Finnick

Un labyrinthe, une chapelle, un pont-levis, des écuries, des remparts... Et maintenant, qu'est ce que j'allais découvrir ? Quoi, un lac ? Ce château était vraiment très bien équipé, tout de même. De quoi nous en mettre plein les yeux. Vraiment j'en étais presque impressionné. Si, bien sur, il avait été réellement possible de m'impressionner avec un vulgaire lac. Bon, après tout, rien ne m'empêchait de me rendre près de celui-ci. Et puis, j'avais entendu parlé de quelques légendes, par ci par là. Il me tardait de les vérifier au plus vite. J'empruntai alors le chemin menant au fameux lac, avant de ne tomber sur un candidat visiblement venu admirer ce dernier ou, peut-être, s'y baigner. Pourquoi pas, après tout. Oh mais dites donc, ça ne serait pas le dénommé Finnick, alias le partenaire de la petite Tweedy ? Ah mais si, c'était lui, pas de doute là-dessus. Je m'avançai d'un pas décidé en sa direction avant de ne m'exclamer « Hey ! Alors, tu viens voir si le monstre du Loch Ness a l'intention d'pointer le bout d'son nez, toi aussi ? » Petit temps de réflexion. Oh l'abruti. « Ah non, merde, c'est en Écosse ça. Ooookay. Hum. » Outch. Bah voilà, j'avais juste l'air d'un con dans l'immédiat. Et dire que je ne cessais de tenter d'afficher tout mon savoir à la moindre occasion - pour le coup, j'allais être beaucoup moins crédible dans le rôle du type cultivé. D'un autre côté, ça pouvait arriver à tout le monde de se tromper hein. Et puis, Finnick n'allait quand même pas m'en tenir rigueur. Au pire, il se foutrait de ma gueule et se mettrait à rire comme un phoque. Dans tous les cas je ne m'attendais clairement pas à des applaudissements de sa part. Mais quand même, quelle magnifique bourde. Et peu plus et je riais à ma propre connerie. Quel champion.

Le diner allait bientôt être près si j’en jugeais par la masse de candidats qui s’occupaient de faire à manger ce soir, dans la cuisine. Quand j’étais passé par là j’avais demandé si on mangeait bientôt et une candidate m’avait répondu que oui mais qu’il fallait mettre la table. Fuck this shit, j’avais autre chose à faire. Je sortis du château, il y avait un peu de vent mais comme il faisait particulièrement chaud ces derniers temps la brise était fort appréciée. Arrivé près du lac je sortis mon paquet de clopes de ma poche et en portai une à mes lèvres quand j’entendis un gars derrière moi. « Hey ! Alors, tu viens voir si le monstre du Loch Ness a l'intention d'pointer le bout d'son nez, toi aussi ? » Je tourne la tête vers lui, allume ma clope, tire dessus et lui présente mon paquet sans rien dire, il comprendrait bien ce que je voulais dire par là de toute manière « sers-toi bro’ ». Bref. Le candidat se remémora ensuite un fait important. « Ah non, merde, c'est en Écosse ça. Ooookay. Hum. » Je haussai un sourcil, tirai sur ma clope et crachai la fumée sans rien dire, toujours. « Hm. Oui, mauvais pays. Félicitations la population irlandaise te déteste. » Dis-je avec un petit ricanement. Les irlandais n’avaient rien en commun avec le Royaume-Uni si ce n’est la langue et la plupart des irlandais (de république d’Irlande) était bien contents de ne pas être sous la coupe de la Reine. Déjà que nos voisins voulaient l’indépendance.

