jaune, rouge, orange (4 juin à 6h51)

feat nora

Il fait beau, je suis encore dans l'aventure, que demander de plus ? Oui, je suis heureux. Je déborde d'énergie et suis excité comme une puce. Du coup pour ce premier jour de cette nouvelle semaine, j'ai le big smile aux lèvres. Je me réveille aux aurores et saute dans mon petit slip de bain. Je pose sur mon épaule ma serviette de plage et go. Je sors du nid pour aller vers le lac. Il est encore très tôt, donc personne n'est debout. Mais il y a un truc que je veux faire depuis le début, admirer le lever de soleil. Claquettes aux pieds, je vais faire le petit bout de plage aménagé. Et c'est en sautillant gaiement que j'y vais. Sur place j'étale ma serviette sur le sol et y pose mes délicieuses petites fesses. Je suis face à la grande étendue d'eau et j'admire le spectacle qui s'offre à moi. Pile à l'heure, le soleil se lève tout juste. Jaillissent du sol des couleurs rouges, oranges, jaunes. Splendides. Mais, personne avec qui le partager, dommage. Enfin, je parle trop vite car qui déboule, Nora. Mon sourire s'élargit.

Honnêtement, j’ai pas dormi cette nuit. Ou franchement très peu. Disons, pas suffisamment pour être reposée. Mais, je m’en fous pas mal. Je me dis que je suis là pour profiter et pas pour passer mes journées vautrée dans un lit façon étoile de mer. Et, pour revenir à cette nuit, je dirais même que j’ai vécu la nuit plutôt qu’autre chose. Je me serais presque cru en pleine après-midi. A la différence que le ciel était d’un noir de jais et que des milliards d’étoiles scintillaient dans le ciel permettant un éclairage relativement précaire. Soit. Après le prime, j’ai croisé Swann avec qui j’ai partagé un peu de temps puis, je voulais aller dormir mais c’est mon nouveau partenaire qui m’a monopolisée. Alors du coup, on a regardé, disons plutôt qu’il m’a forcé, à regarder un ’porno’ de très mauvaise qualité avec comme acteur Andreas et Elise. Je crois bien qu’il était 4h30 quand j’ai posé ma tête contre l’oreiller. Et, Morphée m’a rapidement jetée d’entre ses bras dans les eaux de 6h. Donc, c’est la tête dans le coltar, les yeux explosés, et le corps qui pèse une tonne que je m’extirpe du lit. J’essaie de ne réveiller personne. Je file dans la salle de bain puis fait un détour par le dressing. Je m’habille le plus simplement du monde: short en jean et débardeur noir qui tombe sur les cuisses. Bref. Puis, je sors. Il fait tellement bon le matin que je préfère aller faire un tour dehors que d’arpenter les couloirs vides du château. Le matin, c’est un peu morbide ici. Pas âme qui vive. Bref. Rapidement, je vois se dessiner le paysage idyllique de la plage. Un sourire étire mes lèvres. J’adore cet endroit. Ca me rappelle chez moi. Au cas où je ne l’aurais pas assez répété. Je retire mes espadrilles et marche dans le sable froid. Mon regard balaie l’horizon et j’aperçois Némo, non loin, avec un sourire béat à regarder les premiers rayons de soleil refléter dans l’eau. Et, je m’avance jusqu’à lui. « Tu me fais une place ? » je dis alors, et sans attendre de réponse, je m’installe à son côté. Quelques minutes filent, mon regard bloque sur le phénomène scientifique qui se déroule sous mes yeux. Presque émerveillée. « Je suis vraiment contente que tu sois resté » je dis, encore une fois, au cas où hier il ne l’aurait pas assez compris. Un sourire aux lèvres. Faut croire que je l’ai convaincu l’autre jour avec mon cap ou pas cap.

Je suis planté comme un con devant le lever de soleil. Mais il faut dire, c'est magnifique. Habituellement je trouve ce genre de démonstration à vomir et tellement romantique. Je ne suis pas de ce genre. Le romantisme et moi, ça fait douze. Je ne suis pas du type à déblatérer des poèmes qui sortent de je ne sais où, à comparer la beauté féminine à un rayon de soleil, etc (...). Je me contente simplement de faire comprendre à la personne que j'apprécie qu'elle est bonne. C'tout. Pas besoin d'artifices multiples. Ma façon de draguer est cash et maladroite. Mais je m'en fous. Ça passe ou ça casse. Même si généralement ça casse souvent. On va dire que mon tact ne plaît pas à tout le monde. Ma débilité non plus. Et oui, les femmes cherchent des hommes beaux (ça je le suis) mais également intelligent, drôle (ça je le suis aussi), romantique, tendre, attentionné, bref deux qualités sur des centaines d'autres c'est peu. Sauf que je ne compte pas changer. Ça serait le toupet si ça m'arrivait pour une fille. Soit on prend le package en entier ou rien du tout. C'est aussi simple que cela. En attendant, je suis toujours comme un con devant ce spectacle de couleurs. Mais si je suis ici c'est pour savourer le fait que justement, je sois encore là. Puis soudain Nora débarque. Un large sourire s'affiche sur mon visage. Que ça me fait zizir de la voir. Ça me faire zizir à chaque fois de toute façon. « Non, pas envie ! » Je prends une tête sérieuse avant de sourire à nouveau. « Mais bien sûr que je te laisse une place ! ». Ce n'était pas drôle ; mais on s'en fout. « Je suis content aussi, p'naise ! Je ne sais pas comment tu aurais fais sans moi .. ». Dis-je en roulant des yeux. Je la taquine un peu. Mais c'est vrai que si j'étais parti, elle aurait été une des premières à me manquer.

« Non !? » je répète en prenant un air pseudo outré, les yeux écarquillés et la bouche entrouverte alors que j’ai déjà posé mon derrière sur le sable à son côté. Je me doute qu’il plaisante. Enfin, je l’espère quand même. Puis, son air sérieux laisse place à un sourire mutin. Haha, je le savais. Je ne suis pas si crédule quand même. Ca reste Némo en plus. « Une plus grande pour la peine » je rétorque pseudo vexée, un sourire trahissant et contredisant le précédent sentiment que j’essaie de faire passer. Tant pis. Néanmoins, je me décale encore plus vers lui histoire qu’il se pousse afin de me léguer plus de place sur la serviette. Cela va de soit. Après quoi, le jeune homme commence à s’envoyer des fleurs. Non, des jardins entiers. Ceci m’arrache un sourire. Comment aurais-je fait ? Hm, bonne question. « Tu parles, c’est plutôt toi qui n’aurait su comment faire sans moi ! » je claironne fièrement. « Tu les aurais même supplié de rester j’suis sûre » je poursuis sur un ton taquin, en lui assénant un léger coup de coude dans les côtes. En toute honnêteté, il m’aurait manqué. Vraiment. Némo, c’est l’un des candidats que j’apprécie le plus dans cette maison alors son départ m’aurait réellement attristée. Je vrille mes prunelles mutines vers lui, puis esquisse un sourire malicieux. « Ou alors je serais allée prier devant le tocard cloué sur sa croix pour tenter de trouver du réconfort » je lui fais en souvenir de notre rencontre. Franchement, quand bien même le jeune homme aurait quitté la maison, j'aurais préféré me morfondre seule dans un coin plutôt que d'aller me recueillir sous l'aile de Jésus. Faut dire qu'avec la religion, j'ai encore un peu -beaucoup- de mal. Ceci dit, il n'en reste pas moins que je reste les croyances de tout un chacun.

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