MALO

Jeudi. Jour des nominations j'crois. En fait j'm'en fous, car j'estimais ne pas être en danger. Il est clair que les candidats n'allaient ps s'oser à me nominer, ou même oser s'attaquer à Sasha la sauvage. Oui, sauvage, car elle avait l'effroyable dont de rugir en plein sommeil, aussi surprenant cela soit-il. Mais c'était une fille cool, elle avait au moins ce mérite là. D'ailleurs il me semblait sans fausse modestie que nous étions le couple le plus cool du jeu, il est clair qu'aucun ne nous arrivait à la cheville niveau coolitude. J'pourrais même dire qu'on est le cool en tout ce qu'il y a de plus superbe.Mais là, j'crois que je m'enfonce alors je vais juste me taire, rayer ces quelques lignes et siffloter comme si le tout ne s'était jamais produit. Une simple serviette sur l'épaule, vêtu d'un boxer noir, soit presque à moitié nu, j'avais fini par m'avancer jusqu'à la salle de bain. M'exhiber ne m'avait en soit jamais dérangé, tout simplement parce que je n'avais pas grand chose à cacher. Bien entendu, seule mon intimité ne serait pas dévoilé aux yeux du grand public. J'étais peut-être sans gêne -ou presque- mais il y avait tout de mêmes quelques terrains interdits. M'étirant légèrement, j'apercevais Malo, un des seuls candidats avec lequel j'avais "pris le temps de parler", si j'puis dire puisqu'au final je ne le connaissais pas si bien que ça. Boh, tout vient à point à qui sait attendre, n'est ce pas ? Chaque chose en son temps. Un sourire se dessina sur mes lèvres « Tiens donc, toi et moi dans la salle de bain, j'crois que c'est le destin. » lâchais-je allusion à notre conversation quelques jours plus tôt. Mais il l'avait très bien compris.

Il était déjà Jeudi matin. Le temps passait à une vitesse effarante. J'en m'étais rendu compte uniquement en me réveillant aux aurores d'un cauchemar atroce. Tellement troublant et horrifique que j'en tremblais encore. A côté de moi dormait l'angélique Laoise. J'espérais de ne pas l'avoir réveillé. Je sentais son souffle apaisant sur mon visage. Je me redressais pour une position assise sur le matelas. Je pris ma tête entre mes mains pour me ressaisir. Mon palpitant battait fort contre le paroi de ma poitrine. J'en avais le souffle coupé. Je passai ma main dans mes cheveux blonds. Je restais ainsi à méditer des heures entières, en réorganisant mes études et me vidant l'esprit de toute noirceur qui me rongeait de l'intérieur. Il était vers les dix heures que je me décidais de quitter le lit "conjugal' pour aller me réfugier dans la salle de bain. Je me déshabillai pour être à moitié nu. Les caméras se délectaient de cette vue de ma physionomie. J'avais tout de même un peu pudeur. Je n'allais pas exhiber ma nudité à la télévision. C'était hors de question. Seul leur objectif pouvait montrer une horrible cicatrice sur le flanc droit de mon corps, une des séquelles d'un passé obscur. J'arrivai dans la salle de bain et j'aperçus une silhouette familière au loin. Je me rapprochai pour voir son visage. C'était Jamie. Comment oublier un tel personnage ? Leur relation avait commencé sous les meilleures auspices. - Tiens donc, toi et moi dans la salle de bain, j'crois que c'est le destin. Apparemment le sort les avait réuni dans le lieu sacré des douches. La tant attendu scène sous les douches que nous avions évoqué sur mon blog. - A nous deux, nous allons exploser l'audimat. Je lui fis un clin d’œil en pointant du doigt une des caméras entreposées près des douches. J'entrai enfin dans la fameuse cabine, j'invitai mon homologue masculin à y entrer avec moi. - Alors Jamie. Nous n'avons pas eu l'occasion de discuter, toi et moi. Voici l'occasion parfaite pour apprendre à mieux se connaître, tu ne crois pas ? , dis-je en ouvrant un des robinets pour activer la douche. Les jets d'eau tombèrent sur ma tête à la température idéale.