Bon d'accord, j'avais commis une petite bourde. Mais pas de quoi s'affoler ni crier à l'offense ou au sacrilège, non plus. Je me sentais déjà assez idiot sur le moment pour ne pas en rajouter. Il était certain que confondre l'Irlande avec l'Écosse n'était pas bien malin de ma part, seulement vous vous doutez bien que tout ceci n'avait été aucunement volontaire et que je m'en voulais désormais beaucoup. En fait non, je ne m'en voulais pas le moins du monde. De toute manière Écosse ou Irlande, pour moi, c'était pareil. J'habitais en Angleterre mais venais d'Allemagne, alors forcément je n'en avais pas grand chose à carrer. Le jeune homme à qui je venais de m'adresser ne releva même pas mon erreur, d'ailleurs, puisque se contentant de me tendre son paquet de cigarettes pour que je me serve. Ce que je fis. Je secouais la tête en guise de remerciement, avant de ne sortir mon briquet de ma poche et de n'allumer la cigarette dont je venais de me saisir. Finalement, il s'exprima. Enfin, même. Car pour le coup j'avais cru un instant m'être trouvé en face d'un muet. « Hm. Oui, mauvais pays. Félicitations la population irlandaise te déteste. » Oh, tout de suite les grands mots. Et avec un peu de chance, cette réplique ne serait même pas remarquée et passerait totalement inaperçue. De toute manière, je n'avais à avoir peur de rien ni personne - au vu de ma popularité actuelle, c'était même logique. « Entre nous, elle ne m'aimait déjà pas beaucoup avant. » Je ne cessais de signifier ô combien je détestais ce pays, ô combien l'Angleterre me manquait. Alors bon, quelque part, le fait que le peuple Irlandais puisse être amené à me détester ne m'étonnerait pas plus que ça. « T'as l'air... étonnement zen. C'est quoi ton secret ? » Limite anesthésié. Ça m'intéressait, moi qui étais toujours à deux doigts de péter le câble de ma vie ou sur le point de m'énerver pour un rien. Je ne contrôlais plus grand chose depuis mon arrivée dans cette aventure - ni mon calme, ni mon sang-froid, ni ce que j'avais en dessous de la ceinture. J'étais... un autre homme, oui, quelque part.

L’allemand pris une cigarette dans mon paquet et fit un geste de la tête pour me remercier. Moi je tirai encore une fois sur le bâton de nicotine alors qu’il déclarai que de toute manière le population irlandaise ne l’aimait déjà pas beaucoup. Ce qui me fit lâcher un petit rire. « Ah oui ? Ah mais, c’est toi le type qui s’auto-adule non ? » Personnellement je ne voyais pas tellement le mal à ça, il s’aimait oui et alors ? Moi aussi je m’aime. On ne va pas se détester si on est géniaux, non ? C’est un peu absurde comme façon de penser. « T'as l'air... étonnement zen. C'est quoi ton secret ? » Un instant je crus que le candidat voulait savoir quel était mon secret dans le jeu et je faillis lui répliquer de chercher un peu mais je compris qu’il voulait savoir le secret de ma sérénité. Hm, il ne me connaissait vraiment pas. « Ca. » dis-je en montrant ma clope. Puis je lâchai un petit rire. « Non en fait il m’arrive de peter un câble de manière tout à fait aléatoire pour relâcher un peu la pression. » En gros je venais de lui dire que j’étais une bombe à retardement, tic, tac,… Qu’il se rassure, je petais plus souvent un plomb en compagnie de Jamie ou même de Santiago, les deux candidats de cette baraque que je ne pouvais pas sentir.

Il ne faisait aucun doute que j'avais des fans, beaucoup de fans même. Mais bon, d'un autre côté, je savais que ma personnalité et ma façon d'être ne plaisaient pas franchement à tout le monde. Elles ne plaisaient pas à mon père, et ils étaient sans doute nombreux dans le même cas. M'enfin. Je m'en foutais un peu cela dit, car je ne voulais pas que tout le monde m'aime - je me vouais bien assez d'amour à moi-même pour ne pas me rechercher celui des autres... « Ah oui ? Ah mais, c’est toi le type qui s’auto-adule non ? » J'eus un léger rictus - mince alors, étais-je démasqué ? Mon identité secrète venait-elle d'être dévoilée au grand jour ? Saperlipopette. « Lui-même. Andreas, en personne. » Genre j'étais quelqu'un d'important. Bah, si, quelque part c'était un peu le cas. Je n'étais pas non plus aussi célèbre qu'un Michael Douglas ou qu'un Sean Connery, mais étais quand même en passe de devenir l'allemand le plus célèbre d'Irlande. Et ça, c'était quand même pas rien. Finnick me paraissait bien zen, bien calme. Quel était son secret ? En avait-il seulement un, d'ailleurs ? « Non en fait il m’arrive de peter un câble de manière tout à fait aléatoire pour relâcher un peu la pression. » Ah, donc monsieur avait du caractère. Moi aussi, cela dit. Mais ça ne semblait pas être un avertissement ou une mise en garde. Et puis soudain, j'eus comme une illumination. « T'es pas l'frère de James, Johnny, Jamie - je sais plus...? » Un truc dans le genre, quoi. Je savais qu'il y avait des frères ici, en tout cas. Et puis, y'avait comme un air de ressemblance. Minime, cela dit. Mais tout de même.

