J'étais assise au coeur du village, un bouquin entre les mains. J'aime lire au plein air pour diverses raisons qu'il n'est pas essentiel de citer. Cependant, le temps ne semble pas être de mon avis puisqu'une goutte de pluie s'étale sur la page 68 du livre. Je lève les yeux en direction du ciel, il est gris et cela n'annonce malheureusement rien de bon. Je me lève donc, préférant éviter que le ciel me tombe sur la tête. J'cramponne mon livre, faudrait mieux pas que je l'oublie, il est à mon frère. Ensuite, je cherche un endroit pour me réfugier pour patienter jusqu'à ce que le temps se calme. Le bistrot. Voilà où je vais aller. J'avance d'un pas décidé en direction du bistrot où je me suis déjà rendue la semaine passée. C'est d'ailleurs là que j'ai rencontré Dani, le chauffeur de Taxi. J'pousse la porte et m'avance jusqu'au comptoir, des bouteilles sont encore posées sur celui-ci. Des verres aussi d'ailleurs. J'en cherche un qui serait propre et attrape la première bouteille que je vois, j'sais pas trop ce que c'est mais je vais goûter. Le verre rempli, je le porte à mes lèvres. C'est un peu fort, ça me brûle la gorge. Je regarde l'étiquette, du rhum. Une boisson de pirate ça ! Ouais, j'ai déjà maté pirates des caraïbes. La porte s'ouvre, je me retourne et aperçoit un tatoué que j'ai déjà rencontré la semaine passée. « Moien Julian !» Ouais, c'est du luxembourgeois ça et ouais, ça m'est venue sans que je réfléchisse vraiment. Sinon, je fais attention à parler français. « Je te sers un verre ? » Allez, pose tes fesses là pour qu'on discute un peu. J'ai envie d'en savoir plus sur toi, c'est bon signe, ça veut dire que je trouve intéressant.

FT JOSHUA

Il est seize heures passées et je me fais carrément chier. La vie en grand comité, c'est top, mais ça le serait encore plus si je ne passais pas trois quarts d'heure avant de me décider à parler à quelqu'un chaque fois. Pourtant, je ne suis pas quelqu'un de bien timide. Au contraire, je pense même avoir le contact facile. On vient rapidement à moi et je vais facilement vers les autres. Seulement, ici, tout m'a l'air différent. J'ai du mal à cerner les gens. C'est comme si chacun jouait un rôle. Je n'arrive pas à prêcher le vrai du faux, chez mes camarades. Ce n'est pas un défaut que je leur reproche- non, puisque nous sommes là pour jouer- seulement, ça complique les choses. Par exemple, la chinoise qui est partie l'autre soir.. Je ne suis pas sûr qu'elle soit réellement la poupée Barbie made in China qu'elle a prétendu être. Pareil pour sa sœur, ou cousine, ou copine.. Peu importe. J'ai déjà mis une éternité avant de savoir différencier l'une de l'autre, alors si en plus de cela je suis supposé savoir quel lien les unit. Je m'en passerai volontiers, merci. De toute manière, il n'y en a plus qu'une sur les deux. Ainsi, j'arrive donc au bistrot, trempé de la tête au pied. Fichue météo ! « Moien Julian !» Sa petite voix suave résonne dans la pièce. Mes yeux sourient tout autant que mes lèvres. Ana est une des rares personnes avec qui j'ai tissé un quelconque lien ces derniers jours. D'ailleurs, il me semble même que c'est sur son épaule que je me suis endormi l'autre soir. « Morgen Ana ! » Je ne maîtrise pas son langage, mais me rappelle avoir déjà entendu la traduction allemande de son expression. C'est déjà pas mal pour un mec qui sait à peine parler deux langues. « Je te sers un verre ? » Je m'avance vers elle, jette un rapide coup d’œil sur les quelques boissons alcoolisées qu'il y a, puis hausse les épaules. « Tu me proposes quoi ? », dis-je avant de balayer la salle du regard. « Vraiment pas mal, la déco. »

