Parler avec Laoise s'avérait particulièrement plaisant. Il s'agissait visiblement d'une jeune femme de bonne compagnie, et Tweedy tâcherait de ne pas l'oublier. C'était peu probable, d'ailleurs. Ainsi, à l'avenir, elle saurait qu'elle pourrait sans mal passer un agréable moment avec cette jeune femme. Après avoir discuté longuement au sujet de leur prénom respectif - c'était franchement un sujet bien plus intéressant que ça pouvait sembler l'être de prime abord - les deux jeunes femmes discutaient désormais des raisons de leur venue dans un tel jeu. C'était Tweedy qui avait lancé ce sujet de conversation, ayant au départ fait savoir à sa camarade qu'une jeune femme de sa beauté - parce qu'il faudrait avoir développé la berlue pour ne pas la trouver charmante - n'aurait aucun mal à faire des ravages en ces lieux. C'était peut être un compliment facile, puisque la beauté de la jeune femme sautait véritablement aux yeux, mais il était tout à fait sincère. Sachez d'ailleurs que Tweedy évitait de noyer les gens sous des compliments. Complimenter était une bonne chose, certes, mais de manière raisonnable. Les gens auraient vite fait de se croire parfaits et ce serait franchement agaçant. Après lui avoir adressé un joli sourire, Laoise tâcha alors d'expliquer à Tweedy pourquoi elle s'était rendue dans un tel jeu. Sa réponse intéressa véritablement Tweedy qui ne manqua pas d'écouter attentivement sa camarade. Ainsi donc, ça n'était pas tellement pour le grand amour. D'accord. Par contre, cela semblait être pour jouer, s'amuser et profiter. Hm, intéressant. Oh, et visiblement pour provoquer un changement dans son existence. De mieux en mieux. Un sourire sincère vint alors prendre place sur les lèvres de la petite brune. « Je te souhaite qu'il y ait du changement alors, puisque tu dis en avoir besoin » lui adressa-t-elle gentiment. C'était désormais à son tour de se confier à ce sujet. Hm, d'accord. « Je dois avouer que ce jeu m'intriguait, que j'ai voulu voir de quoi il retournait, et ce, en m'y impliquant et non plus en me contentant de l'observer via ma télévision » commença-t-elle, marquant une courte pause avant de poursuivre. « J'ai suivi les conseils de mes proches et j'ai tenté ma chance. Habituellement, je ne suis pas très fan de tout ce qui touche à la médiatisation. Mais d'un coté, j'en ai besoin. J'aimerais sensibiliser le public sur certains points, et je me suis dit que ce serait une bonne occasion de tenter le coup. Je n'avais rien à perdre, après tout. » Tweedy ponctua ses paroles d'un nouveau sourire, toujours aussi sincère que le précédent. Voilà qui était dit. Reportant son attention sur les écrans, elle reprit la parole. « Quand on est ici, on pourrait se prendre pour Big Brother, comme si nous avions le plein contrôle sur leurs agissements. C'est fascinant, quoi qu'absolument détestable. » fit-elle alors. Bien sûr qu'elle trouvait cela détestable. Cela s'apparentait pour elle au principe d'une dictature, d'un despotisme. Quelle horreur.

