WAKE UP AND SAY GOODBYE
W/ LOXIAS, 5 JUIN (19H43)

À priori, je ne sais point ce qui m’avait amené jusqu’ici. Aucune chance que ce soit le sauna : je me dénudais déjà suffisamment à chaque fois quand je prenais ma douche, n’en ajoutons pas une couche supplémentaire. Peut-être était-ce le hammam? Après tout, sous ce paréo se cachait bien un maillot de bain. Ça me paraissait la solution la plus plausible. Étant incapable de me faire un massage, ce ne pouvait pas être les tables installés-là qui m’avait attirée ici, j'avais depuis longtemps exclu cette version de fait. Et pourtant, c’est bien là que j’étais installée, allongée de tout mon long, à plat ventre, ma tête enfouie dans le creux de mes bras. Je m’y étais assoupi, sans même avoir le souvenir de m'y être posée. Après près de deux nuits blanches, pas étonnant que j’en sois rendu à perdre quelques notions de temps, d’espace. J'agissais comme un automate, depuis ce matin, totalement déconnectée de ce qui m'entourait, me laissant guider par ces pas qui me conduisait nul ne sait où. Il y avait quand même quelque chose d’aberrant : où avais-je trouvé le temps de me changer? Un autre trou dans ma mémoire qu’il faudrait colmater. Difficile, je m’extirpais de cette petite sieste improvisé, et relevant la tête, un air hagard au visage, je croisais le regard d’un candidat : surement la chose qui avait suffit à m’éveiller de ce sommeil de plume. Me frottant les yeux, je questionnais le nouveau venu. « Tu n'aurai pas l'heure, par hasard? » demandais-je d'une toute petite voix, encore à moitié endormi. « Combien de temps ai-je dormi? » Comme s'il pouvait savoir cette réponse. Ne venait-il pas d'arriver sur lieu? Je me trompais peut-être.

Nager me manque. Souvent. Je nageais tous les jours durant mon enfance, et de manière continue durant mon adolescence. Quand j’ai entamé mon vagabondage par Chypre, je n’ai eu aucun mal à assouvir mon besoin de baignade... Athènes non plus n’a posé aucun problème, mais plus je me suis enfoncé vers le nord, et plus la difficulté s’est insérée. A Vienne, Berlin, Paris ou Londres, à part sauter dans la Seine ou la Tamise... Alors, ici... Ici, je rattrape le temps perdu, le partageant entre la plage et la piscine lorsqu’il fait moche. Et aujourd’hui, il fait sacrément moche. Pendant plus d’une heure j’ai enchainé les longueurs avant de tester sauna et hammam. Le luxe, je connais pas trop, là aussi j’en profite. Et finalement, j’ai échoué sur une de ces tables, là. Je ne sais pas trop à quoi elles servent, on dirait des lits d’appoint. Je ne comprends pas trop l’intérêt de coller ça dans un spa, mais puisque c’est là, autant en profité. Je me suis allongé, et j’ai fixé le plafond, jusqu’à ce qu’une brune en mode zombie entre dans la pièce pour squatter le lit à côté du mien, sans même un regard dans ma direction... Ok... Potion d’invisibilité ou quoi ? Elle s’est calée là, et puis... Plus rien. Elle dormait. J’ai pas trop su quoi faire, alors je suis resté là, à faire bouger mes orteils en sifflotant, l’observant de temps à autre histoire de vérifier qu’elle respirait toujours. Je me souviens d’elle, c’est l’aimant à grand black. Alors, la possibilité qu’il lui ait collé un truc dans son verre pour qu’elle expire en quelques heures, est réelle. Bon, j’ai rien contre l’idée, mais si elle pouvait éviter de claquer à un mètre de moi... Ah non, elle ouvre un oeil pour se frotter les yeux. « Tu n'aurai pas l'heure, par hasard ? » Je suis en maillot de bain, madame, est-ce que j’ai une tête à me trimballer avec une Rolex au poignet ? « Combien de temps ai-je dormi ? » insiste-t-elle malgré tout. « Pas longtemps... » je lui réponds, nonchalant. « Mais j’avais hâte que tu te réveilles, parce qu’on va bientôt fêter Noël et je sais toujours pas quoi t’offrir. » je poursuis, l’air de rien, en observant mes cuticules. « On a gagné Fake Lover, au fait. Comme tu ne te réveillais pas, ils ont pas eu trop le choix... Un jour ils ont voulu te faire sortir, mais avec les marches et tout, c’était trop compliqué... » je balaye l’idée d’un mouvement de main ponctué d’une grimace. J’suis crédible, non ? Moi je me trouve super crédible. Et puis, je me retourne sur un flanc, le coude sur la table, la joue dans ma main. « Maintenant qu’on est seuls, et tout et tout, tu peux me le dire ton secret... T’es narcotique, c’est ça ? » Tout le monde aura compris “narcoleptique”, hein.