Lorsque j'ai décidé de m'embarquer dans un jeu comme Fake Lover, bien entendu, je m'attendais à rencontrer des gens. Et bien entendu, j'espérais pouvoir m'entendre avec eux sans être directement cataloguée comme étant une jolie fille inutile. C'est ce que les gens ont tendance à faire avec moi, selon eux, si je suis jolie et bien je ne peux pas être intéressante. Par chance, les candidats de ce jeu, ne m'avaient aucunement donné cette impression et ça me faisait un bien fou. Pour le moment, mes plus belles rencontres étaient sans aucun doute Sven, parce que je pouvais pas avoir mieux comme partenaire et son copain, Joshua. Enfin, pour moi, c'est Julian. D'ailleurs, celui-ci entre dans le bistrot où je me suis réfugiée, en me saluant en allemand. Bien entendu, je reconnais la langue, c'est bien connu, cette langue a de nombreuses ressemblances avec ma langue maternelle qu'est le Luxembourgeois. Enfin, faut dire que je cause autant le luxembourgeois que le français puisque mon père m'a appris le Luxembourgeois et que j'ai toujours été scolarisée dans la partie francophone de la Belgique. « Morgen Ana ! Un léger sourire, et j'enchaîne directement en l'invitant à boire un petit verre avec moi. En plus, ça réchauffe par un temps pareil. « Tu me proposes quoi ? » Hop, en moins de deux secondes je bondis de ma chaise pour me dirigée derrière le bar, je regarde les bouteille attentivement, afin de pouvoir l'aider à faire son choix. « Alors, y a du rhum, de la vodka, de la bière aussi et de la tequila. Oh, et je crois que je sais faire un sex on the beach. » Ouais, j'ai toujours été fan de ce cocktail alors j'ai été voir une 'recette' sur internet un soir. Et je pense plus ou moins avoir mémorisé la chose. « Sinon, on mélange tout et on voit qui sera le premier malade» Que je lui lance en rigolant. « Vraiment pas mal, la déco. » C'est vrai. J'aime bien cet endroit, ça me rappelle un peu un vieux bar dans lequel je traîne avec mes colocataires, pas loin de Bruxelles. « J'crois que c'est un de mes endroits préféré, sans vouloir passer pour une ivrogne bien entendu. Je trouve qu'on s'y sent bien. » Je lui tends un verre, maintenant, il lui suffit de faire un choix

Tandis que je la questionne sur les différents alcools qu'elle pourrait éventuellement me proposer, Ana quitte sa chaise pour prendre place derrière le comptoir. « Alors, y a du rhum, de la vodka, de la bière aussi et de la tequila. Oh, et je crois que je sais faire un sex on the beach. » , me répond-elle. Je plisse légèrement les yeux pour me donner un air intelligent avant de lui adresser un nouveau sourire. « Sinon, on mélange tout et on voit qui sera le premier malade», ajoute-t-elle. Ma tête fait subitement un mouvement de recul, comme pour dire "berk" avant de revenir à son état habituel. « Je pense que Sia et Sven se passeront volontiers de dormir dans des draps embaumés de vomi. », dis-je avant d'émettre un léger rire. « Sans compter sur la mauvaise odeur qui émanera de nos bouches. Ce serait bête, pour mon compagnon, de se retrouver avec une jolie qui pue d'la gueule au moment du coucher. » Cela dit, je doute fort que l'alcool donne un meilleur parfum à nos orifices. « J'crois que c'est un de mes endroits préféré, sans vouloir passer pour une ivrogne bien entendu. Je trouve qu'on s'y sent bien. », rétorque-t-elle après que je lui aie donné mon avis sur la décoration d'intérieur. Mes yeux reviennent une nouvelle fois balayer la salle du regard, comme pour appuyer mes dires. « C'est la première fois que je viens ici, et j'en ai déjà fait mon endroit favori aussi. » Oui, indéniablement, ces lieux dégagent une aura extraordinaire. On se croirait dans Anastasia au moment où la princesse russe découvre les vestiges de son empire et que les fantômes viennent valser avec elle. « J'suis partant pour le cocktail. », dis-je après qu'elle m'ait tendu un verre. Verre que je ne saisis donc pas puisque j'attends qu'elle me fasse découvrir ses talents de barman. Je ne suis pas fervent des mélanges, mais s'il est fait avec amour, pourquoi pas?