Pourquoi diable participer à une émission telle que Fake Lover ? Ah ça, c'était une excellente question. Parce qu'habituellement, Tweedy évitait de s'intéresser à ce genre de choses. Il faut dire qu'à force de mettre en scène des candidats plus surprenants les uns que les autres, cette émission avait écopé d'une drôle de réputation. Pas mauvaise, hein, juste bizarre en fait. Quoi qu'il en soit, Tweedy s'était un jour risquée à suivre l'émission en compagnie de sa petite sœur, véritablement férue de ce genre de choses. Et, contre toute attente, la petite brune s'était sentie intéressée. Pas par les candidats, leur tendance à s'envoyer en l'air un peu n'importe où et à gueuler en permanence. Non. Par contre, elle s'était intéressée au principe de l'émission. Cela devait demander un certain dépassement de soi-même, une certaine remise en question aussi. De quoi l'intéresser, elle qui n'avait peur de rien. Et puis, comme elle venait si bien de le dire à Laoise, il y avait aussi et surtout le coté médiatique de l'émission. Et ce coté médiatique risquerait de lui être très utile, sachez-le. Car Tweedy était surtout venue ici dans le but de sensibiliser le public au sujet de certaines choses qui lui tenaient à cœur. A la télévision, elle était certaine d'être entendue - et, espérons-le, comprise - d'autant plus qu'elle savait que Fake Lover bénéficiait d'un très large public, notamment parce que cette émission était diffusée dans pas moins de deux pays. De quoi se faire entendre, effectivement. Visiblement, cette révélation suffit à pousser Laoise à se montrer un peu plus curieuse, ce qui fut loin de déranger Tweedy, sachez-le. Sa camarade lui demandait alors d'énumérer les points sur lesquels elle voulait donc sensibiliser les gens. Une question tout à fait légitime. « Et bien, par exemple, sensibiliser les gens au sujet des problèmes environnementaux qui mettent petit à petit notre monde en péril, de l'accroissement de la violence au sein de notre société, de l'arme nucléaire et des dangers généraux de toute guerre, de l'inégalité perpétuelle entre les sexes - mais aussi entre tous les hommes, de la maltraitance à l'encontre des hommes, des femmes, des enfants, des animaux ... Ce sont de multiples combats que je mène depuis déjà quelques temps. J'espère parvenir à me faire entendre ici. » Autrement dit, le vedettariat et le pognon n'étaient aucunement ses motivations. C'était même évident. Par contre, nombreuses étaient effectivement les causes que défendait activement Tweedy, et qu'elle défendrait tout autant au sien de ce jeu si on lui laissait l'occasion de le faire. Mais voilà que cette dernière avait une nouvelle fois évoqué la bizarrerie d'une telle pièce, faisant au passage référence au roman de George Orwell. Visiblement, Laoise et elle étaient d'accord pour dire qu'il n'était pas franchement rassurant de se savoir épiées en permanence. « Dans un jeu comme celui-ci, l'intimité doit être un luxe qu'on ne peut se payer » fit alors Tweedy, dans un bref haussement d'épaules. Entre cette pièce et les téléspectateurs, niveau intimité, on ne risquait pas d'atteindre des sommets. « Personnellement, je vais tâcher d'oublier la présence des caméras. Je ne sais pas si tout le monde en sera capable, mais il le faut si on ne veut pas finir complètement paranoïaques. » Oublier les caméras, une chose plus facile à dire qu'à faire, sans doute. Mais une chose nécessaire, non ?

Sachez que Tweedy était rarement prise au sérieux. C'était un fait, et elle s'y était plus ou moins fait au fil des années. Pour autant, elle hésitait encore quant aux raisons qui pouvaient bien pousser les gens à ne pas la prendre au sérieux. Était-ce parce qu'elle était jeune ? parce qu'elle était relativement petite, et donc loin d'être impressionnante ? ou simplement parce qu'elle était une femme ? C'était triste à dire, mais nous vivions encore à une époque où, quelques fois, certains hommes parvenaient à faire reculer l'histoire de plusieurs décennies en ce qui concerne l'égalité des sexes. Quoi qu'il en soit, ce genre d'obstacles n'avaient jamais dissuadé Tweedy de mener les combats pour lesquels elle luttait énergiquement, et ce, depuis déjà quelques années. On la disait écologique et humaniste de nature, mais Tweedy avait surtout tendance à considérer que les combats qu'elle menait devraient être menés par le tout un chacun. Bien sûr, la jeune femme était bien consciente que l'environnement ou encore les droits de l'Homme étaient loin de passionner tout le monde, d'autant plus au sein de sa génération, c'est à dire ceux qui avaient grosso modo la vingtaine. Pourtant, Tweedy se passionnait pour ces combats. Elle prenait certains risques au quotidien pour tâcher de se faire entendre, pour faire bouger certaines choses et éviter de faire reculer une machine qui pédalait déjà dans la semoule. Mais elle n'attendait pas la moindre reconnaissance, de qui que ce soit. Cela lui semblait naturel, en fait. Oui, naturel. Et elle estimait qu'elle n'aurait pas à faire de telles choses si l'Homme avait agi différemment par le passé