Est-ce que c’était possible qu’il ait été là depuis tout ce temps sans que je m’en rende compte? Bon sens, comment n’avais-je pu remarquer sa présence… j’avais vraiment les deux yeux dans le même trou, à croire que la fatigue, en plus de me rendre amorphe au possible, me privait de mes sens. Il fallait vraiment que je trouve un moyen de dormir plus que quelques heures pas nuit, que je me débarrasse de cette insomnie avant que je ne fasse une connerie… ah non, c’est vrai, c’était déjà chose faite, ça, mais passons. Comme il me parait maintenant évident que je m’étais assoupi en ces lieux, ne serait-ce que quelques instants, je questionne le candidat qui se trouve là, espérant qu’il pourra éclairer mon esprit embrumé. « Pas longtemps… » me répondit-il, ce qui ne me surprend pas. Dormir plus longtemps qu’une trentaine de minutes est un luxe que je ne peux pas m’offrir cette semaine. Et ce n’est pas moi qui le dit, mais mon corps tout entier. C’est presque sympa. « Mais j’avais hâte que tu te réveilles, parce qu’on va bientôt fêter Noël et je sais toujours pas quoi t’offrir. » Là par contre, incompréhension totale. J’arque un sourcil et le regarde, comme s’il débarquait de je-ne-sais quel planète. Ça me parait absurde, ce qu’il avance. Et ça ne fait que commencer. « On a gagné Fake Lover, au fait. Comme tu te réveillais pas, ils ont pas eu trop le choix… Un jour ils ont voulu te faire sortir, mais avec les marches et tout, c’était trop compliqué… » Il a un geste de la main, et pour ma part, je me frotte à nouveau les yeux. Je suis réveillée, là, ou pas? Peut-être que je dors encore et que ce n’est que le fruit de mon imagination fertile qui défile dans ma tête. Dans un petit moment de doute, j’en viens même à me pincer pour être sûr que tout ça est bien réel, que je n’hallucine pas. Merde. La douleur est bien réelle, et le candidat qui se trouve sur l’autre table de massage l’est tout autant. Positionné sur le flanc, il me fixe, me regarde, comme une bête en foire. « Maintenant qu’on est seuls, et tout et tout, tu peux me le dire ton secret… T’es narcotique, c’est ça. » Je secoue la tête, et d’un mouvement de bras, tente de me relever pour m’installer en position assise. Non sans effort. Une main fourrée dans mes cheveux emmêlés, je scrute Loxias, que j’ai finalement reconnu. « Depuis quand… Noël approche. Et tu dis qu’on a gagnés… c’est… c’est impossible. Y’a qu’un vainqueur de toute façon… et j’ai pas l’étoffe d’une championne… » Toujours aussi confuse, je suis. « Narcotique? Non… je suis pas… je fais pas dans les drogues… » Sans l’ombre d’un doute.

