voyez le tableau, le mec parfait sur toute les coutures. « Moi je me contenterai d’être la belle blonde qui confectionne les costumes du beau jeune homme, pauvre, mariée, à la recherche de liberté parce qu’on l’oblige à porter le voile. » À ses mots, je la vis bientôt enrouler son foulard tout autour de son visage. Désormais je ne parvenais à distinguer que ses yeux. « Il tomberait forcément sous son charme, j'imagine. Parce qu'il est riche mais il n'est fait aucune mention d'un amour quelconque. A moins qu'il soit incapable d'aimer quelqu'un d'autre que lui-même ? » Je rêve ou elle faisait diversion de façon tout à fait subtile pour en apprendre d'avantage sur moi ? Maligne, la blondinette. « Oh non alors, il la laisserait dans sa misère. L'amour, il connait pas le grand bonhomme. Et comme tu dis, il n'y a vraiment que lui qui puisse compter. Lui et lui-seul. En voilà un qui a tout compris. » En ne se permettant que de s'aimer soi-même, on s'évitait bien des emmerdes je peux vous l'assurer. Voilà pourquoi je me considérais en couple avec moi-même depuis belle lurette. Mine de rien, cela enlevait 100% des chances d'être confronté à des disputes, tromperies et autres. Efficace comme méthode, vous en conviendrez.

Alors il est riche, très riche. Pas dans l’immobilier non, l’automobile. Waouh, puissant. A tous les coups son nom est compris dans les pages du magasine Forbes, un excellent parti pour ces dames de FAKE LOVER. Il y en a bien deux ou trois qui tomberaient immédiatement en pamoison devant sa grande silhouette si elles détenaient cette information, et j’imagine qu’il en a été ainsi toute sa vie. Il a du en profiter d’ailleurs. C’est donc un fils à papa –ça me rappelle quelque chose- qui profite de son argent depuis sa naissance, et je me demande aussitôt s’il exerce lui-même une profession. Cela explique sans doute son estime de lui relativement démesurée. « Sérieusement ? Ca m’éviterait de parader au défile des Catherinettes avec un chapeau horrible . . . » Oui parce que voyez-vous, dans le milieu de la couture, nous avons conservé cette idiote tradition consistant à confectionner le plus beau chapeau l’année de nos vingt-cinq ans, comme le paon qui tente de séduire sa belle par une danse. Et par le plus beau chapeau j’entends le plus gros, saugrenu, et bien souvent hideux. En tout cas ce ne sera que mariage de pure convenance, puisque le géant se dit totalement hermétique à l’amour. Vraiment ? Non en vérité ça ne me surprends guère. « Au moins il a toujours quelqu’un à aimer et ça évite les déceptions. » Je souris en écartant mon foulard puisqu’il puisse à nouveau distinguer mon visage, puis j’adopte une moue boudeuse. « Mais c’est triste. » Il semble évident qu’il n’a jamais connu ce sentiment, ou qu’il a vécu une expérience traumatisante qui l’a dissuadé de la renouveler. Je me demande s’il est effrayé à l’idée de toutes ces candidates qui doivent zieuter son argent, craignant qu’elles ne prétendent l’aimer que dans l’unique but de mettre la main sur son magot. J’estime que c’est un paramètre à prendre en compte. Dans les deux cas, il ne faut jamais dire jamais, et l’amour nous tombe dessus sans envoyer de carte de visite. Il ne peut pas prétendre l’ignorer toute sa vie, car aux dernières nouvelles il ne lit pas l’avenir dans les boules de cristal. Tiens, ça me fait penser . . . Non pas maintenant, je lui demanderais plus tard. Je croise les bras sur ma poitrine, me décollant des écrans pour venir me planter devant lui. « Je serais bien tentée par un pari sur le sujet, parce que pour moi ce ne sont que les paroles d’un ignorant dans le domaine. Si tu tombes sous le charme d’une créature dans ce château, et par là j’entends raide dingue, j’aurais le droit de faire de toi mon larbin pendant une semaine. » Bon Cupidon il va falloir qu’il se bouge la nouille et qu’il exercer correctement ses fonctions, parce qu’à la base c’est un travail qui lui revient. Cela dit je suis prête à mettre la main à la patte en cas de besoin, je n’ai plus qu’à repérer les demoiselles qu’il lorgne du coin de l’œil pour tenter d’en pousser une dans ses bras en espérant qu’elle saura lui faire tourner la tête. Ca ne devrait pas être compliqué, j’imagine que 90% des filles de château ferait l’affaire . . . Ce qui implique que lui et moi nous restions jusque là dans l’aventure, évidemment. Le concernant je n’ai pas de doute particulier, à mon sujet en revanche . . . Mais une seconde exigence est requise : de la bonne foi. Oui parce que bon, généralement les types comme lui qui imaginent l’amour comme une chimère ont bien du mal à reconnaître ce sentiment lorsqu’il les touche en plein cœur. « Et pas d’entourloupe, je suis prête à tout pour te mettre en face de la réalité si ça devait arriver. Enfin . . . le mettre en face de la réalité. » Parce que je parle toujours de son personnage des feux de l’amour, bien entendu. Finalement, cette technique est un petit peu compliquée pour moi ! Je lui tends la main pour conclure notre accord, si toutefois il l’accepte.