Dix. C'était ce qu'avaient prédit mes dés ce matin. Une matinée riche en couleur donc, n'est ce pas ? Le contraire aurait été surprenant. Pour le coup je ne savais pas trop à quoi m'attendre, et ce comme toujours. Finalement, et alors que je venais d'entrer dans la salle de bain, le blondinet du nom de Malo, ex-nominé du premier prime et très certainement bourge de première classe venait d'entrer en scène. Malgré tout, il n'avait rien du pompeux de mes parents, ni même de mon frère, alors j'en venais presque à l’apprécier. Pour l'instant. Car oui, mon avis pouvait toujours changer à tout moment. « A nous deux, nous allons exploser l'audimat. » me dit-il en m'adressant un clin d'oeil. Mon sourire s'élargit. Le jeune homme pénétra par la suite dans la grande cabine de douche alors que j'en faisais de même, l'écoutant reprendre la parole « Alors Jamie. Nous n'avons pas eu l'occasion de discuter, toi et moi. Voici l'occasion parfaite pour apprendre à mieux se connaître, tu ne crois pas ? » haussant les épaules, je me permettais un instant de détailler le corps du jeune homme, remarquant une vilaine cicatrice sur l'un de ses flans. « Ça me va, oui. » J'appuyais alors sur le bouton actionnant l'eau pour en délivrer le jet. Celle ci ne tarda pas à s'abattre sur mon crâne alors que je chassais mes cheveux en arrière. « Tu sais quoi ? Faisons un jeu. On pose chacun notre tour une question avant de faire un pas vers l'autre une fois la réponse obtenue. Et ce jusqu'à ce qu'on ne puisse plus avancer. » et pas besoin d'attendre son autorisation, je le savais partant « Si tu devais te définir en trois adjectifs, positifs comme négatifs, tu dirais quoi ? » mes yeux se plantaient dans les siens.

– Tu sais quoi ? Faisons un jeu. On pose chacun notre tour une question avant de faire un pas vers l'autre une fois la réponse obtenue. Et ce jusqu'à ce qu'on ne puisse plus avancer. Cela avait l'air d'être un jeu intéressant. Je n'avais pas d'autre choix que d'y participer. Il avait l'air d'être quelqu'un de plutôt entreprenant. Cela ne me déplaisait pas. Du moins, pour l'instant. La première question était : – Si tu devais te définir en trois adjectifs, positifs comme négatifs, tu dirais quoi ? Je passai ma main dans mes cheveux en réfléchissant à la réponse que j'allais donner. – Je dirai charmeur, tout d'abord. Ensuite, je suis quelqu'un de mélancolique et pour terminer, loyal. Je soutins son regard, puis lui sourit avant de me rapprocher de lui. Il allait découvrir tôt ou tard que je n'étais pas très l'aise pour parler de moi. Mais j'essayais de faire des efforts pour m'ouvrir aux autres. – C'est à mon tour, si j'ai bien compris. Je vais te retourner la question. Pas très original, j'en bien conscient. Je ris involontairement.

« Je dirai charmeur, tout d'abord. Ensuite, je suis quelqu'un de mélancolique et pour terminer, loyal. » me dit-il en passant une main dans ses cheveux avant de faire un pas en avant. Mélancolique ? C'était étrange comme description de sois même, ne trouvez vous pas ? « C'est à mon tour, si j'ai bien compris. Je vais te retourner la question. Pas très original, j'en bien conscient. » les lèvres plissées, je réfléchissais quelques instants avant de lui donner ma réponse, il fallait être honnête, après tout, lui l'avait bien été et je n'avais aucun intérêt à mentir sur moi même. Je repris alors la parole « En ce moment, franc, réfléchi et détaché. » c'était les seuls adjectifs qui m'étaient venus à l'esprit, pouvant réellement me décrire dans le moment présent. Bref, je fis à mon tour un pas en avant, scrutant le jeune homme dans les yeux. Nos corps se rapprochaient de plus en plus l'un de l'autre, il ne nous manquait plus que quelques interrogations avant qu'ils n'entrent en collision. « De ce que tu as pu voir, que penses-tu de moi ? » pas que son avis m’intéresse particulièrement, mais c'était toujours amusant de constater les opinions des gens à propos de soi.