« Lui-même. Andreas, en personne. » Et par cette phrase il me confirmait encore plus ce que je pensais et ce que j’avais entendu. Parler de soit à la troisième personne du singulier est vraiment très prétentieux mais en même je suis très prétentieux aussi, mais moins que lui tout de même, d’après ce que j’ai entendu. « Ah, je vois. Remarque je ne vois pas ce qu’il y a de mal à s’aimer. » Dis-je en haussant les épaules, tirant sur ma clope longuement avant d’en recracher la fumée tout aussi longuement. Là je m’étais bien encrasser les poumons en une fois, c’est le genre de truc qui me faisait tousser quand j’étais un petit gamin mais maintenant que mes poumons étaient à l’article de la mort… « T'es pas l'frère de James, Johnny, Jamie - je sais plus...? » James, Johnny ? Mes parents avaient plus de gouts que ça, quand même. Beurk. Soit encore une fois j’avais l’impression que ma personne était définie par mon frère, c’était légèrement insupportable. « Ouais. Jamie. » Dis-je alors que je bougeais deux trois fois mes pieds sur place, parler de mon frère me mettait sur les nerfs et je tirai encore une fois sur ma clope avant de la jeter sur le sol, finie. Je posai mon pied dessus et l’écrasai avec plus ou moins de nervosité. Tout de suite j’étais un peu moins calme. « Et moi c’est Finnick. » ajoutais-je en levant les yeux vers l’allemand.

Si monsieur ne connaissait pas encore mon nom, c'était désormais le cas. Grand bien lui fasse - on avait toujours besoin de connaitre un Andreas. Là tout de suite je pouvais passer pour un mec vachement présomptueux, bêcheur et très arrogant, seulement... j'étais exactement tout ça, en fait. « Ah, je vois. Remarque je ne vois pas ce qu’il y a de mal à s’aimer. » Ah, voilà un raisonnement que beaucoup devraient avoir. En quoi, vouer à sa personne un amour sans limite, est-il critiquable ? Et, surtout, de quel droit pouvait-on reprocher une telle chose à un type comme moi ou comme lui, là ? Car s'il acceptait ce genre de comportement, peut-être était-il lui-même pas mal prétentieux... « Enfin quelqu'un d'censé. On est bien d'accord, y'a aucun mal à ça. » Rares étaient ceux qui me comprenaient ou acceptaient ce que je représentais - alors, forcément, ça me faisait tout drôle. Surtout que je ne le connaissais qu'à peine, le bonhomme... qui était, probablement, le frère de Johnny, James, Jamie, Jimmy... « Ouais. Jamie. » Jamie, voilà. J'avais quand même vu juste, bien que m'étant montré assez hésitant. « Et moi c’est Finnick. » Ah, là il ne m'apprenait rien par contre. Eh oui, j'avais eu une certaine longueur d'avance sur lui puisque qu'avant cet échange, son nom ne m'était déjà pas inconnu. « J'suis au courant. C'est drôle de t'voir fumer comme un pompier quand on sait qui est ta partenaire... » Tweedy, alias la rabâcheuse, alias madame-je-veux-sauver-les-bébés-phoque, alias madame-la-cigarette-c'est-le-mal. Les discours de la demoiselle, j'allais finir par les connaitre par cœur.

« Enfin quelqu'un d'censé. On est bien d'accord, y'a aucun mal à ça. » Je souris, a vrai dire ce que je trouve agaçant c’est les gens hyper complexés qui se détestent et qui veulent se tuer parce qu’ils ne sont pas assez minces, pas assez intelligents ou pas assez ceci. Selon moi c’est absurde, on est ce qu’on est et si on ne s’aime pas, autant changer. Je veux dire, c’est clair que c’est pas évident mais personne, si ce n’est nous-mêmes, ne forge notre personnalité. CQFD. « Disons que j’ai l’impression que se détester est une sorte de mode dans ce monde, de sorte que quand tu t’aimes un peu, tu passes tout de suite pour un connard. » n’importe quoi, en fait. Après ça on en vient à parler de mon frère, ou plutôt à confirmer son prénom puisque le candidat ne semble pas l’avoir retenu. Ce n’est pas un sujet de conversation qui m’enchante alors à la place je dévie la conversation sur… Moi. En me présentant. « J'suis au courant. C'est drôle de t'voir fumer comme un pompier quand on sait qui est ta partenaire... » Je lâche un rire en enfonçant une main dans ma poche. « Ouais, en parlant de ça, je suis à peu près certain qu’elle ne sait pas encore que je fume. » dis-je avec un regard appuyé, mon gars t’as intérêt a te la fermer, j’ai pas envie de me faire virer de mon lit parce que je fume. Quoi que, ce serait bizarre que Tweedy ne s’en soit pas encore rendu compte étant donné qu’elle m’avait quand même embrassé lors de la dernière soirée. Ca se sent une haleine de fumeur non ? Ou alors je dois remercier le fait que je mange des chewing gum a la menthe aussi souvent que je fume.