J'lui propose un peu tous les alcools sur lesquels j'ai la chance de mettre la main, il doit bien y en avoir un qu'il préfère par rapport aux autres. Moi, j'avais choisi le rhum au hasard, du pur hasard et je n'étais pas certaine que cette façon soit la meilleure façon de procéder. Tant pis, je viderai quand même mon verre, j'aime pas le gâchis. Une idée idiote me traverse l'esprit un instant, celle de tout mélanger et de voir qui serait le premier malade. Bien entendu, je ne comptais pas l'appliquer, déjà, le goût doit pas être terrible et je déteste être malade à cause de l'alcool. Après, je culpabilise et je déteste culpabiliser. J'ai pas le temps de culpabiliser. « Je pense que Sia et Sven se passeront volontiers de dormir dans des draps embaumés de vomi. », Tout comme lui, je ris légèrement. C'est vrai que ça doit pas être top comme truc. Si jamais Sven a le malheur de me vomir dessus, je crois que je le tue et ensuite, je lui demande de ravaler son vomis. Ou de le nettoyer. Au choix. Puis, le jours où ça arrive, j'suis pas sûre de tenir le choc ... Enfin, ça devient un peu dégueulasse, zappons. « Sans compter sur la mauvaise odeur qui émanera de nos bouches. Ce serait bête, pour mon compagnon, de se retrouver avec une jolie qui pue d'la gueule au moment du coucher. » J'lui donne une légère tape sur l'épaule, j'suis pas le genre à puer de la gueule, même lorsque je vomis. De un, je me lave les dents, et de deux, j'ai toujours des chewing-gum à la menthe sur moi. « J'pue pas de la gueule, jamais. J'suis une princesse, je pète des arcs-en-ciels et je fais des cacas papillons. » Ouais, j'ai lu cette phrase, ou un truc qui y ressemble très fort sur internet un jour. Je trouvais ça tellement ridicule que je me sens obligée de la ressortir ici. « C'est la première fois que je viens ici, et j'en ai déjà fait mon endroit favori aussi. » Qu'il me dit après avoir admiré la déco. « Ouais, mais c'est parce que je suis là aussi. » J'lui fais un clin d'oeil, je souris. Et bien entendu,c 'est de l'humour... J'suis quand même pas le genre à me kiffer à ce point là. J'ai mes limites. Et désormais, je patiente qu'il fasse son choix. Cocktail qu'il me dit. Bien. J'attrape un shaker, de la vodka, de la liqueur de pêches et deux jus de fruits différents que je place dans ce shaker. Une fois que c'est chose faite, je le secoue environs dix secondes. Je verse le tout dans un verre. « Vas-y, goûte. » J'articule en lui tendant le verre, et vint reprendre ma place à ses côté, mon verre de rhum posé devant moi. J'suis une pirate que je répète. « Tu vis où Joshua ? » ouais, ça m'est venu comme ça.

