Rien de peut pousser un homme totalement sain d'esprit à déambuler à la tombée de la nuit dans une forêt peu accueillante, rien. Si ce n'est une irrépressible envie de fumer. Parce que croyez-moi, une addiction comme celle-ci, vous pousse à faire tout un tas de choses stupide, fumer étant la première. La seconde, sortir dans un froid nordique simplement vêtue d'un tee-shirt, la dernière et pas des moindre, s'enfoncer si loin dans un lieu dont on ne connait pas les limites. C'est donc la clope au bec, que je m'aventure vers le lieu le plus sombre de la propriété, sans doute porté par une envie de tranquillité. Un main à l'abris dans mon jeans, l'autre faisait des aller-retours incessant entre ma poche et ma bouche. Un Slavin est de coutume peu farouche, il ne recule pas devant l'adversité, ne regarde pas devant lui, de toute façon l'obscurité est telle qu'on ne voit à rien à un mètre. Et l'homme déterminé qu'est Slavin est arrêté dans sa course par un mur... « Oh le con ! » Le bruit sourd qui a suivit le choc a dû réveiller la maisonnée tant il m'a parut résonner. Se prendre un truc, dans la gueule en directe à la télévision et se retrouver sur le cul en deux leçons : par Slavin. C'est le titre du roman que je m'apprête à écrire après cet indicent douloureux qui s'est révélé mortelle pour ma clope qui a fini en miette. Je grogne, et soupire ensuite. Oh le con, bis.

La nuit était claire. On avait une belle soirée. Oui, il était une heure du matin passée, et voilà que je me trouvais à déambuler dehors. Pour tout vous dire, rejoindre le lit conjugal ne me pressait pas. Plutôt compréhensible, quant on savait qui partageait mes draps. De toute façon, j'étais un oiseau de nuit. Je sentais que j'allais passer beaucoup de temps à traîner dans le château à des heures pas possibles. J'avais des problèmes de sommeil, et ici, ça ne risquerait pas de s'arranger, bien au contraire. Bref, je profitais de la douce brise sur mon visage. A cette heure ci, il y avait beaucoup moins de risque de croiser quelqu'un. Et pour tout vous dire, j'appréciais un peu de calme. Ma clope au bec, je marchais dans la forêt, lorsqu'un bruit sourd retentit. Je sursautai, et instinctivement, j'avais tous les sens en alerte. Les muscles tendus. Lorsque j'entendis un juron venant de pas loin, je me détendis immédiatement. C'est bon Keelan, arrête, respire. On est pas en Irak là. Tu subis pas une attaque de l'ennemi. Personne va te bombarder. Mon cœur reprit une allure normale. Je me dirigeai alors vers la provenance du son. Je tombai sur un mec, la trentaine probablement. Il semblerait qu'il s'était mangé le mur. En effet, ça pouvait être traître ce truc. Monsieur se retrouvait les quatre fer en l'air.  « Rien de cassé ? » demandais je en lui tendant la main pour l'aider à se relever. Vous avez remarquer, je ne me moquais même pas de lui. Alors que son magnifique viandage allait surement passer au zapping.

J'ai pas le temps de réagir que déjà y'a un mec à côté de moi. Merde, il vient d'où j'ai rien entendu venir. J'dois m'être cogné la tête plus que je ne l'imaginais. Ou alors, il observait, attendant que quelqu'un se ramasse la tronche, comme moi. Sauf que ça ne va pas, il s'est pas foutu de ma tronche. Je me gratte l'arrière du crâne, un peu confus, avant t'attraper sa main pour me relever. « Non je ne crois pas. La seule à ne pas s'en être sortie vivante c'est ma pauvre cigarette. » Je ris, et me relève. J'en profite pour me dépoussiérer le cul, l'état de mon jeans, mon dieu. « Merci au faite, Keelan ? » Oui j'crois que j'ai déjà entendu quelqu'un le nommer ainsi. J'avise sa clope. Si bien que je cherche mon paquet dans mon jeans, il va être écrasé j'crois bien, à cause du choc mais peu importe. Cool, une clope. « J'peux te poser une question ? Pourquoi tu t'es pas foutu de ma gueule ? Je me serais bien foutu de ma propre tronche si je n'avais pas déjà l'air con. » Bah oui, parce qu'on peut avoir reçu une bonne éducation mais tout de même rire parce que quelqu'un tombe, c'est une sorte de vieux réflexe, un réflexe totalement humain. Enfin, j'sais pas. J'demande, juste parce que ça m'intrigue.

Slavin accepta ma main tendue, je l'aidais ainsi à se relever. « Non je ne crois pas. La seule à ne pas s'en être sortie vivante c'est ma pauvre cigarette. » En effet. C'était bien dommage de gâcher ainsi une clope. Paix à son âme.  « Pauvre petite, elle n'avait rien demander en plus » Vraiment quelle tristesse. Le jeune homme me remercie, utilisant même mon prénom. J'étais étonné qu'il s'en souvienne. Les gens par ici semblaient avoir une mémoire de poisson rouge. Tout du moins dès qu'il s'agissait de retenir les noms.  « C'est ça. Bonne mémoire. Slavin ? » Il me semblait bien que c'était ça, ceci dit je n'étais pas sur pour la prononciation.  «J'peux te poser une question ? Pourquoi tu t'es pas foutu de ma gueule ? Je me serais bien foutu de ma propre tronche si je n'avais pas déjà l'air con. » Question surprenante. Hm n'était il pas maso le jeune homme ? Voulait il qu'on se foute de sa gueule ?  « Euh...parce que je suis bien élevé ? » Je sais pas, elle était space sa question quand même. Ou alors c'est moi qui n'était pas normal ? Mince, moi qui pensais bien faire. C'était le monde à l'envers là.  « Ceci dit je ne t'ai pas vu te gameler en direct, ça aide. » Je l'avais juste aperçus sur le sol. Je n'avais malheureusement pas eu la chance de l'apercevoir se viander lamentablement. Cela devait être quelque chose.  « Mais je peux tout à fait me foutre de toi, si tu le désires vraiment » ajoutais je un sourire aux lèvres. Oui, c'était tout à fait possible. Il n'avait qu'à demander si ça lui tenait tant à cœur.  « Et sinon, à part embrasser les miroirs, qu'est ce que tu fais pari ici à une heure pareille ? »