– En ce moment, franc, réfléchi et détaché., répondit-il en faisant un pas vers moi. Détaché était le seul adjectif auquel je n'aurai jamais pensé en le voyant. Nous retrouvions face à face, nos corps et cheveux mouillés. La caméra était toujours braquée sur nous, ne ratant pas une miette de ce qui se passait dans les cabines. Je lui souris. Il poursuivit son petit interrogatoire qui semblait innocent aux premiers abords. Mais ma raison me disait tout de même de méfier. – De ce que tu as pu voir, que penses-tu de moi ? Je ne savais guère pourquoi. Je répondis en toute honnêteté et spontanément. – Tu semble être quelqu'un de plutôt sociable. C'est agréable de discuter avec toi. Tu as l'air d'être entreprenant. Je pense que tu as du succès auprès de la gente féminine. Et sans doute avec les hommes aussi, selon certains. Vu ta physionomie qui doit faire plus d'un envieux. Je crois que ce sera tout, pour moi. Je m'approchai d'un pas également. – Et toi ? Que penses-tu de moi ?

« Tu semble être quelqu'un de plutôt sociable. C'est agréable de discuter avec toi. Tu as l'air d'être entreprenant. Je pense que tu as du succès auprès de la gente féminine. Et sans doute avec les hommes aussi, selon certains. Vu ta physionomie qui doit faire plus d'un envieux. Je crois que ce sera tout, pour moi. » me dit-il avant d'avancer d'un pas tout en me retournant la question, ce qui commençait presque à devenir une habitude. « Et toi ? Que penses-tu de moi ? » passant une main dans mes cheveux, je plongeais mon regard dans le sien, comme pour y chercher des réponses à mes questions. « Je dirais que tu m'as l'air également sociable, bien que peut-être plus réservé. » de ce que je me souvenais, il avait eu besoin de s'exiler un peu lors de la première soirée du jeu « Je pense que malgré les apparences, tu as peut-être plus peur du danger que tu ne veux le laisser paraître. Peut-être même me considères-tu comme tel, je n'en sais rien. » ce ne serait après tout pas le premier « T'as l'air d'être propre sur toi, agréable, le genre de personne que l'on aime apprécier mais qui peut sembler distant parfois. » cela pouvait également m'arriver « Enfin je pense que tu es insaisissable, ou non... plutôt mystérieux, secret. » et je crois que ça résumait toute ma pensée, ainsi je fis un nouveau pas en avant. Là, nous étions proche. Le prochain pas franchi et nous nous retrouverions à quelques centimètres l'un de l'autre. « Ais-je raison ? »

– Je dirais que tu m'as l'air également sociable, bien que peut-être plus réservé. Je devais l'avouer que ce jeune homme était plutôt observateur. Je ne bronchai pas, je l'incitais à continuer son analyse psychologique. – Je pense que malgré les apparences, tu as peut-être plus peur du danger que tu ne veux le laisser paraître. Peut-être même me considères-tu comme tel, je n'en sais rien. J'avais une certaine difficulté à faire confiance aux autres, due au fait que depuis l'enfance, j'avais appris à faire les choses par moi-même. Je m'abstenais à demander l'aide à autrui, je ne pouvais dépendre de personne. – T'as l'air d'être propre sur toi, agréable, le genre de personne que l'on aime apprécier mais qui peut sembler distant parfois. C'était une sorte de processus de protection contre la déception. J'essayais de ne pas trop m'attacher au personne, car elle finira par vous décevoir tôt ou tard. Une vision certes pessimiste, mais lucide. – Enfin je pense que tu es insaisissable, ou non... plutôt mystérieux, secret. Parler de moi n'était jamais aisé pour moi. Cette aura de mystère était sans doute lié à cela. J'étais impressionné, je hochai alors la tête car il m'avait bien cerné. Ce qui m'arracha un sourire quand il s'avança un pas de plus. Nos corps étaient séparés de quelques centimètres. Un dernier pas décidera la suite des événements. J'avançai la tête pour lui murmurer d'une voix suave : – Très bonne analyse, Jamie. Et dis-moi, ce côté mystérieux te plaît ? Je ne savais pas où je mettais les pieds, je ne savais pas ce que je faisais non plus. C'en était troublant. Je ne pouvais plus reculer désormais.