Il n'y avait sans doute rien de bien étonnant au fait que je puisse être riche. Je veux dire, ma tenue, mon apparence... tout ceci parlait pour moi, n'est-ce-pas ? Swann ne savait pas tout néanmoins, car bientôt cette fortune, je n'y aurais tout simplement plus accès. Mais ça, je me gardais bien de le lui dire. Personne n'était censé le savoir, et de toute façon tout ceci résultait d'un rapport fort houleux avec mon père, magnat de l'automobile renommé dans ce pays comme en Allemagne. Alors oui, j'étais riche. Et non, elle pouvait toujours rêver pour que je l'épouse. « Sérieusement ? Ca m’éviterait de parader au défile des Catherinettes avec un chapeau horrible . . . » Si elle y tenait réellement, je pouvais me mettre à genoux, là, tout de suite, mais toute demande ne serait jamais que parfaitement symbolique. Je ne comptais pas épouser la première venue - ma future femme n'était certainement pas enfermée avec moi dans ce château. De toute manière je ne rêvais pas d'un grand mariage ; ce serait même un mariage sans amour. Dans quelques temps, hélas, j'aurais à partir à la recherche d'une jeune fille riche et de bonne famille à épouser, et non l'inverse. La pauvreté me guettait dangereusement. « Le défilé des... Catheriquoi ? C'quoi ça ? » Attendez, j'avais certes une culture que beaucoup m'enviaient, néanmoins je n'étais pas non plus censé connaitre toutes les absurdités créées par l'homme - ce défilé, là, c'était la marche des pauvres ? La marche des moches peut-être ? Allez savoir. Dans tous les cas, Swann n'avait rien à y faire. La demoiselle venait de se rendre compte que la seule personne pour qui je vouais un amour sans conteste, c'était moi. Enfin... on parlait encore et toujours de nos personnages dans les feux de l'amour. « Au moins il a toujours quelqu’un à aimer et ça évite les déceptions. » On était bien d'accord, et je m'évitais bien des emmerdes en me contentant de moi et non des autres. « Mais c’est triste. » Qu'est-ce qui était triste, à ses yeux ? Le fait de ne s'aimer que soi-même ? Oh contraire, c'était le bonheur assuré, car cela nous donnait cette impression d'être aimé quoi qu'il arrive, quoi qu'il puisse advenir. Je me savais aimé - je ne me laisserais jamais tomber. « Mais non ça n'est pas triste ! Cet homme est parfaitement heureux, tu sais. Du moins c'est l'impression qu'il donne. » Je pensais être heureux, mais rien ne pouvait réellement le garantir. À priori cette vie que je menais me convenait ; seulement, peut-être pouvais-je pas avoir mieux encore ? Suite à tout ça, nous en étions venus à parler d'amour. Hein ? L'amour ? C'est quoi ça ? Désolé, mais tout ceci m'était parfaitement inconnu et je voyais mal les choses changer, surtout ici. Pourtant la grande blonde ne semblait pas partager mon avis - même, elle était sur le point de mettre de côté nos personnages. Très vite, je compris qu'il était question de moi. « Je serais bien tentée par un pari sur le sujet, parce que pour moi ce ne sont que les paroles d’un ignorant dans le domaine. Si tu tombes sous le charme d’une créature dans ce château, et par là j’entends raide dingue, j’aurais le droit de faire de toi mon larbin pendant une semaine. » Certes, j'étais bel et bien un ignorant dans le domaine de l'amour, mais je ne souhaitais pas m'aventurer dans ce domaine-là justement. Par ailleurs, je me voyais tellement mal "tomber sus le charme d'une créature dans ce château", et encore moins "raide dingue". Mais puisqu'il était question de pari et que j'étais très joueur, je n'allais pas dire non. Ça n'aurait pas été me montrer digne du grand Andreas. « Hum, on parle toujours de mon personnage, là ? » Mouais... Il était évident que non. De toute manière mon personnage et moi étions dans le même cas : l'amour, nous ne connaissions pas et nous n'étions pas franchement disposés ni décidés à le trouver ni ici, ni ailleurs. « Pari tenu. Si, pour mon plus grand malheur, je venais à m'éprendre d'une demoiselle en ces lieux, tu pourras faire ce que tu veux de moi. TOUT ce que tu veux. » Faire de moi son esclave, me torturer, me violer... elle aurait le champ libre, quoi. « Et pas d’entourloupe, je suis prête à tout pour te mettre en face de la réalité si ça devait arriver. Enfin . . . le mettre en face de la réalité. » À ses mots, Swann me tendit la main comme pour que nous parvenions à un accord, à une sorte de pacte. Je lui saisis alors la main avec poigne, oubliant un instant qu'elle n'était qu'une jeune femme et non un grand gaillard de mon espèce. « Ouais... "le" mettre en face de la réalité. Et puis, tant qu'on y est, j'vais essayer de te caser moi aussi. Heu, pardon, de "la" caser, bien sur. » Car il était question du personnage de Swann et non d'elle, évidemment. C'est fou ce qu'on était crédibles elle et moi. Si la demoiselle semblait bien décidée à me donner tord et était convaincue que je terminerais par tomber dans les bras d'une des candidates, j'étais prêt à parier qu'il en serait de même pour elle. Après tout, j'osais espérer ne pas être le seul beau garçon dans ce château. Il lui serait sans doute facile de tomber, elle aussi, sous le charme d'un jeune homme par ici. Le pari était en tout cas tenu, et j'avais tout intérêt à rester moi-même à savoir un être dépourvu de tout sentiment amoureux à part pour lui-même - je risquais gros là. Ma dignité et mon honneur, ce qui n'était pas rien.