- désolé de cet horreur -

Elle a pas vraiment l’air de comprendre ma blagounette chargée de sarcasme pourri. C’est pas grave, c’est pas comme si c’était un fait nouveau, pour moi. Personne ne comprend jamais mes blagues, faut me connaître d’abord, un minimum. Après, on peut saisir, on n’apprécie pas plus, mais on saisit, et c’est toujours ça de prit. Tandis que là, je surprends son regard perplexe, s’interrogeant sur sa santé mentale, puis la sienne, puis de nouveau la mienne, avant de carrément se demander si elle dort encore. Ce pincement qu’elle s’inflige au bras ne passe pas inaperçu, et je réfrène un sourire. Elle a l’air totalement à l’ouest, et mon discours supposé humoristique ne l’aide en rien. Je l’interroge sur son secret, j’en profite, des fois qu’elle soit suffisamment décalquer pour me le confier sans l’ombre d’une hésitation. Mais à la place, elle secoue la tête et s’y reprend à deux fois pour se relever... Ok. « Depuis quand… Noël approche. Et tu dis qu’on a gagnés… c’est… c’est impossible. Y’a qu’un vainqueur de toute façon… et j’ai pas l’étoffe d’une championne… » Ok bis... Donc, je lui annonce qu’elle vient de roupiller pendant sept mois, et ce qui l’inquiète le plus, voir ce qui lui semble le plus incohérent, c’est d’avoir remporté Fake Lover ? J’ouvre la bouche pour riposter, mais elle enchaine, m’expliquant qu’elle ne fait pas dans les drogues. « Bah vu d’ici, on n’en jurerait pas. » je riposte, une moue aux lèvres, parce que cette fille semble avoir sniffé un LSD et trois ou quatre MDNA. Surtout que c’était pas la question. Je ne lui demandais pas si elle était trafiquante, mais roupillante. Mais peut être est-ce ça, son secret ? « T’es une mule, en fait ? Tu t’enfiles des petits sachets dans le... » et d’un mouvement de menton, je lui désigne son joli fessier planqué sous le paréo. Ça expliquerait beaucoup de chose, peut être qu’un sachet à craqué, et elle se tape une overdose par les fesses.

Spoiler:

Ok, il ne faut vraiment pas chercher à m’embrouiller quand je sors du sommeil, même si cela ne fait qu’une dizaine de minutes, ou une douzaine d’heures que je suis sous son emprise. Ce petit moment dont j’ai besoin pour me remettre à l’endroit, pour retrouver toute ma tête et mon bon sens, ce candidat est carrément en train de le bousiller avec ces commentaires qui m’embrouillent. Totalement. J’ai une tête d’insomniaque, j’ai des cernes qui se creusent sous mes yeux, pas étonnant que je sois carrément à côté de la plaque en ce moment, et que mes réflexions, mes propos, ne soient pas vraiment cohérents. Oui, il m’annonce que j’ai dormi sept mois, mais ce n’est pas même pas sur ce détail que je tique, mais plutôt sur ce Noël que je crois plutôt lointain, et sur ce couronnement des vainqueurs que je trouve étrange et irréaliste. C’est un peu ça qui me met la piste à l’oreille. Comme ce pincement que je m’inflige. Et voilà qu’il me demande si je suis narcotique. Drôle de question, quand on y réfléchit bien. On n’est pas narcotique… on prend des narcotiques. J’analyse cette information dans mon esprit, lui réponds par la négatif, parce que la drogue et moi, on n’est pas tellement copine. On ne l’a même jamais été. « Bah vu d’ici, on n’en jurerait pas. » Pas surprenant, j’ai une tête de mort-vivant. Je dois même avoir les cheveux en bataille à force de me passer la main dedans, tentant de me rappeler l’endroit où je suis, la date… ce genre de détails insignifiants. D’une main, je frotte mon visage en essayant d’y chasser la moindre trace de sieste qui y subsiste. « T’es une mule, en fait ? Tu t’enfiles des petits sachets dans le… » Je décroche un regard ahuri à mon voisin. « Pardon ? » Ma bouche s’ouvre pendant quelques secondes, sous le choc de sa déclaration, avant que je ne la referme. Je dois avoir l’air stupide, comme ça. « Tu te fous de ma gueule ou quoi ? » Bravo, petit génie, c’est maintenant que tu t’en rends compte. Ma tête se détourne un instant, et je vois, non loin de là, une pile de serviettes bien plier et bien rangée. J’en attrape une petite, la roule en boule, et, laissant entrevoir un léger sourire malin sur mes lèvres, la balance au visage de Loxias. Tiens, ça t’apprendra à te moquer !