Le jeune homme approcha lentement son visage de mon oreille avant de reprendre la parole « Très bonne analyse, Jamie. Et dis-moi, ce côté mystérieux te plaît ? » me demanda t-il d'une voix suave alors qu'une sourire amusé se dessinait sur mon visage. D'une même intonation, je ne tardais pas à lui répondre « As-tu envie qu'il me plaise ? » là mon visage se retirait légèrement du faciès gauche du jeune homme pour lui faire face. Le dernier pas était franchi, nos corps s'effleuraient maintenant et je pouvais sentir son souffle chaud fouetter mon visage de toutes parts. Volontairement, j'approchais mon visage du sien, nos lèvres s'effleurant à leurs tours sans pour autant sauter le pas. Non, pour tout vous dire je l'avais déjà bien assez fait et attaquer sa proie directement n'était pas forcement une chose que j'aimais faire en réalité puisqu'en effet, j'étais toujours en pleins processus de transition. Mes mains étaient juste là restées des plus sages, sans oser se balader sur les hanches du jeune blond, pour tout vous dire, elles étaient actuellement étendues le long de mon corps ce qui relevait clairement d'un miracle dans ce genre de situation. Non, je n'étais pas entrain de vous avouer que mes mains pouvaient être baladeuses, haha. Mon regard fixait le sien, toujours un même rictus aux lèvres alors que je pouvais encore entendre les jets d'eau s'abattre dans le vide. Nous nous trouvions maintenant au centre de la cabine de douche, en attente de la réponse du jeune homme.

– As-tu envie qu'il me plaise ? Je lâchai un petit rire au lieu de lui répondre. Je ne pouvais entendre qu'un simple écho. Le bruit de jet d'eau, la respiration de Jamie. Son souffle chaud sur le visage, ses lèvres effleurant les miens. Je le sentais extrêmement calme. Comme si le temps s'était arrêté. Nous nous dévisagions intensément. Des pensées se bousculaient dans ma tête. Je n'avais jamais vraiment été attiré par les hommes. J'avouais que j'aimais jouer sur cette ambiguïté dans le milieu où je travaillais. Je n'allais jamais très loin, car mon attirance allait toujours vers les femmes. Je pouvais sentir son regard me transpercer en attente d'une réponse, d'une réaction. Je me penchai d'avantage vers lui, puis susurra. – Je crois que nous ne pouvons pas avancer d'avantage. Le jeu est terminé, mon ami. Je soutins son regard, toujours avec un sourire charmeur puis m'écartai de lui. Je lui fit une tape amicale dans le dos. Je lui dis alors avec une franchise implacable. – Mon corps et mon âme appartiennent déjà à une autre personne. Je suis désolée. Je ne mentais pas. Il pouvait lire dans mes yeux bleus de la sincérité. – Mon cœur est mort avec elle., dis-je d'une voix amère. Mon sourire s'estompait au fur et à mesure que je voyais le visage de Viola apparaître dans mon esprit. Je me dirigeai vers le robinet de la douche. Le pommeau de douche cessa de faire couler de l'eau. – Je vais te poser une question. Tu as le droit de ne pas y répondre. Es-tu déjà tombé amoureux, Jamie ? , demandai-je en soupirant.