et qu'il possédait une meilleure mentalité. Bref. Laoise semblait trouver que les causes pour lesquelles se battait Tweedy était belles. Un grand sourire naquit alors sur les lèvres de la petite brune. S'il est vrai qu'elle n'attendait de reconnaissance de la part de personne, il fallait bien avouer qu'il était plaisant d'entendre de telles choses, tout de même. « Merci, je dois dire que ça me fait plaisir. J'ai souvent l'impression d'être incomprise. Autour de moi, les gens me trouvent légèrement barge, parce que mes préoccupations ne sont pas les mêmes que les leurs. Alors cette considération me touche, mine de rien. » Pour le coup, Tweedy était effectivement touchée. Pour une fois, quelqu'un semblait comprendre les combats qu'elle menait, et même l'encourager à les poursuivre, tout en espérant qu'ils paieront. Vraiment, cela lui faisait plaisir. Les deux jeunes femmes parlèrent à nouveau de cette pièce pour le moins particulière, et plus généralement de l'exposition qu'impliquait un tel jeu, que ce soit à l'intérieur ou à l'extérieur. « Comme tu dis. » Oui, les caméras, tout ça, ça avait toujours été prévu. Il serait malhonnête de jouer les étonnées maintenant, hein. Allez, avec un peu de chance, ils finiraient tous par s'y faire, comme semblait le penser Laoise. Pour le coup, la réponse de la jeune femme amusa Tweedy, si bien que cette dernière se mit à rire. Et pas qu'un peu. « Le pire, c'est que tu as assurément raison » répondit alors la petite brune, toujours amusée par les propos de sa camarade. Ah la la, vraiment, quel spectacle cela donnerait. « Dis moi, ton début d'aventure se passe bien ? Au niveau des rencontres, des découvertes, de l'intégration ... » Tweedy la curieuse, le retour. En fait, la jeune femme avait surtout envie de recueillir le témoignage de sa camarade. N'oublions pas qu'elle se destinait à une carrière de journaliste, la petite.

Certes, Tweedy ne partageait pas les préoccupations des jeunes gens de sa génération, et plus particulièrement de la plupart de ses amis. Ces dernier avaient toujours trouvé extrêmement étrange que la jeune femme se batte pour des causes qui leur étaient bien évidemment tout à fait inconnues, pour la simple et excellente raison qu'ils ne prenaient même pas le temps de s'y intéresser. Alors forcément, c'était pour eux quelque chose de saugrenu que leur amie se batte à ce point pour tâcher de rétablir un certain ordre au sein de la société. Bien sûr, Tweedy n'était pas non plus idiote, ni particulièrement naïve. Elle savait bien qu'aussi grande soit sa motivation et son désir d'arranger les choses, ça ne suffirait dans un premier pas à remédier aux nombreux problèmes que connaissait le Monde. Bien sûr. Pour autant, la jeune femme osait espérer qu'elle parviendrait tôt ou tard à toucher, à sensibiliser les gens sur ces problèmes qui lui tenaient à cœur, afin qu'un jour prochain nombreux soient ceux qui se battront pour ces causes et parviendraient enfin à faire bouger les choses. Vous comprenez maintenant pourquoi on la traitait d'idéaliste à tout va ? Voilà, c'était sans nul doute parce qu'elle se prenait à rêver, à espérer que tout trouverait une belle issue, même si pour le moment rien ne semblait l'annoncer. Qu'importe, elle continuerait d'y croire jusqu'au bout. Laoise prit la parole suite aux dires de Tweedy. Elle trouvait elle aussi qu'il était dommage que les gens n'acceptent pas toujours les différences, puis sembla inciter Tweedy à poursuivre dans cette voie, à continuer de se battre pour ces causes qui lui étaient chères. « Je continuerai. Les gens peuvent bien penser ce qu'ils veulent de moi, ça m'importe bien peu. Bien sûr, je continue d'espérer que certains rejoindront ma cause, mais puisque je ne veux forcer personne à me suivre, je suis prête à continuer seule s'il le faut » fit-elle alors dans un fin sourire. « Ma persévérance n'a d'égal que mon culot, alors je ne suis pas prête d'abandonner. » Et c'était bien vrai. Seule ou accompagnée, Tweedy comptait bien poursuivre dans cette voie, tenter de se faire entendre mais surtout se battre encore et toujours pour les causes qui en avaient cruellement besoin. Bon alors, comment se déroulait ce début d'aventure du point de vue Laoise ? Appréciait-elle les lieux, les rencontres qu'elle y avait faites ? C'est ce que Tweedy ne tarda pas à savoir. « Je suis bien d'accord concernant la diversité au niveau des personnalités des candidats. » Effectivement, on avait un peu de tout de ce coté là, ce qui était apparemment une bonne chose. Laoise lui retourna alors sa question, ce à quoi Tweedy ne tarda pas à répondre. « Les choses se passent bien également. Je me réjouis de faire de nouvelles rencontres, d'apprendre à connaitre les candidats. Il est vrai que les lieux sont magnifiques, ce qui rend le tout d'autant plus plaisant. Je pense sincèrement me plaire le temps que je resterai ici. » Comment ne pas se plaire dans un tel endroit ? Si Tweedy avait craint la caricature classique des émissions de télé-réalité, elle avait rapidement été rassurée. Tout s'annonçait bien, d'après elle.