- de même, je voulais te répondre avant d'aller au dodo -

Elle semble relativement perplexe, m’observe avec ses yeux ronds comme des billes. Elle s’interroge, hésitant probablement entre sa santé mentale, ou la mienne, problématique. C’est un peu des deux. Elle et son incapacité à se réveiller fraiche comme la rosée du matin, et moi et mon humour pourri, incapable de lui laisser quelques instants de répit avant d’attaquer. Même en constatant son état, je poursuis, l’interrogeant sur son secret. J’imagine d’abord de la narcolepsie qui, dans ma bouche d’étranger se transforme en narcotique, puis, en conclusion de sa réponse, aboutis sur le métier d’avenir qu’est celui de mule. J’ose même lui demander si elle n’aurait pas des petits sachets de cocaïne planqués dans le derrière. « Pardon ? » Sa réponse s’avère immédiate, et je retiens un sourire qui se transforme, sous l’effort, en rictus. « Tu te fous de ma gueule ou quoi ? » Hummmmm… J’aimais bien ma théorie de la mule, mais… oui, je me fous de sa gueule depuis dix minutes, et je dois dire que j’adore ça. Il est rare de pouvoir faire tenir aussi longtemps la blague, alors avec elle, c’est un régal. Sauf que je me contente d’hausser épaules et mains, paumes tendues vers le ciel, avant de me rallonger sur le dos. Sauf qu’à peine les yeux fermés, je me mange un truc en pleine tronche, occultant la lumière que je pouvais discerner par-delà mes paupières closes. D’un doigt je soulève l’intrus et constate qu’il s’agit d’une serviette. Vu le sourire qu’affiche ma partenaire de spa, elle est la plateforme de lancement. « Tu vas regretter ce geste, Maraude. » Je l’informe, un sourire de sale môme. Je me redresse, cherche du regard quelque chose à lui balancer dans la tronche en entrant dans la bagarre, mais je n’ai rien d’autre que des pierres de massage. Je vais quand même pas lui balancer un galet sur le crâne, si ? Par contre, j’avise un flacon, que j’attrape pour en lire l’étiquette. Mousse exfoliante pour le corps. J’comprends pas trop le but de ce truc, mais vraisemblablement, si c’est pour le corps, ça doit pas être nocif. Alors, mon arme à la main, je saute de la table, fous un pied à terre en lui lançant la serviette afin de détourner son attention, et me planque derrière mon lit d’appoint en appuyant en continu sur la bombonne de mousse qui mousse jusqu’à elle. De l’autre main, j’attrape des boules de bain, que je lui lance en accompagnant le tout de bruitages buccaux, bombardements made in ma bouche. C’est la guerre, Anabel, c’est la guerre.

Oui, il se moque de moi, et ce, depuis une bonne dizaine de minute sans que je ne tilt quoi que ce soit. Et pourtant, ces réflexions auraient du me mettre la puce à l’oreille… seulement, il aurait fallut que je sois un tantinet plus apte à réagir. Au moins, maintenant, je n’ai plus ce problème, puisque je suis – enfin – parfaitement réveillée. Il était temps. Et je me rends bien compte de sa traitrise. Pour me venger, j’utilise le seul arsenal potable se trouvant à ma portée, à savoir une simple serviette. Qu’il se mange en plein visage, alors qu’il s’est doucement réinstaller en position horizontal sur la table de massage. Tout ça sonne comme un terrible affront à ces yeux, rien qu’à voir son sourire, je sens un sale coup venir de sa part. « Tu vas regretter ce geste, Maraude. » Il scrute les alentours, alors que j’attends sagement sa revanche, mes jambes se balançant dans le vide entre la table et le sol. Je suis petite, que voulez-vous. Soudain, mouvement brusque et je me reçois la dite serviette à mon tour dans le visage. Ahh, je suis aveugle! Enfin, ça ne dure pas, mais assez pour qu’il en profite pour se mettre sous cache derrière la table de massage. Je reçois un flot de mousse et je laisse entendre un léger cri de surprise. Y’a même un bombardement de boules de bain. Franchement, j’ai intérêt à me plaquer aussi, pas question que je reste une cible facile! Je pivote et me glisse derrière la table à mon tour, cherchant rapidement des yeux de quoi me défendre. Tiens, des flacons d’huile de massage, ça devrait faire l’affaire… J’en attrape deux, que j’ouvre, puis je me place en position d’attaque. « Bastonnn ! » que je lance, avant de déverser vers lui le contenu de ces bouteilles. Tu as chercher la guerre, tu l’as voulu Loxias!