« Disons que j’ai l’impression que se détester est une sorte de mode dans ce monde, de sorte que quand tu t’aimes un peu, tu passes tout de suite pour un connard. » Le cliché du gros connard qui s'aime trop, les préjugés des gens... Tout ceci m'exaspérait au plus haut point. J'avais conscience d'être un connard, personnellement, mais ça n'avait rien à voir avec le fait que je me vouais un amour incontestable. Non, cela aurait dû n'avoir de rapport qu'avec mon comportement. Seulement je me retrouvais bien souvent catalogué comme tel pour mon narcissisme plus que pour mes gestes ou paroles. Abusé, quoi. J'avais encore le droit d'être celui que je voulais être - et en m'aimant moi-même, je pensais ne faire chier personne ni ne causer de tord à personne. « Si les gens se supportent plus eux-même, ils n'ont qu'à s'pendre. J'les retient pas moi. Ça fera d'la place au moins. » J'en avais ras-le-cul de tous ces individus qui se morfondaient à-tout-va, qui ne supportaient pas l'image qu'ils pouvaient renvoyer. Merde, il serait peut-être temps d'accepter la réalité des choses, et par conséquent de s'accepter soi-même. L'acception de soi était, à mes yeux, la clé de l'accès au bonheur. Parallèlement à ça, j'avais fait remarquer à Finnick que je trouvais drôle le fait qu'il soit un fumeur compulsif en ayant une partenaire comme Tweedy, qui ne cessait de rappeler à qui voulait bien l'écouter tous les dangers que le tabac représentait - la nocivité de ce dernier sur notre corps comme sur notre monde. Le genre de discours vachement barbants qui ne faisaient que te pousser à fumer encore d'avantage, quoi. « Ouais, en parlant de ça, je suis à peu près certain qu’elle ne sait pas encore que je fume. » Mmmm, laissez-moi en douter. Tweedy avait l'œil partout, et il ne fallait pas la sous-estimer. « Le truc avec Tweedy, c'est qu'elle sait bien plus de choses que c'qu'elle veut bien laisser voir. Mais bon, dans l'doute, j'lui dirai rien bien sur. » J'allais pas aller voir Tweedy et lui dire "hey tu sais pas quoi, ton partenaire il fume ! donne-lui une baffe de ma part". Et puis bon, je fumais moi aussi. Et pas mal. Je n'avais donc rien à dire ni à faire - surtout pas dénoncer Finnick.

« Si les gens se supportent plus eux-mêmes, ils n'ont qu'à s'pendre. J'les retiens pas moi. Ça fera d'la place au moins. » Je lançai un regard de coté au candidat et lâchai un petit rire, il n’avait pas tout à fait tord mais je trouvais ça un peu triste, personnellement. Je n’avais rien contre les gens que je considérais comme faible, en réalité j’avais toujours cette petite tendance à aller vers eux pour leur apprendre à avoir un peu plus de tripes. Comme avec ma partenaire, justement, qui culpabilisait d’avoir nominé des gens, j’avais essayé de lui faire comprendre que ce n’était pas mal mais plutôt légitime. « Le truc avec Tweedy, c'est qu'elle sait bien plus de choses que c'qu'elle veut bien laisser voir. Mais bon, dans l'doute, j'lui dirai rien bien sur. » A nouveau je lâchai un petit rire et haussai les épaules. « De toute manière elle finira bien par le savoir. » et je m’en fichais un peu en fait, je ne l’imaginais pas tellement commencer à m’engueuler pour ça. « Si ça se trouve elle le sait déjà, mais elle m’aime trop pour me faire la remarque. » dis-je en éclatant franchement rire. Quoi, ça ne fait rire que moi ? Bon d’accord mais en même temps la première fois que je l’avais vu je l’avais directement associée à un ours en peluche, ce n’était pas pour rien ! Cette fille était trop gentille pour m’engueuler. Quoi que, elle avait bien osé m gifler au prime dernier, aouch, souvenir cuisant. « En parlant de partenaire, Anabel m’a dit qu’elle dormait dans le canapé, la semaine dernière. » dis-je en haussant un sourcil. Non mais mec, comment tu peux laisser une femme dormir dans un canapé ? C’était un peu au dessus de mes forces, là.