Tandis que je fais allusion au fait que les mélanges sont mauvais pour l'estomac et qu'ils pourraient entraîner une mauvaise haleine dans le cas où elle en arriverait à dégueuler son cocktail explosif, Sïana me donne une légère tape sur l'épaule. De vrais biceps de filles. « J'pue pas de la gueule, jamais. J'suis une princesse, je pète des arcs-en-ciels et je fais des cacas papillons. » , ajoute-t-elle à cela. Je grimace légèrement. Des images effroyables me traversent l'esprit où je découvre une Sïana qui lâche des caisses et qui chie comme un ogre. « Les princesses ne pètent pas et ne font pas caca du tout. », je la corrige. Bah quoi? C'est pas ça qu'il dit le dicton? Que les nanas ne font rien de tous ces "trucs de mecs". Après que je lui aie fait part de mon avis sur la décoration du bistrot, ma camarade m'a avoué avoir fait de cet endroit l'un de ses lieux favoris dans le village. Opinion que j'ai dit partagé avec elle, donc. « Ouais, mais c'est parce que je suis là aussi. », affirme-t-elle. J'émets un léger rire puis lève les yeux au ciel. « Qu'est-ce-que j'ai fais pour mériter ça? », dis-je en m'adressant à Dieu. Mon regard s'oriente à nouveau vers elle et je découvre une toute nouvelle facette de sa personnalité: madame joue les barman. Et pour cause, je lui ai commandé un cocktail. Je la vois se munir d'un shaker et de quelques bouteilles, puis commencer son expérience. Je reste patient, ne bronche pas un instant puis me vois servir ce fameux verre. « Vas-y, goûte. » Je plisse légèrement les yeux comme pour examiner le contenu de mon verre puis porte finalement ce dernier à ma bouche. Après une petite gorgée, je la regarde, le visage crispé et fait mine d'être répugné. « Dégueulasse. », affirmé-je avant de retrouver mon sourire. « Je plaisante. C'est pas mal pour une première fois. » C'est supposé être son premier Sex on the Beach, non? « Tu vis où Joshua ? », lâche-t-elle comme ça, en plein milieu de la conversation, après être revenue à sa place. « J'habite en Belgique depuis quelques années maintenant. Mais sinon, je suis originaire de Paris. Et toi? »

Bon, mes images n'étaient visiblement pas les meilleurs possible puisque Juju me corrige rapidement. « Les princesses ne pètent pas et ne font pas caca du tout. » Ha oui, il en est encore à ce stade là lui ? Bon d'accord. Je veux bien lui laisser croire que toutes les filles sont des modèles de propretés, de bonnes manières et de tout ce que vous voulez. De toute façon, j'fais partie de ces filles tellement bien élevée qu'elle n'admettront jamais réellement le fait que ça leur arrive ce genre de chose. Même quand j'étais avec mon mec, je niais en bloc. La discussion s'oriente ensuite sur ce lieu, lieu que j'apprécie réellement. Lieu que je n'hésite pas à qualifier comme étant l'endroit que je préfère ici. Sans aucune hésitation même. Pour le moment en tout cas. Joshua en fait de même. Et je ne peux m'empêcher d'ajouter que c'est sans aucun doute grâce à ma présence, puisque c'est la première fois qu'il vient ici. Ça doit être ma présence qui a tant embellit ce lieu. Hum, ou pas. Redescends un peu sur terre Sïana. « Qu'est-ce-que j'ai fais pour mériter ça? » Non, mais c'est qu'il se plaint en plus le bougre ! Il ne sait pas la chance qu'il a de m'avoir en face de lui. haha. Je me fais rire, parce que j'suis pas du genre à être narcissique en fait. « Pff, tu le dis hein si tu veux que je me casse. » Que je lui lance tandis que je m'occupe déjà de lui préparer son cocktail. J'suis trop bonne -dans le sens gentille- et ça me perdra un de ces quatre. « Dégueulasse. » Il déconne là hein ? Parce que j'ai suivis la recette et je me rappelle que c'était ainsi qu'il fallait préparer la boisson. J'arque un sourcil. Allez, dis moi que tu déconnes. « Je plaisante. C'est pas mal pour une première fois. » Amen. « Le second en fait, j'ai déjà testé une fois chez moi. » Ouais, le deuxième et je suis plutôt contente qu'il déteste pas . Décidant d'en savoir plus sur lui, je lui demandais où il vivait. Je n'avais même pas eu l'occasion encore de le demander à Sven, et je trouvais ça regrettable. « J'habite en Belgique depuis quelques années maintenant. Mais sinon, je suis originaire de Paris. Et toi? » Oh, un autre squatteur de la belgique. Ca, c'est un point commun mon pote. « J'viens du Luxembourg, à la frontière belge. Mais ça fait un an que je vis en colocation à Bruxelles pour mes études. Enfin, je retourne au Luxembourg les week-end, pour mon père. » J'explique ça calmement, buvant une nouvelle gorgée de mon verre. « ça se trouve, on s'est déjà croisés » Ouais, je rêve. Parce que c'est pas si petit que ça la Belgique.