Changer sous prétexte que ses préoccupations n'étaient pas les mêmes que celles de ses contemporains, sous prétexte qu'on la trouvait différente et par conséquent étrange, sous prétexte que ses amis essayaient de l'y inciter ? Certainement pas. Tweedy était comme elle était. S'il est vrai qu'elle était plus branchée défense de l'environnement que soirées populaires du samedi soir, ça ne devait pas inciter les autres à vouloir lui faire comprendre qu'elle était un peu barge sur les bords, et que le mieux serait encore qu'elle change de préoccupations, histoire d'être normale. Non vraiment, Tweedy n'avait aucune intention de changer. Elle aimait ce qu'elle faisait, ce pourquoi elle se battait depuis déjà quelques années, et n'allait certainement pas renier ses valeurs et les causes qui lui étaient si chères simplement parce que ses amis n'étaient pas assez ouverts d'esprit. D'ailleurs, en parlant d'eux ... « Oh, par contre, je devrais peut être songer à changer d'amis » souligna-t-elle, dans un rictus. Tweedy riait mais elle était sérieuse dans le fond. Changer, hors de questions. Mais changer d'amis ou pour commencer de fréquentations, hm, ça lui trottait sérieusement dans la tête. Parce qu'elle ne trouvait pas normal que ceux qui se disaient être ses amis ne parviennent même pas à l'accepter comme elle était, avec les préoccupations qui étaient les siennes. Quel genre d'amis feraient ça, au juste ? Quoi qu'il en soit, peut être était-il temps de cesser de parler d'elle, car Tweedy allait finir par définitivement ennuyer Laoise, ce qui n'était clairement pas le but de cette conversation. Tandis qu'elle se demandait ce qu'elle pourrait bien dire pour poursuivre, ce fut sa camarade qui la devança. Elle souhaitait lui poser une question. Intéressant. Mais laquelle ? Oh, une question sur les films d'horreur. Mouais. Ah non, attendez, Laoise se reprenait. Une question voyage, plutôt. C'était mille fois mieux. Un sourire amusé prit alors place sur les lèvres de Tweedy. Bien sûr, elle aurait très bien pu tenter de répondre aux deux questions, mais elle préféra se concentrer uniquement sur la seconde, dans le sens où elle avait précédemment dit que les films d'horreur n'étaient pas son truc. « Nombreux sont les pays que je rêve de visiter à vrai dire» commença-t-elle, prenant ensuite un court instant pour réfléchir. « Mais si je ne devais en choisir qu'un, ce serait probablement l'Egypte. Sinon, il va de soi que j'aimerais me rendre dans ces pays où les populations ont besoin d'aide et de ressources, comme l'Ethiopie, le Malawi, le Ghana ... » En gros, Tweedy avait bien envie de découvrir l'Egypte pour son plaisir personnel, mais il était plus probable qu'elle soit amenée à voyager dans les pays cités juste après, afin de tâcher d'aider ceux qui en ont le plus besoin. C'était ça, sa véritable priorité. « Et toi ? Quel endroit aimerais-tu découvrir ? » demanda-t-elle en retour, dans un fin sourire. Autant voir le genre de terres qu'appréciait Laoise.