J’sais pas pourquoi, mais à l’instant même où je lance le premier jet de mousse, je sens que ce geste va avoir des conséquences incommensurables. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai immédiatement trouvé refuge derrière la table de massage, j’sens bien que je vais m’en prendre plein la tronche. Ce qui ne m’empêche pas de lui faire subir un bombardement de petite boules de bain, que j’envoie dans les airs à grand renfort de “pioooooooouuuuuu” au moment du décollage, et de “proooooooouuuuuu” au moment de l'atterrissage en camp ennemi. Bonjour, Loxias, huit ans et demi, plus tard souhaite devenir bruiteur de films de guerre. Ce qui devait arriver arrive, et après un premier moment de surprise, la brunette glisse de l’autre côté de sa table de massage, se mettant à couvert, comme je l’ai fais, moi-même, quelques instants auparavant. Le moment de flottement qui s’ensuit me porte à croire qu’elle cherche des munitions. Et là, je me dis que je suis mal. Mais ce n’est qu’à l’instant où un tonitruant « Bastonnn ! » résonne dans la pièce, que je me dis que je suis définitivement très très mal. Ce n’est qu’une seconde plus tard que le premier jet s’abat de mon côté. Je ne sais pas de quoi il s’agit, mais je l’esquive de justesse. Pas le deuxième, qui déboule en moins de deux secondes, et que je me prends en pleine poire. Raaaah, la garce doit avoir deux flacon. Du bout des doigts je ramasse la matière visqueuse répandue sur mes cheveux, et la porte à mes narine. Ça sent la coco... De l’huile de massage ?! Et moi qui n’est même plus de petites boules de bain... Je me retourne, toujours prostré derrière ma table de protection, et avise alentour quelque chose à récupérer. Y a une coccinelle en bois assez étrange, mais je risquerais de l'assommer avec ça, et c’est pas trop mon style. Et y a toujours les pierres de massage, mais ça va être le même problème... Et soudain, je repère ce que je cherchais. Je tente de faire un pas en arrière, façon crabe, pour attraper mes armes, mais je glisse lamentablement sur le sol poisseux, et lâche un « Ouille ! » en me réceptionnant sur les fesses. Pas grave, je rampe, j’attrape le tout, plus des sels de bain dont je ne vois pas l’utilité dans une salle de massage, mais on s’en fout. Je retourne à ma cachette, et pendant que, d’une main, je suis occupé à sortir les petites poches de latex pour les remplir de liquide visqueux, de l’autre j’arrose mon ennemi de sel de bain, tout en imitant, à la bouche, le bruit des mitraillettes en rafale. Et lorsque mes dix bombes à huile sont prête, j’entame un bombardement d’un nouveau style. « Tous aux abris !! Les avions ennemis sont là ! Tous aux abris !! » je lance d’une petite voix, comme une alerte lointaine et assez... hum... efféminée quand même. « Roger... Pchiiiiiit... Prêt au lancement. Je répète. Prêt au lancement. Cible verrouillée papa-tango-charly. Tchiiiiiiiiiii ! Boom ! » Avec ma main contre ma bouche, c’est Darth Vador en direct. Et baaaaam, première bombe-capote. Et Baaaaam, deuxième bombe-capote... Sel de bains.... Et Baaaaaam, troisième bombe-capote. La Birmanie est une zone de guerre, comme disait Rambo.