« Pff, tu le dis hein si tu veux que je me casse. », me lance-t-elle en pleine figure tandis que je demande au Tout-puissant ce que j'ai bien fait pour mériter une compagnie pareille. Évidemment, c'était ironique. Non, parce qu'en fait, la petite brunette est une des personnes que j'apprécie le plus ici. Le fait de me la coltiner en ce moment présent est loin d'être un fardeau. Mais je commence déjà à prendre goût au fait de la taquiner. Elle est toute mignonne- sans arrières pensées, hein- quand elle joue les fausses vexées. « Moi? Jamais. Je suis trop bien élevé pour te le dire en face. », dis-je sur ce même ton ironique. Puis, de toute manière, elle n'a pas intérêt à foutre le camp tant que je n'aurai pas eu mon cocktail. Cocktail qu'elle me tend au bout de quelques minutes. Après avoir grimacé et indirectement affirmé qu'elle ferait une mauvaise barman, je retrouve mon sourire pour finalement avouer que son truc-là est pas si mal pour un premier cocktail. « Le second en fait, j'ai déjà testé une fois chez moi. », m'avoue-t-elle. Je jette un furtif coup d’œil dans mon verre, puis porte mon regard sur elle avant de revenir sur le verre, puis sur elle, puis sur le verre pour finalement plonger mes yeux clairs dans ses grands yeux bleus azur. « Le troisième sera le bon. », dis-je sur un ton qui se veut rassurant. Je peux être vraiment taquin quand je le veux. Après cela, elle me questionne quant à ma ville d'origine. J'évoque Paris, puis Bruxelles où je vis depuis maintenant trois ou quatre ans et lui retourne finalement sa question. « J'viens du Luxembourg, à la frontière belge. Mais ça fait un an que je vis en colocation à Bruxelles pour mes études. Enfin, je retourne au Luxembourg les week-end, pour mon père. » Je lui adresse un petit sourire. Une autre qui a émigré vers Bruxelles, donc. « ça se trouve, on s'est déjà croisés » J'arque un sourcil et lève les yeux au ciel pour faire mine de réfléchir puis secoue finalement la tête de gauche à droite. « Ca m'étonnerait. Je me serais souvenu de toi si ça avait été le cas. » On va pas se voiler la face, n'importe quel mec- un minimum attiré par les femmes- se serait retourné sur elle s'il l'avait croisée dans la rue. Je suis sûre que même les filles la dévisagent quand elles croisent son beau regard.

Je le sentais d'humeur taquine aujourd'hui mon Julian, ce qui n'était pas pour déplaire au final puisque je connais bien le dicton qui dit 'qui aime bien, châtie bien'. Cela voulait donc simplement dire que Joshua m'appréciait un minimum et ça me faisait plaisir. Après tout, moi aussi, j'ai tendance à adorer faire chier les gens que j'aime bien. Genre, leur lancer des piques et voir comment ils réagissent à cela. C'est donc dans cet état d'esprit bon enfant que Joshua se plaignait de ma présence et que je l'informais tout naturellement que j'pouvais quitter les lieux si j'étais de si mauvaise compagnie. Je ne pensais pas ce que je disais, puisque ses paroles n'étaient pas dites sincèrement. « Moi? Jamais. Je suis trop bien élevé pour te le dire en face. » Il continuait le bougre, il attendait quoi au juste ? J'vois mon verre, je regarde Joshua et sans réfléchir je saisis le premier pour le verser sur le second. N'y voyez rien de mal, on s'amuse. Je m'amuse en tout cas. Je pose ma main devant ma bouche, faignant un accident, j'hausse les épaules « Oups. » Désolé mon lapin mais tu l'as bien chercher. J'suis d'ailleurs très satisfaite de mon coup, ce qui se voit grâce au large sourire qui s'étale sur toute ma face. Puis en plus, il s'en prend à mon cocktail aussi, le tout, en me fixant dans les yeux. « Le troisième sera le bon. » qu'il me dit. Ha ouais !? Il le dit hein si il veut recevoir celui-ci sur lui aussi, il sera peut-être meilleure de cette façon. « Rêve pour que je t'en fasse un autre une autre fois. » Que les choses soient claires entres nous. Puis, sans savoir pourquoi, je désire savoir d'où il provient, les taquineries ont prit fin et j'souhaite entretenir notre discussion parce que je suis vraiment pas fan du silence. J'crois que c'est une des choses que je déteste le plus au monde. J'apprends qu'il vit en Belgique... Tiens, comme moi ! J'pensais pas trouver d'autres squatteurs de la Belgique ici !? Et en plus, cela signifie que mon Svenouille vit là lui aussi. Fantastiiiiiique. Le monde est petit quand même. Peut-être nous sommes nous croisés sans y prêter attention ? « Ca m'étonnerait. Je me serais souvenu de toi si ça avait été le cas. » Joshua ne partage donc pas mon avis. D'ailleurs, c'est un compliment ça non ? « J'suppose que je dois prendre cela comme étant un compliment de ta part !? Merci. » J'sais que j'attire les regards, j'ai un physique qui plaie. Merci papa, merci maman. C'est à eux que je le dois. Mais je sais aussi que ce physique ne m'a pas toujours facilité la fille. Bah oui, j'suis jolie alors pour les filles, j'suis une fille facile et pour les mecs aussi d'ailleurs. Souvent, on me voit comme la fille que je ne suis pas et dans le fond, ça me touche toujours un peu. Malgré tout cela, je reste persuadé que bon nombres de personnes peuvent continuer leur chemin après m'avoir croisé, et ce, sans se retourner.

Je m'amuse à lui balancer quelques vannes en pleine poire. Elle répond avec autant de sarcasme que moi. Et ça me plait. Vachement même. Elle a du répondant, c'est plutôt une bonne chose. Pour elle, comme pour moi. Ça rajoute un brin de je ne sais quoi à notre conversation. Puis, ça change des conversations moroses qu'on aurait pu se coltiner si on s'était arrêté aux basiques "salut, ça va?", "oui et toi?". Elle m'invite donc, sur un ton plaisantin- du moins je l'espère- à lui avouer mon envie de quitter la pièce si sa présence ne me satisfait pas. Chose à laquelle je réponds que ma mère m'a trop bien élevé pour que je lui fasse une telle confession. Elle regarde son verre, puis me reluque. Oh oh, je la sens venir. Ou pas en fait. Ni une, ni deux me voila aspergé de rhum. Qu'est-ce que ça peut puer, cette merde ! « Oups. », dit-elle en portant sa main devant ses lèvres, prétextant un accident. Oui bien sûr, chérie, tu ne l'as pas fais exprès. C'est évident. Je la regarde, bouche-bée et me mets à rigoler- toujours la bouche-bée évidemment ! « Mauvaise idée. », dis-je en me débarrassant de mon t-shirt trempé. Oui, ce sont des menaces. Qu'elle tremble, la vermine ! Mais, je ne vais pas prendre ma revanche maintenant, ce serait trop facile. Nous passons donc à un sujet un peu plus sérieux : notre lieu d'habitation à chacun. Et il se trouve que.. nous vivons dans la même ville ! Mademoiselle imagine qu'on aurait pu se croiser dans le passé.. ou une vie antérieure. Je fais mine de réfléchir un instant avant de répondre par la négative. Cet épisode- s'il avait bien eu lieu- m'aurait marqué. En effet, Sïana a un physique de mannequin. Et les filles de ce genre ne passent pas inaperçues dans la rue. « J'suppose que je dois prendre cela comme étant un compliment de ta part !? Merci. » Perspicace, la petite. Je souris puis acquiesce d'un mouvement de tête. « Je suppose que tu peux prendre cela comme un compliment de ma part, oui. » Je vais pas le nier, elle est tout à fait à mon goût. Mais ce n'est pas pour autant que je tenterai quoi que ce soit avec elle. D'ailleurs, cette remarque n'était nullement une tentative de drague pourrie. « Et tu sais quoi ? T'es encore mieux quand tu te déguises en cocktail. », lui dis-je en lui versant le contenu de mon verre sur le crâne. Je l'avais prévenue. « J'ai toujours eu un petit faible pour le parfum "alcoolique anonyme" de Yves-Saint-Laurent. », renchéris-je en gloussant comme un abruti, fier de moi.